Trahie par l’homme que j’aimais

trahison

 

J’avais 14 ans. Il en avait 21.
Je l’aimais en secret depuis quelques temps.
Un jour je n’étais pas bien j’avais besoin de parler. Je l’ai appelé, je voulais le voir.

Il ne voulait pas. J’ai insisté.
Il a fini par passer me prendre.
J’ai commencé à lui déballer tout ce qui n’allait pas, je lui faisais confiance, j’avais besoin d’aide.
Il nous a conduit sur un parking de forêt. Il m’a dit « et maintenant on fait quoi? »
Je ne me suis pas rendu compte qu’il n’avait pas écouté un seul mot de ce que je lui disais.
On s’est embrassés, ce dont je rêvais secrètement.

Mais assez vite il a mis son sexe dans ma main et m’a dit « suce-moi ».
Puis  » ta première pipe ». « Tu suces bien ».
Il m’a demandé d’enlever mon pantalon et ma culotte et est venu s’asseoir sous moi sur le siège passager.
Je ne sais plus si j’ai dit non, ou quelque chose.
Il a juste dit  » ne t’inquiète pas je ne vais pas te pénétrer « . (Aujourd’hui je pense qu’il m’aurait pénétrée s’il avait eu une capote)
Je ne voulais pas voir alors je lui demandais régulièrement de m’embrasser.
Je ne sais plus comment ni où il a joui.
Après ça, il m’a demandé de garder le secret et m’a raccompagnée.
Je ne savais pas ce qui venait de se passer, je ne comprenais plus rien.
Quelques jours plus tard, il a été cassant avec moi, je n’ai pas compris pourquoi..
J’ai dû souvent essayer de l’appeler ou de le prendre à part pour avoir des explications.
Je n’en ai jamais eu réellement à part  » tu avais l’air d’en avoir envie » et « qui ne dit mot consent ». Et je l’ai cru pendant longtemps, que c’était de ma faute, que c’était moi qui l’avais voulu.

Aujourd’hui je ne le crois plus, je sais la vérité. Je n’ai plus honte, il est coupable. Je libère le secret.

Une photo de mon poignet que j’ai si souvent coupé lors de cette période.

Dans ma seconde vie qu’est Internet

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 En y réfléchissant, j’aurais pu avoir une vie heureuse et sans problème.
Après tout, mes parents m’aiment malgré la difficulté que présente mon père à communiquer et ma sœur semble m’apprécier malgré notre manque évident de complicité. Je vis correctement, je mange à ma faim tous les jours, je suis habillée et j’ai même accès au besoin superflu que représente internet. C’est d’ailleurs ce dernier qui a déréglé ce semblant d’harmonie pour laisser place à un joyeux calvaire.

Déjà gamine, je ne me sentais pas adaptée totalement dans la société qui m’entourait. Pourtant jamais seule, je ne me suis jamais totalement sentie intégrée dans mon groupe. J’ai toujours regardé les relations que se créaient les filles entre elles avec une certaine distance. Je les ai d’abord enviés, désirant moi aussi connaître ses liens si forts qui les unissaient puis, je les aie considérées comme un tas de mensonges et de faux-semblants. Avec les garçons c’était assez semblable, j’en étais entourée dans le milieu scolaire sans pourtant pouvoir en attirer un quelconque regard. Dès mes onze ans j’ai souffert de ce manque d’attention tandis qu’internet m’ouvrait grand les bras. Un endroit merveilleux, n’est-ce pas ? Où tout semble possible, des milliers… que dis-je ? Des millions et des millions de personnes accessibles, un réseau immense d’amis potentiels. Les jeunes de mon âge me semblaient peu intéressants étant donné qu’on m’avait conforté dans l’idée que j’étais trop mature pour eux. Alors, j’ai cherché à m’élever en traînant dans des endroits où seuls les adultes se logeaient, je m’y faisais passer la bas pour beaucoup plus vieille sans réelles difficultés, c’est toujours plus facile lorsqu’on pianote sur un clavier d’ordinateur. Bien que je ne me souviens pas de la qualité de mes discussions, celles-ci ne semblaient pas trop mals pour une gamine de onze ans. J’étais peut-être un peu plus mature mais je restais une enfant et… les enfants sont vulnérables.

