Le drame est logé dans le corps

scarifications

Tombée ici par hasard (si taper des mots connotant l’automutilation dans une barre de recherche c’est du hasard), j’ai envie de raconter en bloc ce que je n’ai jamais raconté que partiellement.

Mon corps a beaucoup d’histoires, on va la faire chronologique.

La première c’est ma naissance, prématurissime.
6 mois à l’hosto dont pas mal en couveuse, une machine dans mon dos un jour surchauffe, j’en garde une marque de brûlure assez discrète bien que conséquente, qui ne me dérange pas.
Les tuyaux dans mes narines les ont agrandies asymétriquement.
Une opération pour éviter que je ne devienne aveugle m’a laissé un strabisme qui m’a longtemps beaucoup complexé, mais aujourd’hui j’arrive à regarder les gens dans les yeux plusieurs secondes, et quand je leur parle j’imagine moins le visage que je leur renvoie, même si ça n’a pas tout à fait disparu.

Ensuite une pause de bien des années, je n’aime pas particulièrement mon corps ni mon visage, mais la haine n’est pas encore là.
Elle vient au lycée, pour des raisons que je juge inutile de détailler ici.
Je commence par les scarifications, je ne me suis jamais fait de blessures graves, il faut attendre un, deux ans et les cicatrices disparaissent, mais mon corps n’en a pas été vierge depuis plusieurs années. Même si aujourd’hui ça n’est plus un problème, ma cuisse en bave un peu de temps à autre. C’est rare, c’est rien du tout. Tenté-je de me convaincre.
Il y a une raison notamment qui me pousse à me tailler. Une raison que je n’ai jamais lu nulle part alors je la livre ici avec toute ma honte.
ça me fait une raison pour fuir les propositions sexuelles avec lesquelles je ne suis pas à l’aise. Simplement parce que je suis pas une fille qui couche facilement. J’aimerais bien l’être, je suis jeune, bientôt le temps sera finit où je peux potentiellement m’envoyer qui je veux, enfin s’il n’y avait pas ce corps, ces marques, ce malaise avec tout ce qui a trait au sentimental (le cul pour le cul je n’ai connu quasiment que ça et en même temps j’a toujours fait du mal ou eut mal ensuite. Alors pas de sentiment? J’y crois moyen.).

Les autres raisons qui poussent à ça, elles sont bien connues, je crois, mais enfin cette impression de bouillonner intérieurement que ce soit d’angoisse ou de haine ou de désespoir, vouloir couper court à ça.
La haine bien sûr, ne pas se supporter, littéralement, alors faut s’amocher, s’abîmer.
Je me suis toujours sentie naze, en période d’automutilation, de pas oser couper assez profond.

Puis ensuite les galères alimentaires, bien finies elles. Des troubles qui n’en ont pas été, je n’ai pas été vraiment malade, mes symptômes étaient assez “légers”. Mais en période de grosse déprime j’ai adopté des comportements anorexiques et surtout de boulimie vomitive qui, même si ce mal est resté assez superficiel d’un strict pont de vue médical, m’ont pris un an de ma vie. L’obsession surtout qui laissait aucune place pour quoi que ce soit d’autre. Encore la honte de même pas être vraiment malade. De me dire que j’avais le choix et que je faisais le mauvais. Se faire vomir jusque dans les restos, chez les amis des parents, avec la famille dans la pièce d’à côté. Inquiéter l’entourage, les faire culpabiliser. Je n’arrive pas à croire que j’ai pu tomber si bas.

Puis le nodule énorme qu’on m’a enlevé, la cicatrice dans le cou que j’aime parce que pour celle-ci je ne suis pas coupable.

Et puis l’acné. Fléau. Apparu récemment. Stress du changement de vie, pollution de la grande ville. J’ai honte de mon visage. Je n’ose pas draguer qui que ce soit. Pas avec un visage aussi dégueulasse, mon dieu. Les hommes qui ont bien voulu le toucher dans cet état, quand j’y repense je chiale souvent. ça passera, bien sûr, il faut faire un traitement. Retourner voir des médecins. J’en peux plus des médecins, qu’ils soient psy ou autres. Parce qu’aujourd’hui je vais plutôt bien. Vraiment. Alors me faire chier chez des médecins. J’en ai bouffé pendant des années des médecins. Non.

J’aime pas mon corps mais ça n’a jamais vraiment été lui le problème, il n’est que triste témoin et victime de mes caprices et du Distilbène (je vous laisse chercher des infos sur ce médoc de merde si ça vous intéresse, je suis petite-fille de’ d’où la naissance catastrophique), le problème c’est moi, qui suit née n’importe comment en plongeant ma mère en dépression (je sais j’y suis pour rien, on choisit pas de naître, on choisit pas que sa mère soit bipolaire), qui ai traité les gens que j’ai aimé n’importe comment par cynisme désespéré.

Quiconque connaît un peu de mon histoire me reconnaîtra probablement dans ces mots. ça me flippe mais tant pis.

Mon corps, mon corps qui est moi sans l’être comme tout corps, cette tâche de nicotine qui grandit, mon corps que je ne sais pas rencontrer ailleurs que dans la destruction même après toutes ces années. Pardon mon corps, pardon ma peau. Un jour je te déploierai ailleurs que dans la violence et on dansera dans la lumière. On dansera avant de s’éteindre. On étreindra des hommes à nouveau, dans la joie, dans l’amour. Mon corps, mon cher corps. Fidèle gardien de mes secrets, de mes erreurs, de mes peines. Fidèle point de rencontre de regards intenses, de gestes tendres. Des paroles qui en tombent, murmurées dans les soirs chauds, dans les matins brumeux, dans les maisons, les cafés, les salles de cours. Des cris, des gémissements qui s’en échappent, des chants qui le libèrent. Et des mots merveilleux qui tombent sur lui, sur moi, doux. Des halètements qui désaltèrent. Des mélodies qui m’envahissent, des paroles, des gens, des chairs, des airs qui m’ont sauvé. Merci les autres. Merci la musique. Merci mon corps. Mon corps, mon corps, mon corps et mon allié. L’amour est logé dans le corps.

A la vie dans nos veines.

Lui ou moi… Moi et lui !

