A qui la faute?

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Comment je peux raconter ça, comment je peux décrire ça, en sachant que j’ai tous les symptômes, tous les signes d’ « après » mais pas de souvenir d’un événement déclencheur précis…
Le souvenir le plus ancien que j’ai, c’est mon père dans la salle de bain, le sexe en érection (je ne le savais pas à l’époque, je l’ai compris lorsque j’ai vu celui de mon premier petit ami) me disant : ça c’est quand papa a envie de faire pipi…
J’ai le souvenir d’avoir raconté ce souvenir à mon petit ami de l’époque, le premier, premier tout. Mais je n’ai plus vraiment d’image de ce souvenir. Je me souviens avoir compris l’état de son sexe à ce moment-là, car à l’époque je ne savais pas et on ne m’a jamais expliqué grand-chose à ce sujet ensuite… Je me souviens donc que ce petit ami m’a dit alors, oui c’est vrai que quand on a envie de faire pipi fortement, on peut être un peu en érection… ça ne semblait pas anormal selon lui, ni au petit ami suivant d’ailleurs.
J’ai mis 1 an avant d’accepter de faire l’amour pour la première fois avec ce garçon, j’avais 15 ou 16 ans. J’avais peur de la pénétration, une peur de l’inconnu pure et simple peut-être. Je l’ai fait, ça a été un peu douloureux après, comme un bleu.
Nos ébats étaient toujours formidables, nous découvrions ensemble la sexualité. Et puis j’ai arrêté de l’aimer mais je n’arrivais pas à le lui dire, trop peur de changer la situation, j’avais des crises d’angoisses parfois. Donc je disais oui, alors que je voulais dire non, je me taisais car je ne voulais pas qu’il comprenne que ça n’allait plus pour moi. Que j’allais briser son cœur. Mon corps a parlé à ma place, il se fermait, il n’acceptait plus aucune intrusion. Et puis j’ai finis par lui dire. Nous nous sommes séparés, dans la douleur et le fracas.
J’ai ensuite rencontrée un autre garçon, le parfait gendre, de bonne famille. Il écoute mon récit et me dit qu’avec lui je n’aurai jamais besoin de psy….
Avec lui je fais beaucoup l’amour au départ, j’en avais envie mais pas envie en même temps. Parfois envie au début et plus envie pendant mais CHUUUT… ne blesse personne, ne fait pas de vagues, n’emmerde pas ton monde, ne lui brise pas son plaisir….Et puis peu à peu je me ferme à nouveau, j’ai mal pendant les rapports. Je commence à refuser certains rapports et là commence le chantage, pour qu’en échange d’une pénétration-éjaculation pour lui, je puisse enfin recevoir ses gestes d’affection. Etrange deal, deal destructeur. Car cette personne n’est pas spécialement tendre et ne sait pas gérer son désir, ne sait pas gérer l’intimité, la nudité. Si on est nus, c’est pour qu’il me pénètre, rien d’autre. La sexualité n’est que cela pour lui. J’ai peur de ses gestes, de son désir. Je suis toujours avec une main entre les jambes et sur ma poitrine pour qu’il n’aille pas toucher ces zones-là, car ce sont les seules qui l’intéresse.
Après 3 mois de relation avec lui mon corps me parle de nouveau. Je développe un herpès. Ma vulve est un terrain miné, je la sens comme brûlée, comme passé sous des lames de rasoirs, endoloris et ces boutons me faisant mal, m’empêchant de dormir tellement la douleur est intense. C’est pourtant auprès de lui que je cherche le réconfort. Cette douce absurdité qu’est l’aveuglement de l’amour et de la dépendance affective. Et finalement pas de virus de l’herpès en mon corps. Mon cerveau a créé cela de toute pièce… pour l’éloigner, le dégouter.
Je vais voir un psy pour comprendre ces problèmes. Elle me dit que ça n’a rien d’étrange que mon père m’explique le fonctionnement de son sexe en pleine érection, sous mon nez. La même qui me dit que cet herpès créé de toute pièce semble avoir un impact disproportionné sur ma vie, car j’en parle avec émotion.
Un médecin à qui je parle de mes douleurs lors des rapports qui passe bien plus de temps que de normal à me palper les seins.
Je me cherche une raison à ces douleurs, je suis aveuglé, toujours. Un gynécologue-chirurgien pense que j’ai un endométriose. Après être allé voir par célioscopie, ce n’est pas ça. Je le savais quelque part… Après l’opération sous anesthésie générale, il me dit que vu mon physique je devrais être mannequin… violence supplémentaire, abus de mon corps supplémentaire.
Aujourd’hui je suis avec quelqu’un de patient et à l’écoute mais avec qui je n’arrive pas à dire ce que je veux, car je ne le sais pas. Le lit est un endroit pour moi ou je suis en libre-service, je suis à disposition, je perds toute volonté. J’ai mal durant un rapport sur deux.
J’alterne et j’ai toujours alterné durant mes relations entre des moments d’envie intense mais toujours mêlés de refus et des moments de replis complets. L’envie complète et totale n’a eu lieu que lors de relation courte. Les rapports à long terme créé une relation de possession qui me font perdre mon indépendance, ma volonté, mon autonomie et me dépossède de mon corps, de mes désirs, de ma sexualité.