Dans cette seconde vie que m’apportait internet, j’étais fière de mes mensonges qui m’apportaient une grande distraction. L’on dit bien qu’il ne faut pas jouer avec le feu puisque j’ai rencontré sur internet un homme. Je dis bien un homme puisqu’il avait trente-sept ans tandis que j’étais sur la fin de mes onze ans. J’ai discuté avec cet homme durant longtemps, aussi bien à l’écrit qu’en vocal – ma voix grave me permettait de me faire passer pour beaucoup plus vieille que je ne l’étais -. Puis, au fur et à mesure des conversations, cet homme qui me pensait être une jeune femme d’une vingtaine d’années à commencer à me faire la cour. C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait à moi et je vous confie que cela a flatté mon égau à un plus haut point. Ainsi, je promettais déjà à cet homme monts et merveilles lui faisaient croire à une future romance dans la vraie vie. J’étais donc en couple sur internet avec un homme qui avait plus du double de mon âge et qui fut bientôt plus gourmand en demandant des photos de ma personne. Alors, je me suis contentée de lui donner une pauvre photo de très mauvaise qualité de moi-même qui pouvait laisser croire que j’étais beaucoup plus âgée. Mais les hommes sont friands de ces choses, il en demandait encore mais… je refusais. En contrepartie, j’ai accepté d’échanger quelques mots sensuels avec lui au téléphone. J’étais si excitée de pouvoir plaire que je ne me rendais pas compte de la bêtise qui m’envahissait. Ainsi, ma première masturbation au téléphone faite, il en suivit d’autres…
L’homme proposa de me voir, plusieurs fois, je refusais mais il insistait. Alors un jour, j’ai accepté… J’étais dans un immense pétrin, que faire . J’ai donc pris mon courage à deux mains, et j’ai envoyé un SMS pour dire que je ne voulais plus de cette relation. Cela peut sembler ridicule mais même par le biais d’internet une gamine de douze ans peut s’attacher à un homme de trente-sept ans, j’ai donc pleuré toutes les larmes de mon corps.

Mais, l’homme revint vers moi, il était réellement blessé de cette « rupture » et tenait à l’image idéale que je lui donnais de moi. Comment résister à la promesse d’une jeune et jolie blonde de vingt ans ? C’est alors que j’ai continué à mentir, me plaisant presque à jouer avec cet homme qui était à cette heure victime de moi. Il m’a plu de lui raconter que j’étais en couple dans la vraie vie avec un autre homme mais que celui-ci était méchant avec ma personne et m’avait même frappé. Inutile de préciser que j’étais perturbée mais l’on peut remarquer que j’avais un certain goût pour les mélodrames. Et… dans ce cycle infernal, j’étais à nouveau pendu virtuellement à ses bras. J’ai continué la découverte de ma sexualité via ses instructions quand j’ai craqué à nouveau. Je lui ai à nouveau inventé un immense mensonge pour lui expliquer notre rupture. Mais, lorsqu’il est revenu vers moi j’ai trouvé bon de ne plus lui mentir qu’à moitié. En effet, je lui ai avoué que j’étais mineure et pour ne pas le choquer totalement que je lui ai à nouveau menti sur mon âge. Tandis que je lui disais que j’avais quatorze ans, j’en avais en vérité douze ans et demi.
C’est alors que l’improbable s’est produit. Alors, que je m’étais préparée à me faire jeter par l’homme à qui je m’étais indéniablement attaché, celui-ci a trouvé bon de me dire que malgré tout il m’aimait et qu’il voulait tout de même me rencontrer en vrai. Eh bien, j’étais « amoureuse » alors, j’ai dit oui

Ma première rencontre avec cet homme n’a pas été comme je le pensais. Je maudis aujourd’hui ce jour qui n’a fait que m’embourber dans un cercle vicieux dont j’ai eu du mal à sortir.
C’était en mars il me semble et je me rappelle tout à fait encore comment j’étais habillée, j’allais prendre mes treize ans dans quelques mois. Il était là dans sa voiture et je suis montée, on a parlé puis… il m’a embrassé. Nous avons à nouveau parlé lorsqu’il m’a présenté son sexe. Je n’en avais jamais vu alors il a trouvé judicieux de me montrer à quoi ça ressemblait. MAIS BORDEL MÊME SI J’ÉTAIS CENSÉE AVOIR QUATORZE ANS ON NE MONTRE PAS SON SEXE A UNE FILLE DE QUATORZE ANS QUAND ON EN A PLUS DU DOUBLE ! Eh oui j’ai touché son sexe, et oui celui-ci a même atterri dans ma bouche, je n’avais même pas encore douze ans et j’étais totalement inconsciente de mes actes…
Et puis, nous sommes partis à l’hôtel, j’étais curieuse, trop curieuse pour mon âge. Ma première fois s’est donc déroulée dans un hôtel bas de gamme avec un homme qui avait deux enfants plus âgés que moi.
Après cet acte, je me suis sentie obligée de révéler quelques semaines plus tard à cet homme que j’étais plus jeune qu’il ne le pensait, j’allais en effet bientôt prendre mes treize ans, j’en avais donc douze. Il était en pleurs et répétait « Je suis un pédophile, je suis un pédophile ». J’ai cru que c’était fini pour de bon, je pleurais également, j’étais attachée.
Pourtant, il a dit qu’il m’aimait malgré tout et qu’il voulait rester avec moi, il m’a demandé de mettre ma webcam et de me masturber devant lui.

