En y réfléchissant, j’aurais pu avoir une vie heureuse et sans problème.
Après tout, mes parents m’aiment malgré la difficulté que présente mon père à communiquer et ma sœur semble m’apprécier malgré notre manque évident de complicité. Je vis correctement, je mange à ma faim tous les jours, je suis habillée et j’ai même accès au besoin superflu que représente internet. C’est d’ailleurs ce dernier qui a déréglé ce semblant d’harmonie pour laisser place à un joyeux calvaire.
Déjà gamine, je ne me sentais pas adaptée totalement dans la société qui m’entourait. Pourtant jamais seule, je ne me suis jamais totalement sentie intégrée dans mon groupe. J’ai toujours regardé les relations que se créaient les filles entre elles avec une certaine distance. Je les ai d’abord enviés, désirant moi aussi connaître ses liens si forts qui les unissaient puis, je les aie considérées comme un tas de mensonges et de faux-semblants. Avec les garçons c’était assez semblable, j’en étais entourée dans le milieu scolaire sans pourtant pouvoir en attirer un quelconque regard. Dès mes onze ans j’ai souffert de ce manque d’attention tandis qu’internet m’ouvrait grand les bras. Un endroit merveilleux, n’est-ce pas ? Où tout semble possible, des milliers… que dis-je ? Des millions et des millions de personnes accessibles, un réseau immense d’amis potentiels. Les jeunes de mon âge me semblaient peu intéressants étant donné qu’on m’avait conforté dans l’idée que j’étais trop mature pour eux. Alors, j’ai cherché à m’élever en traînant dans des endroits où seuls les adultes se logeaient, je m’y faisais passer la bas pour beaucoup plus vieille sans réelles difficultés, c’est toujours plus facile lorsqu’on pianote sur un clavier d’ordinateur. Bien que je ne me souviens pas de la qualité de mes discussions, celles-ci ne semblaient pas trop mals pour une gamine de onze ans. J’étais peut-être un peu plus mature mais je restais une enfant et… les enfants sont vulnérables.
Dans cette seconde vie que m’apportait internet, j’étais fière de mes mensonges qui m’apportaient une grande distraction. L’on dit bien qu’il ne faut pas jouer avec le feu puisque j’ai rencontré sur internet un homme. Je dis bien un homme puisqu’il avait trente-sept ans tandis que j’étais sur la fin de mes onze ans. J’ai discuté avec cet homme durant longtemps, aussi bien à l’écrit qu’en vocal – ma voix grave me permettait de me faire passer pour beaucoup plus vieille que je ne l’étais -. Puis, au fur et à mesure des conversations, cet homme qui me pensait être une jeune femme d’une vingtaine d’années à commencer à me faire la cour. C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait à moi et je vous confie que cela a flatté mon égau à un plus haut point. Ainsi, je promettais déjà à cet homme monts et merveilles lui faisaient croire à une future romance dans la vraie vie. J’étais donc en couple sur internet avec un homme qui avait plus du double de mon âge et qui fut bientôt plus gourmand en demandant des photos de ma personne. Alors, je me suis contentée de lui donner une pauvre photo de très mauvaise qualité de moi-même qui pouvait laisser croire que j’étais beaucoup plus âgée. Mais les hommes sont friands de ces choses, il en demandait encore mais… je refusais. En contrepartie, j’ai accepté d’échanger quelques mots sensuels avec lui au téléphone. J’étais si excitée de pouvoir plaire que je ne me rendais pas compte de la bêtise qui m’envahissait. Ainsi, ma première masturbation au téléphone faite, il en suivit d’autres…
L’homme proposa de me voir, plusieurs fois, je refusais mais il insistait. Alors un jour, j’ai accepté… J’étais dans un immense pétrin, que faire . J’ai donc pris mon courage à deux mains, et j’ai envoyé un SMS pour dire que je ne voulais plus de cette relation. Cela peut sembler ridicule mais même par le biais d’internet une gamine de douze ans peut s’attacher à un homme de trente-sept ans, j’ai donc pleuré toutes les larmes de mon corps.
Mais, l’homme revint vers moi, il était réellement blessé de cette « rupture » et tenait à l’image idéale que je lui donnais de moi. Comment résister à la promesse d’une jeune et jolie blonde de vingt ans ? C’est alors que j’ai continué à mentir, me plaisant presque à jouer avec cet homme qui était à cette heure victime de moi. Il m’a plu de lui raconter que j’étais en couple dans la vraie vie avec un autre homme mais que celui-ci était méchant avec ma personne et m’avait même frappé. Inutile de préciser que j’étais perturbée mais l’on peut remarquer que j’avais un certain goût pour les mélodrames. Et… dans ce cycle infernal, j’étais à nouveau pendu virtuellement à ses bras. J’ai continué la découverte de ma sexualité via ses instructions quand j’ai craqué à nouveau. Je lui ai à nouveau inventé un immense mensonge pour lui expliquer notre rupture. Mais, lorsqu’il est revenu vers moi j’ai trouvé bon de ne plus lui mentir qu’à moitié. En effet, je lui ai avoué que j’étais mineure et pour ne pas le choquer totalement que je lui ai à nouveau menti sur mon âge. Tandis que je lui disais que j’avais quatorze ans, j’en avais en vérité douze ans et demi.