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Mon corps et moi c’est toute une histoire.
J’ai 5 ans, et jusque-là je n’y avais pas fait attention. Il était là je jouais, je dansais, je sautais mais sans vraiment m’en préoccuper.
Et puis il y a eu ÇA… Cet épisode qui a marqué le début d’une relation compliquée. Mon cousin, une caravane stockée dans une grange, une cave chez une grand-mère. Des jeux d’un autre âge, de celui de mon cousin pas le mien. Il a 10 ans de plus que moi. Ses jeux ne sont pas les miens, pas ceux de mon corps. A cause de lui j’ai senti ce corps. Mais je n’aurai pas dû le remarquer si tôt, pas de cette façon…
Et puis pendant longtemps j’ai « oublié ». Moi oui, mais pas mon corps.
Enfant, très sage, très comme il faut. Mais quand les adultes ne sont pas là, je plonge dans le placard à gâteaux. Mon père me l’interdit, pour que je ne sois pas trop grosse, mais en achète plein. Il est malade dans sa tête mais à cet âge-là je ne remarque rien. Je ne suis qu’une ENFANT.
L’adolescence, comme dans une drôle de bulle, hors de la réalité. Mes copines ont des petits copains. On leur a demandé : « est-ce que tu veux sortir avec moi » ? C’est tout bête cette petite phrase, mais personne ne me l’a jamais dite. Et la seule fois où j’ai OSE demander par l’intermédiaire d’une copine, elle est revenue en me disant « non il ne veut pas, il dit que t’es trop grosse… » BAM !
Je mange trop, sans vraiment m’en rendre compte. J’espère maigrir à chaque fois que je suis loin de la maison. Mais ça ne dure pas assez longtemps et je replonge dans le placard à gâteaux.
Premier vrai petit copain.
Après coup je me dis que j’ai fait n’importe quoi avec lui. Premier baiser, premier rapport, première « expérience »… Tout allait trop vite, comme si je voulais rattraper mon « retard ». Je ne respecte pas mon corps, je ne sentais même pas ce qui se passais, mais je le faisais quand même.
Je fini par rencontrer quelqu’un de bien, qui m’aime et m’apprend à m’aimer. C’est long. Je pensais y être arrivée, mais ce n’était qu’une ILLUSION.
Au fond rien n’allait bien. Je veux maigrir une fois de plus, mais là ça va trop loin. Je n’habite plus chez mes parents, je gère mes « repas » toute seule. En fait je ne mange pas ou très peu. Je me déteste toujours, mais je suis enfin mince. Je m’insulte toujours, mais je suis enfin MINCE. Mais lui ne sais plus comment gérer ça. Sa détresse m’incite à aller voir une psy. Ça va mieux, ça m’aide, mais ce n’est toujours pas ça.
Mon corps visuel n’est pas satisfaisant, mon corps sensuel inexistant.
Les années passent. Je ne me déteste plus, mais je me tolère. Et ça, ça ne suffit pas.
Je tombe enceinte sans prendre de poids. Ma vie bascule. Entre bonheurs et incertitudes je deviens ADULTE petit à petit. Un deuxième bébé, toujours pas de kilos et cette fois, ça se passe plus facilement. Ça m’aide mais le problème n’est pas réglé…
Après m’être mise au sport, je suis de plus en plus mince. Plus mince que je ne l’ai jamais été. Mais je n’ai toujours pas de VRAIE VIE SEXUELLE. Ça me dépasse, moi qui pensais que le problème venais de là…
La peur est quand même là, peut-être même un peu plus maintenant que la graisse s’est littéralement envolée. Mais je ne sais toujours pas quoi faire de lui. On n’est pas complices, on ne se connait pas. Alors quand j’ai trop peur, je mange. Un peu trop. Alors je l’oblige à bouger, bouger encore et encore pour que rien ne s’accroche. Je l’oblige tellement qu’il finit par craquer. On finit tous les deux à l’hôpital. Rien de très très grave, mais assez pour que je puisse plus faire de sport. AÏE ! J’ai peur, de nouveau… Alors je mange.
Et là, cette fois je décide que C’EST FINI !!! Je décide que ÇA SUFFIT !!!
J’aurais voulu retrouver ce corps plus mince, mais on me trouvait maigre. Alors je décide que je vais essayer de L’AIMER VRAIMENT. De vivre avec lui, en LUI.
Nous avons vécu l’un à côté de l’autre pendant 35 ans.
Nous vivrons ensemble les 50 prochaines autres.
Fini les frustrations.
Fini les obligations.
Fini les observations.
Maintenant place à la vie, une vie d’équilibre avec ses hauts et ses bas. Mais pas ses peurs qui font faire n’importe quoi. J’espère pouvoir continuer sur cette voie qui semble bien apaisante. J’espère que je ne suis pas une fois de plus dans cette ILLUSION qui m’a souvent fait croire que tout allait bien.
Nous sommes là, tous les deux, chair dans la chair, liés à jamais.
2016 sera notre année de retrouvailles.

