Sourire

Je souris à peu près à chaque moment où je n’ai pas de raison précise et urgente de faire la gueule.

Je souris quand je suis touchée, je souris de légèreté, quand je suis embarrassée, je souris… pour rien bien souvent, à ce passant, à la boulangère, aux gamins d’à côté, à ma mère et mes enfants, la musique me faire sourire, la fatigue et le froid aussi, bref… je suis une personne souriante et m’en estime chanceuse, parce que je n’y ai pas le moindre mérite et pourtant j’en profite : c’est très agréable et bien commode, comme caractéristique.

On le dit joli, mon sourire. En vrai ils le sont tous !

Mais voilà : mes dents sont abimées. Cinq grossesses, trois enfants, qelques chocs, une salive pas mal acide, des brossages de dents insuffisants (3 fois par jour, qui le fait, vraiment ?) : c’est fukushima.

Et comme je n’ai pas les moyens de me faire soigner les dents, mon sourire, comment dire… se fait parfois plus timide. Comme retenu, bridé, atténué.

Cet été j’ai rencontré un homme charmant. Photographe. Il a fait de moi un joli portrait, sans fard, grand sourire, cheveux en bataille, peau brulée, des petits plis qui sont ma vie, vareuse fatiguée, regard tout attendri. Il m’a dit l’avoir mis en fond d’écran.

Il a retouché mes dents.

 

Pascale

 

Et depuis 4 ans j’ai créé mon entreprise, ma vie professionnelle a du sens, je soutiens par mon activité des personnes qui en ont besoin : de quoi sourire encore plus, plus souvent et plus profondément.

 

Mais… mais je ne gagne pas ma vie. Je n’ai plus de mutuelle. Je suis fauchée. Et mes dents ne sont pas soignées.

 

Alors mes dents