Je ne pourrais jamais vivre dans ton corps

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J’ai toujours détesté mes seins. Il faut dire qu’avoir un 90C à l’entrée en 6e, et faire une tête de plus que tout le monde, c’est pas forcément simple pour s’insérer dans la société. Alors j’ai fait du basket, et j’ai trouvé pour un temps ma place…
Mon corps a continué à s’épanouir, encore et encore… Ma tête n’était pas prête du tout! Le regard des hommes… Terrible! Le regard pervers des hommes sur la « petite fille » que j’étais, et que je voulais rester… Certains sont allés plus loin que le regard. A 15 ans, un inconnu m’a fichu la trouille de ma vie en me collant une magistrale main aux fesses… je revis encore cet instant avec stupéfaction 20 ans plus tard… Et mon cœur s’arrête de battre une minute. Et je veux fuir. Et me cacher.
A 16 ans, mon entraineur de basket m’a fait du chantage: soit je couchais avec lui, soit il n’entrainait plus l’équipe l’année suivante… Je crois que je n’ai vraiment pas compris sa proposition. Mon père est mort très tôt, et j’ai vraiment grandi dans l’innocence absolue de ce qu’était un sexe masculin et « le sexe » tout court… j’ai du tilter quelques mois ou années plus tard, quand une des filles de l’équipe m’a rappelé qu’un jour nous avions eu un autre entraineur… Ah oui tiens, il ne m’avait pas dit un truc avant de partir? ‘Tilt’
Je me demande aujourd’hui si ma prise de poids à cette époque n’était pas (aussi) un moyen de me cacher de tous ces regards. « Ne me voyez plus, je suis cachée sous la graisse, je ne suis plus désirable ».
Bref… rien de dramatique au final! J’ai lu des histoires tellement plus graves ici, des viols, des incestes, des femmes battues, des enfants réprimés… Rien de tout cela dans ma petite vie.
Le titre de mon témoignage est une phrase très spontanée lancée par ma mère, me croisant nue dans un couloir de notre appartement, quand j’avais 17 ans… Ma mère-belle-mince-parfaite. Cette phrase résonne encore profondément en moi… surtout depuis que j’ai des enfants. Comment peut-on dire cela à son enfant? Une adolescente de 17 ans pourrait presque entendre  » à ta place, je me suiciderais » Ca ne m’a pas vraiment traversé l’esprit, mais j’ai souffert, ca oui.
Ma mère n’a pas été une mauvaise mère, et je pense qu’elle a voulu déclencher en moi un déclic… La seule chose que je pourrais lui reprocher aujourd’hui, c’est de n’avoir pas envisagé autre chose qu’un manque de volonté. Et aussi d’avoir cru qu’être mince était la seule option possible pour être heureuse dans ce monde.
Et si je n’y pouvais vraiment rien? Et si ca ne me dérangeait pas vraiment, de faire 1m, 74 et 75 kilos? Je ne me trouvais pas si mal. Bien en chair, mais bien proportionnée. Musclée. Et ma paire de seins à elle seule comptait déjà pour 3 kilos dans la balance… si j’avais pu l’enlever…
Malheureusement, cette phrase (et surement d’autres éléments) a déclenché le cercle infernal: honte, régime, perte de poids, reprise rapide, régimes, yoyo, remords, haine de mon corps, haine de moi-même de ne pas être fichue de me maitriser, régime etc..
Encore du très classique. Rien de nouveau sous le soleil
Bilan? Aujourd’hui 20 kilos de plus, deux enfants et une jolie bavette.
Etonnamment, depuis que j’ai eu des enfants, je ne suis plus complexée par mes seins. Je pense que l’allaitement y est pour beaucoup. Mes seins, mes énormes seins, ont nourri mes filles pendant leur première année. Ils ont trouvé là leur fonction, leur essence. Je les ai acceptés. Alors que l’allaitement ne leur a pas rendu service… Et pourtant, ils ne me dérangent plus. Ils font partie de moi.
Mon ventre, ma bavette, c’est une autre histoire… Pourtant, ventre nourricier, ventre-maison de mes deux amours pendant 9 mois… mais non. Ce n’est pas toujours si simple.
J’ai beaucoup lu vos témoignages avant de me décider à poster ici. Vous m’avez beaucoup appris sur nous, les femmes, sur moi-même, en tant que femme. J’ai appris, en vous lisant, et parfois avec stupéfaction, que grosses-grandes-maigres ou menues, nous étions toutes névrosées… à différents degrés bien sûr, et sans forcément de connotation malsaine ou maladive. C’est juste un constat. Et une interrogation: qu’est ce qui dans notre éducation commune à toutes, nous femmes de ce monde, si différentes, a engendré ce même rapport au corps, cette horrible besoin de perfection? Ces désordres mentaux, qui nous font nous voir affreuses, d’où viennent-ils? Suis-je inconsciemment entrain de les reproduire chez mes filles? Angoisse…
Une amie m’a décomplexée un jour en quelques secondes: « certaines femmes pèsent un jour 180 kilos, et quand elles arrivent à ton poids après des mois ou des années d’effort, elles se sentent BELLES » wais, dingue… des femmes vivent dans mon corps et se trouvent belle? Intéressant comme concept.
J’ai compris beaucoup de choses sur moi-même depuis que j’ai des filles. Deux filles. Totalement différentes. Et en particulier, dans leur approche avec la nourriture. La première, toujours affamée, très gourmande, même à la naissance, elle buvait systématiquement plus que de raison, pour régurgiter ensuite le trop plein. Elle hurlait sa faim souvent. Ce besoin n’était jamais mitigé, toujours volume au max. Aujourd’hui à 6 ans, on lui met 10 gâteaux devant elle, elle va les engloutir, et en réclamer deux de plus, et me demander ce qu’on mange au diner, inquiète. Ma seconde, sur 10 gâteaux, elle en mangera deux, croquera dans le troisième, avant de le reposer et d’aller faire autre chose. Bilan: 15 mois d’écart, une fait 17 kilos, l’autre 27… J’ai compris grâce à ma deuxième fille que les réactions de ma première face à la nourriture n’étaient pas des réactions normales. Je ne pouvais m’en rendre compte avant puisque ce que vivait ma grande n’était autre que ma propre expérience.
Mon ainée est mon « clone de bouffe »! Mais? Mais? Dans la mesure où j’ai fait tout mon possible pour ne rien reproduire des erreurs qu’auraient pu faire mes parents… Dans la mesure où j’ai consciemment, sciemment, élevé mes deux enfants de la même façon… Mais? Serait-il possible que ce désordre soit autre que psychologique?
Et si? Et si c’était… génétique?
Soulagement: Et si ce n’était pas ma faute? Ce n’est pas ma faute? Le corps que j’habite est celui que m’a légué la nature, pas celui que j’ai monstrueusement créé?
Libération!
A ce jour, j’ai entamé une psychothérapie. J’ai ouvert la porte du cabinet pour une toute autre raison. Mais fort est de constater que si je veux un jour être bien -heureuse!- dans quelque domaine que ce soit, j’ai une montagne à gravir: m’accepter. Accepter ce corps que j’habite. Plus que cela, apprendre à l’aimer! Moi qui ait passé ma vie à me faire une opinion de moi-même en la cherchant dans le regard des autres, aujourd’hui, je dois me voir avec mes yeux, et m’approprier ce que je suis.
Je n’y suis pas encore. Je grimpe le sentier tout doucement. J’ai appris à ne plus dire « la chose monstrueuse » en parlant de mon corps. J’ai appris à ne plus insulter intérieurement les « grosses », les encourageant à cacher leur gras sous de larges vêtements (comme ceux que m’offraient ma mère?) J’ai appris que même les maigres avaient du ventre. J’ai appris qu’en fait, il est anormal de ne pas avoir de ventre.
Et un tilt: ma mère n’avait réellement pas de ventre. Non, pas un trou béant à cet emplacement, mais un ventre creux, jamais proéminent… Ah! Découverte! C’est donc après cela que je cours depuis des années? Mais quelle absurdité!
J’ai appris à toucher ce ventre. Non non, pas en étalant rapidement du gel douche, par obligation d’hygiène, en le frolant à peine, cerveau en mode déconnecté, pour vite le rincer ensuite, ce ventre, et l’oublier jusqu’à la prochaine douche.
Non, le toucher. Poser mes mains dessus. Ressentir. Palper. Pincer. Caresser.
Je réprime le dégout. Je réprime la honte. C’est à moi. Je n’ai pas honte d’avoir 5 doigts à chaque main, je ne devrais pas avoir honte d’avoir un ventre… Compliqué.
Demain je l’accepterai. Peut-être. Surement. J’espère. Je n’ai pas d’autre choix. Je veux être heureuse et épanouie, et mon ventre est ma montagne à gravir pour y arriver. J’y arriverai. Ensuite on passera aux bras, aux cuisses, au double menton. Mais ce sera plus facile. Et ensuite j’irai mieux.
Je sais aussi pourquoi je l’ai tant fait grossir, ce ventre. Ce ventre vide. Vide d’un 3e enfant que je désire tant. Moi qui suis tellement épanouie enceinte. Moi dont la faim insatiable et permanente disparait enceinte. Ne lisez pas ici que je désire un enfant pour les 9 mois de plénitude qui m’attendent. Ce n’est pas ce que j’ai dit. Mes deux merveilles sont la plus grande réussite de ma vie. Mon cœur brule du désir de voir grandir et d’accompagner un jour un 3e merveilleux petit être conçu dans mes entrailles.
Mais enceinte, c’est le seul moment de ma vie ou j’ai une relation saine avec la bouffe. Pas d’envies de sucré ou de salé. Pas de frustration devant un plat de légume. Parfois même, je m’arrête de manger avant d’avoir fini mon assiette. Relisez bien la dernière phrase: oui c’est dingue: je n’ai PLUS faim! Enceinte seulement. Et quelques jours après l’accouchement, je pèse moins qu’avant la conception. Mes démons me rattrapent bien vite ensuite. Mais encore une preuve, si il en faut, que mes « désordres » ne sont pas uniquement psychologiques. Quand la physiologie de mon corps est différente, ma relation avec la bouffe change. En mode « normal » j’ai faim. Tout le temps. Et j’ai peur d’avoir faim. Et je mange pour ne pas avoir faim…
Peut-être bien que je n’y peux rien.
Je ne suis pas coupable!
Et merde, j’y vivais plutôt bien dans ce corps, avant que tu le détestes, maman.