Le vide en moi

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Le passé, ce passé me hante chaque jour un peu plus…
Jeune femme, souriante, mince, ordinaire, aujourd’hui orpheline abandonnée lâchement !
Par où commencer, il y a tellement de choses à dire, de choses à expliquer pour comprendre mon mal-être…
Je suis née fin avril en 1994, un beau bébé un peu joufflu, une petite fille qui avait toute la vie devant elle, et on dit que la vie est belle !
J’ai oublié un détail, mon père 24 ans alcooliques, ma mère alcoolique 22 ans, jeune femme battue et violenté régulièrement. Ceux-ci avaient des contacts avec à famille de mon père mais aucuns avec celle de ma mère ( dispute familiale et choix de vie conjugal incompris)
Un accident en novembre 1994, si on peut appeler ça un accident… Mes deux parents alcoolisés se disputent encore une fois, sauf que cette fois-ci mon père avait le fusil de chasse dans les mains ! Celui-ci a tiré en visant la tête de ma mère, son œil gauche atteint transporté d’urgence par hélicoptère, et sombre dans un coma…
Ma grande mère apprend la nouvelle et se précipite à l’hôpital, et celle-ci s’est mise à chercher la petite, qui était chez les grands-parents paternels.
Mon père fut jugé pour tentative de meurtre, et j’ai traîné 10 années dans les tribunaux pour finir par ne plus le voir après choix du juge.
Mon histoire pourrait s’arrêter là, une enfant élever seulement par sa maman sa devient banale…
Seulement ma mère a eu la bonne idée de refaire sa vie avec un homme célibataire sans enfants.
La pire chose qui puisse m’arriver !
Ce monsieur du jour au lendemain a bouleversé mes habitudes avec ma mère, il est venu un weekend et il n’est jamais repartis.
Ma mère semblait heureuse avec elle avait arrêté de boire et avait repris de bon contact avec ma famille.
Seulement il y avait un truc qui clochait entre lui et moi, il n’a jamais vraiment su m’apprécier, et plus les mois passent plus le contact été violent…
Et après 1 an et demi ensemble, l’annonce d’un bébé, ça aussi aurait pu me réjouir mais je devrais à présent partager ma maman !
À la naissance tout a changé, mon beau-père été un bon buveur il prenait apéro tous les soirs, et quelques fois ma mère se laisser tenter aussi.
Je me suis beaucoup investi dans l’éducation de ma petite sœur, changer les couches, jouer avec, faire prendre le bain …
Plus elle grandissait plus on voyait la différence d’affection qui nous était donnée. Mon beau-père tombé dans alcoolisme a entraîné ma mère dedans…
C’est à ce moment-là que ma vie bascule ! je ne me plaignais jamais des coups que mon beau-père me porter, mais ma mère me défendre ce qui crée des disputes entre eux et après mon beau-père revenait pour me punir car c’était à cause de moi s’ils se disputaient sans arrêt.
aucune intimité n’était respectée pourtant je commençais à me former, un jour je ne me suis retrouvé nue devant lui car je me plaignais de maux de ventre et mal aux seins car il poussait, ma mère m’avait poussé à lui montrer alors que je ne voulais pas elle me tenait, et ils se sont mis à me toucher …
Je ne peux pas raconter la suite de cet acte c’est bien trop cruelle et barbare … je me demande encore peut-on faire sa à des enfants et encore plus à ses propres enfants !
J’ai grandi toujours battu et de temps en temps des flashs d’agressions sexuelles me reviens… J’ai éduqué ma petite sœur jusqu’à ses 9 ans ( leçons, repas, bain, courses, la conduire à l’école, et j’en passe ….) j’étais au collège quand j’ai dû commencer à tenir à moi toute seule la maison, ma mère alcoolisée du matin au soir resté allongé a cuvé dans le canapé la journée, et mon beau-père été au boulot, le soir je partais chez mon copain pour éviter de croiser celui-ci.
Ma mère devenait méchante dans ses propos et mon beau-père laissé des marques de plus en plus sur mon corps, un jour il était en colère car ils avaient reçu mon bulletin scolaire, ma mère m’a étranglé contre le mur et lui me donner des coups dans le ventre et me gifler, et j’ai pu entendre toutes les insultes du monde…
cela faisait des années que je ne me nourrissais plus comme il le fallait, je réduisais de plus en plus mon alimentation…
Un soir mon beau-père m’a coincé dans ma chambre s’est mis à me frapper et essayer de me tenir pour faire son affaire, mais cette fois-ci j’ai réussi à m’échapper… je suis parti avec mon scooter sans casque à toute allure chez ma grande mère.
J’arrive en pleure le visage et le corps pleins de traces de coups et déjà quelques bleus apparaissent parmi les autres bleus déjà présents…
J’ai expliqué à ma grande mère comme après chaque « punition » (prendre des coups) mais je ne lui ai jamais parlé d’agression sexuelle et de viol d’ailleurs très peu de personnes le savent.
Je ne voulais plus retourner le bas, mon beau-père m’avait poursuivi jusque chez ma grande mère et s’est précipité pour me récupérer à la barrière. J’étais terrifié je tremblais dans le noir ….
J’avais décidé je ne voulais plus vivre cet enfer nous avons fait les démarches auprès des tribunaux pour que ma grande mère est ma garde jusqu’à ma majorité.
Une fois placé chez elle m’a soigné et fait suivre par un centre psy pour travailler sur mon histoire et oublier ou accepter les faits.
Le centre psy a signalé que j’avais un comportement assez complexe avec mon corps et la nourriture mais rien de grave…
je suis passé de 55 kg quand j’étais encore chez ma mère à 80 kg je comblais le vide par la nourriture.
J’ai réussi à passer de classes en classes malgré ça avec une moyenne avoisinant les 14 . Le 17 juillet 2012 je me rendis compte de l’ampleur du gras sur mon corps, je ne me reconnais plus… je ressemblais à ma mère ! Je ne veux absolument pas ressembler à un monstre pareil. J’ai atteint les 52 kg début décembre de la même année. s’est à ce moment-là que le centre a diagnostiqué  » des troubles du comportement alimentaire » j’alterne maintenant phase de boulimie et d’anorexie.
Mon rapport avec mon corps est vraiment horrible je pleure en me voyant dans la glace, les relations intimes sont terribles À tel point que je ne ressens rien pendant l’acte j’attendent juste la fin pour pouvoir me retourner et enfin trouver paix dans les couvertures.
Je fais fuir les hommes avec ma maladie alors à chaque fois je suis de plus en plus blessé d’avoir laissé mon corps dans les mains d’un homme qui ne le mérite pas…
À présent j’ai accepté que je n’aurais pas de mère et de père même si celui-ci a repris contact avec moi et que je pouvais faire une croix sur ma petite sœur.
Je vis seule chez moi, et ma grande mère m’accueille en période noire…
Mon passé me hante, mon corps me dégoûte, mon visage aussi car il a quelques traits de ma mère, je me sens vide …
Comme si le temps c’était arrêter et que je restais bloqué sans avancer dans la vie sans but précis juste survivre dans ce monde de brutes.
Aujourd’hui j’ai froid, je pleure sans cesse, j’ai l’impression d’être sali a vie, d’être inutile, juste un boulet qu’on traîne par pitié, je veux pas de cette pitié … je porte encore des marques physiques qui me rappelle que j’ai voulu en finir pour être enfin libéré de cette souffrance.
Je n’ai pas manger de vrai repas depuis une semaine, la faim n’apparaît même plus, mon ventre vide se porte bien !

L’art de la faim / Après la faim

1- L’art de la faim

Faim, n. f. : Sensation qui traduit le besoin de manger

Sensation. Besoin de manger. Ne pas manger. Retenir la sensation. La faim remplit le vide. Elle tient compagnie. Elle devient familière. Elle est exigeante. Chaque jour réduire un peu plus ce que l’on met dans son estomac, pour l’avoir continuellement présente en soi. On n’a pas d’émotions, pas d’idées, pas de désirs, quand on a faim. L’effort perpétuel consistant à la maintenir s’empare du peu d’espace qui reste. C’est simple. Difficile mais simple.

La faim s’estompe au bout de quelques temps. D’autres sensations la remplacent. La fatigue, les douleurs, le froid. A tout le reste je deviens hermétique. Mes cheveux sont tombés cet automne-là. Je me souviens aussi d’un cours de biologie, dans une classe entièrement carrelée, d’un froid glacial en hiver. J’ai enlevé mes gants en laine, gardé mes gants de soie. Le prof m’a demandé de les retirer. Je me suis exécutée, lentement. Aucune sensation dans mes doigts devenus blancs. Silence de mort dans la salle, pudeur de mes camarades de classe. Ces gamins de 15 ans faisaient preuve d’une décence qui me crève le cœur.

