Mes TCA

Mon histoire ressemble sans doute à celles de beaucoup de personnes touchées par le même mal-être mais je vais tout de même oser me livrer ici.
Tout a commencé il y a sept ans. A l’époque, j’étais étudiante, mes études me plaisaient, j’étais en couple avec mon premier copain depuis quelques années et j’en étais folle amoureuse, j’avais beaucoup d’amis et je sortais beaucoup, bref, tout me réussissait. A part… que j’étais très curieuse au niveau de la sexualité, c’était quelque chose qui me fascinait, et je dois bien avouer que mon copain de l’époque ne me satisfaisait pas (au rythme d’une relation toutes les deux semaines, à 20 ans, je ne me rendais pas compte alors que les autres couples le faisaient sans doute plus souvent…). Comme je me faisais rembarrer à chaque fois que j’avais envie de faire l’amour, j’ai commencé à chercher du plaisir ailleurs. Mais comme j’étais toujours folle amoureuse de mon copain, pas question de le lui dire et de risquer qu’il me quitte. La culpabilité a commencé à se faire de plus en plus lourde au fur et à mesure que je multipliais mes amants, puis il y eut la relation de trop, avec quelqu’un qui nous était très proche à tous les deux. Cette relation a duré plus d’un an, en même temps que je commençais à dépérir, je m’étais complètement perdue et l’appétit m’a brusquement quittée. J’ai perdu du poids à une vitesse folle, frôlant les 45 kilos, me délectant de me punir de cette façon. Pendant plus d’un an donc, je suis devenue un petit squelette. Puis, n’en pouvant plus, j’ai fini par quitter mes deux amoureux.
Je me suis donc retrouvée seule, emménageant dans la foulée dans mon premier appartement.
Puis j’ai rencontré quelqu’un, un garçon qui ne supportait pas mon état de maigreur avancé (« on voit tes côtes, c’est gerbant ») et qui m’a poussée à manger. Je l’ai écouté, je voulais lui plaire, et j’ai repris 10 kilos en 2 mois.
Puis nous nous sommes séparés, et je me suis retrouvée seule, et grosse (avec le recul, je me dis que 58 kilos pour 1,70m c’était pas si mal, mais le changement s’était fait si vite…).
Donc me revoilà à la case départ. Je me suis mise à sortir beaucoup, à boire énormément et à multiplier les aventures d’un soir. Et à bouffer jusqu’à me sentir mal. Puis un jour, à la suite d’un de ces excès, je me suis sentie si malade que j’ai tout vomi. Dans ma tête, ça a fait « tilt », et me voilà à me dire que j’ai trouvé la solution miracle pour arrêter de prendre du poids. A l’époque, je ne connaissais pas les mots « anorexie » et « boulimie » et je ne savais pas que ce qui m’arrivait était considéré comme une maladie.
Bref, ma vie était devenue infernale, je me perdais de plus en plus.
J’ai eu deux autres relations stables entre mes innombrables aventures, mais qui se sont très mal terminées. En tout cas, plus jamais je n’ai trompé mes copains, il n’était plus question de ressentir la moindre culpabilité à ce sujet. Mon poids a eu des variations folles (je passais de 50 à 60 kilos et inversement en très peu de temps) et je faisais crise d’angoisse sur crise d’angoisse, je passais mes journées à aller au travail puis à m’enfermer pour manger-vomir jusqu’à l’épuisement. Puis pleurer, longtemps, et penser à disparaître, à me supprimer.
Aujourd’hui, après avoir été serveuse pendant 3 ans et avoir repris mes études pendant un an, je sais quelle voie prendre au niveau professionnel même si c’est très difficile de trouver du travail dans le milieu qui m’intéresse.
Je suis sous anti-dépresseurs et je suis passée de 5 crises (de boulimie vomitive) par jour à une par semaine, voire toutes les 2 semaines. Je ne suis pas guérie mais je sais que je suis sur la bonne voie, j’ai RDV chez un psychiatre dans un mois, et je sais que j’ai fait les bonnes démarches pour pouvoir m’en sortir définitivement. Je pèse 51 kilos, ce qui est peu mais passer au-dessus des 52 me terrifie encore. Cependant, je me sens bien et je me trouve plutôt jolie finalement.
Et cerise sur le gâteau, j’ai enfin rencontré l’homme de ma vie, avec qui je file le parfait amour depuis bientôt un an… J’ai redécouvert la joie de partager un repas avec ma famille ou mon Amour, de prendre un morceau de chocolat ou un gâteau (et pas tout le paquet) sans culpabilité.
La route vers la guérison est longue mais elle se terminera bien un jour, je ne suis plus à quelques années près et j’ai confiance, la vie me sourit enfin.

