MINDLESS SELF DESTRUCTION

Une enfance heureuse, des souvenirs de bonheurs à foison avec famille et amis. Aucun viol, accident ou maladie qui justifierait mon état, et malgré tout, je ne vais pas bien. Ou plutôt, je ne vais pas tout court, une erre matérialisée dans un corps d’une belle monstruosité. Un physique à la grandeur de mon intellect. Je n’ai pas de talent ni le courage de certaines qui ont publié sur ce blog, je ne sais pas quoi faire de ma vie et je ne pense pas être capable de rendre heureux ceux qui m’entourent. Mais ce qui me fait le plus mal reste mon enveloppe charnelle. 5 ans de mal être à faire le yoyo, manger plus protéiné ou plus du tout,fumer & se remplir de coca light pour ne pas avoir faim, boulimie passagère mais récurrente, médicaments. Depuis qu’Il est là, je n’ose plus reprendre une lame de rasoir, je ne veux pas de questions ou de critique, je ne veux pas l’inquiéter.

Je me hais. Pour ne pas être heureuse malgré tout ce que j’ai, pour être sans cesse en colère contre un mal qui n’existe pas, pour ne rien faire pour changer tout ça. Je veux arrêter de réfléchir, appuyer sur le bouton off, me faire sauter la cervelle; que ça s’arrête ne serait-ce qu’une journée. En fait, ce corps n’est que le reflet de mon âme et c’est ce qui m’éffraie. Si je dois être saine d’esprit pour m’approprier cette enveloppe, patience sera de rigueur.

Je n’ai donc plus d’exutoire, un jour j’imploserais comme un volcan. En attendant je me hais, me détruisant mentalement lorsque j’ingurgite la moindre calorie et fuyant le miroir qui me jette à la figure ces kilos qui se sont greffés à moi. mon esprit est une balance qui vascille entre espoir et haine. Mais je veux me battre pour enfin m’approprier ce corps, donner un sens à ma vie comme on dit. Pour moi, pour lui, pour vivre.

Ce corps qui porte déjà les marques du temps

Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que  » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.

On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.

Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.

SousTesReins.

Ce corps que je ne connaissais pas


Bonjour « Le corps des femmes »,

Mon histoire, vous la connaissez déjà.

Je ne connaissais pas mon corps. Aujourd’hui, plus d’un an après, me revoilà pour témoigner.
Témoigner un peu d’espoir, un peu de joie.

Aujourd’hui mon corps, je le connais mieux. Oh je ne vais pas dire que je l’aime, que je l’admire. Mais il me surprend agréablement. Pour la photo déjà, j’ai eu du mal à me dire que c’était moi !
Mais vous savez ce que j’aime le plus sur ce corps à moi ? Ce sont les marques dessus. Rien de grave, rassurez-vous, juste les marques de la vie, du quotidien : les marques d’une culotte trop serrée qui a rétrécit au lavage, les marques de la chemise de nuit froissée imprimées sur la peau du ventre, comme la marque d’oreiller sur la joue…

Ce sont les marques d’un corps qui vit, qui prend la place dont il a besoin et qui existe, bel et bien.

Aujourd’hui je n’existe plus seulement à travers les chiffres, j’existe par moi-même, et mon corps j’en prends soin.
Ce serait mentir de vous dire que je n’ai pas peur de grossir, que je ne vomis pas, de très rares fois encore, que je n’ai plus peur de la balance.
Mais maintenant j’habite mon corps.
Lui et moi…on en est presque à dire « je » et plus « nous ».
Surtout quand on danse, quand je danse.

Le combat est toujours là, il sera toujours là.
Dans le miroir, je ne me vois pas toujours, l’image de mon corps se dérobe encore. Mais j’ai appris à chasser les ombres qui se collaient à moi, et me faisaient du mal.
Je ne gagne pas toujours, mais je gagne souvent.
De plus en plus.

C’est un pas à la fois, une année après l’autre.
Mais doucement, je redécouvre mon image, mon corps, celle que je suis.

Et vous savez quoi ? J’aime bien ce que j’y vois.

