Ma plus grande souffrance

Cette cicatrice je la hais. Pourtant elle n’est pas visible immédiatement, il faut que je me tourne dans le miroir pour la voir.

Elle se trouve sur le côté de mon ventre. Je l’ai depuis 6 ans. 6 ans de douleur. Elle ne me fait pas souffrir mais lorsqu’elle est apparue une autre est venue se loger sur mon coeur. Cette « jumelle » me fait par contre énormément souffrir.

Il y a 6 ans pourtant j’étais le plus heureuse. J’allais devenir maman. Une joie indescriptible pour moi. Malheureusement un malade que j’ai croisé dans la rue m’a anéanti cette joie. Alors enceinte de 8 mois cet « homme » a planté un couteau en moi. A 1 mois de mon accouchement mon bébé meurt. Une petite fille qui devait s’appeler Sarah.

6 ans ont passé et ma vie est devenu un enfer. Avec mon compagnon on a bien essayé de surmonter ça à deux. Mais la disparition de Sarah a été trop dur pour nous deux et nos chemins se sont écartés. Cette année ma fille aurait fait sa rentrée au CP. Je pense constamment à mon petit amour.

J’essaye de me l’imaginer. Aurait elle eu mes yeux bleus ? Aurait elle eu le sourire de son père ? Toutes ces questions resteront à jamais sans réponse.

L’homme qui a tué mon enfant a fait quelques années en psychatrie. Moi j’ai pris perpet’. Depuis 6 ans cette cicatrice me rappelle ce que j’ai perdu, et me rappelle surtout que personne n’est à l’abri du malheur, et que celui peut frapper à n’importe quel instant comme devant la porte de son immeuble.

Prisonnière

Oui, je me sens prisonnière de ce corps, de mon ventre en particulier.

Mon ventre et moi avons une relation… conflictuelle. Il me fait souffrir de toutes les manières possibles ! Problèmes intestinaux chroniques, douleurs, infections urinaires, acidité, infertilité, calculs, vergetures, et pour couronner le tout, je lui ai infligé un anneau gastrique. Une erreur, si vous voulez mon avis, qu’il me fait payer…

Si je regarde les photos de moi enfant, et même bébé, j’ai toujours eu du ventre. Un bidon rond enfant, un petit ventre à l’adolescence et en tant que jeune femme, qui me gênait, mais que je camouflais bien. En tout cas, si je l’aurais préféré plus plat, il ne m’empêchait pas de me sentir belle, sexy, féminine… libre.

15 ans, un accident, une dépression et 35 kilos plus tard, il est plus que jamais présent. Quasiment tout mon poids en trop est concentré dans ce ventre, il est ma honte. Il me précède, il m’étouffe, il s’affiche sans que je le veuille, je désespère de le camoufler sans être vêtue d’un sac à patates ! Il cache mon pubis, il m’empêche d’aimer l’homme qui m’aime, il me tient chaud, me fait suer, me fait mal, me fait pleurer, de honte, de fatigue, de tristesse.

Peut-être suis-je ingrate ? C’est vrai qu’il m’a donné, avec un peu d’aide médicale, le plus beau cadeau du monde. Mon enfant, mon trésor, ma merveille, qui m’a transformée en maman confortable pour les siestes. Mais n’empêche… Je n’arrive toujours pas à l’aimer. Il m’en fait trop baver.

Alors je rêve… Je rêve que je m’en découpe une bonne tranche au couteau de cuisine, et que je cicatrise miraculeusement. Que je respire enfin, sans ce poids qui me compresse. Que je me trouve harmonieuse et gracieuse dans un miroir. Que je suis riche, et que je peux me faire opérer. Que je deviens moi.

Que je suis libre, enfin.

Mon corps, mon dégoût

Moi, c’est Naelwynn, Nael pour les intimes.

Mon véritable prénom me dégoute a peu près autant que mon corps pendant longtemps. Il correspond a une personne qui est morte avec ce corps. Elle n’est là que pour les formalités en somme.