C’est alors que l’improbable s’est produit. Alors, que je m’étais préparée à me faire jeter par l’homme à qui je m’étais indéniablement attaché, celui-ci a trouvé bon de me dire que malgré tout il m’aimait et qu’il voulait tout de même me rencontrer en vrai. Eh bien, j’étais « amoureuse » alors, j’ai dit oui
Ma première rencontre avec cet homme n’a pas été comme je le pensais. Je maudis aujourd’hui ce jour qui n’a fait que m’embourber dans un cercle vicieux dont j’ai eu du mal à sortir.
C’était en mars il me semble et je me rappelle tout à fait encore comment j’étais habillée, j’allais prendre mes treize ans dans quelques mois. Il était là dans sa voiture et je suis montée, on a parlé puis… il m’a embrassé. Nous avons à nouveau parlé lorsqu’il m’a présenté son sexe. Je n’en avais jamais vu alors il a trouvé judicieux de me montrer à quoi ça ressemblait. MAIS BORDEL MÊME SI J’ÉTAIS CENSÉE AVOIR QUATORZE ANS ON NE MONTRE PAS SON SEXE A UNE FILLE DE QUATORZE ANS QUAND ON EN A PLUS DU DOUBLE ! Eh oui j’ai touché son sexe, et oui celui-ci a même atterri dans ma bouche, je n’avais même pas encore douze ans et j’étais totalement inconsciente de mes actes…
Et puis, nous sommes partis à l’hôtel, j’étais curieuse, trop curieuse pour mon âge. Ma première fois s’est donc déroulée dans un hôtel bas de gamme avec un homme qui avait deux enfants plus âgés que moi.
Après cet acte, je me suis sentie obligée de révéler quelques semaines plus tard à cet homme que j’étais plus jeune qu’il ne le pensait, j’allais en effet bientôt prendre mes treize ans, j’en avais donc douze. Il était en pleurs et répétait « Je suis un pédophile, je suis un pédophile ». J’ai cru que c’était fini pour de bon, je pleurais également, j’étais attachée.
Pourtant, il a dit qu’il m’aimait malgré tout et qu’il voulait rester avec moi, il m’a demandé de mettre ma webcam et de me masturber devant lui.
Ainsi, j’ai eu une relation amoureuse avec un homme qui avait plus du double de mon âge pendant plus d’un an, c’est-à-dire jusqu’à mes quatorze ans. Je mentais à mes parents en leur disant que j’allais voir des amies. Chacun moi il venait un week-end et nous nous retrouvions dans un hôtel pour avoir des relations sexuelles. Nous étions comme un couple finalement, on sortait au restaurant, on s’offrait des cadeaux. Pourtant un truc clochait, nos âges. Nous nous tentions de nous persuader que ce n’était qu’un détail et qu’à mes dix-huit ans tout irait mieux et que notre amour serait légalisé aux yeux de la loi. Ainsi nous nous cachions…
Puis mes quatorze ans passés, le corps de cet homme a commencé à me dégoûté, lorsqu’il venait je me forçais à coucher avec lui.
Énormément de disputes plus tard, j’ai décidé de rompre mais j’étais malgré moi rattacher à lui, après tout, c’était…mon premier amour…
Avec mon consentement il est revenu me voir uniquement pour du sexe. J’étais perturbée, je ne savais plus où j’en étais, il m’écœurait. Il est reparti puis via internet il a menacé de diffuser des photos de moi nue. Il ne l’a pas fait. J’ai coupé tous les ponts avec lui et j’ai décidé de ne plus jamais le revoir.
Aujourd’hui j’ai seize ans. Cette expérience n’a pas marqué que mon corps, elle a fait bien plus que ça. Elle m’a marquée tout entière, elle est irréversible, indélébile. Elle reste présente, dissimulée dans un coin de ma tête tandis que je tente d’avancer. Quinconce vous dira que je suis une adolescente normale car personne ne sait. Personne ne doit savoir. Elle reste là enfouie à tout jamais, bouillonnante, toujours prête à éclater. Personne ne doit savoir. Alors, personne ne sait et je suis seule face à cela, bien trop effrayée devant les conséquences qu’une poignée de mots pourrait déclencher.
Ma vie sentimentale et sexuelle ne s’est pas arrêtée pour autant.
Dans la suite de ma rupture j’ai connu des préliminaires pathétiques avec un garçon de dix-neuf ans qui après avoir obtenu son éjaculation a prétendu s’en vouloir étant donné mes quatorze ans. Je l’aimais.
L’année dernière, quelques jours seulement après m’être mise en couple avec un garçon j’ai faits des préliminaires avec celui-ci. Nous nous sommes quittés même pas après un mois de relation. Je ne l’aimais pas.
Durant les vacances d’été j’ai couché avec un garçon de nombreuses fois. Je ne l’aimais pas.
Durant les dernières vacances j’ai faits des préliminaires avec un même garçon dans des toilettes lors de deux soirées alcoolisées. Je ne l’aimais pas.
Le fait d’avoir d’autres expériences sexuelles m’aide peut-être à avancer. Elles effacent mes débuts et me permettent de faire disparaître peu à peu le mot « Pédophilie » de ma tête.
Mais je me sens sale, je me blâme en me disant qu’il n’est pas normal que je prenne du plaisir à ces actes étant donné mon passé. Mon passé a gâché mon enfance, a bafoué mon innocence et me pourrit encore pourtant, je ne sais sur qui remettre la faute. J’étais une enfant perturbée, je ne sais pas qui il était. Impossible de définir exactement ce passé.
Je n’ai pas grande confiance en mon avenir, j’ai l’impression de me laisser sombrer peu a peu. Je ne prend goût qu’aux plaisir facile, renonce devant toute difficulté, je n’ai aucune motivation et le sentiment que je vais finir mal.