Lui

Lui c’est ce corps. Je ne dis pas mon corps car ce n’est pas le mien.
J’ai 24 ans. Je ne sais pas vraiment quand ça a commencé. Je dirais dans l’année de mes 20 ans. J’ai un problème avec la nourriture. Je suis capable d’ingérer des quantités de nourritures diverses et variées jusqu’à en avoir mal au ventre. Et puis après je me dégoute. ça me dégoute. Je hais la bouffe, mais elle m’enferme. ça va mieux depuis que je suis installée avec mon ami, mais des fois j’ai des crises. Quand il n’est pas là, la seule chose à laquelle je pense, c’est manger. Bouffer plutôt. et après j’ai honte, j’ai mal au ventre et je me dégoutte encore plus. Je ne pense pas que ce soit de la boulimie car c’est par épisodes, pas régulier et je ne me fais pas vomir. Je n’en ai pris conscience que l’année dernière, quand j’ai dépassé la barre des 70kilos pour 1m62.
Ce corps dans lequel je vis n’est pas le mien. C’est très étrange comme sensation. des fois je me sens bien, puis d’autres fois je me dégoutte. Quand je me vois en photo, ce n’est pas moi. Je ne me ressens pas comme je suis. C’est très étrange encore comme sensation. Ne pas avoir conscience de ce qu’on est. Je ne me vois pas aussi ronde que je suis. Pourtant, le ventre est là, les vergetures, la cellulite, les bourrelets. moi je suis dessous.
Ce corps me fait mal aussi. quand je cours. Quand je monte les escaliers. Pourtant j’essaye de lutter. Je vais à la piscine, je marche. Mais des fois, je craque. Alors je comprends bien qu’il ne peut pas lutter tout seul, mais je n’arrive pas à l’aider comme je voudrais.
Je ne sais pas quoi faire. J’étais allé voir une nutritionniste, mais je n’ai pas continué. J’ai l’impression que rien ne peut changer. des fois je chiale, puis je me dis que c’est de ma faute, que je fais souffrir ce corps qui n’est plus le mien.
Ma plus grande angoisse est que mon homme me quitte. Je sais qu’il m’aime. Mais je ne peut pas imaginer qu’il puisse aimer ce corps.
Alors j’avance avec ce poids qui m’entoure sans savoir comment m’en délester….

Coucher avec des individus m’aidait à accepter ce corps

Voici mon corps. Je sais que certaines femmes pourront l’envier cependant, moi, je le déteste.
J’ai 17 ans. Je mesure 147 cm pour 60 kilos. Je me trouve tout simplement énorme, petite, et hideuse. Ma croissance s’est achevée lorsque j’avais 13 ans. J’ai toujours été la plus petite et la plus ronde de ma classe. Je n’y ai jamais vraiment prêté attention et peu de personnes ne me faisaient de remarques sur ma taille ou mon poids. Seuls quelques garçons de mon collège se moquaient de moi mais ça n’avait peu d’importance. Mes complexes se sont intensifiés lorsque mes seins ont commencé à pousser. Ma poitrine a commencé à se développer lorsque j’avais 12 ans. Mes seins ont atteint un bonnet C alors que je n’avais que 13 ans. Un 90C à 13 ans, ce n’est pas évident à porter. Ma taille et mon poids m’empêchaient de trouver des vêtements adaptés à ma morphologie. Chaque tee shirt acheté était soit trop petit au niveau de la poitrine, soit à la bonne taille mais une bonne partie de cette dernière était visible, ce qui attirait le regard de beaucoup de garçons. J’ai perdu ma virginité très jeune, à 14 ans seulement. A 17 ans, j’ai offert mon corps à une dizaine de personnes. Me sentir désirée et coucher avec des individus m’aidait à accepter ce corps que je trouve si repoussant.
Aujourd’hui, en plus de continuer à ne pas vraiment accepter mon physique, je me sens sale, souillée. Je regrette chacune de ces parties de jambes en l’air durant lesquelles ce corps que je déteste tant ne me posait plus de problèmes durant quelques minutes. Je porte cette honte chaque jour de ma vie. J’ai tenté de l’évacuer par plusieurs moyens, en me faisant du mal. Je ne saurais compter le nombre d’heures durant lesquelles j’étais allongée dans mon lit, une lame à la main, en train de me scarifier avant bras, cuisses, pubis, … Je me faisais également vomir. Vomir me donnait la sensation d’être plus propre de l’intérieur mais bien évidemment, il n’en était rien. J’ai honte lorsque je suis avec mes amis. Je ne cesse de penser à leur pureté tandis que je demeure près d’eux, impure.
Ne pas assumer mon corps m’a très vite poussée à faire n’importe quoi pour me sentir belle aux yeux de quelques personnes. Désormais, j’essaie de mieux m’accepter grâce au regard de mon petit ami, qui m’aime pour ce que je suis, et qui regarde au-delà de mon physique et de ma réputation.