L’anorexie

Et je suis toujours en guerre avec la nourriture. L’anorexie.
Cette saloperie de maladie qui t’oblige à te détruire.
J’ai commencé à l’age de 3 ans. Quand mon petit frère a commencé à se déplacer dans la maison. J’ai eu peur qu’il envahisse mon espace? Je suppose, j’en sais rien. Il se passe quoi dans la tête d’une gosse de 3 ans qui veut déjà disparaître?
Puis au décès de mon père.
Puis chaque fois que je ne suis pas bien, stressée, triste.
La nourriture est mon ennemie. Chaque bouchée est une corvée, une source de culpabilité. Les kilos m’ennuient. Plus il disparaissent, mieux je me sent. Quel cercle viscieux!
L’anorexie mentale est l’expression d’un combat intérieur entre l’être réel que la personne souffrante a anandonné, avec l’image personnelle qu’elle s’en fait, et l’image qu’elle désire que les autres se fassent d’elle.
Je sais au fond de moi que je dois manger et me répéter à longueur de journée « mange » ne m’aide pas!
Quand on me demande de manger, on me juge.
Aujourd’hui, je me sent enfermée dans un corps qui est trop grand pour moi, un corps qui n’a pas sa place.
« Le cerveau est impuissant à modifier l’image déformée que le patient a de lui-même. »
Aujourd’hui j’ai 30 ans, je suis maman, femme.
Le peu de nourriture que j’ingurgite me sert a avoir de l’énergie pour ma fille.
Je n’arrive tellement pas a exprimer mon mal que je fais tout pour le montrer: tu ne m’écoute pas? Alors tu vas me regarder dépérir.

Texte gentiment confié à nos soins par Extravalante

Mon « ventre » et moi…

Je ne sais pas pourquoi j’ai commencé a prendre des kilos, peut etre pour etouffer des souvenirs malheureux, des chagrins d’enfant… pour me refugier parce qu’elle etait la seule amie a me consoler, pour echapper a mon quotidien… Mais en tout cas, quand j’etais petite, j’etais une gamine toute maigre, toute mince, qui s’habillait en dessous de sa taille…
Et puis a la préadolescence, l’engrenage a commence… je mangeais, je mangeais, j’avalais tout ce qui pouvait se trouver et qui etait comestible… Je pouvais avoir manger a midi et refaire a manger a 14h… et le chocolat qui se mangeait facilement, et les chips, et la charcuterie… Tout, absolument tout…
Evidemment, cela a eu des consequences sur la balance… je suis tres vite montee dans les spheres supérieures… A 14 ans, je pesais 66kg
pour 1m66. A 17 ans, j’ai atteint les 85 kg. Et irrémédiablement, j’ai eu les moqueries des autres, et je ne comprenais pas, parce que d’autres filles etaient beaucoup plus enveloppees que moi…
Mais j’etais la proie facile, celle dont on pouvait se moquer, parce que de toute facon personne ne viendrait la défendre, celle qui n’avait pas de pere qui viendrait pousser une bonne gueulante, et c’est tellement plus facile de s’en prendre a quelqu’un qui n’a pas les moyens de se defendre…
Donc, des annees, les moqueries, les insultes… et puis le calme… puisque presque tout le monde m’ignorait ensuite.. Normal, on ne va plus vers les gens qui se moquent de vous a force.. En fait, on se replie sur soi meme, et du coup on se desocialise…
Meme dans ma famille, j’etais parfois sujette a moqueries. Un jour, ma grand mere m’a dit « mon dieu qu’est ce que tu es grosse ! » Inutile de dire que les gens ont ete choques, parce que cela ne se dit pas…
Et toujours le frigo, qui etait tentant…
Et puis ces problemes hormonaux, je n’avais pas eu tellement de regles avant l’age de 16 ans. Mais je ne pense pas que cela soit responsable de ma prise de poids…
Et je me faisais mal… je prenais un cutter et j’ouvrais ma peau… je m’en voulais de pas pouvoir me controler, de ne pas pouvoir arreter…
Et puis un jour, il y a eu l’accident… C’est ca qui a tout declenche.
Un stupide accident dans une patinoire, une entorse qui n’a pas ete soignée rapidement, un malaise convulsif et tout s’est enclenché…
Urgences : constat d’obesite. On me platre mon pied et on me demande si je veux voir une dieteticienne. Je suis d’accord. Je suis a la lettre le regime qu’elle m’a donné et au bout de trois mois, j’ai perdu 7 kg. Une petite victoire, il ne faut pas perdre beaucoup en peu de temps, elle a dit.. Je continue et au bout d’un an, j’ai perdu 30kg, je fais un poids acceptable pour ma taille et mon age…