Ainsi, j’ai eu une relation amoureuse avec un homme qui avait plus du double de mon âge pendant plus d’un an, c’est-à-dire jusqu’à mes quatorze ans. Je mentais à mes parents en leur disant que j’allais voir des amies. Chacun moi il venait un week-end et nous nous retrouvions dans un hôtel pour avoir des relations sexuelles. Nous étions comme un couple finalement, on sortait au restaurant, on s’offrait des cadeaux. Pourtant un truc clochait, nos âges. Nous nous tentions de nous persuader que ce n’était qu’un détail et qu’à mes dix-huit ans tout irait mieux et que notre amour serait légalisé aux yeux de la loi. Ainsi nous nous cachions…
Puis mes quatorze ans passés, le corps de cet homme a commencé à me dégoûté, lorsqu’il venait je me forçais à coucher avec lui.
Énormément de disputes plus tard, j’ai décidé de rompre mais j’étais malgré moi rattacher à lui, après tout, c’était…mon premier amour…
Avec mon consentement il est revenu me voir uniquement pour du sexe. J’étais perturbée, je ne savais plus où j’en étais, il m’écœurait. Il est reparti puis via internet il a menacé de diffuser des photos de moi nue. Il ne l’a pas fait. J’ai coupé tous les ponts avec lui et j’ai décidé de ne plus jamais le revoir.

Aujourd’hui j’ai seize ans. Cette expérience n’a pas marqué que mon corps, elle a fait bien plus que ça. Elle m’a marquée tout entière, elle est irréversible, indélébile. Elle reste présente, dissimulée dans un coin de ma tête tandis que je tente d’avancer. Quinconce vous dira que je suis une adolescente normale car personne ne sait. Personne ne doit savoir. Elle reste là enfouie à tout jamais, bouillonnante, toujours prête à éclater. Personne ne doit savoir. Alors, personne ne sait et je suis seule face à cela, bien trop effrayée devant les conséquences qu’une poignée de mots pourrait déclencher.

Ma vie sentimentale et sexuelle ne s’est pas arrêtée pour autant.
Dans la suite de ma rupture j’ai connu des préliminaires pathétiques avec un garçon de dix-neuf ans qui après avoir obtenu son éjaculation a prétendu s’en vouloir étant donné mes quatorze ans. Je l’aimais.
L’année dernière, quelques jours seulement après m’être mise en couple avec un garçon j’ai faits des préliminaires avec celui-ci. Nous nous sommes quittés même pas après un mois de relation. Je ne l’aimais pas.
Durant les vacances d’été j’ai couché avec un garçon de nombreuses fois. Je ne l’aimais pas.
Durant les dernières vacances j’ai faits des préliminaires avec un même garçon dans des toilettes lors de deux soirées alcoolisées. Je ne l’aimais pas.
Le fait d’avoir d’autres expériences sexuelles m’aide peut-être à avancer. Elles effacent mes débuts et me permettent de faire disparaître peu à peu le mot « Pédophilie » de ma tête.

Mais je me sens sale, je me blâme en me disant qu’il n’est pas normal que je prenne du plaisir à ces actes étant donné mon passé. Mon passé a gâché mon enfance, a bafoué mon innocence et me pourrit encore pourtant, je ne sais sur qui remettre la faute. J’étais une enfant perturbée, je ne sais pas qui il était. Impossible de définir exactement ce passé.
Je n’ai pas grande confiance en mon avenir, j’ai l’impression de me laisser sombrer peu a peu. Je ne prend goût qu’aux plaisir facile, renonce devant toute difficulté, je n’ai aucune motivation et le sentiment que je vais finir mal.

Ma première fois

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Cela pourra sembler très, voir trop personnel mais tant pis, je vais le faire tout de même et brièvement (ou pas finalement !).
Je veux simplement mettre des mots sur cette soirée, sur cette nuit, sur ce moment là. Parce que je m en souviendrais certainement bien longtemps si ce n est toute la vie. En fait, je ne sais pas si c est quelque chose qui marque autant que ça, si ma grand mère ou même ma maman s’en souviennent encore.
Je ne raconte pas cela pour me mettre a nue ou m en vanter (je ne vois pas en quoi je pourrais m en vanter d ailleurs) mais simplement parce que, je pense que c est une étape dans la vie d une femme et aussi parce que j aime écrire et avoir une trace des moments importants de la vie.
Certes, c est une étape importante mais je ne pense pas qu il faille sacraliser autant cette fameuse « première fois ».
De nouvelles sensations, de nouvelles notion comme celles de la nudité, la pudeur, la timidité parfois et l’appréhension. C est une approche différente avec son corps, avec le corps de l autre également. Mais après tout, chaque nouvelles fois avec un partenaire n’est pas une sorte de « nouvelle première fois » ?
Mais chacun à sa propre vision des choses, alors, sacraliser cette première fois et prétendre a ce que celle ci se réalise avec une personne qu on aime, avec qui on est en couple depuis quelques mois (bah oui sinon tu passes pour une « fille facile » ou « qui couche le premier soir ») je ne pense pas que c est essentiel ni même nécessaire pour que les choses se passent bien.