Vous ne voyez pas sur cette photo qu’il y a encore du gras à découper ?

J’ai 10 ans. On me dit que je suis moche, laide, conne. Je suis en sixième et voilà qu’on m’isole. J’ai 10 ans et demi et je ne mange plus ou je mange trop. Je jette la nourriture. Le mercredi c’est jour de grosse bouffe. Je suis seule à la maison et j’entrepose une réserve de nourriture dans ma petite chambre. Je mange doucement. J’ai 11 ans. On me diagnostique anorexique mentale, contrat de poids, menace d’hôpital. Je ne me reconnais pas dans ce diagnostique. J’ai 13 ans, j’ai changé de collège et ça va mieux. Sauf que maintenant je rentre seule et à pied à la maison. Un jour un homme me suit. Il me détruit. J’oublie et ne dit rien. Mais je me déteste. Je ne suis pourtant qu’une enfant. A 13 ans je ne suis même pas encore formée. Je me souviens, je portais un ensemble catimini. Je me réfugie dans la nourriture mais « raisonnablement ». Le corps ne subit rien. J’ai 15 ans. On me tourne le dos et un jour on me hurle que je devrais me suicider, les « populaires » du lycée me dévisagent de haut en bas, de bas en haut. J’ai l’impression de prendre toute la place, trop de place, toujours trop de place. Je bouffe et cette fois le corps se rebelle, fini le super métabolisme, je stocke et en lorgnant sur des photos de moi je prends conscience qu’effectivement je prends trop de place. J’ai 16 ans et c’est le départ vers l’enfer. Mon corps maigrit, mon corps enfle, mon corps maigrit, mon corps enfle. Sans cesse. J’oscille sur un fil tendu au milieu d’une mare de sang. Je vais d’un extrême à un autre. Plus de 20 kilos entre le deux. Et ce n’est jamais trop peu. Mon corps est toujours trop. A cause du corps je vis l’enfer. Je suis hospitalisée des mois en psychiatrie ou en endocrinologie. 13 fois en 3 ans De mes 17 ans à aujourd’hui. Des années de perdues, des kilomètres de vie à rattraper. Mon corps me mène la vie dur. Ou peut être est ce la vison que j’ai de mon corps qui m’empoisonne le coeur?

Pendant que je gère la douleur physique, j’oublie la douleur morale

Trop comme ci, pas assez comme ça…
Le temps passe, mes copines ressemblent de plus en plus à des femmes et moi à un vilain petit canard.
Les premiers garçons m’approchent, je n’éprouve rien mais je n’ose pas dire non…J’ai peur de leur rejet, que pourrais-je exiger, moi le vilain petit canard, je devrais déjà être assez heureuse qu’on s’intéresse à moi. Alors je laisse faire… le temps passe…
A 17 ans je rencontre un garçon, je ne veux pas être avec lui mais je n’ose toujours pas dire non… Il est beau, grand et fort, j’ai une chance inouïe…
Je n’aime toujours pas mon corps mais il me couvre de mots doux, je suis belle à ses yeux, sublime, l’impression d’être unique. J’ose me montrer en sous vêtements devant lui, il me dit : « jusqu’à la taille tu es parfaite » (j’exulte) « mais qu’en dessous c’est elephant man ». Oui j’ai des hanches, des fesses… Ses mots sont durs…Je mesure 1m65 et pèse 48kg, je me sens grosse, laide, humiliée…
Commence son jeu, il m’a entre ses mains, il me glorifie pour mieux me rejeter après.
Je suis dans son lit, c’est la première fois pour moi, il n’est ni tendre, ni prévenant, un peu brusque… Je pleure, j’ai mal, je me sens mal, sale…
Je déteste mon corps encore un peu plus… Je reste, n’ose pas partir, pour aller où ? qui voudrait de moi ? me sentir rejetée encore ? Si j’étais plus belle, plus mince, si j’avais plus de seins… ce foutu corps je le déteste. Et pendant qu’il continue ses assauts, semaine après semaine, malgré mes refus, mes pleurs, incapable de me libérer de son emprise, je hais de plus en plus ce corps, ce traître qui parfois ose m’imposer le plaisir, la jouissance mécanique alors que tout le reste de mon être refuse… Pas grave, j’ai trouvé la parade, je vais lui faire mal, à coup de cutter, à coup d’alcool, à coup de médicaments, à coup de drogues…Mais il résiste, l’ordure, il ne se laisse pas faire…
Je suis toujours dans son lit, toujours forcée à subir, ou à faire… Il fait entrer son frère, mon corps n’est plus à moi… Il me trompe, m’humilie, c’est de ma faute.
Je suis en vacances avec lui, dans une maison isolée. Il essaie de lever la main sur moi, détruit sur son passage jusqu’à me trouver, mon corps recroquevillé dans l’attente, je prends les coups, mon corps encaisse…
J’ai 18 ans, je pars pour mes études, mets de la distance entre lui et moi, je le quitte.
Mais mon corps et moi, impossible de faire la paix depuis. Je grossis, maigris, lui fait mal…
Je ne l’aime pas et il me le rend bien.
J’ai 31 ans. Je n’aime toujours pas mon corps. Je ne mange plus, il crie famine, mais moi j’ai l’ascendant sur lui et pendant que je gère la douleur physique, j’oublie la douleur morale.