Les chiffres sur la balance dégringolent. Pas que je veuille maigrir. Maigre, je l’étais déjà, avant. Les chiffres n’ont rien à voir avec ça. Ils sont un repère, une preuve matérielle de la disparition progressive du corps après que la faim s’est éteinte.

Le corps acquiert une certaine beauté, étrange et morbide, dans ce que l’absence de chair révèle du squelette, de l’architecture primaire d’un être humain débarrassé de son identité physique. L’extrême maigreur, fragilité ostentatoire, sacrificielle, est une protection vis-à-vis du monde, le signe extérieur de la folie de celle qui l’exhibe. Elle fascine. Elle fait peur. Elle isole. Elle rend intouchable.

Vient un état d’engourdissement, de semi conscience, où le moindre geste demande une totale concentration, un effort physique inouï qui brûle chaque muscle, chaque parcelle de peau, mon squelette tout entier. Mettre un pas devant l’autre, tenir un crayon, coordonner mon souffle et le mouvement de mes lèvres pour pouvoir parler. Je n’arrive plus à sourire. L’immobilité fait mal aussi. Rester debout, rester assise, rester allongée. Mais l’anesthésie s’étend. La douleur diminue. Il faut accroître encore les efforts, courir plus longtemps, dormir moins, s’exposer au froid. La douleur ne procure aucun plaisir. Elle est insupportable. Le vide l’est juste davantage.

Ma mère m’a demandé un jour « Mais qu’est-ce que tu cherches ? Tu veux mourir, c’est ça ? ». Non, je ne veux pas mourir. Mais la mort est une perspective rassurante, nécessaire, de plus en plus nécessaire à mesure que je vois mes capacités physiques et intellectuelles décliner. La mort d’une anorexique n’est pas un suicide ; c’est la solution au dilemme, la fin simultanée de la souffrance et du vide. C’est en cela qu’elle est rassurante. Elle est la seule libération accessible. La seule liberté qui reste quand il ne reste plus rien de soi.

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2- Après la faim

On m’a enfermée dans une chambre d’hôpital vide. Pas de livres, pas de téléphone, pas de visites. La seule distraction c’est le plateau repas qui arrive à heures fixes 6 fois par jour. On se met rapidement à attendre ces moments. C’est humiliant. C’est le but. Il faut « casser » la maladie. Les dégâts collatéraux ne sont pas pris en considération dans le protocole. Je fais tache dans ce service de pédiatrie. Entourée de pauvres gosses atteints de vraies pathologies, qui n’ont rien demandé à personne, je suis celle qui s’est volontairement mise dans un état maladif. Comme si c’était un choix. Que j’aurais aussi bien pu me teindre les cheveux en bleu, si je tenais tant que ça à me rebeller. J’aurais moins emmerdé le monde. On me fait sentir que je prends de la place. Plus exactement que je prends la place de quelqu’un, d’un pauvre gosse malade. L’après-midi les parents viennent voir leurs gamins cancéreux. Les portes sont vitrées, il m’est interdit de tirer le rideau devant la mienne. C’est l’heure du zoo. Chaque personne qui passe devant ma chambre marque un temps d’arrêt, observe la bête de foire.

Il faut manger, reprendre du poids, c’est la seule façon de s’en sortir. La Solution. Tu parles. J’ai juste accepté de ne pas mourir. Manger ne résout rien. A part à rentrer dans des normes de poids médicalement acceptables pour sortir de l’hôpital. La faim a tout rempli, tout défini de moi. Elle n’est plus là. Le vide a fait son retour, d’autant plus violemment que tout a été effacé. Je suis une page blanche. Je n’ai plus d’identité, je ne sais plus qui j’étais avant, et même si je le savais, je ne saurais quoi en faire. Mon corps lui-même est une page blanche ; il n’a pas d’âge, pas de sexe. Je me suis rasé la tête. Retour au point zéro.

Et puis il faut se justifier, a posteriori, de n’être pas allée jusqu’au bout. Trouver un sens au renoncement, à savoir à sa propre vie. Tout un programme. J’essaie. Rien ne m’anime, rien ne m’investit. Je ne fais que passer le temps alors que c’est le vide qu’il me faut combler. La faim n’est plus une option. C’est la petite sœur infernale de l’anorexie qui vient s’engouffrer dans la plaie béante. Boulimie. Mot détestable et sale, honteux, impossible à prononcer sans détourner les yeux. La mécanique se met rapidement en place, insidieusement, sans que l’on comprenne ce qui arrive. Remplir le vide. Se remplir. Manger, vomir, manger, vomir, encore et encore, jusqu’à épuisement. Dormir. Dissimuler les traces, effacer les marques, sauver les apparences. Recommencer.

Mes cheveux ont repoussé. Le corps reprend sa place, son âge, son identité. Ses sensations. L’intimité physique est facile quand on n’a pas d’émotions. Mais le corps, vide de substance, devient vite encombrant. Il attire les regards. L’image que l’on projette est publique. Il me vient la pensée récurrente que mon corps est par conséquent public et qu’il appartient à celui qui le regarde. Je suis terrifiée, anonyme et seule dans Paris. Je m’enferme. Je me détruis, quotidiennement, méthodiquement, rituellement. Ce que je fais depuis un certain temps déjà ; la différence est que je ne le cache plus. J’ai le visage bouffi et marqué de brûlures, des entailles dans les bras, mon poids grimpe et dégringole au rythme imposé par la peur. Les regards ne s’attardent plus.

Le souci c’est que je veux vivre. Pas que cela aille de soi, pas qu’il me reste un quelconque instinct de survie. Je veux vivre parce que j’ai pris cette décision un lundi soir dans le cabinet d’un médecin et pour cela accepté les humiliations qui allaient avec. Mais je ne peux pas vivre en enfer. Même si je sais que le bonheur ne m’est probablement pas accessible, je sais aussi que je ne vais pas pouvoir cumuler le vide, la douleur, la solitude et la honte beaucoup plus longtemps. Que je vais finir par me tuer, d’une façon ou d’une autre, plus ou moins volontairement, avant même d’avoir commencé à vivre. Cela prend du temps, de sortir de l’enfer. Mais peu à peu la peur s’estompe. La torture s’arrête. La honte est reléguée au passé. On redevient fonctionnel. Suffisamment normal aux yeux du monde extérieur. Ne reste que le vide. A nouveau.