Mon père a abusé de moi dans mon enfance jouant avec ce corps comme on jouerait avec une poupée de chiffon. Méprisant l’humain derrière le corps! il l’a fait tellement souvent qu’a l’adolescence, mon corps avec ses rondeurs de femme m’effrayait et m’attirait. Je me sentais comme prisonnière a l’intérieur. Comme coincée dans une carapace qui ne serait pas a ma taille. Cette poitrine généreuse presque insolente offerte au monde avec ses cuisses fermes et ses hanches généreuses, bref, un corps de femme mais un coeur d’enfant.

Il m’a fallu du temps pour me l’approprier, me sentir moi, accepter cette féminité autrement que pour servir de jouet. Apprendre a controler une sexualité naissante avec ce tas de chair dont je ne savais que faire a l’époque! Ce corps aura subi deux grossesses, une première en 2008 qui m’aura réconcilié avec lui, j’adorais me voir enceinte. Ces courbes rondes, abritant la vie, ayant enfin un sens final! De quoi etre fière. La seconde grossesse l’aura ravagé, plus difficile, il aura été le témoin de cette souffrance qu’on a vécu mon fils et moi, lui coincé a l’intérieur et moi a l’extérieur ne pouvant rien faire de plus que d’attendre. Et voir ce corps se tordre, se déchirer, ce nombril ressortir a n’en plus finir, jusqu’a ce que cette boule de chair et de graisse reste là!

Depuis, on retente de s’accepter ce corps et moi. Malgré les traces laissées par mes fils, cette boule qui déforme mon nombril, je me sens enfin en paix avec lui, prete a évoluer et lui laisser le temps de redevenir, non pas parfait, mais a mon image : un corps de femme, mais aussi de mère! Et voir que ce corps plait beaucoup plus qu’a l’époque ou il était quasi parfait est comme une victoire supplémentaire!

Mon ventre, vide.

Je n’ai pas de photo de ma cicatrice encore, j’ai encore un pansement (même 4 pour coelioscopie) cette cicatrice n’en est pas une, elles sont trois ..

Une pour une GEU, une pour réparer mes trompes abimées, m’empechant d’avoir des enfants, et une encore pour une GEU, et perdant une trompe.

Ce corps qui me trahit, ce ventre si rond mais si vide, et ce coeur si rond mais si plein, si plein d’amour pour cet enfant qui s’est envolé le 30 août, parce que s’il restait à sa place, c’est moi qui m’envolait

Je me dis que ce corps n’est pas fait pour faire des enfants, mais ma plus grande cicatrice est dans mon coeur et dans ma tête !

J’ai la chance d’avoir un fils qui est venu miraculeusement se nicher au creux de moi, finalement je ne suis pas une si mauvaise maman, une si

mauvaise personne …

Il y a les cicatrices du corps, et celles du coeur qui ne sont pas visible à l’oeil nu …

Je n’aime plus mon corps pour ce qu’il me fait subir, et si je tiens aujourd’hui, c’est pour ce petit garçon qui en rentrant aujourd’hui m’a fait la surprise de venir caresser son petit frère ou sa petite soeur qu’il attendait tant .. et les yeux tristes qu’il a eu quand je lui ai dit qu’il n’y avait plus de bébé … qu’il fallait l’enlever pour me permettre de rester en vie .. c’est lui qui me rend ma force , lui et son papa qui me sont d’un grand soutien.

Et pour eux, je me lève, je me battrai jusqu’au bout, pour qu’un jour, nous serons 4 , une famille unie …

Alors oui j’ai des cicatrices, mais ces cicatrices ont fait de moi une femme forte qui se bat pour sa famille !!

Mon crédo : ce qui ne nous tue pas nous rend plus forte, je ne suis pas morte …

Mon corps, mon combat contre les autres

Bonjour,

Ça y est après de longues heures d’hésitation j’ai décidé de me lancer et de me montrer telle que je suis ! Donc voici mon texte et mes photos pour le blog et merci pour cette belle idée:

Parfois, j’aimerais être un homme, pour ne pas subir le dictat du corps parfait ! Sur un homme une petite bouée ça rassure, ça réconforte, on aime s’y blottir … chez une femme ça perd tout son charme et pourtant …

Il y a peu, les canons de la beauté étaient bien en chair ; un bassin large était un signe d’extrême féminité (mais peut-être était-ce parce que à cette époque une femme était avant tout une mère ?!).

