La chute

chute rein

Cette chute de reins, la mienne. Le titre de mon post, « la chute », c’est le titre d’un message qu’un homme m’a envoyé une fois, ma chute de reins le rendait fou.

J’ai gagné beaucoup d’argent avec ce corps que je trouve tellement beau. Pourtant il est loin d’être parfait, j’oscille entre le 38 et le 40, j’ai de la cellulite, du ventre, et des cuisses trop grosses qui font que je ne trouve jamais de pantalon confortable.

Et pourtant j’ai réussi à me faire enrôler dans une agence d’escort-girls. Les autres filles étaient d’une beauté hallucinante. C’est terrible à dire, mais je ne retiens que le positif de cette expérience. Terrible, parce-que du négatif il y en a eu (et du genre négatif destructeur et tout et tout), et parce-que le positif est tellement futile. Vivre dans un monde de beauté…… prendre soin de son corps en permanence (lorsqu’il devient outil de travail c’est plus évident)…….. recevoir le coup de fil de la patronne……. vite rentrer chez soi, douche, shampoing, rasoir (ben oui, en dehors des rdv d’escort je n’ai rien d’une coquette), crème hydratante parfumée, maquillage, robe, chaussures à talons, taxi………. arriver dans un hôtel magnifique, se diriger d’un air sur de soi vers l’ascenseur…….. je m’admirais en permanence dans les miroirs. Les hôtels étaient beaux. Tout était beau.

J’étais une étudiante simple à la beauté banale. Sauf que de temps en temps je me faisais surprendre en robe-talons…. « ouah t’es super belle, t’as un rencard ou quoi ?? ». Un tiroir de ma chambre d’étudiante rempli de billets. Billets qui m’ont servi à payer mes études, mais ce n’était pas le but de ma démarche. Les vraies raisons je les ai cernées maintenant, j’ai mis du temps, cette plongée en enfer a été une étape de la prise de conscience.

Oui, je parle de plongée en enfer, je m’en souviens bien qu’il y avait des moments horribles. Mais…. ils se sont amoindris. Ils ont moins d’importance que les autres. C’est terrible la mémoire sélective.

Maintenant j’ai 30 ans, un bébé qui va avoir un an et ne fait pas ses nuits, une cicatrice de césarienne, des marques de fatigue sur le visage. Je change. J’aime le fait d’avoir grandi, je suis une femme, j’ai 30 ans, un enfant, des rides, un métier respecté, j’ai passé un cap. Mais j’ai aussi un conjoint avec qui je ne fais pas l’amour. Qui me voit en pyjama, pas épilée, qui sait que je ne suis pas une princesse. Qui ne se doute pas que j’en ai été une, une princesse belle, brillante, riche, convoitée, qui a fait partie d’un monde de paillettes. C’est dur de ne pas pouvoir en parler, de tenir sa langue en permanence. Ca serait peut-être plus facile de tirer un trait sur cette période si je pouvais en parler. Il se pourrait bien que cet article soit le premier d’un journal intime. Ca fait du bien de parler. C’est lourd un secret.

