Rien à signaler c’est vrai. C’est ce que n’importe qui pourrait se dire en me voyant dans la rue. Mince, sans tare physique apparente. On pourrait même me détester. Oui, moi et mon 38 trop grand qui me tombe sur les fesses, moi qui peux manger ce que je veux, en quantité que je veux, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Mais si tous ces gens savaient à quel point ça explose dans ma tête, à quel point j’abhorre mon corps.
Voilà. Vous avez le parfait exemple de la douleur invisible, donc inexistante pour les autres, ou pire encore, illégitime. Cette envie de s’ouvrir la bras du poignet au coude qui ne parle qu’à vous. Cette petite voix qui ne crie que pour vos tympans. C’est vrai après tout, qui pourrait deviner ? Personne n’est là au moment des faits. Personne n’était là pour me voir quand j’étais à l’hôpital psychiatrique pendant des mois. Personne lors des tentatives de suicide. Personne lorsque j’étais en sous-poids. Aujourd’hui toujours personne n’est là pour voir les cicatrices sur mon bras puisque je prends bien soin de les cacher avec des manches longues tout au long de l’année. Personne à nouveau n’est là pour celles de la cuisse droite. Personne encore lorsque je me penche au dessus des WC pour vomir.
Non, définitivement personne. Puis ça m’arrange bien il faut dire. Il me suffit d’un sourire pour avoir l’air « normale » et sauver les apparences dans la rue ou à la fac. Non franchement c’est génial. Bien plus facile que d’avoir à expliquer la dépression et la boulimie.
– K –