Mais à notre époque, c’est quoi être belle ?

 

Si c’est ressembler à ces mannequins longilignes, assexués, déformés par les logiciels de retouche photo que l’on voit dans les magazines, alors je ne veux pas être belle !

Si c’est être heureuse, avec et malgré son corps, alors je suis en train de le devenir …

 

Depuis longtemps j’essaie de vivre avec mon corps, ce corps que je traîne comme un fardeau dont il m’est impossible de me débarrasser. Mon histoire de désamour avec cette part de mon être a commencé très jeune, trop jeune sûrement, à une époque où le souci principal devrait être de trouver le moyen de convaincre ses parents de nous offrir un chien …

 

Tout d’abord il y a eu mes pieds mal formés à cause d’une croissance trop rapide ce qui m’a obligé à porter des chaussures orthopédiques, mes « chaussures d’handicapée » comme mes « camarades » disaient. Je me rappelle m’être faite frapper par un « grand » à cause de ça ! Cruauté éphémère qui laisse pourtant une trace indélébile …

 

 

Ensuite, il y a eu ma taille : 1m72 à 12 ans ça ne passe pas inaperçu (heureusement pour moi ma croissance s’est arrêtée là) !! Pas facile de plaire aux garçons quand on fait une tête de plus qu’eux et que commence doucement à pointer un mal être qui ne fera que grandir au fil du temps pour finir par occuper la place du moteur de ses décisions !

 

A 10 ans : très facile de me retrouver !

 

Puis vint le problème de la poitrine. Ce symbole actuel de la féminité, je l’ai espéré … pendant des mois … des années. Ce n’est qu’à 20 ans que j’ai enfin eu quelque chose qui me convenait, des seins bien ronds et fermes ; enfin je pouvais arrêter de penser à la « planche à repasser » et aux autres colibets !

 

A 16 ans

 

 

 

Il y a également mes chevilles (un de mes nombreux héritages de famille). Ces deux poteaux difformes mal dessinés, à peine différenciés de mes mollets, ces deux masses qui m’empêchent de porter les chaussures que j’aimerais, qui me donnent des jambes identiques à celles de ma grand-mère. Quand je les regarde j’ai l’impression d’être un cheval de trait au milieu de pur-sang arabes !

Mes poteaux télégraphiques !

 

 

 

Le temps passe et puis on part, on fuit, vers la ville, vers un monde peuplé d’anonymes où personne ne s’intéresse à son prochain, où personne ne connait son voisin.

 

Là je me sens à ma place loin des miens.

Mais les blessures profondes d’une enfance difficile son

t malgré tout là et vient alors le problème du surpoids qui s’aggrave à chaque contrariété, à chaque critique. Peu à peu chaque partie du corps se modifie au point qu’on ne se reconnait plus … et l’amour, le soutien d’un conjoint n’y changent rien : le problème est ailleurs, caché derrière un besoin de reconnaissance filiale qui ne vient pas malgré les tentatives.

 

C’est alors que se produit une chose inattendue, un petit être a décidé de s’immiscer dans notre vie. Petit à petit il grandit au sein de ce corps qu’on ne peut supporter et c’est là que se produit le plus grand changement : je suis enfin devenue femme, je suis devenue mère.

 

Mes seins que j’avais tant espérés portent les traces de ces mois d’allaitement, de ces moments partagés où pour la première fois j’ai senti que j’étais indispensable à quelqu’un. Peut importe leurs vergetures et leur relâchement : c’est la marque que j’ai nourri, protégé un petit miracle, ma chair, mon sang …

 

Mon ventre est vide à présent, marqué, flasque, tombant, mais c’est un mal nécessaire ; il a fallut faire de la place pour notre ange, pour qu’il grandisse pleinement pendant ma grossesse.