Mon enfer quotidien

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Obèse, 115kg pour 1m61, je suis obèse, difficile a dire, difficile a accepter, difficile a s’aimer…. Je me hais, je hais tout en moi, mes bras, mes jambes, mes énormes cuisses, mes hanches et ce ventre mon dieu ce ventre… Je me hais…. lors de ma quête du corps parfait j’ai testé tous ces régimes prometteurs de kilo en moins, ces médicaments qui vous filent la diarrhée et vous rendent malade….. 10kg de perdu 15 de repris….. La pilule aussi chaque changement ou reprise + 10 kg…….
Puis j’ai eu un entretient psy, je n’ai pas réussi à continuer, trop de choses sont remonté, trop de choses ont était remuer…. J’ai eu mes 2 enfants, 2 grossesses merveilleuses et qui plus et avec une énormes perte de poids 15kg pour le premier et 25kg pour mon second…. Malheureusement tous repris ou en tout cas en grande partie ! Je me hais…..

Je me sens être un «poids » et une honte pour ma famille, pour mes enfants.
Et LUI quand est ce qu’il se rendra compte du monstre que je suis devenue, quand est ce qu’il va ouvrir les yeux et se demander qu’est ce qu’il fou avec une erreur de la nature comme moi…. Quand ?
Ce regard de pitié aussi de ma mère qui se demande toujours ce qu’elle a pu louper alors que sa 2e est fine et magnifique et sportive et……..etc. Mes beaux parents qui me regardent et se demandent aussi pourquoi ? Leur fils vaut mieux que CA non ?!

Toutes ces copines qui se marrent de tout ce que je peux leurs raconter concernant mes soucis, grâces a « l’autodérision » … Oui oui faut pas croire qu’une grosse qui se fou du fait qu’elle soit grosse est une grosse bien dans sa peau…. non loin de la ! C’est une grosse meurtrie, qui en as tellement pris dans la tronche…. des boudins, ta vu ta gueule, grosse vache, tu fais des éclipses…Etc.
Les crachats que l’ont subit enfants, les insultes, les insinuations plus que douteuses sur notre existence….
bref je me hais…..