Mon corps ? Un combat ? Maintenant oui.

Depuis mes 10ans, j’ai toujours eu des complexes, des remarques.. Je faisais 1m40 pour 50kilos..
Puis j’ai grandis, toujours sous les remarques, des coups aussi, mais malgré tout du courage d’avancer, parce que certaines personnes étaient là.
Aujourd’hui, j’ai 15ans, 16 en novembre. Je fais 1m70 pour 90kilos. Il y a 2mois, j’en faisais 101.
D’abord, comment en 6ans j’en suis arrivée là?
Je ne sais par où commencer..
Il y a eu, un lien fusionelle avec ma grande soeur, qui à disparu en l’espace de 4mois suite à son indépendance. Puis un feu.. Plus de maison, là, je quitte l’enfance définitivement.
Entre internat et hotêl, difficile de savoir ou on en est, la nourriture me console.. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il faut tant bien que mal avancer.

6mois après ; Une maison de cité ( HLM belge ) .. Croire en la fin des problèmes? Mauvaise idée.
Premier amour ? Découverte aussi de la trahison, et des paris entre amis.
J’ai 13ans, je rencontre un gars, gentil, il a 18ans, mais je suis tellement naive.. C’est repartit sur le chemin de l’amour ? Pas vraiment.
Deux mois après l’avoir rencontré, le pire arrive.. 2 jours après plus de nouvelles, il est avec une autre.
Violée, déçue, malheureuse, et surtout incomprise.. Je me console à nouveau dans la nourriture.
L’attention amoureuse me manque.. Mon moyen? Le sexe.. Mauvaise idée, qui me détruira 8mois plus tard.. Quand je rencontrerais LE gars qui fera battre mon coeur, et qui me fera rêver, je crois, que j’étais amoureuse.
Suite à ça, je me calmerais, et je n’aurais plus aucun rapport sexuel, pendant 1ans et 4mois. Seule, la pensée et la lame sera ma meilleure amie. Parents alcooliques.. Je me laisserais aller, ELLE sera mon alliée.

J’ai 15ans, je fais 98kilos.
Là, je rencontre un garçon, gentil, poli, respectueux.. J’ai changé d’école, je suis plus apaisée… J’ai rencontrée des gens sympas, et même une fille adorable.
Avec ce garçon? Ca durera 6mois.. J’ai appris, le 19 avril 2012 que ma soeur est atteinte d’un cancer. Ca me détruit, ce garçon ne le comprends pas.. Je ferais semblant de rien, longtemps, sur mes sentiments.. Jusqu’au 12mai, lors d’un concert, les verres s’enfilent, les rencontres aussi.. J’embrasserai 3garçons différents et je le quitterais avec soulagement le lendemain.
25mai, je pèse 101 kilos, je rencontre un gars.. Je ressent ce que j’ai ressenti 1ans et demi plus tot.. Il fait battre mon coeur. Par chance c’est réciproque.
Le 5aout, ça dégénère, son père qui est contre notre relation, fout tout en l’air.. Je ressens une douleur commune sauf que cette fois, je n’ai plus faim.
J’ai perdu 6kilos depuis fin juin, en 10jours j’en perderais 4, avec de multiples chutes de tensions et crise d’hypoglycémie.