Cela aurait pu s’arreter la… mais ca aurait ete trop simple… l’accident a eu des sequelles.. un an plus tard, j’ai fait un malaise dans un train.. on pense que je suis diabetique.. une amie de ma mere lui conseille un neuro, mais trop d’attente, on prend rendez vous chez un autre. Consultation, et demande d’hospitalisation pour les calendes grecques… Cinq mois passent et nouveau malaise.. Le medecin traitant demande une hospitalisation immédiate. Les tests sont faits, le diagnostic est posé… On me parle d’epilepsie idiopathique, elle est d’origine inconnue… Ce n’est pas grave hein, mais si j’avais su, j’aurais prefere ne jamais l’etre… La valse des traitements a commencé, et ceux qui ont deterioré mon corps, mon etat psychologique…
L’un d’entre eux, l’Epitomax, a l’effet secondaire de faire maigrir… En effet, si on a envie de rendre a chaque fois qu’on voit ou qu’on ingere de la nourriture…
Et j’ai toujours dans la tete ces mots qui m’ont fait mal… du coup je m’impose des regimes stricts, ou je perds du poids, enormement de poids… Ce qui a fait de moi a l’epoque une loque, 48 kg pour 1m70, les os saillants. Mais je me voyais grosse, je voyais ce ventre qui partait pas, et j’esperais qu’en perdant du poids, on ne le verrait plus…
Qu’il serait plat comme ceux de toutes ces filles qu’on voit a la tele… Ca n’a jamais marché… Ca m’est aussi arrivé de me faire vomir… juste apres le repas, ou dans la douche, je buvais l’eau chaude, pour evacuer plus facilement…

Et puis, le rejet des gens par rapport a mon etat de santé. A l’heure actuelle, je me dis j’aurais peut etre préfére rester enveloppee (j’aime pas le mot obese, grosse, ils sont péjoratifs pour moi) que d’etre malade…
Du mal a avoir un emploi stable, du mal a avoir une relation stable… Il y a des choses qui m’ont ete dites, on ne se serait jamais permises de les dire si je n’avais ete qu’enveloppee… on les aurait pensees, c’est tout…

Mais avoir a mettre en doute ses competences professionnelles, entendre des insanités sur son compte sur le plan professionnel (et des petits ennuis juridiques du coup), et entendre quelqu’un dire « je ne sortirais jamais avec elle, t’as vu comme elle est handicapee » sur le plan personnel, s’en sortir apres une TS ratée et une dépression… des fois c’est dur, mais je m’en suis a peu pres bien sortie.

Bilan : Mon ventre, il est pas parfait, mais je l’aurais dont autant s’y faire. Mon epilepsie, je ne l’accepte toujours pas, meme apres autant d’annees. Cependant, j’ai demandé la réduction de mon traitement, et je me sens beaucoup mieux (j’avais des troubles de la concentration, des troubles de l’elocution, et des pensées parfois desordonnées). J’ai l’impression que ca s’arrange, et je me sens moins mal foutue…
Et je me suis réorientée vers un autre secteur de travail.

Il y a des soirs ou le passé vous rattrape

Il y a des soirs ou le passé vous rattrape. Ou tous ce qui était bien rangé au fond de votre mémoire refait surface, ou toute une partie de vous ressurgie. Des soirs pires que d autres ou toutes les parties de votre cerveau même celle que vous avez désespérément essayé d enfouir réapparaissent. Il y a des soirs comme ça… Aussi loin que je me souvienne j ai toujours détesté ce corps … J ai toujours détesté ce qui fait de moi ce que je suis. Un homme l a meurtri a l aube de mes 12 ans je n est d ailleurs aucun souvenir avant de ce moi, de celle que j étais ,de celle que j ai bien pu être . Sûrement une jeune fille pleine de vie je ne sais pas, je ne m en rappelle plus. Toujours est il que ce jour la, j ai appris a me détester a me haïr, a lui infligé le pire. Aussi loin que je me souvienne j ai toujours eu une relation très particulière avec la nourriture et les aliments. Effacé ce corps qui avait pu être le mien ce jour la, Effacé la petite fille qui ne pouvais pas hurler sous ses mains. Mon seul but ?. Effacé les traces qu il avait laissé, Nettoyé , lavé, rendre neutre ce corps pas encore formé. Reprendre possession de moi et maîtriser… Avoir la maîtrise de soi, de ce que l on est, de ce qui passe par soi. Je crois que j ai arrêter de manger durant cette période .

J ai arrêté de m alimenter pour m effacé. J ai alors 15 ans et je pèse 38 kg pour 1m76. Je suis seule… mes journées sont rythmé par les crises j invente toujours plus de stratagèmes pour évité les repas, je cache la nourriture, me réfugie dans ma chambre… J ai d ailleurs plus de 10 ans plus tard beaucoup de mal a rester a table. Et ce corps alors ? J ai réussi a jouer avec, a prendre possession de cette chose décharnée. Je l ai mutilée. Je l ai sali, j ai joué et j ai perdu… Je l ai mutilée en essayant de lui donner la mort pour que tout s arrête et que tout disparaisse. Arrêté de penser pour fuir la réalité pour fuir un passé et détruire un avenir. J ai joué en repoussant les limites, mes limites. Je sais que j en était proches que j allais mourir et j ai eu peur. Peur de perdre ce rien qui était moi . Je l ai sali pour qu on m aime pour avoir de l attention pour me sentir vivre et pour m abandonner. Chercher de la douceur la ou il n y en avait pas ,perdre pied dans des bras qui n était pas les miens. J ai perdu et je me suis perdu j ai jouer un rôle la première partie de ma vie. Rebelle et insignifiante Grande gueule et meurtri. Personne n a su voir qui j étais vraiment et pourquoi je me haïssais. Emprisonné dans un corps qui devenait celui d une femme alors que mon esprit était resté celui d une enfant.