C était en Décembre dernier, une virée en boîte de nuit tant nous aimons danser jusqu’à en avoir mal aux pieds et des acouphènes en se couchant ! Nous sortons à nouveau et par surprise, ils sont encore là. Toujours plus beaux. Il faut alors qu’on discute.

Chose faite, nous passons une très bonne soirée tous ensembles et prévoyons de nous revoir.

Les semaines passent, nous discutons et le rendez vous est pris. Ce samedi, a la mi mars, nous nous rendrons chez eux.
La soirée se passe, nous discutons toute la soirée, nous rigolons, sans ambiguïté !
Vient le moment de se coucher. Nous jugeons finalement bon de rejoindre leurs lits respectifs, après mûre réflexion.
Je ne vous détaillerais bien entendu pas la suite des événements mais je veux tout de même en toucher deux mots.
Ma seule peur était de le regretter plus tard. Chose qui est arrivée à certaines de mes amies et que je ne veux en aucun cas ressentir moi aussi. Parce que du haut de mes 17 ans (je trouvais la phrase jolie, no comment !)je n’avais pas encore fait l’amour et c’était loin de là une quelconque honte ou je ne sais quoi, non, ce n’est en aucun cas une course.
Le principal, pour moi, n’était pas de le faire « pour le faire » mais de le faire lorsque je m’en sentirais capable, prête et lorsque j’en avais envie. Et si ce moment là arrivait avec une personne avec laquelle je ne suis pas en couple et que j’ai rencontré en boîte de nuit (et d’un côté, je n’aime pas écrire ça, c’est le stéréotype de la fille dévergondée et sans complexes)eh bien c’est comme ça ! Je me suis sentie prête, et je ne le regrette pas, pour rien au monde.
Le lendemain de cette soirée, je me suis jurée de ne jamais l’oublier. Parce que, sur le moment, on pense encore à cette fougue, au moment « tout neuf » qui vient de passer mais avec le temps, souvent, on oublie. Je ne veux pas oublier. Je veux me rappeler, toujours, que c’était un moment unique, doux, sucré, tendre. Tout était de l’ordre du respect et de la tendresse. Je ne regrette rien de rien et si c’était à refaire, je dirais mille fois oui.
Voilà comment, moi aussi j’ai dévoilé mon corps à quelqu’un. Un corps qui ne me plaît pas sur tout les points et que j’aimerais façonner selon mes envies mais ce serait bien trop facile ! Pendant ce laps de temps là, plus rien ne m’y a fait penser, j’étais juste bien.