Je commence à comprendre que le vide sera toujours là, et que, peut-être, il est ce que je possède de plus précieux. Qu’il faut l’accepter. L’assumer. L’utiliser. Utiliser l’absence de sens, de règles, de projet, comme une forme de liberté. Puisque rien n’a de sens, je n’ai rien à perdre. Je peux être inconséquente, ouvrir ma grande gueule, aimer qui bon me semble le temps d’une nuit, m’attacher, me détacher. Les sentiments ne sont qu’une construction mentale dont il est facile de s’affranchir. Et puisque demain n’aura pas plus de sens qu’aujourd’hui, je peux vivre sans entrave les moments d’ivresse. Ils sont rares, mais ils existent. J’ignore s’ils rendent le vide plus cruel ou bien si c’est le vide qui fait naître les sensations violentes, les émotions insensées. Peu importe, en réalité. Je n’ai pas d’autre choix que d’évoluer dans cette alternance de dépression et d’instants de beauté fugaces. Mais les états de grâce sont parfois suffisants pour me permettre de supporter la laideur et la médiocrité du quotidien. Et tant qu’ils existeront, j’aurai une raison de continuer à lutter contre le désespoir. Quelque chose à quoi me raccrocher. Quelque chose qui en vaut la peine.

A toi

a toi

Faut que j’en parle, il le faut bien un jour, je dois dire ce que je ne pourrais jamais te dire en face que c’est par ta faute que je suis comme cela, toi que je considérer tant, toi qui m’a vu grandir et qui disait m’aimer, toi qui m’a fait souffrir et qui n’a d’ailleurs pas fini, oui à toi mon ancien meilleur ami as-tu prit conscience qu’à cause de toi ma vie n’a plus de sens?
Voilà j’ai subi un tsunami, pas n’importe quel tsunami celui qui ne cesse de te détruire, je suis comme un volcan, je brûle mais jamais je ne m’éteins, je suis morte au fond de moi et toi tu es bien vivant.
Moi je ne m’en sors pas, tandis que toi tu es heureux. Tout le monde parle de toi en bien, MA famille, Mes amies et moi je suis là, condamnées au silence parce qu’il ne faut pas salir ta réputation, attouchée, laissée comme cela, comme une moins que rien, comme un objet sans aucune valeur, tu étais tout pour moi !!!Cela ne signifie rien pour toi alors !!!Moi à moitié, mi violé, mi saine et sauve. J’ai droit à quoi moi?
Me souillais et obliger de continuer de te côtoyer ne t’a pas suffi, il a fallu que tu sois apprécié par ma famille, tes gestes, tes sourires de côtés, ta voix, à l’aide, à l’aide je n’en peux plus….
Je cherche comment en parler, quel terme dois-je utilisé, j’utilise le mot viol mais ce terme me semble trop violant. Un silence si pesant au bout de 8 ans, ma parole se libère peu à peu, je veux passer à autre chose, mais le chemin reste encore long.
Il m’a volait m’on insouciance et volé mon enfance, il a réduit mes rêvent et a fait les cauchemars accompagnée mes nuits. Comment oublier il me suffit juste d’être allongé durant des heures et de fermer mes yeux pour revivre ce cauchemar, parfois je me réveille et je ne peux m’empêcher d’haïr la vie et de me haïr.
Mais j’ai voulu disparaître, parfois je me sens sale et je suis dégouté au fond de moi, j’ai haï les hommes comme jamais je ne pouvais haïr et peut après je me suis haïe, je me sentais brûlait lorsque l’homme me touchaient, dégouter lorsqu’il me regarder ou me draguait, les câlins m’insupporte, les bisous aussi, même leurs compliments à mes oreilles sonnent faux. J’avais un besoin de reprendre le contrôle de mon corps ne plus rien manger être maigre ne plus avoir ses formes qui encouragent l’homme à me regarder, me faire vomir me scarifier en gros m’autodétruire de toute les façons c’est ce que je méritais chercher une solution pour ne pas attirait le regard de l’homme sur moi puisque c’est à cause de ce corps que j’ai étais violer.
J’ai mal X ne vois-tu pas que je souffre? Comment tu ne peux pas le voir, car devant toi la peur peut se lire dans mes yeux et malgré moi j’affiche devant toi ce mal que tu m’as infligé. J’aimerais que l’on m’enlève ce poids sur mon cœur, ne serais ce qu’une journée juste pour souffler, je ne demande pas beaucoup mais juste une petite journée.
Les autres me regardent, vite je dois sourire me montrer heureuse, faire la conne devant eux, car il ne faut pas qu’ils le sachent, il ne faut pas qu’ils le voient, mais malgré tous ces efforts j’ai l’impression qu’ils le voient quand même, est-ce marquer sur mon front que j’ai subi un traumatisme?
Je suis en larme et je ne vois plus rien, mais je tape toujours, X pourquoi me fait tu ça, ai-je méritais tout cela!!??REPOND MOI, je ne suis pas quelqu’un de bien c’est ça? Il est 00h et après tant de cauchemars je suis la assise par terre, ivre encore une fois, seule chez moi, ma bouteille comme seule compagnie, 8 ans après tu me fais toujours cet effet, cet effet ou je me sens misérable, une moins que rien.
Il n’existe pas de mots assez fort pour exprimer ce que tu m’as fait, j’aimerais pouvoir être enfin moi, est ce qu’un jour j’aurais la chance d’être cette fille-là ?
Aujourd’hui à bientôt 20 ans j’ai la sensation que ma vie est fini, alors que je devrais seulement la découvrir, à mes yeux le viol est une souffrance incomparable, tu sais j’aurais aimé disparaitre après, plutôt que de vivre toute ma vie avec ce souvenir qui me hante.
Personne ne peut comprendre, parce que les gens ne sont pas vous. Personne ne peut comprendre ce que je ressens moi à l’intérieur. Difficile d’être comprise, parler ces ceux que les gens disent, mais au début les gens nous entourent, seulement à un moment ils oublient, mais pas moi et c’est ce qui est le plus dur c’est que jamais je ne pourrais oublier.
8 ans après je m’accroche à ceux que la vie ma réservée et me réserve, à mes amie et à ma famille à mes rencontre d’un instant, à mes expériences amoureuses (qui sont d’ailleurs lamentable) et amicales, aux gens qui arrivent et qui repartent et a ceux qui y reste, je me suis façonnée ma bulle l’endroit où j’oublie tout , ou tout est rose et magnifique sa peut faire rire plus d’un mais moi ça me tient en vie, la détruire c’est me détruire ne pas chercher à y rentrer elle n’est faite que pour moi.
J’ai mis 3 jours à taper ces lignes, 3 jours waw j’aurais jamais penser y mettre autant de temps j’ai eu peur de cet lettre de la lire et de la relire et de la taper car ces mon histoire en fait , pas celle d’une autre la mienne la pire de tous, l’encre noir indélébile sur ma vie !taper, effacer, réfléchir au bon mot ,je n’es pas pu faire semblant d’avoir oublié cet histoire puisqu’en fait elle est ancrer en moi, j’ai la haine a certain passage j’ai ce dégout qui a étais encore plus fort et qui m’a empêcher de manger correctement durant ces 3 jours, au bout de ces 8 ans je n’es toujours pas fait le deuil de ce qui m’est arrivée je n’es pas mis de mot sur ma souffrance puisque très tôt j’ai voulu tourner cette page et je ne suis pas prête de la retourner, je ne mentirais pas je me sens un peu mieux de l’avoir dit, et lorsque j’apprends que des jeunes filles voir des garçons qui ont subi cela n’ont pas su ce relevé j’ai mal et une larme coule de mes yeux car je me dit que ça aurait pu être moi.
Chaque viol commis, chaque agression me ramène à mon histoire car même si chaque histoire est différente la peur est la même pour tout le monde, et la vie d’après dur pour chaque personne.
A celui que je croyais connaître, j’espère qu’un jour la haine que j’ai envers toi puisse s’atténuer, et qu’arrivé à te pardonner et ne plus continuer de te voir puisse m’aider à avancer.
Méli-mélo.