Je sais que quelque chose ne va pas, quand je lis des récits de femmes violés, je sens un échos en moi, un échos puissant. Lorsque j’entends des récits sur ces sujets, au sujets de femmes dont la volonté n’est pas respectée par un conjoint ou par une figure médicale, par un violeur, je sens une colère sans nom monter en moi, une volonté, une énergie qui me ferait tout détruire sur mon passage pour rétablir la justice et condamner ces comportements.
Je n’arrive jamais à comprendre quand cela à commencé et donc il me semble alors que c’est moi qui ai tout créé…. Moi qui n’ai jamais su m’affirmer… Je ne sais pas, que dois-je faire ?

Célibataire

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Depuis mon premier petit ami, j’ai été très amoureuse, aimée, aimante -et priant Marie-Madeleine à qui beaucoup fut pardonné au motif qu’elle aimât beaucoup.
J’ai découvert mon corps et d’autres, le désir et le plaisir, l’intimité, la réjouissance, le goût et l’odeur, des caresses et des vertiges.
J’aime bien mon corps, et ses quelques détails agaçants sont assez légers pour qu’on cohabite avec bonheur : j’ai chevillée à l’âme une certaine gourmandise pour la vie.

Et puis voilà un an que je suis célibataire, je ne peux plus me souvenir si ça m’était déjà arrivé.
Me passer de sexe n’a pas été si difficile.
Au début.
Et puis les fenêtres ouvertes, les petits déj’ dehors, et ce truc sexuel qui pétille dans la lumière du printemps.

J’ai appris à me masturber.
Je ne savais rien : avoir trois maris bons amants vous apprend d’autres choses.

Je n’ai besoin de rien de plus que d’intimité.
Je ferme les yeux, un souvenir de désir, y prend place et lentement s’y déforme et s’entremêle d’autres émotions en fils crus, poétiques, esthétiques.
Mes mains explorent, reconnaissent et examinent des replis, des collines et des chemins, du chaud de l’humide, du si doux du plus grenu, moiteur et langueur dansant avec les images d’une rêverie décousue.

C’est la genèse d’une explosion intense et surprenante à chaque fois, dont je redescends essouflée, à deux doigts d’éclater de rire, ne faisant qu’une avec mon corps, parfaitement réjouie.