Les barrières du corps

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Comment est-ce qu’on raconte le corps ?
Comment met-on des mots sur des maux ? Comment écrire pourrait suffire pour dire, pour expliquer, pour montrer ? C’est en tous cas un début.
J’ai moins souffert que la plupart des femmes qui ont témoigné ici. Mais je dois parler des barrières de mon corps. C’est nécessaire, je crois.
J’ai 8 ans et je m’assois sur le canapé en demandant à ma mère ce qu’est le sexe. Elle m’explique, elle prend le temps. Ce n’est pas un tabou.
J’ai 11 ans et je tombe amoureuse. Je suis la bonne élève invisible, celle qui n’existe pas. J’aime de loin, cachée derrière mes cahiers et ma frange de petite fille sage.
La vie passe sans encombres. J’ai 15 ans et mes règles arrivent enfin après des mois/années d’attente. Je suis « normale ». Enfin.
J’ai 16 ans et un garçon pose enfin les yeux sur moi. Les mains aussi, au bout de quelques temps. Il est gentil, patient, adorable, compréhensif. On s’aime. On prend le temps. Il a envie de moi. J’ai envie de lui. Dans le lit, au fond de la nuit, sa main glisse jusqu’à mon entrejambe. Lentement, délicatement, amoureusement, il tente de passer mais rien ne passe. Blocage total. Arrêt à la frontière. L’envie est là, le corps ne suit pas.
Le temps passe. Des mois. Des années. On retente. On essaye. On est fatigués. Quand je lui propose d’insister malgré la douleur insurmontable, il refuse. Il a raison. Je consulte un gynéco. RAS. Tout va bien. « La première fois ça fait un peu mal, c’est normal. » On ré-essaye. On est littéralement à deux doigts de réussir mais c’est impossible. C’est une douleur trop forte. C’est plus fort que moi. C’est incontrôlable. Je scrute les sites internet, les forums, tout et n’importe quoi. Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? Est-ce que je suis la seule à être anormalement normale ?
J’ai 18 ans et je comprends. « Vaginisme ». Une fois que le mot est prononcé, plus rien n’est pareil. C’est médical. C’est involontaire. C’est hors de moi. Ce n’est pas « ma faute ». Je subis.
J’ai 19 ans et je consulte un sexologue. J’entame une thérapie. Je progresse un peu. J’arrive à mettre des tampons. Mais sexuellement je suis toujours aussi désarmée. Mon copain est toujours à mes côtés. Il me soutient. M’aide. Me comprend.
Jusqu’au jour où il ne peut plus. Jusqu’au jour où c’est trop lourd à porter. Où ça fait trop longtemps. Il me quitte et j’ai la sensation d’être abandonnée par l’intimité-même.
J’ai 20 ans, un cœur en miettes et un corps bancal. J’ai 20 ans et je suis vierge. Probablement pour longtemps encore. J’ai 20 ans et je vois ma vie me passer à côté.
Lentement j’accepte l’idée de solitude. Je porte ma douleur toute seule. Je porte ma honte toute seule. Je porte mon malaise toute seule. J’en parle à des amies mais qui pourrait comprendre ? Comment expliquer ? On ne peut comprendre que si on le vit. Je lis des mots qui font mal : « psychologique », « faire des efforts », « chochotte », « prude », « responsable ». Des mots qui heurtent mes sentiments. Mon corps m’a abandonnée, je décide de l’abandonner à mon tour. Je ne fais plus les exercices de mon sexologue. J’arrête tout. Quel intérêt, puisque personne n’est confronté à mon problème ?
Puis j’ai 21 ans et je retrouve quelqu’un. Je murmure mon lourd secret tard dans la nuit sous une couette épaisse, avec une porte ouverte pour qu’il puisse s’enfuir. Il ne part pas. Il reste. Il dit qu’il attendra. Qu’il restera. J’ai du mal à le croire mais lui le croit, pour le moment. C’est tout ce dont j’ai besoin.
J’ai repris mes exercices. J’ai recommencé à appréhender mon corps. J’ai recommencé à croire.

 

Ce site est une pépite. Merci. À toutes les filles/femmes qui vivent cela : vous n’êtes pas seules. Personne n’en parle. Beaucoup, même des professionnels, en parlent mal, maladroitement. Mais vous n’êtes pas seules. Nous sommes beaucoup à combattre ce mal intérieur de l’extérieur. Nous ne sommes pas responsables. Nous ne sommes pas douillettes. Nous avons mal. Mais nous nous en sortirons. Ça prendra du temps et de l’argent, ça volera du sommeil, ça mettra mal à l’aise, ça tirera les traits et ça demandera beaucoup. Mais un jour, on en viendra à bout.

CaptainV

Ce corps qui porte déjà les marques du temps

Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que  » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.

On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.

Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.

SousTesReins.