J’aimerais disparaitre et cette envie de disparaitre et accentué lorsque vient aussi le moment fatal de devoir s’habiller, s’acheter des vêtements, mettre des chaussures…. une paire de botte ? NON pas pour les grosses… Les vitrines de magasins qui affichent : « rassurez vous on va jusqu’au 42 » youhouuu je fais du 52 !
Ou celles qui n’affichent rien mais dont les vendeuses vous regardent d’un air mitiger entre la pitié, la moquerie et le dégoût ! Et quand de temps en temps y en as une qui se croit forte et qui vous balance « si c’est pour vous vous trouverez rien chez nous désolé ! »

Je me hais… Je LE hais……

Ceci est mon corps, qui est pour vous

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 « Ceci est mon corps,qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi ». Ou plutôt,faites cela en mémoire de mon ancien moi.
J’ai longtemps cru que ce corps, cette enveloppe charnelle, cet amas de graisse, ce n’était pas le mien. Mon esprit ne méritait pas ce corps,il ne me correspondait pas. D’ailleurs je parlais de Lui en tant qu’image….Ce n’était pas MON corps, mais mon image…
J’ai longtemps cru que ces maudits kilos, que cette masse immonde était le problème de mon mal être…mon manque de confiance en moi,ce dégoût de moi, ce rejet de CE corps… Je n’avais plus qu’une seule idée en tête : me débarrasser de ces bourrelets encombrants accumulés au cours de mon existence.
J’ai longtemps cru que si j’étais grosse, c’est parce que c’était ma morphologie, ma malbouffe…Mais quelle malbouffe????? Je me privais de tout…D’ailleurs oui, de tout. Bouffe….Loisirs…Plaisir…Amitie…Amour….
J’ai longtemps cru que tout ça, c’était de ma faute. Ma vie n’est que restriction,culpabilité. Et quand je dévie du droit chemin, je me punis.
J’ai longtemps cru que priver mon corps de bouffer allait le faire maigrir. Grossière erreur. Vient mon frigo, vient que je te vide!!!!!! C’est là que la culpabilité arrive….Cercle vicieux. Vient connard de corps. Vient que je te frappe, que je martèle ce ventre de coups de poings. …Vient abruti d’estomac que je te remplisse à nouveau. Tu as voulu bouffer,ben tiens, bouffe!!!!!!!
J’ai longtemps cru que j’allais finir ma vie ainsi. Triste, pas épanouie, grosse et moche….Parce qu’il va de soi qu’une grosse, c’est moche. Et puis une grosse,c’est pas féminin. C’est vulgaire la féminité chez les grosses.
Et puis j’ai arrêté de croire. J’ai commencé à entrevoir…à comprendre. ..à espérer…Je sais ENFIN que ces kilos, je les porte comme Jésus a porté sa croix. C’est la croix de ma culpabilité, la croix de ma honte.
Aujourd’hui j’ai compris qu’il fallait que je me débarrasse de ma culpabilité pour voir ces kilos s’envoler. C’est mon chemin de croix avant ma résurrection.
Viendra le jour où je serais vivante et ce jour là, je serais libre. Libre de vivre sans culpabiliser.

La vérité sort de la bouche des enfants

vérité
J’ai 31 ans, et mon poids, depuis dix ans maintenant, oscille entre 52 et 82 kilos, au gré de mon humeur. Je me suis habituée à ces rondeurs, et je les prends bien : je ne me sens pas tellement complexée, et je ne déteste pas, lorsque je vais aller à la plage, porter des bikinis, mon principal argument quand on me demande si ça ne me gêne pas que mon ventre soit visible étant « Celui qui n’est pas content, qu’il regarde ailleurs ! »
Je ne déplais pas aux hommes, ça aide. J’ai peut-être un petit quelque chose, je ne sais pas. On me drague dans la rue. Et, si depuis trois ans je partage mon quotidien avec le même homme, avant ça, je n’ai jamais manqué d’amoureux, et j’ai même eu une vie plus que légère à un moment donné, et ce quel que soit mon poids. Je pense que les hommes aiment les femmes rondes, quoi qu’ils en disent, et puis c’est tout…
J’ai essayé des régimes, c’est vrai. Histoire de pouvoir m’habiller comme je le voudrais, parce que je suis un peu coquette, et pour avoir la possibilité de porter des talons hauts sans risquer de me péter un genou à chaque pas. Pour des questions esthétiques plus que psychologiques, donc. Mais je n’ai jamais réussi, tout simplement parce que j’aime trop manger, et que me priver de nourriture revient pour moi à me priver de vie.
Donc, tout allait bien.
Jusqu’à… hier, en fait.
Hier, je vais aider une amie enceinte et déjà Maman de deux adorables monstres à monter une armoire, avec mon compagnon et un autre ami. Je cherche du matériel avant de commencer, accompagnée du petit dernier, que je n’ai vu que deux ou trois fois et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Je ne sais même pas quel âge il a, mais vu que sa tête arrive au milieu de ma cuisse quand il est debout, et que je mesure 1m58, je ne pense pas qu’il doive avoir plus de 3 ans.
Je cherche une feuille de papier, et il gigote dans mes pattes en me tournant autour, en chantant et en riant, et je me marre avec lui. Et tout à coup, il se jette contre moi, tend sa petite main vers moi, sur la pointe des pieds, et appuie sur mon ventre en me disant, avec un grand sourire : « T’as quoi dans ton ventre ? »
Moment de stupeur…
Je le regarde, complètement paniquée. D’un côté, des milliers de réponses rigolotes pour enfants me viennent à l’esprit, et je m’apprête à lui répondre « Des pâtes, du chocolat, et du nougat… » ou un truc du genre, mais au même instant la vérité me frappe, et je lui réponds la vérité :  » Rien. »
Il rit franchement, et me dit, sans porter de jugement ni se moquer : « Ah, c’est juste ton bidon, alors ? » et court cherche son une paire de ciseaux pour m’aider à découper des étiquettes, sans plus penser à rien d’autre qu’à aider les grands à faire du bricolage.
Seulement voilà, moi, je reste plantée au milieu du salon, avec les larmes aux yeux…
J’avais bien conscience d’un désir d’enfant, avant ça, quand même, je ne suis pas stupide. Nous en avons parlé, avec mon compagnon, mais il dit que ça n’est pas le moment, que nos situations financières ne sont pas stables, et qu’il attend de voir si ça fonctionne vraiment entre nous, parce que nous avons eu des moments difficiles dont nous nous remettons lentement…
Mais de là à penser que je remplis mon ventre avec, justement, des pâtes du chocolat et du nougat, pour me donner inconsciemment l’illusion que je porte en moi autre chose que seulement moi, et donc du vide ? J’avoue que je n’en étais pas là.
Merci Naïm. Tu ne le sauras probablement jamais, et je n’ai pas encore pris de décision définitive, mais il se pourrait bien que tu sois à l’origine d’un déclic.
Il se pourrait bien, oui, que ta naïve logique d’enfant me permette de perdre ces kilos en trop si révélateurs, ou bien de quitter enfin cet homme qui retarde depuis trois ans le moment de féconder le ventre que je lui offre…