Cette carapace que je hais tant

carapace

 

Avant il n’y avait pas de question, tout était fluide, avant c’était l’enfance il y avait de l’amour dans les yeux de mon père, dans les yeux de ma mère, avant c’était l’insouciance et l’inconscience.
Puis il a grandi, au premier abandon paternel il a grossi, à chaque regard d’homme son embonpoint il a poursuivi, sans questionnement, le sucre, dans cette vie, hum c’est la seule chose de bon.
Un jour il y a eu les réflexions, ce corps si lourd prenait trop de place aux yeux des autres : un sentiment de honte et de culpabilité, une incapacité à prendre du plaisir, chaque main posée me rappelle qu’il est la, qu’il est gros, trop de graisse….
La descente aux enfers, des paquets de gâteaux, des pots de glace et puis tout ce qui passe, suivi de cette envie de mourir tellement la honte est grande.
A certain moment l’incapacité de te sortir par angoisse profonde de te montrer, toi qui me fait si honte.
Puis vient cette période sans alimentation, où tu fonds comme neige au soleil, mais ne crois pas que je me sens mieux, je te vois toujours si gros, si laid, et je suis si honteuse. Et ces hommes qui me font croire qu’ils m’aiment pour mieux abuser de moi, non tu ne m’y prendras pas, je retourne à mon chocolat. Mais je ne te supporte plus à te sentir plein de graisse alors je me vide à chaque prise alimentaire, un peu plus violente chaque jour, gros que tu es, je te déteste.
Parfois j’ai envie de te tuer, parce que tu as pris 500grammes, mais le pire c’est que je sais que c’est stupide et que la vie c’est tout sauf ça, et pourtant je suis vouée à l’autodestruction, de toi, de moi, de nous.
Je sais que la vie ce n’es pas ça, j’envie les gens qui vivent pleinement, même avec 150 kg qui les enveloppe, j’ai conscience que toi c’est aussi moi et que je devrais t’aimer et pas te détester, mais c’est trop dur.
Je sais encaisser les coups, je suis une adepte de l’empathie, mais c’est simple, la honte que j’ai de vivre, cette culpabilité constante c’est mon quotidien.
Ne me parlez pas de me laisse aimer, c’est une illusion, m’aimer moi ? Mais pourquoi vu que tout ce que je suis est laid. Profitez des petits bonheurs, impossible, je suis trop utile aux autres, pas le temps pour les plaisirs de la vie,
Je continue à garder espoir qu’un jour je me sentirai libérée de ce poids, et dans tous les sens du terme….
En attendant ma vie est un combat contre moi même.

Ce soir je pleure

photo

07/08/12
Encore une journée, où sans être vraiment mal, je suis absente, insensible à ce qui m’entoure. J’observe de loin, l’esprit vide. Je fais semblant quand il le faut, le cœur n’y est pas. Je vis dans le fantasme : j’aimerais avoir envie de faire du sport, j’aimerais être mince, avoir envie de bien m’habiller, j’aimerais avoir la joie de vivre. Je me façonne un personnage idéal sans rien faire pour tendre vers lui. Je suis immobile, je laisse défiler les jours.
Je ne fais plus de crises d’angoisse depuis quelques jours, mais elle est toujours là. Elle me rend vulnérable, et creuse un trou qui me donne envie de hurler. J’ai l’impression de me détériorer petit à petit. Je me sens de plus en plus seule avec mon mal être. J’ai enfin compris pourquoi je m’imagine me larder le bras de coups de couteau ou en train de me couper les veines. Ce n’est pas parce que je veux mourir, mais parce que si cela devenait réalité, on serait obligé de voir à quel point je vais mal, on serait obligé de me guérir. J’en suis à espérer faire une dépression; une maladie, ça se soigne.

04/11/12
Je fais une dépression, je suis allée voir une psychiatre. J’ai parlé avec elle de mes idées noires. Le soir même, je prenais une grosse aiguille et j’ai cherché mes veines avec, au niveau de mon poignet. J’ai du piquer plusieurs fois avant d’en trouver une. Lorsque j’ai retiré l’aiguille le sang est monté et s’est déversé sur mon poignet. J’étais fascinée. Le lendemain, dans un moment de vide, j’ai pris une lame de bistouri, j’ai cherché l’artère de mon poignée en sentant mon pouls et j’ai coupé. Quatre fois. Ça n’a pas fait si mal, c’était profond mais je n’avais pas touché l’artère. Quand j’ai réalisé ce que j’avais fait, j’ai appelé mes parents.

05/12/12
Je suis dans une maison de repos psychiatrique. Pour une cure de sommeil de 5 jours, puis pour un temps indéterminé. J’étais folle d’angoisse pendant le trajet. Et à l’arrivée, l’horreur, des gens bizarres partout.

28/12/12
Je me suis faite tatouer Live sur le poignet droit, au départ je voulais le faire sur le gauche mais il y avait trop de cicatrices encore fraiches. Ce tatouage, c’est pour me rappeler que dans les mauvais moments, la vie en vaut quand même la peine et qu’entre en finir et vivre, mieux vaut prendre la seconde option.