J ai connu l hôpital, la réanimation, les traitements. Ceux qui vous abrutisse pour ne plus penser Ceux qui font rentrer les souvenirs dans des cases et qui les empêchent de remonter . Ils sont pourtant toujours la tout près, toutes les nuits, tous les soirs .J ai grandi, le temps a eu raison de mes kilos j ai repris tant bien que mal une alimentation et j ai donné la vie par deux fois …J ai aimé être enceinte je me suis regardé j ai aimé ce ventre rond , j ai porté la vie alors que j étais morte a l aube de mes 12 ans. Plus forte que tout, plus rien ne pouvais me détruire j étais deux. Je suis née le 16 novembre 2007 en donnant la vie. Mon tout petit je l ai nourri au sein sa première année je lui ai donné le meilleur de moi même mon bébé joufflu je le nourrissais de moi . J ai recommencé en 2009 avec sa petite sœur petit bébé surprise la vie me faisait le plus jolie cadeau a défaut d être une femme j étais une mère .

Je crois qu’ On ne m a jamais aimé pour ce que j étais vraiment on n a même jamais vraiment cherché a savoir qui j étais.. J étais la et ça suffisait . Spectatrice de ma propre vie… Le passé vous rattrape toujours il y a des soirs comme ça… Apres huit ans de vie communes de promesses ratés je suis partie. J ai quitté ce qui avait un faux semblant de jolies.J ai quitté le neant, le rien qui me construisais. Je combat mes démons, ils sont toujours la ,je commence juste a amadoué mes peurs. Je ne vis plus contre elles je vis avec. Chaque nouveaux aliments goutés et une victoire et un pied de nez a ma peur d avoir en moi ce que je ne connais pas. Aujourd’hui hui j ai 25 ans, aujourd’hui hui j ai refait ma vie… Aujourd’hui hui je réapprend a aimé ce corps, j ai grossi. Je vis la passion avec un homme celui qui malgré lui me réapprend a m’aimer il sait tout de moi le seul et l unique. Le pire et le meilleur. La douceur et la douleur. J ai mal dans ce corps trop grand pour moi mais je m efforce tout de même a aimer celle que je suis désormais . J ai 25 ans un corps de femme un cœur qui bat, des rondeurs et des complexes . Mais je suis aussi entourée de rires, de cris d enfants de douceur et d amour .Je remercie la vie de l avoir fait entré dans la mienne a pas de loup a force de patience et d amour,de promesses et de vertiges. J ai la tete qui me tourne de tout ce bonheur..J ai peur que tout s arrête, peur de perdre ce que je n ai jamais réussi a atteindre . De lui faire partagé ce bagage trop lourd a porter, me soulager de cette peine que je porte seule depuis 15 ans. Il m apaise me console et je me noie dans ses yeux. Il est le sens de ma vie… Aimer a en mourir ? Oui Se faire la promesse d un avenir meilleur … Juste lui et moi mes douceurs et le reste on s en fou..

Aujourd’hui hui j ai 25 ans et j ai fait le pari fou d être heureuse

Des courbes et des os

Mon corps et moi c’est comme une histoire d’amour. Il y a eu des hauts, des bas, des jours avec, et des jours sans.

La dysmorphophobie a toujours rythmé ma vie, avec cette impression d’être dans ma peau comme on flotte dans un manteau trop grand. Sauf qu’un manteau, on peut l’enlever .

J’ai martyrisé ce vêtement pendant des années. À grands coups de privations, de vomissements. J’ai bu des litres et des litres d’eau tous les jours, fumé comme un pompier. Puis quand la tentation était trop forte, je mangeais en une fois ce qu’on absorbe en une semaine. Puis la crise. Les conséquences, la prise de poids, la culpabilité, le dégoût.

Je n’arrivais pas à percevoir ni ce que je devenais, ni ce que j’étais.

Et nous savons tous comme la plèbe peut être cruelle, surtout dans ses jeunes années. Les avances maladroites, violentes, parfois crues, n’aident pas à construire un égo stable, ou assez conséquent pour pousser vers l’avant. Les remarques, les questions, les taquineries, les moqueries, sont autant de grains de sel qu’on saupoudre sur une plaie gangrénée.

Les amours aident parfois, et dans d’autres cas, ce n’est pas suffisant. La comparaison. Se comparer aux anciennes conquêtes, à celle qui passe sur le même trottoir, aux fréquentations.

J’ai toujours été très discrète sur cette partie là de ma psyché.

Là aussi j’épargne beaucoup de détails.

Parce que si nous ne faisons pas de concours de peines, ou d’épreuves, nous avons toutes connu des souffrances, qui se rejoignent, parce que si elles ne sont pas liées à la psyché, à la construction de la personnalité, ou de l’estime globale de soi, c’est au corps que nous nous référons.

Aujourd’hui, j’ai vingt-deux ans. Je mesure 1m60, ma balance m’indiquait 52 kilos dimanche dernier. J’ai perdu dix kilos suite à une rupture difficile. Et j’ai hâte de reprendre du poids.