Le contrôle

contrôle

 J’ai l’impression que toute ma vie est régie par ce mot. Il y a deux semaines je croyais que je m’en étais sortie (encore) mais non. Je me suis remise à manger, trop, mal, n’importe quoi . De toute façon si mon assiette contient plus que ce que peut contenir une assiette à dessert j’estime que c’est trop.
Je me pèse tous les jours, voir plusieurs fois par jour.

Je déteste manger si il y a plus d’une personne avec moi dans la pièce.. Voir je ne mange pas du tout. Je panique à la vue d’une grande table quand je sais que je vais devoir m’y asseoir Je mange du bout des lèvres et je me saoule pour oublier que je suis là assise et que tout le monde me regarde… Enfin, je sais bien que personne ne me regarde en fait.. mais si quelqu’un pose les yeux sur moi j’ai juste envie de mourir.

Je déteste mon ventre.. Je déteste mes gros seins qui pendouillent comme si j’avais 50 ans… J’aime qu’ils soient gros mais pas qu’ils pendent comme des vieux gants de toilette. Mes cuisses d’obèse mes fesses pleine de cellulite alors que j’ai 21 ans…
Mais le pire c’est ma bouée… Ce gros truc qui m’entoure et qui est invisible aux autres… Est-ce qu’ils sont aveugles??Moi je vois bien dans le miroir que je suis fat oui je dit fat et pas grosse parce que fat c’est moche ça évoque un gros burger tout gras des frittes qui dégoulinent d’huile. Quelque chose qui vous dégoûte..comme moi.

D’aussi loin que je me souvienne je me suis trouvée grosse.. Je suis devenue hyperphagique (il parait que ça s’appelle comme ça) à 12 ans parce qu’on me martyrisait à l’école parce que mes parents divorçaient et que du coup j’étais seule à la maison à devoir m’occuper de mes petits frères jour et nuit pendant des jours.. Alors je mangeait parce que j’avais faim. Tout le temps. Il fallait que je comble un vide que je ne voulais pas admettre. Il fallait que je sente ce sentiment de chaleur quand j’enfournait des tranches de lards grillé dans ma bouche, que je souris en mangeant des frittes devant la TV cachée dans ma chambre. Je me souviens je terminais les cours à 15h30 et mon objectif était de monter un maximum de nourriture et de l’enfiler en un minimum de temps avant que ma mère ne rentre. Puis supprimer les preuves. Dissimuler mais ne jeter que petit à petit pour ne pas éveiller les soupçons.

Alors bon une telle attitude ne rapporte qu’une seule chose: 23 kg en 10 mois…Puis d’autre et d’autre et on atteint 90kg pour 1m55 Et puis un régime qu’on appellera « ré équilibration alimentaire » parce que « c’est pas vraiment un régime tu apprends juste à manger » et pouf les kilos qui s’envolent je fais 64 kg pour 1m65 ben oui j’ai grandit aussi)c’est pas trop mal je m’aime assez je suis pas trop horrible.. Puis arrive la fac et les kilos encore et les régimes encore et je reperds et je me sens bien mais voilà je ne supporte plus de manger. Aujourd’hui je suis seule je viens de m’enfiler la moitié de mes réserves je pesais 62.4 kg ce matin maintenant je dois être montée à 66.. Je me déteste Je déteste craquer comme ça je suis faible… Pourtant dans 4 kg je serais au poids dont je rêvais quand j’avais 12 ans et que je n’ai jamais atteint…
Je dois y arriver ..mais voilà je culpabilise quand je mange, et je culpabilise de penser ça. Je voudrais manger mais en même temps je trouve que c’est mal. Après tout si j’ai des réserves de gras elles sont là pour partir… ET puis je pourrais peut-être perdre un peu plus descendre à 55kg pour voir….peut-être même un peu plus bas… Si je suis montée dans la case obésité j’aimerais bien savoir ce que ça fait de descendre dans la case maigreur…non non je ne devrais pas penser à ça je sais…
Je devrais me faire soigner…
J’en peut plus…je panique dans les restaurants bondés. Je déteste noël et mon anniversaire et le nouvel an encore plus. Si j’ai un rendez-vous galant je ne mange presque pas pendant les trois jours qui précédent et pas du tout le jour même comme ça je me trouve potable. Je ne suis pas trop dégueulasse… Un peu quand même mais je crois que lui ne le vois pas et puis je me rentre tellement le ventre que j’a l’air normale. Oui je me rentre toujours le ventre dès que je me lève dès que quelqu’un me regarde, dès que je pense à manger.
Aujourd’hui j’ai tellement mangé…mercredi j’ai un rendez-vous..je ne vais pas manger d’ici là comme ça je me sentirais un peu mieux… Et suis dans les bras de ce gars je me sentirais bien je me dirais que je n’ai pas besoin de perdre après tout tout le monde me dit que je suis mince….Et puis dans deux semaines je recommencerait… Je commence même à trouver les filles de la TV grosses…Je commence à lorgner sur les mannequins et les ana… Je me fais peur et je ne sais pas si je me monte là tête ou si noël prochain je le passerais en psychiatrie entourée d’ana en me disant que je suis trop grosse alors qu’il sera évident que je suis bien trop maigre…Mais je ne suis pas maigre là je suis grosse…?Je ne sais pas..je sais que le miroir ne me rends pas la bonne image de moi tout le monde me le dit. Mais je le vois pas ce corps que tout le monde voit , c’est pas moi dedans… Je suis perdue…Comment moi je peut avoir l’impression de faire 105 de tour de taille quand j’en fait 71? (oui je me mesure 4 fois par jour puisque je ne peut pas vérifier dans le miroir)
Je suis fatiguée.