Ce corps que je hais

Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça, je veux dire, depuis quand
je maltraite mon corps en le bourrant de nourriture. ça ne fait pas
longtemps que j’ai percuté ça : que je ne lui filait pas un excès de
plaisir à travers les ingestions de chocolat et autres « crasses » comme
disent les belges, mais qu’en le bourrant plus que besoin de nourriture,
en mangeant parfois jusqu’à l’écœurement, en le bourrant de chocolat
jusqu’à ce que la bouche brûle, idem pour les turcs apéro… bref, tous
les trucs « gourmands », ben c’était pas du plaisir, juste de la douleur
en fait. Je me rappelle qu’enfant, j’étais normale en fait… et
pourtant, des remarques à la con de la part d’un oncle de ma famille,
comme quoi j’étais tellement ronde qu’il pouvait pas faire le tour de
mon poignet avec son pouce et son index, et puis la vieille (salope de)
tante qui voulait pas me laisser ramener le paniers de fraises car elle
dit que je vais tout m’enfiler en rentrant chez mes parents (à 20m),
etc, etc, etc… vient le collège, la peur des autres, encore plus parce
que je suis d’une famille « où on reste en famille justement », je ne sais
pas décoder les codes sociaux, j’ai peur des autres, mais pourtant
tellement envie d’aller vers eux. Je ne suis pas grosse, mais je me sens
différente, je cogite tout le temps, j’analyse les attitudes, je me sens
bien avec les grands, mais je dois subir les conneries des autres, et
puis je suis mal à l’aise, je ne les comprend pas. Le mardi soir, mes
parents vont à une activité… ils partent juste à temps pour que
j’aille à la boulangerie acheter des trucs à me manger toute seule
devant la tv : des chips, du chocolat, des bonbons, etc… des fois mes
parents rentrent plus tôt, je manque d’être prise en flag. Les fêtes de
Noel, ma mère achète du saumon fumé, mmm j’adore ça ! je passe en douce
devant le frigo et je choque vite trois quatre tranches que je bourre
dans ma bouche et je repars de l’autre côté pour aller vite manger cette
nourriture qui m’étouffe presque tellement j’en ai plein la bouche. les
années passent, je ne suis pas grosse mais pas mince, je suis complexée,
mes soeurs sont minces, ELLES ! elles sont sportives, moi j’aime lire,
je dévore des livres, je me planque dans les couloirs de mon lycée,
toujours un livre prêt à lire, j’ai toujours peur des autres, je suis
amoureuse 1000 fois sans réussir bien entendu à avoir un copain, je me
sens seule, la lecture est une fuite de la vie. Parfois je me demande ce
que ça ferait si je disparaissais, j’ai pas de réponse. Un jour ma mère
découvre que j’ai trop bouffé de conneries, j’ai vidé les placards, elle
trouve des emballages dans ma poubelle, elle pête un plomb elle ne sait
plus quoi faire : elle me traine à l’épicerie de mon village et achète
des 10nes de paquets de gâteaux, plein, comme j’en rêvais, mais j’ai
honte devant la vendeuse, on rentre à la maison, elle vide une étagère
de ma chambre et me dit que puisque je veux manger, ben voilà, je peux
manger mais au moins je volerai plus dans les placards, j’ai honte, je
met un grand poster devant… mais je ne résiste pas, ma gourmandise,
mon manque de volonté font que je pique une plaque de chocolat par ici,
un paquet de gâteau par là. je suis nulle, je suis incapable de me
contrôler. à 14 ans j’ai enfin un petit copain en été lors d’une colo,
ouf, mon premier baiser « avec la langue »… vaut mieux en profiter, ça
ne reviendra pas avant longtemps tellement je suis pathétique lorsque je
suis amoureuse d’un mec, je le vois, je fond et je suis incapable de
sortir quoique ce soit de censé… navrant… mais j’ai envie d’amour,
envie d’en donner mais j’ai pas le mode d’emploi. à côté de ça je trouve
le moyen d’avoir des amies « vampires » : vous savez, la nana super
populaire ou mignonne (ou les deux ) qui a toujours une copine élue
« pauvre fille de l’année », ben la pauvre fille, c’était moi. je tombe
dedans à chaque fois… quand j’y repense j’ai la nausée : devant ces
nanas qui en fait étaient bien pauvres d’esprit à se valoriser sur moi,
et devant moi qui était bien triste de soumission… Le temps passe,
j’empiffre tout le temps mon corps, la nourriture est mon ami fidèle, je
peux arriver dans un lieu et repérer tous les endroits qui peuvent
procurer de la nourriture, ceci en moins de 2minutes. J’ai 20 ans,
toujours pas eu de copain, je pars vivre un an à l’étranger… je livre
mon corps à un pauvre mec qui, lors d’une conversation un peu intimiste
où j’avais besoin de parler, sans doute en sachant ce que ça allait
provoquer, lorsqu’il apprend que je suis vierge, le mec devient comme
dingue. Je ne m’en rendais pas compte tellement j’avais le mal du pays,
mais là quand j’y repense… Bref, le mec se retrouve à en parler « sans
en avoir l’air » de cette pesante virginité, en fait je me dis qu’il
avait juste envie de se taper une pauvre fille qui était déjà quasi
tombée dans ses filets… un jour il m’invite chez lui… je vais pas
faire un dessin… Je sais pas trop ce qu’il s’est passé en soit, des
fois j’en viens à me demander s’il aurait pas mis un truc dans mon verre
tellement ça me semble irréèl de passer à boire un verre d’eau sur le
canapé pour se retrouver nue sur son lit avec l’autre qui me propose de
lui faire une pipe et me demande combien je dois être contente de plus
être vierge… ah ? c’est ça faire l’amour ? bon, ben ça va, je me