 

Les kilos qui 9 mois après mon accouchement refusent de partir sont les réserves que mon corps a faites pour que d’un petit haricot je fasse un magnifique petit homme.

 

Me voici donc maintenant …

 

J’étais (je suis encore parfois) une cible pour qui voulait me blesser : incapable de répondre aux brimades, les gens ne voyaient pas ma détresse. Si avec le temps je suis devenue associale c’est pour ne plus souffrir, ne plus être déçue (surtout par ceux que j’aime) !

Mais maintenant les choses changent ! Oui, maintenant je suis déterminée à gagner la guerre, ma guerre, et à vivre heureuse telle que je suis, envers et contre tous !

Chaque jour est pour moi un combat contre les moqueries d’un temps oublié, contre une société formatée qui stigmatise les rondeurs, contre une famille intolérante … mais je m’accroche parce que j’ai trouvé ma voie : j’ai maintenant deux hommes merveilleux dans ma vie !

Mon ventre, ma honte

Je vous présente donc mon ventre, une honte que j’ai en moi… avant ma 1ère grossesse j’avais un joli petit ventre , un truc mignon que j’adorais, puis un bébé 40 kg en plus et ce ventre est resté, cette peau qui pendouille, ce truc moche, puis la 2ème grossesse n’y a ps aidé non plus…

 

J’ai honte de mon ventre, relations dans le noir, je le cache avec des vêtements amples , des pantalons qui le serrent bien fort, même si un nouvel homme est arrivé dans ma vie a envie de moi, et m’a donné un peu d’assurance, il ne le voit pas de la même manière que moi, mais ce ventre est toujours là, il me poursuit, il ne veut pas me quitter, que faire de cette peau qui me dégoute, quand je prends ma douche j’aime pas le toucher, quand mon homme me fait l’amour souvent je me dis oh lala il a un gros plan sur mon ventre, quand je suis nue et qu’il me touche je le rentre un max, j’ai peur qu’il me quitte à cause de ce corps , de ce ventre, quand je mets un haut sexy je l’enlève illico car cette chose se voit trop….

 

Voilà , je ne pourrais jamais m’en séparer, même si avec du sport il va se tendre un peu, mais oui le sport, j’ose pas y aller à cause de mon poids et de mon ventre.

 

Toute une histoire ce ventre.

 

Sardine

Un énorme bide

 

que certaines envient, que certaines voudraient « ouaou il est trop beau ton ventre »  » ouaou il est tout plat ton ventre » … et si moi je le trouve énorme je fais comment??

 

ba je me tais parceque c’est indécent de ne pas vouloir de ce ventre qui parait si plat aux « yeux des autres »…et si énorme aux « yeux de moi »… mais comme elles le voient sur moi mais avec leurs yeux elles le trouvent beau et moi ce que je vois dans la glace c’est une autre et ce que je vois en baissant la tête c’est un ventre énorme dégoutant, débordant, jamais assez vide… toujours si plein de tout et de rien, de nourriture, d’eau, de larmes, toujours trop… alors toujours le vider tout renvoyer ces choses immondes qu’il contient et qui débordent.

Mais ça chut c’est un secret, parceque face à toutes ces femme que je trouve ci magnifique avec leurs formes si féminines ba je ne dois rien dire, surtout rien paraitre… parceque c’est indécent parceque c’est interdit de souffrir de quelque chose que les autres ne voient pas… parceque souffrir d’un ventre trop plein quand il est plat ça ne se fait pas!!! Parceque vous toutes vous avez le droit de tout ça mais moi non… C’est pas justifier … pourtant il paraît que ça a un nom, il paraît que ça s’appel de l’anorexie… moi je dis que ça s’appel un énorme bide mais dont on n’a pas droit de souffrir…

 

En espérant qu’un jour il sera moins vide, qu’une vie l’habitera et que cette vie le rendra moins plein de vide, pour enfin accepter d’être une femme tout simplement… une mère et vous rejoindre … être marquée par la maternité, un rêve inavouable.