Mais voilà, mon corps je le hais

corps
« Je suis bien dans ma peau, elle est juste à me taille », voilà ce que j’aimerais pouvoir dire, chanter à tue tête, le crier à qui veut l’entendre, mais voilà, mon corp je le hais, j’aimerais pouvoir m’effacer et me re-dessiner, prendre un moule et m’y loger pour ressembler aux autres, à celle que je croise tout les jours, si mince, si belle, si heureuse.

Pourtant je sais que quand on me croise certaines pourraient penser de même que moi, mais pour moi je suis difforme, anormale, trop grosse, trop petite, trop bananle, trop imparfaite …
1 mêtre 67 pour (à vue de nez, la pesée me fait peur) 54 kg, mais le miroir me renvoi un corp qui pèse le double.
De trop petit seins, un ventre trop flasque, et des cuisses … mon dieu des cuisses si énormes que quand je marche je pourrais entendre ma cellulite appeller à l’aide.
Souvent ont pense que j’en fait trop pour me faire plaindre, mais je peut rester de longue minute bloquer devant mon miroir, les larmes aux yeux en me sentant si anormale, en me sentant si malheureuse, comme si le bonheur avait un rapport avec la minceur, comme si si j’arrivais à la taille 34 tout mes soucis s’envoleront, c’est stupide, j’en ai conscience, mais je persiste à le croire, cela fait 16 ans que j’ai un problème avec mon apparence, pré-adolescente c’était « trop maigre, mais si laide … » puis ca c’est transformé en « Si laide et tellement grosse », je ne parle même pas de mon visage, un nez trop large, des lêvres trop épaisse, des yeux trop petit et un strabisme, rien ne va …
Il n’y a pas un endroit que je n’ai pas regardé sans desespoirs, même les veines que je taillaidais plus jeune sont passé dans mon jugement imparfait.

J’ai 22 ans, je suis complexé par l’ensemble de mon corps, même ma personalitées est imparfaite.
Je suis un monstre.

L’enveloppe et sa lettre.

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Rapport conflictuel sans fin. Et pourtant, on devra cohabiter jusqu’à la mort, moi et mon corps.

Tout allait bien dans l’insouciance de l’enfance. Tu joues, tu cours, tu ris,  tu montes aux arbres, tu tombes, tu pleures, tu t’épuises, tu manges de bon appétit, tu dors profondément. Il répond si bien à tes attentes que tu ne lui demandes rien, tu ne penses même pas à lui. Nous ne faisions qu’un.  

Et vient l’adolescence. Il s’amochit, s’encrasse, s’empâte. Les hanches s’élargissent, des boules de graisse informes pointent sous ton tee shirt, ta peau devient granuleuse. Tu perds de ta souplesse. Moi qui faisais si bien le grand écart à la gym… Je deviens plus lourde. J’arrête de manger. Je cours. Je perds peu. Puis je m’en fous, j’achète des vêtements trop grands, je me cache. Des vêtements noirs, en taille 42 alors que j’en fais deux de moins. Mais je m’en moque, je veux être une ombre, que personne ne me voit, disparaître dans les coins sombres.

Et je mange. Je bois de l’alcool pour faire comme mes amis, et je mange du chocolat en masse, la sucrerie du réconfort. Encore. Une addiction. Chocolat, gâteaux, sucre, yaourt, j’adore. Je mastique, je profite à peine, je plonge ma main dans le paquet, je rumine, je déglutis, et je recommence. « Tu as grossis ». Ah oui ? Oui. 20kg. Boum. Je ne les ai pas vu passer ceux la. Les vêtements jadis trop grands sont à ma taille. J’ai 14 ou 15 ans, et je suis en surpoids. Je suis grosse. Je ne m’aime pas.

Je lacère ma peau. Je lui fais du mal à ce corps vu qu’il s’enlaidit autant. Il n’avait qu’à répondre à mes attentes, à mes envies, à mes rêves. Il m’est étranger. On commence avec les ciseaux d’écolière, on finit avec des couteaux de cuisine de la charcutière. Cicatrices au poignet, au biceps pourquoi pas, puis à la hanche et aux cuisses, c’est moins visible. Certaines à l’endroit de la culotte, personne ne les verra c’est sur. Je pleure des larmes de sang. Ma mère, elle pleure aussi certainement. Je me hais. Il n’y a que mon corps que je voulais faire souffrir, pas ma famille qui m’aime tant. Ça dure quelques années puis on arrête un peu, mais la tentation est toujours la, de temps à autre, rarement, je l’ouvre encore cette peau ingrate. Juste pour vérifier que la machine ne se rouille pas.

On se guérit un peu, mais les traces restent, témoignage d’une période noire, cicatrices éclatantes au soleil, prétexte parfait pour le jugement d’autrui qui se moque, lance des regards sombres, parle de pitié. Mais ferme la donc. On continue à manger, on se stabilise dans le surpoids. Oh je ne suis pas si grosse, je ne fais fuir personne, ils sont la les hommes pour venir me gouter, ils ne disent pas non. Certains le font avec douceur, avec amour. Mon corps me plait avec eux. Et d’autres font preuve de maladresse, de bestialité, ils ne voient que la chair et ne daignent pas reconnaître mon esprit. Mes seins, mon vagin me volent la vedette il faut croire. Mes parties triviales, mes parties génitales suscitent un intérêt plus grand que moi !

J’ai 19 ans, j’en ai déjà marre de cette graisse et de ces mecs. Je me mets au régime, durablement pour la première fois de ma vie, et j’arrête de voir ces types. Je perds 12kg. Je mange plus de fruits, plus de légumes, je cours. On me complimente, on me trouve resplendissante. Je me sens mieux, je me sens plus belle. Enfin. Par moment je me permets un peu de chocolat, un peu de noisettes, un peu de gâteau, sans culpabilité, avec le sourire. Et je continue à mincir. Puis je ne mincis plus. Je ne comprends pas, je continue le sport et à manger sainement pourtant. Nous sommes le 30 avril 2013, je ne m’empiffre plus de sucre, je ne me taillade plus, non j’ai trouvé autre chose pour animer cette relation terrible entre mon corps et moi, je vomis. Accroupie près de la cuvette, les deux doigts au fond de la gorge, je titille, j’appuie, je gratte, ça sort. C’est magique. Je me purge, je m’allège. En larmes sous l’effet des contractions du ventre, ma gorge me brûle. Les gestes deviennent mécaniques. Manger quelques excès. S’attacher les cheveux. Boire de l’eau. Sauter sur place. S’accroupir près de la cuvette. Enfoncer ses doigts dans la bouche. Ça vient. Mon nez coule autant que mes yeux, mon haleine pue, mes doigts sur ma langue sont couverts de grumeaux, mais je continue. Je suis pathétique.