rappelle pas de tant de chose, juste quelques images, et je me retrouve
un peu écoeurée de je ne sais trop quoi, bref, je ne suis plus vierge ;
ça, c’est fait ! mais j’évite d’y penser, j’ai la nausée, j’ai le
sentiment d’avoir été utilisée, mais bon, y a pire comme on dit.
Je deviens étudiante, je deviens un peu plus sociable, j’apprends peu à
peu à aller vers les autres, ils me font un peu moins peur. J’ai un
autre copain, on couche ensemble, c’est pas mal, c’est doux, mais le mec
est encore plus mal dans sa peau que moi, on s’aide pas trop quoi…
bref, le temps passe, je bouffe, des paquets de gâteau pour amis, des
paquets de crasses pour copain, je me retrouve souvent à pleurer seule
dans mon coin, pourtant je devrais aller bien, merde ! Je passe un super
été, me fais pleins de potes et je fond à vue d’oeil… je me sens bien,
je fais 62kg de muscles mais dans ma tête je suis grosse. je dois
acheter une robe pour un mariage, j’achète la taille 42 pour être
confortable mais la 40 m’allais nickel… pfff, je suis grosse vu que je
met pas du 38 !!! Je rencontre mon mari actuel, je me sens belle dans
son regard, mais je n’arrive pas à m’y voir, dans ce regard, tellement
je trouve mon corps moche, trop gros, trop gras, des seins trop visible
devant lesquels les mecs bavent pourtant, mais ça m’embarrasse… mais
pour une fois dans ma vie je me sens belle, même si j’évite de penser à
ce corps. des problèmes persos, un déménagement, un burn out… et je
perd pied, je prend 20kg en 6 mois, mon mec n’a rien vu, que ça soit de
mes excès de bouffe comme de mon corps qui gonfle comme un ballon : mon
qui était finalement mince et me voyait grosse, je devient grosse sans
voir que je suis grosse. Je me réveille et je vois que je fais 86kg et
1,69m. Je décide de voir une diététicienne pour bosser sur mon
comportement ! Elle me demande pourquoi je viens, je répond que j’ai
besoin d’apprendre à gérer pour pas m’effondrer en cas de gros coups dur
! Elle m’aide, je me dépatouille dans mes problèmes persos, familiaux,
je lui dis que toutes les familles ont des grosses valises à trainer et
pourtant il faut bien faire avec et tout le monde ne devient pas
boulimique non ? Parce que oui le mot se prononce… moi (et tout le
monde aussi d’ailleurs) qui me croyait juste trop gourmande, sans
volonté, je me rend compte que oui mon comportement avec la nourriture
en mode remplissage c’est anormal, c’est pas QUE une question de
volonté, mais un mal être plus profond, c’est pas aussi simple que ce
que ma mère dit « si je dois moins manger, ben je mange moins ». Elle
m’aide, mais je maigris pas, je me stabilise un peu, j’apprends à gérer
petit à petit, mais c’est dur, j’ai peur d’aller dans les magasins, je
ne peux souvent pas me promener avec de la monnaie dans les poches sans
vouloir acheter à manger, c’est plus fort que moi. j’ai honte, je me
sens nulle, si nulle, mais je ne sais pas comment faire. et finalement
le coup dur, du genre coup dur de compétition arrive dans ma vie… un
enfant vient habiter mon corps pendant 9 mois… et quitte la vie juste
avant d’en sortir. je m’effondre, je veux mourir, la vie me semble juste
insupportable… mais je ne mange pas plus. Je suis contente de moi, je
sais gérer mes émotions et la bouffe… sauf que des années et des bébés
plus tard, ben j’ai encore pris du poids, lentement, petit à petit,
chocolat après chocolat, je retombe doucement dans la boulimie. ce corps
je le hais, il m’encombre, je tente de ne pas y penser à ce à quoi il
ressemble quand je fais l’amour et que j’aime ça, toute cette chair qui
ballotte, qui bouge dans tous les sens… Comment il peut aimer mes
seins mon mari ? je les trouve si immonde ? Je m’habille comme un sac,
je fais 102kg, je suis moche, c’est si dur d’écouter son appétit quand
ça fait des années qu’on la nie, quand j’ai envie d’exploser je me mord,
presque jusqu’au sang, j’ai envie de lui faire encore plus de mal à ce
corps physiquement parlant, j’aimerais faire autrement que de le remplir
comme ça, je me vois comme une oie qu’on gave, sauf que je suis la gavée
et la gavante, je me dis que ça serait plus facile si j’avais fumé ou si
je m’étais droguée, si je buvais ? au moins je peux arrêter totalement,
alors que la nourriture, je peux pas ! Je me dis que jamais je n’y
arriverai, qu’il va falloir l’aimer comme ça ce corps, mais je me rêve
légère et pas encombrante à tel point que je me cogne partout, je n’ai
pas conscience de mes limites corporelles, normal, je ne l’habite pas ce
corps, du moins je suis en lutte constante pour y arriver, mais c’est
dur de rompre avec cette haine que j’ai pour lui depuis si longtemps. Je
ne comprend rien à tout ça, je culpabilise énormément de ce mal être que
je me traine depuis toujours, je culpabilise moins depuis ce bébé qui a
traversé ma vie car ça a été un tel chamboulement dans ma vie que je
m’en veux moins de mal vivre ça, mais je me dis que j’ai eu une enfance
heureuse, des parents aimant même si sans doute maladroit, donc pourquoi
je suis mal, pourquoi je sais pas m’aimer ? J’ai pas le mode d’emploi…
j’aimerais pouvoir déménager de ce lieu où je suis si mal …
paradoxalement, les seuls moments où je me sens infiniment belle, c’est
quand je suis enceinte, là je me trouve magnifique, désirable, plus
belle que tout, j’aime ce ventre que d’habitude je hais, ces courbes si
belles, je me prend en photo et là je me sens plus belle que tout…..