Az

Les barrières du corps

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Comment est-ce qu’on raconte le corps ?
Comment met-on des mots sur des maux ? Comment écrire pourrait suffire pour dire, pour expliquer, pour montrer ? C’est en tous cas un début.
J’ai moins souffert que la plupart des femmes qui ont témoigné ici. Mais je dois parler des barrières de mon corps. C’est nécessaire, je crois.
J’ai 8 ans et je m’assois sur le canapé en demandant à ma mère ce qu’est le sexe. Elle m’explique, elle prend le temps. Ce n’est pas un tabou.
J’ai 11 ans et je tombe amoureuse. Je suis la bonne élève invisible, celle qui n’existe pas. J’aime de loin, cachée derrière mes cahiers et ma frange de petite fille sage.
La vie passe sans encombres. J’ai 15 ans et mes règles arrivent enfin après des mois/années d’attente. Je suis « normale ». Enfin.
J’ai 16 ans et un garçon pose enfin les yeux sur moi. Les mains aussi, au bout de quelques temps. Il est gentil, patient, adorable, compréhensif. On s’aime. On prend le temps. Il a envie de moi. J’ai envie de lui. Dans le lit, au fond de la nuit, sa main glisse jusqu’à mon entrejambe. Lentement, délicatement, amoureusement, il tente de passer mais rien ne passe. Blocage total. Arrêt à la frontière. L’envie est là, le corps ne suit pas.
Le temps passe. Des mois. Des années. On retente. On essaye. On est fatigués. Quand je lui propose d’insister malgré la douleur insurmontable, il refuse. Il a raison. Je consulte un gynéco. RAS. Tout va bien. « La première fois ça fait un peu mal, c’est normal. » On ré-essaye. On est littéralement à deux doigts de réussir mais c’est impossible. C’est une douleur trop forte. C’est plus fort que moi. C’est incontrôlable. Je scrute les sites internet, les forums, tout et n’importe quoi. Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? Est-ce que je suis la seule à être anormalement normale ?
J’ai 18 ans et je comprends. « Vaginisme ». Une fois que le mot est prononcé, plus rien n’est pareil. C’est médical. C’est involontaire. C’est hors de moi. Ce n’est pas « ma faute ». Je subis.
J’ai 19 ans et je consulte un sexologue. J’entame une thérapie. Je progresse un peu. J’arrive à mettre des tampons. Mais sexuellement je suis toujours aussi désarmée. Mon copain est toujours à mes côtés. Il me soutient. M’aide. Me comprend.
Jusqu’au jour où il ne peut plus. Jusqu’au jour où c’est trop lourd à porter. Où ça fait trop longtemps. Il me quitte et j’ai la sensation d’être abandonnée par l’intimité-même.
J’ai 20 ans, un cœur en miettes et un corps bancal. J’ai 20 ans et je suis vierge. Probablement pour longtemps encore. J’ai 20 ans et je vois ma vie me passer à côté.
Lentement j’accepte l’idée de solitude. Je porte ma douleur toute seule. Je porte ma honte toute seule. Je porte mon malaise toute seule. J’en parle à des amies mais qui pourrait comprendre ? Comment expliquer ? On ne peut comprendre que si on le vit. Je lis des mots qui font mal : « psychologique », « faire des efforts », « chochotte », « prude », « responsable ». Des mots qui heurtent mes sentiments. Mon corps m’a abandonnée, je décide de l’abandonner à mon tour. Je ne fais plus les exercices de mon sexologue. J’arrête tout. Quel intérêt, puisque personne n’est confronté à mon problème ?
Puis j’ai 21 ans et je retrouve quelqu’un. Je murmure mon lourd secret tard dans la nuit sous une couette épaisse, avec une porte ouverte pour qu’il puisse s’enfuir. Il ne part pas. Il reste. Il dit qu’il attendra. Qu’il restera. J’ai du mal à le croire mais lui le croit, pour le moment. C’est tout ce dont j’ai besoin.
J’ai repris mes exercices. J’ai recommencé à appréhender mon corps. J’ai recommencé à croire.

 

Ce site est une pépite. Merci. À toutes les filles/femmes qui vivent cela : vous n’êtes pas seules. Personne n’en parle. Beaucoup, même des professionnels, en parlent mal, maladroitement. Mais vous n’êtes pas seules. Nous sommes beaucoup à combattre ce mal intérieur de l’extérieur. Nous ne sommes pas responsables. Nous ne sommes pas douillettes. Nous avons mal. Mais nous nous en sortirons. Ça prendra du temps et de l’argent, ça volera du sommeil, ça mettra mal à l’aise, ça tirera les traits et ça demandera beaucoup. Mais un jour, on en viendra à bout.

CaptainV

Cette douleur constante

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Je suis à bout…
Je ne complexe pas sur mon corps, je ne suis pas en surpoids, je n’ai jamais été violée, on ne m’a jamais maltraitée…
Alors pourquoi se plaindre ?
Parce que j’ai mal. Pas au coeur, pas au ventre, ni aux seins, ni à l’esprit…
J’ai mal dans mon essence même de femme. J’ai mal au Sexe.
Toujours. A chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure, de chaque jour, de chaque mois…

J’ai 19 ans. Je le rencontre à mes 15 ans. Il a 7 ans de plus que moi, il n’ose pas m’approcher. On s’embrasse plus tard. Je m’intéresse à la contraception, et puis, à mes 18 ans, il n’est plus gêné par l’âge, alors, on essaye. Nous sommes vierges.