Selon lui, j’étais pleine de vices

main

yeux

Il y a mes yeux, en amande, d’une couleur ni grise, ni bleue ni verte, un mélange un peu des trois, et variant selon la luminosité mais aussi selon mon humeur. Couleur de la mer quand il fait mauvais, que le ciel est noir et qu’elle semble vouloir se déchainer, se démonter et tout avaler. Ce sont les yeux de ma grand-mère paternelle (que je n’ai que très peu connue) et la yeux de ma « tante » (la soeur de mon père, la fille de ma grand-mère donc, que je n’ai qu’à peine plus connue)
Mais pour mon père, jai les yeux « couleur huitre » ce qui est vachement valorisant quand on y pense.
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Il y a mon prénom…. Syb’ ille… qui rime au collège avec débile….
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Je ne sais plus quand ils ont commencé à faire leur apparition, trop tôt ça c’est sûr, mais j’avais parfois ce que ma mère qualifiait de « tête d’épingle » qu’elle s’évertuait à percer pour les faire « disparaître » mais on sait bien que ce n’est surtout pas ce qu’il faut faire… avec un « C’est rien, ça va passer avec l’âge ». Plus tard, je répétais les mêmes « charcutages » avant de découvrir 30 ans plus tard l’art du camouflage avec du fond de teint. Oui car aujourd’hui j’ai 42 ans (tic-tac, tic-tac), bientôt 43 ans (tic-tac, tic-tac), et non, eh non, ce n’est TOUJOURS pas passé, tu n’es plus là pour que je te le dise en face, mais non, ce n’est pas passé. Alors quoi, il faut attendre que je grandisse encore jusque combien pour que ça passe ? Une dermato m’a gentiment dit que j’avais de la chance, lorsqu’elles seront toutes ridées et toutes desséchées, moi j’aurai une jolie peau. Quelle chance ! Alors je jubile (Syb’ ille jubile) quand je vois une collègue qui d’habitude, en 6 ans que je la côtoie et qu’elle affiche sa peau irréprochable, arbore ce matin un affreux disgrâcieux sur la joue, qui une semaine plus tard est toujours là (gnark-gnark-gnark). Je ne m’appitoie pas sur un jeune dont le visage est ravagé par le travail sourd et muet des hormones… mais je me dis que finalement, ça aurait pu être aussi ça.
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Il y a mon corps, longiligne, sans forme, plat comme une punaise (ça aussi, qu’est-ce que j’ai pu l’entendre ! C’est si mignon une punaise……) tellement plat et longiligne que avec une coupe garçon et les vêtements (recyclage oblige) de mon parrain sur le dos, je me fais traiter de PD … À 10 ans, je ne savais pas ce que cela signifiait, mais je le ressentais comme une véritable insulte, une image vulgaire et sale… qui marque.
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Je me savais aimée, je ne pouvais pas me plaindre, lavée nourrie blanchie comme on dit, éduquée (il fallait filer droit), soignée lunettue et orthodontue, j’avais le sourire d’acier. Rajoutez que j’étais bonne élève et discrète, sans vague, tellement discrète si j’avais pu m’évaporer je l’aurais fait. Alors j’étais la chouchou des profs. Ben oui, des comme moi, ils n’auraient voulu que ça. Rajoutez à tout cela que j’avais 1 an d’avance, merci papa-merci maman ! Quel cadeau : n’être toujours que la plus jeune de toute la classe, quand il y en a qui se retrouvent avoir plus de 4 ans de plus dans la même classe. Quand on est ado (même pré-ado) ce n’est pas un cadeau. Donc en tout ça, je me savais aimée, car du moins pas maltraitée. Mais je ne me sentais pas aimé. Être embrassée, bisouillée, chérie, cajolée, consolée quand j’en aurais eu besoin…. tu parles……
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Je me rappelle au collège les moqueries des autres filles, les moqueries des garçons, moqueries à propos de mes vêtements, de mes lunettes, de mes attitudes gauches, timides, de fille coincée, pas délurée pour deux sous, loin de tout ça, dans ma bulle… comme venue d’une autre planète. Je me rappelle les chaussettes baissées (pourquoi?!??), la jupe relevée pour voir ma culotte, les coups frappés dans le dos pour vérifier si je porte un soutien-gorge… les simulations (parfois pas!) de crachats dans ma capuche, dans mon sac, dans mon dos, sur ma tête. Je me rappelle toutes les manigances pour me voir nue dans la cabine à la