Traces de naissances

Voilà les traces des naissances de mes filles.

 

La 1ère couture a vite été « jolie », mais en contre partie, j’ai eu des adhérences qui ont nécessité six séances de kiné. Niveau douleur, on verse sa larmichette… Je l’ai ensuite vite oublié, je n’avais plus mal, tout allait bien. Je misais tout pour un AVAC lors de ma prochaine grossesse. J’ai tout fait ou presque : j’ai pris beaucoup moins de poids, ostéopathe, acupuncture, décoction de feuilles médicinales, échographie de la cicatrice sur l’utérus qui me permettait de tenter la voie base, cocktail pour lancer le travail 3 jours avant terme, mais non…

 

Pour ma 2ème fille, comme on le voit à droite, la peau s’est écartée. J’ai eu trés peur quand j’ai découvert ça après que toutes les agrafes aient été enlevées! J’ai posé des strips pour rapprocher les deux morceaux de peau, et le résultat est sûrement plus net que si j’avais laissé cicatrisé seul. Aujourd’hui, comme sur la dernière photo, la cicatrice est « belle », même si on voit clairement qu’elle n’est pas homogène. J’ai aussi eu de la kiné pour les adhérences, mais beaucoup plus tôt, ce qui était bien moins douloureux (aux 3 mois de la puce). *

 

Parce que j’ai eu ces deux césariennes, pour moi, dans ma petite tête, je n’ai pas accouché de mes filles… Elles sont nées toutes les deux un vendredi, mais malheureusement je n’ai pas eu à faire grand chose, puisque les pauvres étaient en souffrance, donc il a fallu aller les chercher…

 

Cette (double!) cicatrice que je porte à vie et aussi inscrite dans mon cœur, parce qu’elle certifie que j’ai porté la vie, mais elle me marque aussi sur mon incapacité à faire naître naturellement mes bébés… et ça, dans mon cœur et dans ma tête, ça reste gravé également, à jamais…

 

Mes vergetures

Les vergetures, en fait, ça me connaît. Ça me connaît parce que les

surkilos et moi, nous sommes de bons, très bons copains depuis

l’adolescence. Il y a douze ans de cela, au collège, au lycée, j’avais

honte, parce que j’avais des vergetures sur le haut des cuisses,

« comme les femmes enceintes », sauf que moi, j’avais 15 ans. Moi,

j’avais des vergetures de grosse.

Aujourd’hui, on les devine encore un peu, très légèrement, petites

coulées blanches qui transparaissent à peine sur ma hanche, d’autant

moins visibles que ma belle Éloïse est passée par là depuis : 4,2 kg

pour elle, 19 kg (en plus) pour moi… moi qui avais déjà un IMC à

faire péter un radar !

Comme d’habitude, comme toujours, comme depuis des siècles, chaque

fois j’essaie de « refaire attention », de manger bien, de faire du

sport. Je n’y arrive pas ; des années que je suis obnubilée par ça,

des années que je me vois grosse, alors que je suis passée par toutes

les tailles, du 38 au 52 !

Mais je n’y arrive pas. Je suis encore à la recherche de moi, moi que

je crois vide, sans valeur à l’intérieur, alors je remplis cette

coquille vide, encore plus vide avec cette poche vide juste devant,

comme les kangourous ! Je remplis, et je mange ; difficile de faire

autrement.

Je remplis, mais je me soigne ! Je ne désespère pas un jour de ne plus

avoir besoin de remplir, mais juste de vivre, ici et maintenant.

Les kilos, après, bah……..

Avec ce beau projet de montrer le corps des femmes, je prends,

justement, conscience du corps des femmes ; je veux dire : des VRAIES

femmes, celles de la réalité.