Parce que si aujourd’hui mon corps est un vrai chantier, et qu’il changera tous les jours de ma vie, je l’aime. J’aime mon bassin, trop étroit, mes clavicules saillantes, mes vertèbres exhibitionnistes. Mais j’aime d’avantage mes seins, mon ventre rebondi, mes fesses rondes, mes joues pleines.

Aujourd’hui je n’aime pas seulement ce manteau.

Je m’aime, et de jour en jour, on me le rend plutôt bien.

Circé

Ce ventre si gros et pourtant si vide…

J’ai 27 ans, je souffre d’hyperphagie depuis des années, je suis d’après mon imc en obésité morbide, mais ce n’est pas le mal qui me ronge le plus.
Ma plus grande souffrance c’est mon anovulation…
Cette chose qui m’empêche d’être une « vraie » femme.
D’être celle que je veux être, celle que je dois être, une MAMAN…
J’ai mal au plus profond de mes tripes depuis si longtemps.

Tout a commencé en 2006 lorsque j’ai rencontré celui qui allait devenir l’homme de ma vie.
Un amour qui doit survivre à 400 km qui nous séparent. Moi sur Paris, lui en province.
Et puis un jour, 3 mois après notre rencontre, un retard de règles malgré la pilule.
Vite, un test de grossesse est fait. Il est POSITIF !!!
Pas le temps de se poser des questions mon retour pour Paris est programmé pour le lendemain.
Lendemain matin je me rends compte que je commence à perdre du sang.
Quelques gouttes, pas de quoi m’angoisser, enfin c’est ce que je crois à ce moment-là.
Trajet de train infernal, mal de ventre comme jamais…
Et puis peu de temps avant l’arrivée en gare de Paris, je me lève.
Et là je me vide, tout ce sang qui coule le long de mes jambes.
Vite je vais dans les toilettes du train et là je suis dans la peau de Carrie dans le film Carrie au bal du diable.
Je fonds en larme, je comprends tout de suite ce qui m’arrive, je m’essuie et dans ma main je retrouve ce tout « petit être ».
Il fait à peine 1cm ,mais je peux distinguer deux points noirs et ce qui ressemble presque à des bras…
La panique me prend, que faire?! je ne peux pas l’abandonner là dans les toilettes du train, ce n’est pas possible.
Je le prends avec moi, je le glisse dans un mouchoir, puis dans le sachet de kleenex vidé 2mn plus tôt pour m’essuyer les jambes.
Ensuite je dois prendre ma valise, le train arrive à quai, je suis seule, je dois me débrouiller.
Il faut que je prenne le métro, puis le RER pour arriver à destination, tant pis je ne peux pas rester là sans rien faire.
Tout le monde me regarde pleurer, pas une seule main se tend vers moi.
Je vais dans les toilettes de la gare, je me change et je vais dans les transports.
J’ai quitté mon corps, je suis en pilotage automatique, je ne me souviens de rien.
J’arrive enfin à destination.
Ma mère m’accompagne à l’hôpital, on me fait une prise de sang, on regarde si tout est bien parti, on me dit que j’ai ma tension un peu élevée (un peu normal après ce que je viens de vivre non?! pfff) et je rentre à la maison.
J’ai prévenu mon chéri, lui aussi est sous le choc. Mais là où il se trouve, il ne peut rien faire de plus que de me parler.

L’après fausse couche est vraiment difficile, j’ai un vide en moi, un vide énorme.
Ce vide je le remplis avec la bouffe, pendant deux ans je vais me remplir avec tout, en deux ans je prends 20 kilos.
20 kilos en plus du surpoids que j’ai déjà, c’est énorme, c’est trop, beaucoup trop.
Et puis l’envie d’être maman me hante. Alors, je commence à acheter plein d’affaire pour bébé.
Ca me fait du bien, je suis comme un oiseau qui prépare son nid, j’empile les affaires comme des brindilles.
Mais le bébé, lui n’est toujours pas là.
Je consulte un premier gynéco, il me prescrit un traitement mais vraiment à contrecœur, pour lui mon problème c’est mon poids.
Une semaine et demie de piqûres. Aucun résultat (forcement en si peu de temps, je ne suis pas wonder woman) du coup il m’envoie chez une consœur et là elle me dit, « il faut absolument perdre du poids, je ne ferais rien pour vous, pour passer en fiv il faut un imc de 35 max et le vôtre est de 47, revenez me voir quand ça sera fait »
Je pleure, je pleure toutes les larmes de mon corps.
Pourquoi ? pourquoi à cause de mon poids je dois souffrir encore plus? Pourquoi je n’ai pas le droit d’être comme toutes les autres femmes ?
Depuis je me bats seule contre mon poids, contre mon hyperphagie que je maitrise mieux et contre ces médecins qui ne me jugent que par mon imc.
Je suis inscrite dans un centre pour perdre tous ces kilos puisqu’on m’y oblige.
Mais la douleur de ne pas avoir droit au bonheur est tellement difficile à vivre que chaque jour je me demande si je ne devrais carrément pas me faire opérer pour
être enfin considéré comme une personne normale.
Les années passent, les ventres autour de moi s’arrondissent tous, sauf le miens!
Le miens il est rond parce que je suis grosse, mais il est vide, si vide!!!
Mon souhait le plus fort est d’être MAMAN, pourquoi on ne m’en laisse pas la possibilité?
Je veux juste être HEUREUSE !!!
E.