On est le 12aout, je lui reparle, il me dit m’aimer, et que peut-être avec le temps.. Il me dit je t’aime.. Il est au courant des soucis de nourriture.. Et ce qui me dit m’encourage à me détruire..  » Tu serais ma lapine-up toute fine.. Graw ! » ou encore  » Tu ferais 48kilos? Tu seras ma bombasse, je t’épouse direct.  »
Etant amoureuse, je ferais tout pour lui.. Je ne mange plus rien.. Si j’avale je me dégoute et je vomis. En 3 jours? Je me sens faible, mais lui, il continue a me parler et a me dire de maigrir.. J’ai l’impression que c’est ;  » Tu perds je te reprends, tu grossis? Vas te faire foutre.  » C’est malsain, je le sais.. Mais je ne sais plus rien.. D’autant plus que mon corps ne me réclame plus rien.. Juste la sensation de vide. Je sais, que c’est mauvais, mais quand je mange, mon esprit me tue de remarques.. Il me rends dingue.
Mon esprit mène combat à mon corps, et moi.. Je subis.

Fuyu.

Trop ou pas assez

Quand j’essaye de comprendre quand ça a commencé, je pense qu’en fait c’est ainsi depuis toujours mais que ça c’est simplement accentué. J’ai toujours été une fille très émotive, très sensible. Et j’ai toujours été en mal d’amour. Elevée par mes grands-parents parce qu’enfant de parents trop absents. A l’affut du moindre geste de tendresse, de la moindre preuve d’amour … Ne voyant rien arriver, j’ai été en fait à l’affut du moindre sentiment d’intérêt que l’on me portait. J’avais envie que l’on me regarde, que l’on me trouve mignonne, gentille, bonne élève, … Je m’y suis atelée.
Au départ, c’est une question de génétique, de chance surtout. J’ai de beaux traits, pas fins, plutôt marqués mais j’ai un visage harmonieux. J’ai toujours été mince. Je pouvais manger autant que je voulais, tout ce que je voulais, je restais de taille tout à fait raisonnable. Le physique que l’on a étant la seule chose matérielle qui nous appartienne réellement, j’ai toujours aimé en prendre soin. Je me suis aimée. 1m66 pour 52kg, c’était moi.
Mais. Le hic.
Ma vie a été ponctuée d’abandons. Abandon parental, abandon amical, abandon amoureux. Et ça, je gère pas.
Quand je suis triste, je n’ai plus faim. Donc je ne mange plus. Donc je maigris. Les kg fondent comme glace au soleil. J’en suis consciente mais je n’ai vraiment pas la force de me reprendre en mains. Non vraiment je n’ai plus d’appétit. Je me lève avec la nausée. Et elle m’accompagne tout au long de ma journée. Puis arrive une grosse fringale. Je croque 4 fois dans un sandwish et je me sens rassasiée. Et je tiens ainsi jusqu’au lendemain. Rien ne me donne envie. J’irai même jusqu’à dire que la nourriture me dégoute. Et je finis par me dégouter.
Et un jour, je vais manger un peu plus, le lendemain à nouveau, les quantités deviennent petit à petit raisonnables.
A 21 ans je suis tombée enceinte. Heureuse plus que jamais. La vie a fait que j’ai retrouvé un cocon familial pour mes 6 derniers mois de nidation. J’ai pris 20 kilogs. Je me trouvais belle, magnifique. Mon corps s’est transformé, j’étais devenue une femme, avec de vraies formes. 1m66 pour 72kg. Les 20kg se sont perdus en 2 mois de temps. Eux-mêmes.
J’ai appris à vivre avec ce nouveau corps. Corps auquel les 52 kg ne convenaient plus. J’allais bien. J’étais heureuse. Je suis montée à 58kg. Voilà j’avais retrouvé mon poids de croisière.
Mais là j’en ai marre. Ras le bol que mon corps soit autant dicté par mes états d’esprit.
Ces dernières semaines, je suis inquiète, j’ai été blessée, très triste aussi. Donc? Je vous le donne en mille: appétit coupé.
54 kilogs. Mes os deviennent saillants. Mes petits seins comment à s’faire la malle, mes fesses ne remplissent plus mes jeans.
J’aimais mes formes de vraie femme. Je me sens mieux en étant ronde. Je me sens en sécurité en étant ronde. Parce que j’me dis qu’il peut m’arriver un coup dur… « j’ai de la réserve » …
Je me trouve belle. Me plaire, c’est très important pour moi. Je dois me trouver jolie. Toujours. Et y’a trop de périodes où je sens mon corps loin de moi.
Là j’arrive à une limite où je me dis que je dois retrouver l’envie de manger. Alors pour la 4ème fois, je vais refaire une cure d’anti-dépresseurs légers. Ils m’aident à dormir, font disparaitre mes nausées. Ils m’apaisent.
Je suis une dépendante affective. Mon appétit est géré par mes émotions. Je me sens prisonnière.
Ce n’est pas un gros souci, je ne devrais pas m’en plaindre. Mais dans ma vie, ça prend une place immense. Et en relisant tout ça, je prends conscience des choses et j’en arrive à me faire peur.