30/01/13
Il est 8h et je suis déjà une enveloppe, vide de sentiments et de sensations. Juste une enveloppe avec rien dedans. Tout en moi est mal-être, à vif, comme les coupures que je me fais. Elles cicatrisent, moi non. Je reste avec ma douleur à m’en faire exploser le cœur, qui me pousse à me faire des entailles, toujours un peu plus profondes. La joie de vivre je l’attends, sans plus d’espoir. Je serais seule, sans famille, je pense que je me foutrais en l’air pour en finir pour de bon avec cette blessure à l’air libre que personne ne voit, même quand je ne suis plus enveloppe, même quand je laisse mes larmes couler. Les gens s’inquiètent en voyant mes coupures, mais ce n’est rien ces entailles, par rapport à tout ce sang invisible qui suinte de tous mes pores

06/08/13
Je viens de manger à outrance, je viens de me faire vomir. C’est la deuxième fois aujourd’hui. J’ai l’habitude, j’ai commencé en quatrième, maintenant j’ai 24 ans. C’est venu petit à petit, tracas après tracas. Là, je suis crevée, je me dégoute et je ne comprends pas pourquoi je n’arrive pas à manger normalement.

30/10/13
Ce soir je pleure. j’ai mal au cœur. Mes yeux sont gonflés, je suis fatiguée, vidée. Encore une crise de boulimie, encore ce mal-être cet après midi. Je suis allée au pot de thèse d’une amie. Il y avait des filles en jupe. Des minces, des bien foutues. Et il y avait moi, dans mon vieux pantalon marron, un des seuls qui me va encore. J’ai honte de moi, de ma boulimie, de mon incapacité à respecter mes bonnes résolutions. Il y avait de la nourriture, je lorgnais dessus. Je suis partie avant d’en prendre une miette, puis deux , puis trop. Le cœur lourd. J’ai promené mes deux petits chiens, il faisait noir et froid, j’étais seule et j’ai pleuré encore.
Ce soir je suis une jeune fille de 24 ans, plutôt belle et intelligente, complexée, qui fait une dépression et de la boulimie vomitive et qui n’arrive pas à s’en sortir malgré la psychothérapie et les médicaments. Alors oui, ce soir, je pleure.

Mon corps mon ennemi de tous-jours

yeux

La première fois que je l’ai perçu comme étant quelque chose d’étranger à moi, j’avais à peine huit ans et je venais de subir les assauts dégoulinants d’un cousin tout juste pubère. Me sentant sale et coupable, je me suis réfugiée dans la nourriture, prenant l’habitude en rentrant de l’école, de m’enfiler des gâteaux comme j’aurai accumulé des perles sur un collier. Je suis ainsi entrée dans l’âge ingrat avec le physique assorti, attirant sur moi des regards pas bienveillants pour un sou. Je me détestais d’être différente et je haïssais cette carcasse qui me servait de corps et que je considérais comme traître! Je suis tombée dans l’hyperphagie comme dans un puits sans fond et j’ai continué à grossir. Une dépression et des souvenirs d’inceste refoulés plus tard, je n’ai plus eu qu’une idée en tête : me punir, me détruire et même m’anéantir! Je n’ai plus du tout habité mon corps dont je me servais comme d’une arme que je retournais contre moi : un suicide à petits feux… J’ai enchaîné les relations avec de pauvres types qui ne me demandaient rien d’autre que d’écarter les cuisses ; je me suis offerte comme paillasson et pendant un temps, j’estimais ne rien pouvoir espérer d’autre… Un jour pourtant, j’ai eu le sentiment que je perdais le contrôle et le dégoût était devenu si fort que je suis tombée du jour au lendemain dans l’effet inverse : l’abstinence. Plus question que quiconque ne me touche… et pour tenir, pour résister à la frustration puisque ma sexualité avait été plutôt compulsive, je me suis mise à m’auto-mutiler. Au début, c’était léger, indolore et épisodique mais très vite, c’est devenu quelque chose d’incontrôlable, un rituel froid et mécanique, de plus en plus souvent et de plus en plus fort. Je voulais me faire mal mais surtout ressentir quelque chose, moi qui me sentais tellement vide! Je crois que dans le fond, je cherchais à réveiller la partie morte de mon être…

Aujourd’hui, mon IMC dit que je suis obèse et mon enveloppe corporelle porte les traces du sang que j’ai fait couler pour toutes les larmes que je ne parvenais plus à verser.

Je ne m’aime toujours pas et je me sens encore détachée de mon corps, la seule chose que je tolère dans mon aspect extérieur, c’est ma paire d’yeux, mais j’apprends petit à petit à me pardonner : j’ai enfin assimilé que je n’étais pas responsable des actes de mon géniteur. J’expérimente depuis peu l’indulgence envers moi-même et si le chemin reste long, je m’accroche! Il paraît que ça en vaut la peine…

Jx

« Comme les yeux savent parler quand il n’y a plus de mots. » Francine Ouellette

Plaire toujours plaire…

plaire

Je en sais plus vraiment comment j’en suis arrivée là. Comment j’ai pu aimer mon corps mais le détester à ce point. Comment j’ai pu croire qu’un jour il me laisserait en paix.

J’ai toujours eu cette impression, que mon corps et mon esprit n’étaient pas fait pour (sur)vivre ensemble. Je n’ai jamais vécu de traumatisme particulier, jamais été en manque d’amour de mes parents. J’ai été une enfant gâtée toujours un peu plus. J’ai toujours été bonne élève avec des résultats scolaires élevés. Pourtant j’ai toujours détesté l’école d’ailleurs je n’y vais plus. L’impression de ne pas être à ma place peut être.

Petite, j’étais de nature très timide et réservée et je ne parlais pas beaucoup. C’est en troisième que tout à dérapé, que j’ai commencer à haïr ce corps à la fois trop vide et trop plein. La nourriture pour le remplir encore et toujours plus, les vomissements et les mutilations pour le vider. Lui faire du mal pour tester ses limites, pour voir quand il craque dans l’espoir qu’un jour il me dise « stop ».

Des marques que j’ai tant aimées et tant détesté à la fois. Que j’ai regretté en me disant « Mais qu’est ce que tu as fait ? Regarde toi tu es devenu laide ». J’ai un physique enviée de plusieurs mais toujours cette peur d’être moche et de ne jamais plaire. Mais ces marques sur mon bras, mes chevilles, mon seins et mon pubis je les aiment. Je les aiment parce qu’elles font parti de moi. Parce que chacune d’elle veut dire « Regarde c’est toi qui à fait ça, c’est ton corps a présent ». Cette envie de m’approprier ce corps toujours plus grande. L’envie de le marquer, de le trouer partout. De lui montrer que c’est moi le maître du jeu. Mais non le maître ce n’est pas moi : « tu te fera des piercing à tes 18 ans quand tu ne sera plus sous notre responsabilité ». Cette impression que mon corps appartient à mes parents, qu’ils me possèdent.

Premier rapport sexuelle à 15 ans avec un garçon que je ne connaissait que depuis 2 heures. Pourtant j’avais un copain. Pourquoi ? Me direz vous. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait avec son copain ? Parce qu ‘il ne pouvait pas. Il devait se faire opérer mais n’a jamais voulu en parler à ses parents. Comment j’aurai du le prendre ? Je voulais offrir ma première fois a cette homme, lui offrir mon corps. J’ai eu l’impression qu’il ne voulait pas de moi, que si il ne faisait pas l’effort dans parlez c’est que cela ne l’importai pas.