M’insérer un couteau aurait été moins douloureux. Ca ne rentre pas, de toute façon.
Pendant un an, je prend rendez vous toutes les deux semaines chez mon gynéco qui m’a vu naître. Il est assez brutal durant l’osculation, mais il connait son métier. Il me détecte, au cours de cette année, des mycoses (que je fais à répétition, d’ailleurs, c’est ce qui m’a donné envie d’écrire), des staphylocoques, des mycoplasmes. Je fais des prélèvements qui m’arrachent les tripes. J’ai mal.
En attendant, la pénétration est toujours impossible. Je suis meurtrie de l’intérieur. Pourquoi Moi ?
Entre temps, je vois mes amies, épanouies sexuellement, qui ne me comprennent pas. Une d’entre elle me dit, pour rire, que je suis pourrie de l’intérieur.
Je crois bien que c’est ça.
Puis je découvre le gynécologue remplaçant, qui me détecte du vaginisme. Soulagement intense, on SAIT ce que j’ai. Je peux poser un nom sur ce Mal. Je fais de la kinésithérapie, rééducation périnéale. Dès la première séance, je peux avoir une pénétration.

Mais, insérez-moi un couteau, s’il vous plait. J’aurai moins mal.

Ma première fois, je l’ai eu en décembre 2012. Avant ça, j’ai pu avoir une pénétration non douloureuse. Je ne sais pas comment… pourquoi ça n’a pas duré… ?
Depuis, j’ai mal, toujours. J’enchaîne les mycoses et les IST, je me ruine en huile essentielles et en traitements, j’ai des kystes aux ovaires, une grosse boule dans le sein. Mais tout ça, je m’en fous, en fait. Je ne m’en occupe même pas.

J’ai fait beaucoup de progrès. J’arrive à insérer une coupe menstruelle malgré la douleur, au moins, je n’ai pas de mycose à cause des serviettes et des tampons.

Les médecins ne comprennent pas ma douleur. « Détendez-vous !  » qu’ils disent.

NON. C’est faux. Vous avez tous tort. Vous ne comprenez rien. Absolument rien.

Pourquoi AURAI-JE mal ? Pourquoi toutes ces personnes vivent une sexualité sans problème ? Et vas-y, rajoutez-y une pointe de sècheresse vaginale !
J’ai 19 ans. Je suis jeune. Et pourtant, je me sens vieille, atrophiée de l’intérieur. J’ai un mal physique, que les médecins ne comprennent pas.
Ils s’en foutent.

Maintenant, je parle avec mon ami. Il ne savait pas que j’avais aussi mal. Et il se rend compte que je suis triste. Tout le temps. Et je m’en aperçois aussi. Je pleure tout le temps, je panique pour rien, je n’ai plus aucune confiance en moi.
Je me sens tellement mal pour lui. Il va vouloir partir, trouver du plaisir ailleurs…

Je ne peux plus me battre.
Ca va faire deux ans.
J’ai rendez-vous dans un mois, chez une gynécologue apparemment, très compétentes dans les dyspareunies.
Mais je ne peux plus supporter ces douleurs. Non je ne peux plus… Je pleure sans raison. Je me sens triste, incomprise, solitaire. Les personnes minimisent mon problème. « Ce n’est pas grave, sois patiente, ça passera avec le temps ».
Je ne doit pas connaître tout ça à 19 ans ! Non… c’est une injustice incroyable. Laissez-moi être minable, pathétique, mais ne me laissez pas avoir mal au Sexe. Tout, mais pas ça. Cette douleur est trop intense et trop inhumaine pour être vécue pendant deux ans. C’est déjà beaucoup trop.
Je n’en verrai jamais le bout. J’aurai mal toute ma vie.

Quand vous avez un problème au Sexe, vous avez un problème avec votre Esprit et votre Coeur. Vous ne pouvez plus vivre normalement. C’est l’essence même de la femme. Je ne suis pas un homme, je ne suis pas une femme…

Je suis quoi ?