Ce corps que je hais

Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça, je veux dire, depuis quand
je maltraite mon corps en le bourrant de nourriture. ça ne fait pas
longtemps que j’ai percuté ça : que je ne lui filait pas un excès de
plaisir à travers les ingestions de chocolat et autres « crasses » comme
disent les belges, mais qu’en le bourrant plus que besoin de nourriture,
en mangeant parfois jusqu’à l’écœurement, en le bourrant de chocolat
jusqu’à ce que la bouche brûle, idem pour les turcs apéro… bref, tous
les trucs « gourmands », ben c’était pas du plaisir, juste de la douleur
en fait. Je me rappelle qu’enfant, j’étais normale en fait… et
pourtant, des remarques à la con de la part d’un oncle de ma famille,
comme quoi j’étais tellement ronde qu’il pouvait pas faire le tour de
mon poignet avec son pouce et son index, et puis la vieille (salope de)
tante qui voulait pas me laisser ramener le paniers de fraises car elle
dit que je vais tout m’enfiler en rentrant chez mes parents (à 20m),
etc, etc, etc… vient le collège, la peur des autres, encore plus parce
que je suis d’une famille « où on reste en famille justement », je ne sais
pas décoder les codes sociaux, j’ai peur des autres, mais pourtant
tellement envie d’aller vers eux. Je ne suis pas grosse, mais je me sens
différente, je cogite tout le temps, j’analyse les attitudes, je me sens
bien avec les grands, mais je dois subir les conneries des autres, et
puis je suis mal à l’aise, je ne les comprend pas. Le mardi soir, mes
parents vont à une activité… ils partent juste à temps pour que
j’aille à la boulangerie acheter des trucs à me manger toute seule
devant la tv : des chips, du chocolat, des bonbons, etc… des fois mes
parents rentrent plus tôt, je manque d’être prise en flag. Les fêtes de
Noel, ma mère achète du saumon fumé, mmm j’adore ça ! je passe en douce
devant le frigo et je choque vite trois quatre tranches que je bourre
dans ma bouche et je repars de l’autre côté pour aller vite manger cette
nourriture qui m’étouffe presque tellement j’en ai plein la bouche. les
années passent, je ne suis pas grosse mais pas mince, je suis complexée,
mes soeurs sont minces, ELLES ! elles sont sportives, moi j’aime lire,
je dévore des livres, je me planque dans les couloirs de mon lycée,
toujours un livre prêt à lire, j’ai toujours peur des autres, je suis
amoureuse 1000 fois sans réussir bien entendu à avoir un copain, je me
sens seule, la lecture est une fuite de la vie. Parfois je me demande ce
que ça ferait si je disparaissais, j’ai pas de réponse. Un jour ma mère
découvre que j’ai trop bouffé de conneries, j’ai vidé les placards, elle
trouve des emballages dans ma poubelle, elle pête un plomb elle ne sait
plus quoi faire : elle me traine à l’épicerie de mon village et achète
des 10nes de paquets de gâteaux, plein, comme j’en rêvais, mais j’ai
honte devant la vendeuse, on rentre à la maison, elle vide une étagère
de ma chambre et me dit que puisque je veux manger, ben voilà, je peux
manger mais au moins je volerai plus dans les placards, j’ai honte, je
met un grand poster devant… mais je ne résiste pas, ma gourmandise,
mon manque de volonté font que je pique une plaque de chocolat par ici,
un paquet de gâteau par là. je suis nulle, je suis incapable de me
contrôler. à 14 ans j’ai enfin un petit copain en été lors d’une colo,
ouf, mon premier baiser « avec la langue »… vaut mieux en profiter, ça
ne reviendra pas avant longtemps tellement je suis pathétique lorsque je
suis amoureuse d’un mec, je le vois, je fond et je suis incapable de
sortir quoique ce soit de censé… navrant… mais j’ai envie d’amour,
envie d’en donner mais j’ai pas le mode d’emploi. à côté de ça je trouve
le moyen d’avoir des amies « vampires » : vous savez, la nana super
populaire ou mignonne (ou les deux ) qui a toujours une copine élue
« pauvre fille de l’année », ben la pauvre fille, c’était moi. je tombe