ça fait un an que j’ai eu un choc : je lisais pour la première fois THE
roman d’ado « moi Christine F, droguée, prostituée, etc… » et quand elle
parle de son état avant/pendant/après avoir pris de l’héroine, je
réalise que je suis dans le même état quand je prend du chocolat… ça
me fait peur, vraiment, d’autant plus que je fais une sorte de bad trip
en mangeant trop de chocolats une fois, je sens limite le sucre me
monter au cerveau… ça me fait peur… vraiment.
ça fait presque un an que j’apprends peu à peu à habiter cet étranger
qu’est mon corps, à en prendre soin, à lui faire du bien, à tenter
d’arrêter de le maltraiter, je ne maigris toujours pas, mais déjà je le
coiffe un peu, je le maquille un peu plus, je tente de remplacer les
sacs par un paréo… mais c’est dur, l’habitude de cette violence est
là, tenace et peine à me quitter, j’ai envie d’y croire, j’ai
l’impression de vouloir monter une montagne infranchissable, mais bon,
faut bien y croire non, j’ai pas bien le choix ?

Ce corps, ce maudit corps

Et oui, encore un texte de femme qui ne s’aime pas. Je suis qu’une jeune femme de 21 ans qui essai de vivre une vie normale.

Par contre, ce rêve m’est totalement impossible dans cette société pourrie par des images de femmes incroyablement sublimes. Je n’ai que 21 ans et ce corps m’empêche de vivre. Je suis grosse..c’est plus facile à se le dire qu’à l’avouer. Je suis grosse et oui, je suis grosse dans une vie qui privilégie les corps minces. Je ne m’aime pas.

Je n’aime pas mes seins, choses qui pendouillent, mon ventre, mes vergetures, mes cuisses et tout le reste. Même mes yeux, minimes particules que j’admire, ne viennent pas apaiser ce mal.

J’ai 21 ans, je n’ai jamais eu relation amoureuse, ni de rapprochements, ni de baisers, ni d’attention de la part d’un homme, si ce n’est que pour un vomi de bêtises et de répugnance. Ô combien de fois, dans ma jeunesse, j’ai été traitée de grosse, de chose immonde, de laide ? Des milliers de fois. Des gens qui rient derrière mon dos, qui me pointent du doigt, qui m’ignorent, qui se dégoûtent d’être en ma compagnie. Tout cela m’a totalement détruite, sans parler de mon estime.

Grandir en essayant d’être aveugle aux yeux des autres, de vouloir passer inaperçue dans une foule, de disparaitre sans cesses, l’avez-vous déjà essayé ? Ce n’est même plus une option de vie, c’est ma façon de vivre. J’ai un cercle d’amis très petit, voir quasi inexistant, mon estime est a -1000, et je cherche encore une raison de vivre. Oui, car quand on s’ancre dans la tête que ça donne plus rien, on veut vraiment disparaître. J’ai 21 ans et je me demande que sera mon avenir. Je ne sais pas si je veux des enfants, mais chose certaine, j’ai besoin de combler un vide immense, le besoin d’être aimer pour ce que je suis et ce à quoi je ressemble. Je pense ce qui pourrait bien m’arriver, j’ai l’impression d’avoir tout vécu ce qui était de mal, mais c’est seulement les paroles.

Aujourd’hui, ma vision d’adulte me fait voir les choses autrement, les paroles c’est du passé, mais le vide c’est pour toujours. Ah, je sais que plusieurs se diront, mais elle est jeune, elle n’a pas à pensé ça, et pourtant. Je sais aussi qu’il y a des hommes qui aiment les femmes enrobées, mais où sont-ils ? Sans oublié, que je ne veux pas d’un homme trop vieux, peut-être que je suis trop stricte la dessus, mais j’ai mes principes.

C’est un mélange de contradictions qui s’embrouillent. J’espère, sincèrement, qu’un jour je réussirai à m’aimer comme je suis, et ce, sans régimes, sans diètes, sans privations.