Aujourd’hui j’ai vieilli

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Aujourd’hui, j’ai vieilli. Je suis ferme, je suis sure . Dure.
Mes mains ont appris à dominer la matière, à jouer avec elle, un combat sensuel.
Mon métier fais de moi une femme solide , à 26 ans.
Oui; aujourd’hui, j’ai vieilli.
12 années déjà qu’il à fallu traverser.
Peccadilles pour quiconque est épargné.
Ce n’est pas mon cas, ca ne l’as jamais été, ou si loin que je ne m’en souviens pas.
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Il a fallu te connaitre toi,
Me laisser manipuler des semaines durant pour avoir l’honneur de prendre ton sexe entre mes reins .
La gueule sur la table de la cuisine, ton infect poids me brisant le dos, et ta voix répétant « non je ne peux pas… »
Bien sur que tu as pu, pas de ça entre nous va, nous n’en sommes plus aux jeux de dupes.
Tu es arrivé derrière ta Princesse comme une Ombre, sans un bruit…
Couilles molles .. Mon violeur est un couard, j’aurai préféré me faire défoncer pour ne pas avoir à te trouver des excuses.
Je ne sais même plus si tu as jouis.
Oui; aujourd’hui, je déteste la faiblesse . Merci, c’est grâce à toi.
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Une victime trouve toujours très vite de nouveaux bourreaux .
Un petit ami qui peut te baiser comme un sac à viande, devant son frère, ses amis… moyennant bien sur un petit peu de « cames » diverses et variées.
Faut pas déconner.
Je n’ai pas 15 ans, je sais maintenant comment me maintenir dans l’oubli.
Au pire, si cela ne fonctionne pas, tu pourras toujours essayer de me battre.
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Déjà deux ans..
J’ai besoin d’aide, il faut que j’en parle. La lame ne suffit plus, le sang versé n’estompe rien.
Un professeur, Vite.
Oui; toi tu as l’air de t’intéressé à moi, tu va m’aider c’est sur .
Je ne peux que me jeter vers cette main tendue.
Ma dernière chance, mon oxygène.
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Ah bon, c’est comme cela? Pourquoi l’alcool? les médicaments? l’ecsta?
Tu veux me caresser ? Certes…Ta langue au fond ou ca fais mal? les pinces sur les seins.. D’accord…
Vraiment, tu es sur? Le scalpel sur ma peau? Ne pense tu pas que j’en ai eu assez ?
… »Non »…
D’accord, continue .
Merci, tu as pris de moi ce qu’il restait pour y mettre le feu.
Merci, Grace à toi, La Folie est mienne.
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Oui aujourd’hui j’ai vieilli,
Déjà douze longues années..
J’ai soignée les chairs, j’ai maintenant environ deux cents cicatrices… Oui, celle que tu vois au travail, dans la rue, dans nos amitiés… Celles qui te font juger .. facilement en plus. Si tu savais au contraire l’effort qu’il m’as fallu pour les faire…
Tu aurais la décence de respecter au moins cela. C’était de ma main, mais c’était de ta faute à toi.
J’ai vieilli oui… et je sais que derrière les yeux noirs tu ne vois pas ce qui est écrit ici.
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Nella.

Intimité, pudeur et respect

Intimité, pudeur et respect

 Premier souvenir.
J’ai 12 ans, je suis en vacances chez ma tante. J’ai de forts maux de ventre, qui me tordent et me font pleurer. En fait j’ai une appendicite mais on ne le sait pas encore. Ma tante décide d’appeler le docteur de garde.
Il arrive, on est dans le salon, il décide de m’examiner. Il me demande de me mettre à quatre pattes pour me faire un toucher rectal. Pour vérifier si il n’ y a pas une occlusion ou une constipation importante à l’origine de mes douleurs.
Je me rappelle de ma tante qui reste dans la pièce, je me souviens de son rire quand le docteur enfile un gant en latex, je me souviens de ma peur et de mon extrême gêne en me retournant, ma tête qui tourne en pensant à des images vues à la télé – ce gant – ce vieux canapé à fleurs qui sent le renfermé, mes yeux qui se ferment, mon visage qui grimace et sûrement une larme ou deux.
Je me retourne, remonte ma culotte, c’est fini.

Deuxième souvenir.
Je dois avoir 13 ou peut être 14 ans. Je suis partie faire du vélo avec ma cousine. J’ai pris le vélo de son père. Je ne suis pas très grande et la barre transversale me gêne. On roule autour de l’étang, la piste est bosselée. Je chute et je me cogne l’entrejambe sur la barre transversale. Très vite j’ai un énorme hématome qui se forme, gonfle et se gorge de sang, juste à l’entrejambe, comme un énorme testicule plein de sang. Ça fait un mal affreux et en plus je ne peux pas marcher sans que ça fasse pression sur l’hématome. Je suis donc conduite aux urgences.