piscine ou voir mes fesses dans les wc. Je me rappelle les garçons qui profitent des files d’attente où tout le monde se presse pour monter au réfectoire, ou pour monter dans le bus : ils frottaient leur sexe à moi dans mon dos en simulant des jouissances. Je me rappelle les attouchements sur le sexe au détour d’un pilier dans la cour, sur ma poitrine même pas naissante, des mecs qui se branlent en classe et simulent une jouissance à côté de moi, et les moqueries des autres. Je me rappelle ceux qui venaient me demander des nouvelles de ma chatte, ceux qui disaient qu’ils allaient me violer……. J’ai gardé tout ça au fond de moi. Parce que je n’aurais pas su mettre de mots sur ce qui arrivait et ce que je ressentais… de la peur des autres, de la peur de me montrer, d’exister. Du dégoût et de l’incompréhension. Isolement.
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Mon premier petit copain a été une révélation: on m’aimait ! on me bisouillait, on me câlinait, on me bécottait, on me caressait, on me gâtait, on me comblait…
Et puis il y a eu les autres… et l’autre révélation. On me prenait pour mon corps, et on me jetait sitôt servi….
Période de troubles, de vide, d’anéantissement où je cherchais un sens à la vie, un sens à mon existence, un devenir…. J’ai cherché à me perdre, à m’auto détruire… Alcool, drogues, douces puis dures, mutilations … eux, puisque je n’étais rien pour eux, ils ne devaient rien être pour moi. En tout cas, ils allaient payer… au sens vrai. Descente. Regard sale, vide sur moi. La peur m’a fait reprendre pied, chaque fois. J’ai essayé de me perdre différement, tête brûlée sur la route en moto. Peur aussi là… Escalade, alpinisme, canyoning, ice climbing, je veux me dépasser, dépasser mes limites, toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin… Et me perdre si cela doit arriver. Puis peur, peur de perdre ma fille d’abord, puis peur de me perdre et ne plus être là pour elle…
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Aujourd’hui.
« Telle que tu es habillée, ils te prennent pour une pute ou une danseuse » (comprendre les danseuses nues des bars à filles, ce qui en somme revient au même).
« Les mecs, quand ils te voient, ils ont juste envie de te mettre un coup de bite. C’est ce que tu génères »
« Mais tu es belle, tu es très belle et tu le sais, ne dis pas que tu ne le sais pas »
« Donc ça doit rôder » « Quand ils te voient, s’ils pouvaient se pencher pour regarder ou renifler ta culotte ils le feraient »
« et pas la peine de faire ta tête de pleureuse, parce que évidemmment c’est encore de ma faute alors que je subis »
« Parce que tu es belle et tu t’habilles de manière très particulière moi ça me plait, mais même en France c’était particulier -en l’occurrence au moment de ses propos : jupe crayon en jean, pull noir, bas noir mat, escarpins vernis noirs, sac à main noir et veste longue en cuir. Où est-ce particulier ? Où est-ce vulgaire? c’est classique d’une femme qui va travailler au bureau et oui, j’aime être féminine- « Il y en a beaucoup qui sont habillées comme toi ? » Beaucoup non, mais il y en a puisque je suis dans un milieu de bureau Bref à ce stade de la conversation, si j’ouvre la gu… j’ai un comportement de coupable et non d’innocente, ou je cherche à retourner le truc contre lui. Alors je ne dis rien mais ma tête en dit long sur ce que je ressens mais c’est moi la coupable. J’en suis à un stade où j’ai juste envie de pleurer, j’aurais envie de revenir en arrière, ne jamais l’avoir connu, ne l’avoir jamais suivi ici, que tout s’arrête, qu’il me quitte. Souffrir un bon coup de son absence . Alors je pourrai remettre mes robes, sortir en ville avec ma fille faire les magasins comme on en a envie, visiter et prendre en photo tout ce qui nous plait, aller aux activités qui nous plait, je voudrais pouvoir emmener ma fille à ses cours d’équitation et moi pouvoir suivre des cours de création de vitraux, chausser mes baskets et aller courir. Au lieu de ça, je l’aime, je ne veux pas qu’il nous quitte, je veux une vie commune avec lui dans une maison avec jardin sur l’Ile d’Orléans, je veux avoir un bébé avec lui, il veut un bébé avec moi, nous voulons nous marier. Je regrette seulement qu’il n’assume pas comme je suis et qu’il ne voit le mal (et les mâles !) partout. Alors j’ai peur, faut-il vraiment que nous ayons un enfant ensemble, faut-il vraiment que l’on se marie ? J’ai, je crois la réponse. Il faut vivre les choses, dans tous les cas, pour se dire qu’on l’a fait et ne rien regretter.