La solution est pourtant simple. Je dois partir. « Ailleurs est un mot plus beau que demain » disait Morand, et comme il a raison. Le voyage signe la réconciliation, mes pas me portent jusqu’où je le veux, la fatigue physique m’apaise, on est monté jusqu’à plus de 5000m mon corps et moi. Et j’en suis si fière. Être ailleurs me permet de me distraire, de ne plus penser à ma carcasse. Ne pas la regarder, ne pas lui prêter attention, la traîner tout simplement, sans l’affronter au miroir et aux regards. Dans cinquante jours, je pars très loin, dans les montagnes himalayennes, pendant plusieurs mois. Dans cinquante jours, je vais renaitre et oublier ma prison de chair. Dans cinquante jours, mon être prendra le dessus sur mon paraître. Lui et moi vibrons d’impatience.

L’autre.

Une question d’équilibre ?

globalité-équilibre

Il y a mon corps.
Et puis la perception que j’en ai.
Et puis le rapport que j’entretiens avec lui.

Je me le demande, parfois : tout ceci m’appartient-il ?
Vraiment ?

« Le corps est la prison de l’âme. »
Le corps donc ne compte pas ?

« Une femme doit être mince, jeune, belle. (Mais surtout mince). »
La femme n’est donc qu’apparence ?

« Sois dans la norme, et je t’aimerai. »
Il faut donc se conformer aux… « il faut » ?

Tributaire d’un « héritage corporel » historique, sociétal et familial, conditionnée par tant de messages contradictoires et perméable à ceux-ci, puis-je vraiment affirmer que mon corps m’appartient ?
Aujourd’hui, je me pose la question. Et la réponse est : non.

Lorsque j’étais enfant, mon corps n’était pas un problème. Lui et moi ne faisions qu’un, en toute simplicité.
C’est vers onze ans – débuts et prémisses de la puberté ; premiers complexes – que tout s’est compliqué. Détraqué.
Soudain, mon corps n’était plus moi.
Soudain, mon corps n’était plus sujet, mais « objet intellectualisé » : étudié, observé, critiqué, calomnié, insulté. Haï. Et parfois même nié. (« Ah oui, j’ai un corps. », pouvais-je parfois penser en sursautant de surprise à la vue de mon reflet dans un miroir.)
C’est qu’à la loterie de la génétique, ma famille et la société me firent comprendre que j’avais perdu. De peu, mais perdu. Pas de chance. Petite et ronde, légèrement a/normale, ne me restait donc – selon les messages incorporés – que l’esprit, l’intelligence pour exister. Mon corps, lui qui n’était pas tel qu’il aurait dû être, lui qui n’était pas tel que je le voulais et le rêvais (c’est-à-dire éthéré), devint « cet autre« . Et le dragon (trouble alimentaire, hyperphagie boulimique : un arbre cachant la forêt, forêt constituée d’un problème psychologique plus global) acheva de tout à fait nous séparer, déclencha la guerre.

Il doit y avoir environ trois ans, après une dizaine d’années de violents combats, mon corps et moi avons conclu une trêve. Fragile, délicate. Château de cartes.
Alors, depuis maintenant un an environ, j’essaie de trouver des solutions pour tout à fait nous réconcilier, lui et moi ; signer enfin le traité de paix.
Et c’est, à vrai dire, pour vous parler de cela que j’avais initialement pris le clavier pour écrire ce texte déjà long.

(C’est drôle. J’avais précédemment écrit deux textes pour ce blog. Deux textes que je n’ai finalement pas envoyés mais que j’ai relus, et qui m’ont permis de constater ce qui, dans mon rapport au corps, a évolué, et ce qui au contraire n’a pas changé.)

Non, mon corps aujourd’hui ne m’appartient pas, bien qu’au fil des ans je me sois un peu affranchie de ces héritages encombrants. Oui, même si j’ai fait le deuil de mon corps rêvé, que je ne hais plus le mien et que j’aime finalement assez l’habiller, je suis toujours très complexée. (Peau d’orange, grosses fesses, cuisses larges et épaisses, genoux gras, ventre flasque, bras pendants, et – pire du pire, cauchemar – bourrelets dorsaux : autant de défauts que je pointe dans le miroir.) Et une question, une grande question en tête : en fait, pourquoi maigrir ?
Au cœur de l’adolescence, la réponse était évidente : être mince rendrait ma vie meilleure et je pourrais enfin être heureuse. Mais aujourd’hui, épanouie dans ma vie amoureuse, amicale, sociale, professionnelle, étudiante ; pleine d’envies, d’aspirations, d’ambitions ; bref, aujourd’hui plutôt heureuse, pourquoi vouloir maigrir (au-delà de raisons de santé et de garde-robe)?

Longtemps, j’ai reproché à mon corps de ne pas me ressembler, d’être même mon opposé. Mais il y a quelques mois, j’ai commencé à sérieusement douter de cette impression.
Non, mon corps ne me plaît pas tellement et n’est pas celui dont je rêvais, mais… puis-je vraiment affirmer qu’il ne me ressemble pas ? Je n’ai pas choisit ma morphologie et mes prédispositions génétiques au surpoids, mais dans la marge qui reste (ce qui dépend de moi), mon corps n’est-il pas, bien malgré moi, une vitrine assez fidèle de celle que j’ai été et suis toujours, soit une jeune femme psychologiquement fragile ? L’état actuel de mon corps n’est-il pas, finalement, le résultat – un signe visible et implacable – des conflits intrinsèques qui m’ont tourmentée et me tourmentent encore parfois ?

Peut-être est-elle là, cette solution que je recherche. Peut-être faut-il que je cesse de me percevoir comme un être fait de deux parties, l’une intellectuelle, l’autre corporelle, et de réfléchir en terme d’(in)adéquation entre l’une et l’autre. Puisque de plus en plus, au quotidien, je sens que ces deux parties sont en fait intimement liées, imbriquées, qu’elles s’influencent mutuellement, peut-être faut-il que je me voie comme une globalité.
Alors… si, plutôt que d’agir sur l’une ou sur l’autre de ces parties (corps ou tête), j’essayais d’agir sur… l’ensemble ? Si, désormais, je me concentrais sur… l’équilibre de ce « tout » que je suis ? Que se passerait-il ? Pourrais-je enfin dire « oui, mon corps m’appartient, lui et moi ne faisons plus qu’un. » ?