Là bas, dans une salle d’examen, porte ouverte sur la salle d’à côté, bruits du couloir, on m’examine. En été, avec un petit t-shirt et sans bas, on se sent vite nue et vulnérable sur une table d’examen au milieu de toutes ces blouses blanches. Mon vagin de jeune fille nu et souffrant exposé.
Le professionnel de garde n’a jamais vu ça ! Il commente à haute voix son grand étonnement et invite des collègues à venir voir ça. Ça débarque, c’est un peu le spectacle ? Je ne sais plus où regarder, j’aurais bien envie de disparaître tellement j’ai honte.
Je me souviens de mon père qui vient me chercher, et aussi des invités, qui sont, le soir là, à la maison. J’étais tellement gênée que j’aurais voulu être seule et que personne ne sache tout ça.

Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie d’écrire ça mais certaines lectures m’ont fait remonter ces deux souvenirs, qui sont gravés dans ma mémoire et ont marqué mes souvenirs d’enfance, sûrement autant que mon rapport au corps et ma pudeur.

N.

Geste permis

toucher

Ce jour de bonheur, tâché de douleur.

Je l’ai sentit enfoncer ses doigts glacés, j’ai commencé par avoir mal…peut être est ce normal…
Puis la douleur devenait si forte, je ne tenais plus en place !

Elle me répète « je ne trouve aps votre col, je ne trouve pas votre col…ah je ne le trouve pas ! »
Apres 2 grossesses, je savais ce que c’etait un touché vaginal douloureux, je savais ce que c’etait quand la sage femme ne trouvait pas le col ou n’arrivait pas à l’attrapper.

J’etais allongée là, sans défense, les jambes ecartées, quelques larmes… Je ne sentais même plus les contractions, juste cette douleur. Elle m’a arraché, me disais-je.
Quand elle eut enfin trouvé ce fameux col (selon elle), j’ai eu moins mal, la douleur montante s’est stagnée.

Elle a retiré ses doigts violeurs, j’avais encore mal, moins mais la douleur etait présente. « elle m’a tué le vagin »
C est le pire touché vaginale que j’ai eu, le touché violent, le touché violeur. Et j’en ai eu des touchés ! Tous les mois, sur 3 grossesses, comptez les accouchements où c’est toutes les heures…ça en fait des touchés.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, l’histoire fut pire ensuite, cet épisode de mon 3e accouchement n’etait que les prémices de mon calvaire.
2 ans plus tard, en plein traumatisme de cet accouchement inhumain, en plein de doute avec ce premier contact indécent avec mon bourreau… je me rends compte en discutant avec d autres femmes que c’etait bien ça. J’ai été victime d’un decollement de membrane non desiré…victime oui, Avant ça je ne la detestait pas, je la victimisais la pauvre sage-femme qui pensait bien faire, le courant n’avait pas passé entre nous sans doute…

Alors quand je me suis rendu compte de ça, je suis sortis de la salle, j’ai voulut vomir, vomir ma haine, vomir ce viole. Je l’ai detesté, hais, violenté en pensées!

Je me demande encore comment je n ai pas pu lui dire d’arrêter, pourquoi je ne lui ai pas juste dit d’arrêter ça tout de suite, arrêter de me faire mal juste pour des centimetres. J’etais prisonnière de ses doigts, prisonnière de la confiance que j’avais commencé à lui donner à cause de son statut medical.

Pour certaines cela paraît anecdotique, je pense que si la suite n’avait pas été chaotique, cet épisode aurait sombré dans l’oubli…et pourtant personne n’oserait enfouir son doigt au fond du vagin d’une femme sans son consentement, et pour aller plus loin, dans mon cas, dans l’utérus d’une future mère.

Et le Papillon lui dit « tu es intouchable »