dedans à chaque fois… quand j’y repense j’ai la nausée : devant ces
nanas qui en fait étaient bien pauvres d’esprit à se valoriser sur moi,
et devant moi qui était bien triste de soumission… Le temps passe,
j’empiffre tout le temps mon corps, la nourriture est mon ami fidèle, je
peux arriver dans un lieu et repérer tous les endroits qui peuvent
procurer de la nourriture, ceci en moins de 2minutes. J’ai 20 ans,
toujours pas eu de copain, je pars vivre un an à l’étranger… je livre
mon corps à un pauvre mec qui, lors d’une conversation un peu intimiste
où j’avais besoin de parler, sans doute en sachant ce que ça allait
provoquer, lorsqu’il apprend que je suis vierge, le mec devient comme
dingue. Je ne m’en rendais pas compte tellement j’avais le mal du pays,
mais là quand j’y repense… Bref, le mec se retrouve à en parler « sans
en avoir l’air » de cette pesante virginité, en fait je me dis qu’il
avait juste envie de se taper une pauvre fille qui était déjà quasi
tombée dans ses filets… un jour il m’invite chez lui… je vais pas
faire un dessin… Je sais pas trop ce qu’il s’est passé en soit, des
fois j’en viens à me demander s’il aurait pas mis un truc dans mon verre
tellement ça me semble irréèl de passer à boire un verre d’eau sur le
canapé pour se retrouver nue sur son lit avec l’autre qui me propose de
lui faire une pipe et me demande combien je dois être contente de plus
être vierge… ah ? c’est ça faire l’amour ? bon, ben ça va, je me
rappelle pas de tant de chose, juste quelques images, et je me retrouve
un peu écoeurée de je ne sais trop quoi, bref, je ne suis plus vierge ;
ça, c’est fait ! mais j’évite d’y penser, j’ai la nausée, j’ai le
sentiment d’avoir été utilisée, mais bon, y a pire comme on dit.
Je deviens étudiante, je deviens un peu plus sociable, j’apprends peu à
peu à aller vers les autres, ils me font un peu moins peur. J’ai un
autre copain, on couche ensemble, c’est pas mal, c’est doux, mais le mec
est encore plus mal dans sa peau que moi, on s’aide pas trop quoi…
bref, le temps passe, je bouffe, des paquets de gâteau pour amis, des
paquets de crasses pour copain, je me retrouve souvent à pleurer seule
dans mon coin, pourtant je devrais aller bien, merde ! Je passe un super
été, me fais pleins de potes et je fond à vue d’oeil… je me sens bien,
je fais 62kg de muscles mais dans ma tête je suis grosse. je dois
acheter une robe pour un mariage, j’achète la taille 42 pour être
confortable mais la 40 m’allais nickel… pfff, je suis grosse vu que je
met pas du 38 !!! Je rencontre mon mari actuel, je me sens belle dans
son regard, mais je n’arrive pas à m’y voir, dans ce regard, tellement
je trouve mon corps moche, trop gros, trop gras, des seins trop visible
devant lesquels les mecs bavent pourtant, mais ça m’embarrasse… mais
pour une fois dans ma vie je me sens belle, même si j’évite de penser à
ce corps. des problèmes persos, un déménagement, un burn out… et je
perd pied, je prend 20kg en 6 mois, mon mec n’a rien vu, que ça soit de
mes excès de bouffe comme de mon corps qui gonfle comme un ballon : mon
qui était finalement mince et me voyait grosse, je devient grosse sans
voir que je suis grosse. Je me réveille et je vois que je fais 86kg et
1,69m. Je décide de voir une diététicienne pour bosser sur mon
comportement ! Elle me demande pourquoi je viens, je répond que j’ai
besoin d’apprendre à gérer pour pas m’effondrer en cas de gros coups dur
! Elle m’aide, je me dépatouille dans mes problèmes persos, familiaux,
je lui dis que toutes les familles ont des grosses valises à trainer et
pourtant il faut bien faire avec et tout le monde ne devient pas
boulimique non ? Parce que oui le mot se prononce… moi (et tout le
monde aussi d’ailleurs) qui me croyait juste trop gourmande, sans
volonté, je me rend compte que oui mon comportement avec la nourriture
en mode remplissage c’est anormal, c’est pas QUE une question de
volonté, mais un mal être plus profond, c’est pas aussi simple que ce