A partir de la, l’envie de plaire, de séduire est devenu omniprésente. Et cette quette de perfection toujours plus poussée à l’extrême. A 16 ans maintenant, j’ai eu une histoire de cul avec une dizaine de garçons. Je n’ai fait l’amour qu’avec deux. Toujours plus envie de leur montrer ce corps « parfait », ce corps qu’ils aiment tant. « Tu n’es qu’une barbie avec la tête vide ». J’aurai voulu lui répondre « Je sais maman, mais l’on ne m’aime que pour ça ». Combien de ces hommes a vraiment cherché à me connaître ? Très peu. Il y avait maintenant MOI et LUI. Les garçon ne faisaient attention qu’à LUI.

Baiser, encore et encore, comme si on allait oublier, comme si avec ça le mal allait disparaître. Je n’ai jamais rien ressenti en faisant l’amour. Des fois j’ai même souhaité pour que ça s’arrête ne disant jamais que j’avais mal. Ils seraient déçu que ce corps si beau ne ressente rien. Incapable de dire non de peur de perdre l’amour d’hommes qui au fond ne m’ont jamais aimé.

Et ce besoin inassouvi de plaire à n importe qui. En fermant les yeux on oublie vite ce que le fait. On se plonge dans ses pensées en attendant que tout ça se termine.

Mais maintenant mon corps me lâche. Affaibli par tant de colère, de haine et de tristesse. Maintenant qu’il ma trop fait souffrir il me laisse m’abandonne. Lui ma seul armure qui laisse mon MOI à vif. La fatigue tout le temps à mes cotés …

Un jour lui et moi nous ne ferons plus qu’un et l’espoir renaîtra dans mon cœur froid.

Je crois que j’ai besoin d’aide

7
Aujourd’hui, mardi 30 juillet 2013, je tombe par inadvertance sur ce blog, je me dirige directement dans la rubrique « Viols », j’ai lu tous les articles, tous sans exception, c’est horrible. Je lis, et je pleure, je ne cesse de pleurer. Je prends conscience de chercher celui qui me correspond le plus en définitive. J’ouvre « TextEdit » et je décide d’écrire, peut-être qu’en l’écrivant j’arriverai à vivre en paix avec ceci :

J’ai bientôt 20 ans, je suis ronde et je déteste mon corps et j’ai couché avec 110 mecs différents, je trouvais ça normal.
Le fait de manger beaucoup ? J’avais faim.
Le fait de coucher avec pleins de mecs ? J’aime juste séduire et changer.
Le fait d’aimer dominer les hommes ? C’est mon caractère.

Tout faux, j’avais tout faux.

Lorsque mon grand-père est décédé en 2009, j’étais au téléphone avec ma soeur lorsqu’elle m’a dit : « De toute façon il avait des choses à se faire pardonner. », Je la questionne, elle m’avoue des attouchement mais je sais qu’elle ne me dira jamais tout. Et là, un tilt dans ma tête, une remonté d’informations que j’avais délaissé remontent à la surface.

J’avais entre 8 et 10 ans, en fait je ne me souviens plus, je sais que j’étais au primaire. Tous les lundis soirs j’allais dormir chez mes grands parents. Ils venaient me chercher à l’école le soir et m’y amenaient le mardi matin, tout se passait très bien. Je dormais avec ma grand mère dans la chambre de mes grands parents et mon grand père dormait dans la chambre de ma soeur. Sauf que ce soir là, ça ne s’est pas passé de cette façon. Je m’étais endormie dans la chambre ou je couchait, ma grand mère assoupie dans le fauteuil devant la télé et d’un coup je me réveille en sursaut, sa bite devant ma tête, proche de ma bouche qui me regarde d’un air pervers en me disant « tu veux toucher ? » Ecoeurer, je suis écoeurer, j’ai envie de pleurer, je me lève, il essaye de m’en empêcher, je cours voir ma grand mère, lui avoue la chose et la réponse fatidique je ne me rappelle plus les mots employés, mais à ses yeux j’étais devenue une menteuse.

J’ai vécu ma vie en annihilant ce souvenir, jusqu’à ce fameux jour de 2009, où j’avouais à ma soeur ce lourd fardeau. Cette dernière qui l’avoua à ma mère, à ma demande.

Ma grand-mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, obligation d’emménager cher moi, je la déteste du plus profond de mon être, je n’arrive pas à vivre sous le même toit. Sans aucune explication, je décide de m’inscrire dans un lycée à Marseille, en internat, passant tous les week-end chez ma tante. Tellement dur de cohabiter avec des gens avec qui l’on a jamais vécu, mais grâce à elle j’ai grandi et pris conscience de beaucoup de choses qui me paraissaient normales mais qui au final ne l’étaient pas :

– depuis cet épisode de mon enfance, je n’ai eu de cesse que de grossir, alternant boulimie et anorexie, avec beaucoup plus de boulimie ;
– j’ai souvent pleuré sans raison ;
– je me suis scarifiée ;
– j’ai touché au sexe à l’âge de 13 ans ;
– j’ai eu mon premier rapport sexuel à l’âge de 14 ans avec un garçon qui en avait 22 ;
– quand mon passé à ressurgi (j’avais 16 ans), le premier mois j’ai couché avec 10 mecs ;
– mon conteur affiche aujourd’hui 110 mecs.

Je me suis donc rendue compte :

– que j’étais boulimique ;
– que j’étais légèrement dépressive ;
– que pour compenser je fais des achats compulsif (mon énorme dressing représente le vide qu’il y a au fond de moi) ;
– que depuis ce jour j’ai abandonné l’idée de travailler à l’école (je viens de louper une deuxième fois mon bac S)
– que j’aimais prendre les mecs et les jeter comme de vulgaires chaussettes pour montrer le dessus que je n’ai pas eue lorsque j’étais petite ;
– que je m’attachait à quiconque me portait un peu d’attention
– que je ne supporte plus ce corps qui pour moi représente ma seule existence pour les hommes

Je pleure en écrivant ceci, je n’arrive pas à guérir, j’espère le pouvoir un jour. je me sens tellement mal, ce corps me fait mal, et ce qu’il contient aussi, je ressens souvent l’envie de mourir.
Je crois que ça fait du bien d’écrire, mais je ne veux pas le relire.

A ce qu’il parait : « Pardonner ce n’est pas oublier. C’est accepter de vivre en paix avec l’offense. »
Je crois que j’ai besoin d’aide.