Le jour où je me suis incarnée

Pendant 32 ans j’ai vécu dans un contenant charnel, ce que l’on appelle une enveloppe « corporelle » je crois… C’est très étrange à décrire car à l’heure où j’écris ces lignes, j’ai l’impression que je me souviens de ma vie psychique, de mes pensées mais je n’ai aucune conscience de la vie de « mon » corps…  Jusqu’à il y a 6 mois, je n’avais pas d’identité corporelle, enfin pas d’identité tout court, mise à part celle que j’ai entendu les autres me donner dès ma naissance… A peine née, on disait déjà à ma mère : «  attention, isabelle elle sera grosse »… Alors, Isabelle a grandi avec cette crainte, cette ligne de conduite qui a guidé ses premiers pas vers la nourriture… Attention, danger, tu seras grosse… Cela n’a pas manqué… J’ai toujours été la grosse Isabelle… Celle qui, enfant, se cachait pour manger ces bonnes choses qui lui étaient interdites… petits moments coupables et honteux de plaisir volé… et il fallait alors que je mange le plus possible sans savoir quand serait la prochaine fois où je pourrais remettre la main sur ces aliments interdits…  et je me remplissais…
Petit caractère rebelle à l’origine, j’ai vite appris à me taire, à me conformer à ce que l’on attendait de moi, tétanisée par la trouille de l’autorité…   et je me remplissais…
Les 32 premières années de ma vie peuvent se résumer à « SOIS GROSSE ET TAIS-TOI »…  Je n’existais pas… « Moi » je l’ai bien caché sous 133kg de carapace…
Je n’ai jamais été une fille.  Par exemple, je n’avais pas le droit aux cheveux longs, fallait que ça aille vite le matin pour se préparer et mes boucles naturelles auraient ralentis la routine millimétrique du quotidien…  Un détail parmi tant d’autres qui illustre mon enfance… j’étais alors une enfant docile, sage, obéissante… et je me remplissais…
Je n’ai jamais été une jeune fille… J’étais une grosse, pas une fille… Et mes premières tentatives de coquetteries se sont soldées par tant d’humiliations… Pourtant j’aimais ça moi, jouer à la fille… Alors, pour ne pas quitter ce chemin identitaire prédestiné,  je rajoutais des kilos sur chaque tentative de rébellion, c’est que je n’ai pas été facile à faire taire hein ! … et je me remplissais…
Je n’ai jamais été une femme… jamais… je ne sais d’ailleurs rien en dire… Par contre j’ai été (et je suis) une mère !  Avec le recul, je me rends compte que mes maternités ont été les premières prises de contact entre « mon corps » et « moi »… Ce n’est d’ailleurs pas innocent si je les ai vécues à l’extrême, dans la rébellion, et paradoxalement dans une confiance totale en ce corps… J’ai donné naissance à mes fils à la maison… première histoire juste mon corps et moi… première réussite, seule, avec mon corps… Par contre, vous remarquerez que je n’ai pas porté de filles… ce n’est pas un hasard pour moi, à cette époque-là de ma vie c’était inconcevable que je sois la mère d’une fille… c’est quoi une fille ?
Mais inlassablement, mon enveloppe corporelle grossissait… Elle me protégeait en définitive… Elle me permettait d’être obéissante, de faire ce qu’on attendait de moi, être grosse et me taire… Réduire tout mon être à ce gras, pour que personne (et surtout pas maman) ne voit qui j’étais vraiment, là bien caché à l’intérieur…Comme ils étaient gentils ces kilos… Braves petits soldats protecteurs… Ils m’ont donné une identité… La bouffe c’était ma vie… Du plaisir officiel d’aimer bien manger, au plaisir honteux et coupable de se remplir.  J’ai l’impression que toute ma vie a tourné autour de la nourriture, entre les régimes, les crises de boulimie, l’éveil à l’alimentation bio, le combat contre les allergies alimentaires de mes enfants… La bouffe, la bouffe, la bouffe… tout le temps… parce que c’était, en fin de compte, le seul plaisir qui m’avait été permis vu qu’il m’avait aidé à me mouler… y a de quoi devenir schizophrène vous ne trouvez pas ? Faut pas s’étonner si j’ai terminé psychologue !
Putain je me suis fait taire sous le gras ! J’ai étouffé « Moi »…  Parce que « moi » était bien trop dangereux pour le fragile système familial… Je peux très narcissiquement dire que je suis le « symptôme » comme on dit en systémique…
Et un jour, j’ai sauté le pas… Une thérapie… c’est la seule chose que je n’avais pas encore essayé pour perdre du poids… Alors je suis allée consulter une kinésiologue praticienne en EFT parce que cette thérapie passe par le corps pour atteindre l’esprit… Parce que je me suis dit que si ces kilos ne voulaient pas me quitter c’est que « mon corps » voulait me dire quelque chose, fallait que je l’aide à me parler … Et j’ai relu toute ma vie, pas pour perdre des kilos en définitive mais parce que j’en avais marre d’avoir mal à « Moi ». Alors on a parlé des émotions, des humiliations, du « t’es une bonne à rien », de la pression du « sois parfait », de la relation à la mère, du sacrifice, du contrôle, de l’éducation, du plaisir, de la féminité…
Mais j’ai encore continué à me remplir un peu, parce que ce n’est pas facile de prendre les commandes, de se mettre aux manettes de sa vie…
Et d’ailleurs, j’ai failli prendre le pouvoir de manière extrême… c’est tout moi ça, faut toujours que je sois excessive… comment mieux contrôler sa vie qu’en n’y mettant fin ?
Oui l’idée m’a effleurée… Il y a 6 mois je n’avais plus que deux possibilités… La mort où le bypass… vu que manifestement, même avec la thérapie je n’étais pas capable de réussir…
Puis est venu ce jour… Le jour où je me suis incarnée… Ce jour-là j’ai fait la connaissance d’une femme formidable, qui a fait un témoignage de vie… Elle m’a parlé de son histoire, de sa chirurgie de l’obésité… et je lui ai parlé de mon histoire… Elle a eu ces mots… Tu peux opérer ton corps mais ça n’opérera jamais ce que tu as dans la tête… Et ces paroles-là, qui dissociaient le corps de l’esprit m’ont juste permis  de relier « mon corps » et « moi »…  Putain de merde… j’ai un esprit ET j’ai un corps…
Je venais de connecter le fusible… de brancher le courant… et tout le travail thérapeutique qui était dans ma tête, j’ai pu le faire passer dans mon corps… et j’ai pu entendre tout ce que mon corps avait à me dire…
Et je suis venue au monde… je me suis incarnée… j’ai fait connaissance avec moi-même… j’ai pris la décision de vivre… de vivre MA vie… de ne plus me faire taire, de ne plus avoir peur, d’être là, entière, et putain, de vivre… Et pour la première fois de ma vie… je n’ai plus eu faim ! J’ai arrêté de me remplir…  et mes petits soldats, mes kilos, ils peuvent partir, je n’ai plus besoin d’eux… Ils ne sont plus mon identité ! 6 mois plus tard, 27 kilos sont déjà partis, sans « faire régime », ni me priver, ni me frustrer !!! Je n’ai plus faim… Je n’existe plus uniquement par et pour la bouffe !  La nourriture maintenant me sert à faire fonctionner mon corps…
Lui et moi on fait connaissance… on s’entend plutôt bien d’ailleurs ! Je suis certaine qu’on va vivre une belle histoire !
Je m’appelle Isabelle, je suis une femme… et c’est aussi simple que ça…

