
Les vergetures, en fait, ça me connaît. Ça me connaît parce que les
surkilos et moi, nous sommes de bons, très bons copains depuis
l’adolescence. Il y a douze ans de cela, au collège, au lycée, j’avais
honte, parce que j’avais des vergetures sur le haut des cuisses,
« comme les femmes enceintes », sauf que moi, j’avais 15 ans. Moi,
j’avais des vergetures de grosse.
Aujourd’hui, on les devine encore un peu, très légèrement, petites
coulées blanches qui transparaissent à peine sur ma hanche, d’autant
moins visibles que ma belle Éloïse est passée par là depuis : 4,2 kg
pour elle, 19 kg (en plus) pour moi… moi qui avais déjà un IMC à
faire péter un radar !
Comme d’habitude, comme toujours, comme depuis des siècles, chaque
fois j’essaie de « refaire attention », de manger bien, de faire du
sport. Je n’y arrive pas ; des années que je suis obnubilée par ça,
des années que je me vois grosse, alors que je suis passée par toutes
les tailles, du 38 au 52 !
Mais je n’y arrive pas. Je suis encore à la recherche de moi, moi que
je crois vide, sans valeur à l’intérieur, alors je remplis cette
coquille vide, encore plus vide avec cette poche vide juste devant,
comme les kangourous ! Je remplis, et je mange ; difficile de faire
autrement.
Je remplis, mais je me soigne ! Je ne désespère pas un jour de ne plus
avoir besoin de remplir, mais juste de vivre, ici et maintenant.
Les kilos, après, bah……..
Avec ce beau projet de montrer le corps des femmes, je prends,
justement, conscience du corps des femmes ; je veux dire : des VRAIES
femmes, celles de la réalité.
J’essaie de mettre en oeuvre mon petit « carpe diem » perso, et je me
dis : vivre ici et maintenant, c’est dans ce corps-ci, pas dans celui
dont je rêve depuis toujours. Et ce corps-ci, il est imparfait, il est
rond, il n’est pas lisse, parfois ferme, un peu hâlé par la fin de
l’été, il est marqué par la naissance de ma fille, par les poignées de
mon amour, par des seins qui ne sont qu’à moi et qu’à mon homme, des
seins aux petits tétons de petite fille, pour la petite fille que je
suis en moi qui n’a jamais vraiment accepté ce corps de femme.
Ce corps, je dirais qu’en fait, il pèse son poids, le poids de son
existence ici sur Terre, à cet endroit et à ce moment précis, il
montre que j’existe, que je suis là, que je ne suis pas ailleurs, dans
un corps différent dans un endroit qui n’est pas mien, dans un avenir
qui n’est pas encore là.
Quand je fais l’amour avec mon homme, la lumière est allumée, la
couverture aux pieds du lit, et j’ai la gorge déployée ; je me sens
sensuelle – non, je SUIS sensuelle. Je suis belle. Et je prends mon
pied. De plus en plus les années passant.
Finalement, tout d’un coup là comme ça, ce ventre flasque, zébré de
rouge, pendouillard, je le trouve beau. Même s’il me tarde de le
remplir (toujours remplir) très bientôt.
Oui, en fait, là, j’ai fait une jolie prise de conscience : le
flasque, c’est la vie, c’est le beau !!
Merci :)
Marjolaine.
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