L’équilibre. (Aequus, égal et libra, balance.)
Oui.
Peut-être est-ce là un bon (et nouveau) point de départ.

Mademoiselle Personne

Mon ventre, ce gouffre à sentiments

ventre

Je ne suis pas bien vieille et pourtant, je me fais l’effet d’avoir une centaine d’années. Alors, pour annihiler cette impression de douleur cumulée et de mort imminente, je renvoie l’image de l’enfant que je n’ai presque jamais été. Car, si je me mets à réfléchir en adulte, que je suis, je ne peux faire face à mon passé, mes manques, mes pulsions…

Enfant, j’ai souffert de l’abandon, puis plus tard, j’ai essuyé trois viols dont une tournante. À cette occasion, j’ai dû sortir « vivante » d’une benne à ordure… À l’heure actuelle, mon corps est mon pire ennemi. Soit je l’ignore royalement, soit je le combats, le martyrise jusqu’à ce qu’il hurle d’horreur et de douleur.
Quand je me vois dans un miroir ou sur une photo, l’incapacité à me reconnaître me laisse perplexe. Parfois, bien maquillée et habillée je puis me trouver jolie, mais cette pensée est vite balayée par la jalousie : je voudrais être cette fille, c’est injuste que je ne puisse pas ressembler à « ça » ! Mon corps et ma tête ne sont jamais accordés. Quand je prends du poids, je me rends compte que je grossis. Ça me gêne, mais, ce n’est pas dramatique. Lorsque je perds du poids et que je me retrouve avec un corps plus proche de mes attentes, quelque chose chute dans ma tête. Je me trouve affreuse, débordante de graisse. Mon ventre devient difforme. Je me dégoûte… Je m’affame alors pendant des semaines, à raison d’une cuillère à soupe de riz, ou un quart de pomme. L’envie de me déchirer, à coups d’ongle et de dents vengeresses, l’intérieur des bras devient viscéral. Puis, c’est là qu’interviennent les hommes…

Mon rapport aux hommes est, au final, assez conflictuel lui aussi. Je ne suis pas devenue hargneuse ou peureuse après les viols. Mais, j’ai développé un besoin envers eux. Je ne me sens exister qu’à travers la sexualité… Au début les hommes ont donné de la valeur à mon corps à travers les billets de banque. J’ai enduré divers mépris et horreurs uniquement pour avoir ses billets, preuve irréfutable de mon existence et de mon intérêt auprès d’eux. Mais, aussi pour avoir la satisfaction de m’en être sorti « vivante ». Le jeu de la roulette russe : tant pis pour moi si… J’ai arrêté avec beaucoup de difficulté et me suis « contenté » des compliments de l’homme qui partageait ma vie. Malheureusement cela sert uniquement pour pouvoir accepter vaguement de cohabiter avec ce corps embarrassant. Et très vite l’idée que, de toute façon, cet homme est aveuglé par son amour et donc, n’est ni fiable ni objectif s’impose irrémédiablement.
Et là, c’est le retour à la case départ d’un besoin de regard pour me sentir vivre. Vivre à travers les compliments des autres, vivre à travers leurs désirs que je ne partage pas mais auquel je me soumets pour, enfin, trouver une explication à mon existence. Avec cette sensation tenace et irrémédiable que, je ne suis intéressante qu’à l’horizontale.

Je voudrais simplement arriver, un jour, à faire connaissance avec moi-même…
Bulle d’Acide

En attendant, je dois vivre avec…

vivre
J’ai découvert ce blog en regardant Les Maternelles…j’ai été intriguée, je suis allée voir..Je n’ai pas été déçue, ce blog est superbe..très belle idée. Je me suis sentie petite à coté de certaines..à coté de leurs témoignages émouvants, poignants.

Mon histoire, elle est simple, elle a commencé vers mes 3 ans, quand j’ai commencé à être malade comme tous les gosses, des rhino, des otites…une hospitalisation en urgence, on m’a opéré des amygdales à vif, sans anesthésie. Une douleur horrible (oui mais non Madame, les enfants n’ont pas toutes les connections, un enfant ne souffre pas…a-t-on dit à ma mère en lui demandant de sortir de la pièce). Sauf que voilà, j’ai arrêté de manger. Et la principale préoccupation de mes parents fut alors : la faire manger, pour qu’elle tienne le choc quand elle est malade !! et là, on imagine la pression…j’étais pas vieille, j’ai peu de souvenir de cet age sauf le fameux « mannnngeeeeee »….

Dans la famille, c’était THE sujet de dispute permanente, la gamine ne mange pas, comment faire pour qu’elle mange ? pourquoi elle mange pas ? personne n’a jamais prononcé le mot car tout le monde l’ignorait : anorexie infantile…un truc de fou !!!

Les années se sont succédées, je mangeais pas mieux. J’étais pourtant pas spécialement mince. A la cantine, j’ai vécu le pire comme le fourrage de tomates dans la bouche. j’ai pas pu les avaler, je ne le peux toujours pas, à presque 40 ans…merci madame la cantinière ! A la maison, j’ai pris des beignes, des engueulades, des punitions…rien n’y faisait.

Et puis un jour, la vapeur s’est renversée. J’ai commencé à aimer le sucré, et a grossir. Et là bizarrement personne n’a rien vu. D’ailleurs quand on regarde les photos de mes 9 ans, personne ne voit mon petit ventre naissant, mes hanches qui s’arrondissent, personne, surtout pas mes parents, mais moi, si, je les vois…

Dans l’année de mes 14 ans, je vis dans un bled pourri de la banlieue parisienne. Je fais de la danse, ma grande passion depuis que j’ai 6 ans. Je sais depuis longtemps que j’en ferai pas mon métier, on me l’a dit dès le début : j’ai pas le profil, je suis trop petite…et maintenant à 14 ans et 10 kg de pris en 6 mois, on me le répète assez, dans cette école qui forme notamment les petits rats de l’opéra. Je me vois bien dans la glace : mon ventre, mes fesses, mes seins…tout est gros, tout me parait gros, tout est moche. j’ai 14 ans, je fais 1m56 et je pèse 62 kg….et pourtant j’entends toujours l’hypocrisie de ma mère « mais non t’es pas grooossseee » et la méchanceté de ma famille « grosse minette » qu’on m’appelle.