L’autre moi

L’hyperphagie boulimique… j’ai entendu ce mot pour la 1ère fois il y a 2 mois. Je ne savais pas que cela existait, que c’est cette maladie qui me bouffe en me faisant bouffer. Comme si cela allait me rassurer de savoir que tout n’est pas complètement de ma faute, car c’est une maladie. Comme si des problèmes extérieurs à moi pouvait expliquer ce ventre, ces bras, ce corps que je ne (re)connais pas.

J’aimerai tellement trouver la force de me séparer de cette « autre moi », qui me remplit non pas de joie mais de honte, de tristesse, de mal-être … en plus des kilos.

Je suis à la recherche de ce qui pourra m’aider à mettre fin à cette idylle forcée. J’ai essayé la psychanalyse, mais ce n’est pas pour moi. On m’a parlé de thérapie comportementale et cognitive, de gelstat thérapie, de réunions collectives….
J’ai déjà dû mal à digérer le mot « obésité sérieuse » (jeté sans ménagement par ma nutritionniste) alors comment entamer cette démarche qui je sais, va être douloureuse, va remuer des sentiments que je n’ai pas envie de remuer, des souvenirs que je préfère laisser où ils sont?

Aujourd’hui, je suis perdue, j’ai mal, je n’aime pas ce corps où j’ai l’impression d’être enfermée, prisonnière. Les gens pensent que je suis fainéante, qu’il suffirait que « je me bouge » pour retrouver ce petit 42 que j’ai perdu. Puis après tout, « il vaut mieux faire envie que pitié »…
Alors je leur dis oui, parfois je ne dis rien et je subis leur critique, leur regard de pitié, de mépris parfois malgré leurs bons mots…

Et je me tourne vers cet « autre moi », qui me consolera, qui me dira que » tout ça, ce n’est pas de ma faute : c’est celle de la thyroïde! et puis de l’hyperphagie! et puis des hormones en folie! et pis de l’arrêt du sport! ».
Elle me dira qu’il faut pas que je m’inquiète pas, que « ça va revenir quand tout ça sera réglé ». Ensuite, cet « autre moi » me fera éviter les miroirs, me fera éviter ces regards qui jugent et me réconfortera avec 2 ou 3 tablettes de chocolat et quelques gâteaux.