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Alors j’ai le coeur serré, je ne sais plus comment il faudrait faire. Je vais en jean au travail, je rase les murs, je regarde mes pieds. Et je voudrais qu’il arrête de dire que je regarde les hommes et que j’aime qu’ils me regardent parce que ce n’est pas vrai. S’il m’arrive de regarder c’est pour me dire que les mecs ici sont gros et qu’ils ne ressemblent à rien. Je rase les murs, je voudrais passer inaperçue. Et si je m’habille en jupe ou en robe avec des escarpins (qu’il nomme talons aiguilles, alors qu’il font 5 cm de haut et pas du tout aiguille) si je me maquille (entendre crayon noir et mascara sur les cils, c’est tout) c’est pour être belle pour moi, avant tout pour moi, parce que déjà que la vie est métro-boulot-dodo-et-ça-recommence si je ne fais pas un effort pour me sentir belle…
Chez moi, manger et me sentir belle est juste une question de me sentir bien dans ma tête.
Et puis si tu savais mon Amour comme j’ai souffert gamine d’être différente des autres, si tu savais comme on m’a craché dessus… Aujourd’hui j’ai juste envie de faire un pied de nez à tous et leur dire que moi je suis fière de mon physique plutôt agréable pour une fille de 40 ans, et j’ai juste envie de m’habiller en femme pour me plaire à moi-même.
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Il ne veut pas que j’aille courir. Car courir, pour lui c’est courir, c’est me montrer, m’exposer, courir après les beaux mâles et pour que les beaux mâles me courent après. (Entre nous les beaux mâles ici au Québec…. ça ne court pas les rues, sans humour !) Courir c’est ouvrir la porte à tous les droits. Impensable. Impossible. Alors que pour moi courir, c’est me lâcher, me défouler, sentir les muscles travailler, me sentir à bout de souffle, tout en écoutant les Black Eyed peas ou Eminem ou les Rage, c’est mon moment de vide et de méditation dans lequel il ne faut surtout pas venir interférer. Courir….. J’en rêve. Rêve simple, non?
Alors comme je ne peux pas courir, alors je descends un arrêt plus tôt du bus, ou je monte un arrêt plus loin pour avoir à marcher un peu, un peu chaque jour, et entre 2 bus, je chausse mes kickers à la place des escarpins pour arpenter les rues entre 2 arrêts de bus. En même temps je traverse Québec du Grand Théâtre au Charest et je prends l’air, je hume la ville, je dis bonjour à un écureuil, je photographie de mes yeux les traces d’un chat, la façade d’une maison, une belle voiture américaine, les façades colorées, le ciel et les nuages qui calvalcadent et caracolent. Et à mon tour je cavalcade et je caracole d’un arrêt à l’autre, ma courte escapade, ma bouffée d’air frais… et je complète en pratiquant aussi souvent que je peux les escaliers de la RAMQ, 5 étages à pied à chaque fois. Et ma fille je ne peux pas l’emmener aux chevaux, alors je suis là pour ses devoirs, et je vais lui apprendre à coudre et à cuisiner. Et à aimer. Et à s’aimer elle.
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Aujourd’hui on est vendredi, casual day, je porte un pantalon trellis couleur vert militaire et un pull noir. « Tu as mis ton pantalon sexy aujourd’hui?… » bis repetita, des fois que je n’aurai pas entendu. Ce n’est pas que je n’ai pas entendu, mais je ne veux pas relever. Ne rien dire, surtout pas de vague, je n’ai pas envie de gâcher ce moment entre nous. On en est qu’au petit dej. Ne pas laisser s’envenimer la situation. Une 3ème fois encore « tu es très sexy avec ce pantalon » puis sur le départ au boulot, lors du baiser pour la journée « et ne te fais pas trop toucher les fesses » comme si c’était dans mes habitudes de me laisser peloter !!!!! Comme si je laisserais quiconque me toucher! encore plus les fesses ! Comme si j’allais au travail pour ça!!! Autant me traiter tout de suite de p… . Merci mon amour, je t’aime. Comme par hasard ce matin tu as oublié ton portable… Hasard qui n’existe pas.