J’essaie de mettre en oeuvre mon petit « carpe diem » perso, et je me

dis : vivre ici et maintenant, c’est dans ce corps-ci, pas dans celui

dont je rêve depuis toujours. Et ce corps-ci, il est imparfait, il est

rond, il n’est pas lisse, parfois ferme, un peu hâlé par la fin de

l’été, il est marqué par la naissance de ma fille, par les poignées de

mon amour, par des seins qui ne sont qu’à moi et qu’à mon homme, des

seins aux petits tétons de petite fille, pour la petite fille que je

suis en moi qui n’a jamais vraiment accepté ce corps de femme.

Ce corps, je dirais qu’en fait, il pèse son poids, le poids de son

existence ici sur Terre, à cet endroit et à ce moment précis, il

montre que j’existe, que je suis là, que je ne suis pas ailleurs, dans

un corps différent dans un endroit qui n’est pas mien, dans un avenir

qui n’est pas encore là.

Quand je fais l’amour avec mon homme, la lumière est allumée, la

couverture aux pieds du lit, et j’ai la gorge déployée ; je me sens

sensuelle – non, je SUIS sensuelle. Je suis belle. Et je prends mon

pied. De plus en plus les années passant.

Finalement, tout d’un coup là comme ça, ce ventre flasque, zébré de

rouge, pendouillard, je le trouve beau. Même s’il me tarde de le

remplir (toujours remplir) très bientôt.

Oui, en fait, là, j’ai fait une jolie prise de conscience : le

flasque, c’est la vie, c’est le beau !!

 

Merci :)

 

Marjolaine.

Naissance

 

Naissance.

 

Petit bébé au corps tout potelé, plein d’une nouvelle vie et pourtant déjà opéré.

 

La petite fille qui s’interroge, qui subit les assauts de cette maladie.

 

L’adolescente au corps detesté, opéré, cicatrisé, non apprivoisé.

 

La jeune femme au corps féminisé et doucement défleuré.

 

La future maman au corps mutilé, éprouvée par la mort de son bébé.

 

La femme enceinte aux formes arrondies, au ventre qui grossit, bébé qui s’épanouit dans l’écrin protecteur de sa mère chérie.

 

La jeune maman comblée par ses deux enfants, au corps lassé et au ventre vergeturé.

 

La mère aux seins nourriciers, comblant les besoins de son nouveau-né.

 

La copine un peu coincé, honteuse de ce corps qu’elle essaie de cacher.

 

L’épouse aimée, sentant son corps lui échapper, pourtant toujours désirée.

 

 

 

22 ans, déjà maman. L’aube d’une vie, pourtant déjà bien remplie. 11 cicatrices visibles, de nombreuses cachées. La plus difficile, la plus douloureuse, l’incomparable entre toutes, celle de mon coeur meurtri au décès de mon bébé pendant la grossesse. Les cicatrices visibles sont un fardeau, elles sont la conséquences de ce qui se nomme « Hallux Valgus » et a des luxations de rotule répétitives. Des mois de rééducation, des efforts à fournir pour aller mieux et s’accepter. Mais ce n’est rien comparé à la perte de mon bébé. Ma plus grande douleur et ma plus grande fierté. Je peux le dire, j’ai un ange qui veille sur nous. Un petit ange aux ailes toutes douces. Je l’ai pleuré… Tant pleuré. Aujourd’hui je suis nostlagique. Mon corps a abrité 3 enfants, mais seulement 2 sont dans les pensées. Ce troisième enfant que j’ai pourtant porté en premier, se retrouve oublié, nié. C’est pourtant ce petit bébé qui a fait de moi une maman pour la première fois. C’est avec ce bébé que j’ai vu mon ventre s’arrondir tout doucement. C’est avec ce bébé que j’avais fait mes premiers projets. Mon corps, ce corps de maman qui n’oublie pas, qui ne peut et ne veut oublier. Ce corps qui m’avait trahi. Ce corps qui avait laissé mon bébé s’échapper. Ce corps qui a ensuite protéger mes deux autres bébés. Ce corps que j’ai encore du mal à apprivoiser. Ce corps qui est mien, et que je n’ose montrer. Avec ce corps que j’ai négligé, il est grand temps, je crois, de me réconcilier.