Un jour peut-être, je trouverai suffisamment de force en moi de dire STOP à tout ça, mais aujourd’hui l’énergie me manque, même pour pleurer …

Alors pour l’instant, je mange….

Je n’ai plus faim

J’avais 13 ou 14 ans quand je l’ai rencontrée, mon amie de 20 ans.

Elle a toujours été là pour moi. Dans les moments heureux, les moments tristes, les moments de solitude, elle était à mes côtés.

Elle m’a même probablement sauvé la vie.

Mon amie, c’est l’hyperphagie boulimique.

Mais elle m’a aussi gâché des années de vie. 20 ans. Pendant 20 ans j’ai mangé, pour remplir un vide abyssal. Les kilos sont venus par vagues, comme une marée montante, allant et venant au fur et à mesure des régimes.

Parce que pour tout le monde, il n’y a qu’un régime qui pouvait me faire maigrir, je ne suis « qu’ une grosse qui manque de volonté ». Forcément, c’est pour ça qu’on est gros. Les gens n’y connaissent rien, ils ne savent rien.

Ils ne savent rien de l’angoisse qui monte, monte, jusqu’au moment où tu perds les pédales et que tu manges des kilos de bouffe, n’importe quoi, jusqu’à t’en rendre malade. Du stress et de la honte que ça provoque, et des dégâts sur le corps. Dans l’hyperphagie boulimique, on ne se fait pas vomir. D’où l’accumulation des kilos, et la mort à petit feu que l’on se donne au quotidien.

Les gens ne comprennent pas que quoi que tu fasses, quel que soit le régime que tu entreprends, les crises reviendront, invariablement. Et tes kilos avec, encore plus nombreux qu’avant. Et que tu n’y peux juste RIEN.

Alors moi, je me disais que c’était comme ça, que rien n’y ferait.

Quand j’ai rencontré mon Amour, celui qui m’a aimée comme j’étais, j’ai eu envie de mettre un terme à mon amitié avec Elle, parce que je n’avais pas envie d’une histoire à 3.

J’ai cru un temps que ça allait mieux, après la naissance de mon fils, j’ai même entamé un régime hyperprotéiné.

J’ai beaucoup perdu. Et beaucoup repris.

Parce que quand j’ai cru que tout s’arrangeait enfin, les crises sont revenues, plus fortes que jamais. En un an, j’ai perdu et repris 25kilos. Oui, en 12 mois, vous imaginez l’état de mon organisme après un choc pareil?

Cela va faire un an que j’ai tout repris. Et j’ai vraiment senti il y a quelques mois encore que je touchais le fond.

Alors j’ai écouté des personnes plus sages que les autres, et j’ai trouvé ma kinésiologue, celle qui a changé ma vie. Il s’est avéré que j’avais de nombreux problèmes lié au transgénérationnel. Des choses douloureuses, des poids, transmis par mon arrière-grand-mère et ma grand-mère maternelles, entre autres.

Ca a été un travail long et douloureux, ma RENAISSANCE.

2 ans de thérapie corporelle, l’Intégration Posturale, et un an de kinésiologie pour venir à bout de mon hyperphagie. Nous nous sommes enfin séparées Elle et moi. Je perds des kilos tout doucement, à mon rythme, sans régime. J’écoute tout simplement mon corps.

Je vais avoir 34 ans cette année, et je crois que je peux le dire aujourd’hui : je suis en paix avec moi-même.

Et je n’ai plus faim.

Mon corps, je le maltraite

Depuis 3 ans déjà, je le nourris mal, peu, trop peu, mais au début, je tenais la route, grand 34, petit 36, j’étais « la bien foutue. »

J’ai aimé en profiter. J’ai aimé en jouer. Je plaisais. Apparence, apparence, apparence. Les hommes ne regardent pas mon cerveau, alors à quoi bon .. Autant avoir un corps PARFAIT. Maquillée. Epilée. Bien coiffée. Lingerie. Jolie fringues. Sport. Footing. Fitness. Jupe, talons. Un coeur froid comme la pierre… ou presque. Réussite scolaire.

17 ans et un corps froid.

Mais à un moment il craque.

De bonne, on passe à maigre. Et en dénutrition. En 6 mois, on n’a plus rien. Plus d’amis. Plus de sorties. Froid, froid. Des heures passées près du radiateur. Plus rien. Des engelures aux pieds à cause du froid. Transparence. Ha si, on a ses os pour pleurer. Pleurer ? Connais pas.
« Si vous perdez un kilo, on vous hospitalise. »

QUOI ? Et mes études ??? Je viens d’avoir mon bac, c’est impossible, je VEUX réussir. j’ai toujours TOUT réussit. TOUT.
Sauf une chose : J’ai échoué à la perfection .

Alors maintenant je me bats. Je mange. Je veux vivre. Être heureuse, sensible, pleurer, aimer, crier, rire…

Le chemin de la guérison est long, mais je le tiens.

Je ne veux plus être froide, ni parfaite, ni coiffée, ni bien fringuée. Je m’en CONTRE FOUS. Je suis MOI.