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Elle est une maman de plusieurs enfants dont un bébé de quelques mois, une maman en cours de séparation, une maman envahie par des papillons pour un homme et cet homme lui dit « ta maternité te rend intouchable ».
intouchable – intouchable – intouchable – intouchable – intouchable
ce mot résonne comme un détonateur.
Intouchable…
elle aurait aimé que son mari la trouve aussi intouchable cette nuit de septembre. Une fois de plus il rentrait au petit matin, l’odeur qu’il dégageait laissait comprendre ce qu’il avait fait pendant sa soirée. Elle dormait, le berceau dans lequel se trouvait son nourrisson collé contre son lit pour être sûre d’entendre le bébé et pouvoir s’occuper de lui. Elle dormait par tranche de deux heures depuis plusieurs mois, son mari ne l’avait pas regardé depuis des mois, elle dormait… Elle avait pris l’habitude de ne plus l’attendre et de ne plus attendre de tendresse de sa part. Elle dormait, il est rentré, il est venu se coucher près d’elle… et s’est approprié son corps. Elle dormait, il est entré sans une caresse, sans un baiser, sans tendresse ni affection, il est entré. Il est entré sans respect. Il est entré violemment. Elle n’a rien dit, son bébé dormait à côté d’elle. Elle n’a rien dit. Les images se sont accumulées dans son esprit, elle a eu mal, elle s’est rendormie.
Intouchable… c’est le mot qui est venu la rejoindre le lendemain matin et les matins suivants. Elle avait encore mal, elle n’arrivait pas à en parler, elle a enfouit son grand secret tout au fonds d’elle.
Intouchable.
Elle avait eu envie d’hurler ce mot à plusieurs reprises, INTOUCHABLE!
Alors quand le Papillon lui dit « tu es intouchable », c’est la nuit de septembre qui revenue. La colère partie elle se demandait comment redevenir touchable, comment retrouver l’envie d’être touchée, comment sortir de cette prison. Au fond d’elle, même si l’idée lui faisait très peur, elle avait très envie de redevenir une femme. Une femme aimée et respectée.

Coucher avec des individus m’aidait à accepter ce corps

Voici mon corps. Je sais que certaines femmes pourront l’envier cependant, moi, je le déteste.
J’ai 17 ans. Je mesure 147 cm pour 60 kilos. Je me trouve tout simplement énorme, petite, et hideuse. Ma croissance s’est achevée lorsque j’avais 13 ans. J’ai toujours été la plus petite et la plus ronde de ma classe. Je n’y ai jamais vraiment prêté attention et peu de personnes ne me faisaient de remarques sur ma taille ou mon poids. Seuls quelques garçons de mon collège se moquaient de moi mais ça n’avait peu d’importance. Mes complexes se sont intensifiés lorsque mes seins ont commencé à pousser. Ma poitrine a commencé à se développer lorsque j’avais 12 ans. Mes seins ont atteint un bonnet C alors que je n’avais que 13 ans. Un 90C à 13 ans, ce n’est pas évident à porter. Ma taille et mon poids m’empêchaient de trouver des vêtements adaptés à ma morphologie. Chaque tee shirt acheté était soit trop petit au niveau de la poitrine, soit à la bonne taille mais une bonne partie de cette dernière était visible, ce qui attirait le regard de beaucoup de garçons. J’ai perdu ma virginité très jeune, à 14 ans seulement. A 17 ans, j’ai offert mon corps à une dizaine de personnes. Me sentir désirée et coucher avec des individus m’aidait à accepter ce corps que je trouve si repoussant.
Aujourd’hui, en plus de continuer à ne pas vraiment accepter mon physique, je me sens sale, souillée. Je regrette chacune de ces parties de jambes en l’air durant lesquelles ce corps que je déteste tant ne me posait plus de problèmes durant quelques minutes. Je porte cette honte chaque jour de ma vie. J’ai tenté de l’évacuer par plusieurs moyens, en me faisant du mal. Je ne saurais compter le nombre d’heures durant lesquelles j’étais allongée dans mon lit, une lame à la main, en train de me scarifier avant bras, cuisses, pubis, … Je me faisais également vomir. Vomir me donnait la sensation d’être plus propre de l’intérieur mais bien évidemment, il n’en était rien. J’ai honte lorsque je suis avec mes amis. Je ne cesse de penser à leur pureté tandis que je demeure près d’eux, impure.
Ne pas assumer mon corps m’a très vite poussée à faire n’importe quoi pour me sentir belle aux yeux de quelques personnes. Désormais, j’essaie de mieux m’accepter grâce au regard de mon petit ami, qui m’aime pour ce que je suis, et qui regarde au-delà de mon physique et de ma réputation.

Mon corps et sa mémoire

Moi, c’était ma mémoire. Elle n’était plus connectée à mon corps.

On a falsifié ma mémoire, on m’a traitée d’allumeuse, de menteuse.

Lorsque j’avais 9 ans, mon demi-frère a abusé de moi. Je n’ai jamais été soumise, pas plus que timide, je n’ai jamais voulu être une victime, mais parfois, l’adversité est trop forte. Je l’ai dit à ma mère, elle a pâli, elle est partie, j’étais persuadée d’être sauvée. Mais elle n’a rien fait, on m’a accusée d’être fautive, et il a recommencé. Pire, ma mère battue et mon beau-père alcoolique m’ont convaincue que j’étais la source de tous leurs maux. Alors ma mémoire a cessé de m’appartenir : elle est devenue leur propriété, façonnable à souhait.