J’ai 18 ans tout juste quand je rencontre mon mari. 1m 59 et 57 kg. C’est pas mal, enfin maintenant je dis cela, mais à l’époque je me trouvais tout juste regardable (euh ce serait mon kiff en ce moment !!!). je m’habille comme un sac, mes parents n’ont pas d’argent pour m’offrir de jolis vêtements, je bosse les mercredis, vacances pour arrondir les mois..mais c’est pas pour cela que je m’achète de fringue parce : je suis grosse !!!

et on s’installe ensemble avec mon amoureux, je prend direct plusieurs kilos, car je suis partie de chez moi à 20 ans sans savoir faire cuire un oeuf !! on achète des plats tout prêt, je bouffe pour combler des manques (seule loin de mes parents et sans le téléphone)…quand mon futur époux me demande en mariage, je pèse 64 kg…je réalise qu’à ce point, je n’aurai jamais la robe de mariée de mes rêves. Je vois un nutritionniste et en un an, je pèse 56 kilos….dans ma tête, rien à changer. je ne vois que ce ventre, ces kilos qui n’existent plus…et qui sont pourtant toujours là dans ma tête, je les vois dans la glace aussi d’ailleurs !!

essayage de ma robe, avec mes parents. en entrant dans la boutique, elle m’a tapé dans l’oeil, cette robe de mes rêves. Je la chasse de mon esprit, elle n’est pas pour moi, et comme j’y rentrerai hein ????? j’en essaie une : je commence à ne plus comprendre ce que je vois dans la glace, d’autant que la vendeuse m’a rajouté pleins d’aiguilles dans le dos, elle est trop grande….j’en essaie une autre, elle est belle…wahou…je me reconnais à peine….et puis il y la robe dans la vitrine..je peux l’essayer, je suppose qu’elle n’est pas à ma taille, mais elle est si jolie !!!!

et quand je la passe….ben elle me va comme un gant !!! la vendeuse me précise que c’est un 38…et qu’il va falloir une ou deux retouches, le jupon tourne et le laçage est déjà serré complètement…..je me regarde, je ne réalise pas. à coté de moi, une nana pleure dans la cabine. quand elle passe devant moi, les yeux rougis, elle dit à sa mère « si j’étais pas si grosse, j’aurai une belle robe comme cette fille »….le choc..une personne vient de dire que j’étais mince ! on ne me l’a jamais dit !! je suis mince ????

le mariage arrive…ça fait 6 mois que je vis avec ma balance !! trop la trouille de grossir. Je pars chez mes parents une semaine avant le mariage avec ma balance sous le bras !!! pas confiance dans une autre balance !! et le comble, je me suis pesée le jour du mariage !! oui j’ai osé !! 54.5 !!!54.5 !!! punaise ma robe est trop grande !!!!! mon futur mari manque de faire une syncope en me voyant…mais moi je me suis vue qu’en morceau depuis le matin, je ne sais pas ce que donne l’ensemble.

je me croise dans la glace de la mairie…je ne me reconnais pas, je ne sais pas qui est cette jeune fille au bras de ce jeune homme : punaise, qu’elle est mince, et belle…punaise c’est moi…..

le premier bébé se présente, à peine mariée, à peine enceinte. J’ai 24 ans, 2 ans de régime derrière moi et ce qui devait arriver arriva : je prend 25 kilos !!! je me sens mal, je refuse les photos…une fois bébé né, je stagne à 62 kg et on enchaine sur une deuxième grossesse, je prend alors 12 kg…toujours aussi mal..peu de photos; j’aime pas mon corps de femme enceinte…quelle nouille…

les années passent, je fais le yoyo…57 kilos après un régime hyperpro, je reste ainsi qq mois, et hop, je reprend tout.

et puis 9 ans après mon deuxième bébé, l’envie du troisième nous prend. Je prend 15 kilos mais jamais de la vie je me suis sentie aussi bien !!!! pleins de photos, de tenues collantes, d’heures à caresser ce ventre que j’aime à la folie..je saurai pas dire pourquoi. ce bébé c’est la conclusion de la fratrie, c’est mon bonheur…mais comment je peux expliquer ce que je ressens pour ce corps quand j’ai tant détesté auparavant ?

et deux ans après sa naissance, je pèse 66 kg. j’arrive pas à maigrir, ce corps me répugne…enfin, ce ventre. les seins, je les aime, ils ont pas trop soufferts et je les accepte avec leurs rondeurs, mes fesses, bon ben ce sont des fesses, mes hanches, elles sont rondes certes…mais mon ventre….il est rond de partout, il fait une boule, on dirait que j’attends un bébé ! je pourrai mm passer aux caisses prioritaires !!!

je fais du sport depuis deux ans, alors mon corps a changé certes. il s’est alourdi de muscles, mais je peux pas accepter ce chiffre : 66 kg…et pourtant je fais tout pour ne pas perdre..sorte d’autodestruction. si je savais pourquoi !! enfin si je sais, mais je veux pas me l’avouer. la nature, oui, elle y est pas pour rien. mais le reste. une sorte de vide, de gouffre que je remplis de gras, de sucres, de chocolat…un cercle vicieux : je m’habille pas, je ne trouve rien, mais quand je fais les boutiques, je veux pas essayer…donc j’achète rien de peur de me trouver moche, mais je suis déjà moche avec ce que j’ai…

ce corps, vous le trouverez sans doute pas si mal. oui, j’ai de la chance, aucune cicatrice, aucune vergeture (oui j’ai une peau incroyable !!)…le fait est que moi, je l’aime pas plus que cela. Je voudrai retrouver au moins mes 60 kg. je vous parle pas des dommages collatéraux, vous voyez de quoi je veux parler, vous savez, le conjoint qui s’approche le soir, et que vous ne savez comment repousser. c’est pas lui qui vous pose un soucis, c’est vous tout court. comment peut on « aimer » quand on ne s’aime pas ???

comment peut on aimer quand enfant on s’est jamais senti aimée ? quand on s’est juste sentie comme « la gamine qui veut faire chier ses parents en ne mangeant rien !!! »…hein ? comment ?

je n’ai pas la réponse.

en attendant, je dois vivre avec…