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« Tu te fais draguer! Ne dis pas que tu ne te fais pas draguer! Tu te fais draguer je le sais »… Dire non, c’est faux, c’est avoir une attitude de coupable. Ne rien dire quand ce qu’il affirme et me gueule dessus est faux… pffff. J’ai l’impression d’un cauchemar quand ça commence comme ça, et ça me fait une boule au ventre…
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Comme toutes les femmes j’ai tous les vices. Et je lui sers tous mes vices. Parce que je ne pense qu’à ma trogne et qu’à lui servir mes vices. Vices qui sont gros comme des maisons. Et ma fille (onze ans!) aussi est pleine de vices. Puisque c’est une femme. Pire, parce qu’elle est ma fille. Et que je suis pleine de vices. Lui est sans vice, cela va de soit. Avec le recul, oui prenons du recul, pour quelqu’un qui est dans la construction, lui qui est sans vices (=sans vis) c’est plutôt couillon, non ? bon sauf que lorsqu’il en est à faire le constat que je ne suis qu’une femme pleine de vices, le ton n’est évidemmment pas à la plaisanterie. Il faut savoir une chose, c’est que son ex et l’ex encore avant étaient toutes 2 pleines de vices. Décidément, c’est pas de bol de tomber que sur des greluches pleines de vices…
Mais je l’aime.
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Il y a les Germaines. Elles gèrent et elles mènent. Ce sont les germaines. Il ne les aime pas.
Ma chef s’en va. Ma chef c’est une germaine. On m’a proposé de prendre son poste. « ah ben tu vas en voir des gars! et les déjeuners, et les dîners, et »…. je n’écoute plus. Certes il y aura des réunions en plus. Mais je connais les limites entre le travail et la vie privée, et j’ai une vie de famille.
Je deviens une germaine.
Il me dit qu’il en a marre de supporter tout ça, qu’il ne peut plus supporter, qu’il ne supporte plus, qu’il ne veut plus supporter. Et moi je découvre avec effarement que vivre, aller travailler, c’est insupportable pour lui…. Il m’aime, je l’aime, on s’aime, mais… où est l’erreur?
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J’enrage !!! Avoir tout quitté en France, mon pays, ma famille, mes amis, ma maison, mon piano, ma 207, mon job, mes montagnes, mon petit marché du samedi matin, les croissants tout frais de la boulangerie, …. tout vendu, tout vidé, avoir imposé cette déchirure et cette nouvelle vie à ma fille (et à mon chat) pour en arriver là ?!!!!!??
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Prison dorée qu’est l’amour…
Mes parents m’aimaient à leur façon et me voulaient près d’eux.
Je ne me sentais pas aimée de mes parents alors je suis partie, partie loin, dès que j’ai pu, toujours plus loin. Jusqu’à tout quitter pour le rejoindre,, LUI, lui qui m’aime, qui nous aime. Pour me rendre compte que ceux que j’ai quitté m’aiment mais voilà j’ai tout fait pour vivre avec lui, LUI, et offrir à ma fille une vie de famille.
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J’ai souvent eu l’impression d’un grand VIDE, d’un Grand INUTILE, d’un grand À Quoi Bon. À quoi bon continuer, se nourrir, travailler, se lever … pour quoi pour qui…. Aujourd’hui je sais, j’ai la réponse : pour ma fille. Pour elle, la plus belle, ma chair, ma vie. Pour être là pour elle quand elle en a besoin, dès qu’elle en a besoin. Pour la regarder vivre et la regarder grandir. Pour l’aimer. Pour l’aimer comme moi on ne m’a pas aimé. Pour mon chat aussi, parce que lui m’aime et me poupougne sans condition.
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Il parait que quand on meurt, on n’est plus qu’une âme, une âme errante…. alors je serai libérée de mon corps
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Epilogue : à l’heure de l’envoi de mon mail, IL EST PARTI !!!! J’en suis encore essoufflée, avec mal au dos, tellement de tension et tellement de stress jusqu’à son départ définitif, tellement d’insultes entendues et de crasses subies !…. Mais même pas mal et tellement de soulagement, un gros poids en moins. Les serrures sont changées, et je réaménage notre appart, pour l’effacer à jamais de notre vie, pour en faire un petit nid d’amour pour nous 3, vous l’aurez compris, ma fille, mon chat et moi. UNE NOUVELLE VIE COMMENCE