Je me battais, je lisais, je sortais, je tentais de dénoncer, mais à chaque fois que je me débattais contre les mensonges avec lesquels ont tentait de forcer mon crâne de jeune fille, j’étais punie, embrouillée, on ne me croyait nulle part car ma mère démentait. Je n’oublierai jamais sa plus atroce trahison. J’ai tout raconté (les harcèlements, les intrusions dans ma chambre, les coups qui pleuvaient sur ma mère) à l’assistante sociale de mon collège, qui a convoqué ma mère. Cette dernière est devenue folle furieuse, et m’a forcée à « avouer » à l’assistante que j’avais menti. C’était trop, je crois que quelque chose s’est brisé dans ma raison. Alors j’ai oublié. Tout oublié, purement et simplement.

J’avais oublié, certes, mais mon corps m’avait suivi. Un corps très précoce pour une adolescente, un corps qui ne voulait pas se faire discret. J’étais une enfant sensuelle, je rêvais d’être, plus grande, une fougueuse amante. J’avais soif d’amour. Après avoir croisé le chemin de mon agresseur, tout s’est arrêté, comme une horloge vide. Mon corps avait des années de plus que ma sexualité. Mon mépris pour lui n’avait pas de limites : je voulais être un pur esprit, un être désincarné, dépossédé de ce fardeau sale et douloureux. Je ne savais plus faire la part des choses : les hommes étaient des chiens, mais je méritais qu’on me fasse du mal, j’avais commis quelque chose de grave…quoi ? Je ne m’en souvenais plus…Tout cela se perdait dans les insultes obscènes que me lançaient les hommes, dans la rue, et dans les yeux du garçon qui me tripotait sans cesse au collège. Mon corps n’abritait plus qu’une marée de dégoût, et même lorsque j’ai éclaté la figure du petit pervers, je ne me suis pas sentie plus en sécurité. Tout m’apprenait qu’être une femme c’était ça.

Quelques années après, j’avais fait du chemin. Mon corps était un objet esthétique que j’estimais beau, mais inintéressant, stérile, superflu. Un truc sacrifiable. J’ai rencontré un type bien plus âgé que moi au cours d’une soirée entre amis. Je me suis réveillée lorsqu’il avait sa main sous ma culotte et qu’il se pressait contre moi. Paralysée, muette, je me suis rappelée de tout. Je suis partie de courant. Et l’idée a germé en moi qu’il fallait que je sacrifie ce corps. S’il était si désiré, et que j’en souffrais, je devais m’en débarrasser. Je suis sortie avec ce même type, et j’ai failli mener à bout cette horrible idée. Mais au dernier moment, je me suis révoltée, j’ai cru que j’allais vomir, imploser, que j’allais décapiter l’homme qui se trouvait dans mon lit ! Je n’étais même pas terrifiée, j’étais trop fébrile. J’ai réalisé que je me devais ce respect, que je me devais d’être ma propre amie. J’ai imaginé ce que je dirais à ma fille si elle se trouvait dans la même situation que moi. Je n’ai pas couché avec lui. Je me suis figurée en guerrière fière, indépendante, et j’ai compris que je devais partager mon amour et ma compassion avec mon propre corps. Petite, j’imaginais que j’étais Lili la Tigresse, dans Peter Pan.

A peine quelque semaines après ce déclic, j’ai rencontré celui qui est aujourd’hui mon fiancé, et j’en suis tombée amoureuse. J’étais terrifiée. Je voulais tout lui donner, mais j’avais l’impression que mon corps était souillé, véritable ruine.

Il a tout aimé chez moi. Même mon sexe que j’avais toujours évité de regarder, même mes grains de beauté, même mes regards un peu moqueurs, même ma réticence à être touchée. C’est moi qui suis venue vers lui, c’est moi qui ai initié nos rapprochements à force d’amour reçu. Depuis deux ans que nous nous aimons, ce fut une psychothérapie. A présent, je suis amie avec ma mémoire ainsi qu’avec mon corps, je sais que je mérite d’être aimée, je sais qui sont les coupables – et que ce n’est pas moi. Je me suis réconciliée avec la petite fille passionnée que j’étais.