que ma mère dit « si je dois moins manger, ben je mange moins ». Elle
m’aide, mais je maigris pas, je me stabilise un peu, j’apprends à gérer
petit à petit, mais c’est dur, j’ai peur d’aller dans les magasins, je
ne peux souvent pas me promener avec de la monnaie dans les poches sans
vouloir acheter à manger, c’est plus fort que moi. j’ai honte, je me
sens nulle, si nulle, mais je ne sais pas comment faire. et finalement
le coup dur, du genre coup dur de compétition arrive dans ma vie… un
enfant vient habiter mon corps pendant 9 mois… et quitte la vie juste
avant d’en sortir. je m’effondre, je veux mourir, la vie me semble juste
insupportable… mais je ne mange pas plus. Je suis contente de moi, je
sais gérer mes émotions et la bouffe… sauf que des années et des bébés
plus tard, ben j’ai encore pris du poids, lentement, petit à petit,
chocolat après chocolat, je retombe doucement dans la boulimie. ce corps
je le hais, il m’encombre, je tente de ne pas y penser à ce à quoi il
ressemble quand je fais l’amour et que j’aime ça, toute cette chair qui
ballotte, qui bouge dans tous les sens… Comment il peut aimer mes
seins mon mari ? je les trouve si immonde ? Je m’habille comme un sac,
je fais 102kg, je suis moche, c’est si dur d’écouter son appétit quand
ça fait des années qu’on la nie, quand j’ai envie d’exploser je me mord,
presque jusqu’au sang, j’ai envie de lui faire encore plus de mal à ce
corps physiquement parlant, j’aimerais faire autrement que de le remplir
comme ça, je me vois comme une oie qu’on gave, sauf que je suis la gavée
et la gavante, je me dis que ça serait plus facile si j’avais fumé ou si
je m’étais droguée, si je buvais ? au moins je peux arrêter totalement,
alors que la nourriture, je peux pas ! Je me dis que jamais je n’y
arriverai, qu’il va falloir l’aimer comme ça ce corps, mais je me rêve
légère et pas encombrante à tel point que je me cogne partout, je n’ai
pas conscience de mes limites corporelles, normal, je ne l’habite pas ce
corps, du moins je suis en lutte constante pour y arriver, mais c’est
dur de rompre avec cette haine que j’ai pour lui depuis si longtemps. Je
ne comprend rien à tout ça, je culpabilise énormément de ce mal être que
je me traine depuis toujours, je culpabilise moins depuis ce bébé qui a
traversé ma vie car ça a été un tel chamboulement dans ma vie que je
m’en veux moins de mal vivre ça, mais je me dis que j’ai eu une enfance
heureuse, des parents aimant même si sans doute maladroit, donc pourquoi
je suis mal, pourquoi je sais pas m’aimer ? J’ai pas le mode d’emploi…
j’aimerais pouvoir déménager de ce lieu où je suis si mal …
paradoxalement, les seuls moments où je me sens infiniment belle, c’est
quand je suis enceinte, là je me trouve magnifique, désirable, plus
belle que tout, j’aime ce ventre que d’habitude je hais, ces courbes si
belles, je me prend en photo et là je me sens plus belle que tout…..

ça fait un an que j’ai eu un choc : je lisais pour la première fois THE
roman d’ado « moi Christine F, droguée, prostituée, etc… » et quand elle
parle de son état avant/pendant/après avoir pris de l’héroine, je
réalise que je suis dans le même état quand je prend du chocolat… ça
me fait peur, vraiment, d’autant plus que je fais une sorte de bad trip
en mangeant trop de chocolats une fois, je sens limite le sucre me
monter au cerveau… ça me fait peur… vraiment.
ça fait presque un an que j’apprends peu à peu à habiter cet étranger
qu’est mon corps, à en prendre soin, à lui faire du bien, à tenter
d’arrêter de le maltraiter, je ne maigris toujours pas, mais déjà je le
coiffe un peu, je le maquille un peu plus, je tente de remplacer les
sacs par un paréo… mais c’est dur, l’habitude de cette violence est
là, tenace et peine à me quitter, j’ai envie d’y croire, j’ai
l’impression de vouloir monter une montagne infranchissable, mais bon,
faut bien y croire non, j’ai pas bien le choix ?