Gros becs du Québec !
Syb’ ille alias Germaine

La femme que je suis.

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Bonjour a toutes et tous,

Je parcours ce blog de nombreuses fois, j’ai hésité plusieurs fois avant d’écrire… Écrire quoi ? Ma vie banale, je pense. Une vie normale, je crois. Des complexes, une mère trop mère-poule, un père présent mais trop absent, ce qui fait maintenant que je suis un peu parano…

Je ne parlerais pas de mes années collège trop de souffrances, d’attouchements dans des coins sombres, au milieu de la cour… Privation de sorties parce que ma mère ne voulait pas que je traîne les rues, même dormir chez une amie cela m’était interdit… Deux frères derrière moi qui eux ont plus de droits mais bon ce sont des garçons…

15 ans : Le lycée synonyme de liberté, je sèche les cours, je me fait des amis plus vieux qui touchent a l’alcool, aux drogues, un peu de tout… Je découvre le cannabis, j’adore, il ne me quittera plus jusqu’au 23 juillet 2014. L’héroïne que j’adore aussi, la cocaïne, le speed, les ecstas. Je suis avec un mec, le premier, il fait tout découvrir, le sexe, la violence, les insultes, mais ce n’est pas de sa faute il est schizophrène et puis je l’ai forcement cherché…

17 ans : Mon père se pend. Pourquoi ? Une question sans réponse. Je quitte mon copain. Je batifole un peu mais pas vraiment, je suis meurtrie de l’intérieur… Chaque journée est un supplice… Il avait beau ne pas s’occuper de nous, il me manque…

18 ans : Meetic, une rencontre, un amoureux qui me fait oublier un peu ce passé houleux, il a 26 ans. Je vois en lui l’homme de ma vie. Des projets :
mariage, bébés… Une idylle de deux ans… Il rompt sans explications, 9 mois de déprime… Ou je ne suis plus rien.

21 ans : Un autre homme, je crois etre amoureuse, je tombe enceinte, je n’en veux pas mais je le garde pour cet homme qui est si heureux. Une petite fille entre dans ma vie. Je l’aime malgré mon non-desir !

23 ans : Un mariage non réfléchi, a la va vite, et arrive la prostitution dans les bars en Belgique… Mauvaise expérience, heureusement mon ami le cannabis est la et me soutient !

24 ans : Séparation houleuse avec le papa de ma fille, mon mari. De nouveaux amis qui se droguent, LSD, MDMA, speed, ecstas, coke, héro… Je prends tout ce qui passe pour oublier que je suis une mauvaise mère, une mauvaise épouse, je continue la prostitution, pour me droguer, payer mon loyer, ma nourriture. Je vois ma fille une fois par semaine. Pas suffisant a mon goût mais je n’y peux pas grand chose décision de justice, son père a la garde exclusive !

Dans ces nouveaux amis, il y a Lui, l’homme, mon homme qui me redonne goût a la vie, a l’Amour, qui me fait rêver. On est ensemble, on se drogue ensemble mais on perd petit a petit nos amis… On plonge dans la came un temps, on arrête a deux. Mais mon ami canna est toujours la.

25 ans : Je prends une décision qui va changer ma vie, je me range des drogues, l’arrêt du cannabis me fait tomber en dépression, maison de repos, mais Il est toujours la, présent, aimant. Mais lui aussi a des problèmes, une schizophrénie a 22 ans, Il a un traitement a vie. Maison de repos pour lui aussi. On est loin l’un de l’autre. Première séparation on se voit peu mais Il est la, Il m’aime. Je le sais. Mon divorce est prononcé. Je suis enfin tout a Lui.

Ma fille est toujours présente dans ma vie, une fois par semaine et deux fois par semaine en semaine paire. La moitié des vacances scolaires.

A eux deux, Ils sont ce que je suis ! Nous construisons notre vie a deux, a trois… Maintenant il faut un logement, un travail et je pourrais voir ma fille une semaine sur deux.
Pour le moment je me soigne encore psychologiquement et addictologiquement.
Un long chemin. Mais je crois en cette vie meilleure avec Elle et Lui.

Mon ventre, ce gouffre à sentiments

ventre

Je ne suis pas bien vieille et pourtant, je me fais l’effet d’avoir une centaine d’années. Alors, pour annihiler cette impression de douleur cumulée et de mort imminente, je renvoie l’image de l’enfant que je n’ai presque jamais été. Car, si je me mets à réfléchir en adulte, que je suis, je ne peux faire face à mon passé, mes manques, mes pulsions…

Enfant, j’ai souffert de l’abandon, puis plus tard, j’ai essuyé trois viols dont une tournante. À cette occasion, j’ai dû sortir « vivante » d’une benne à ordure… À l’heure actuelle, mon corps est mon pire ennemi. Soit je l’ignore royalement, soit je le combats, le martyrise jusqu’à ce qu’il hurle d’horreur et de douleur.
Quand je me vois dans un miroir ou sur une photo, l’incapacité à me reconnaître me laisse perplexe. Parfois, bien maquillée et habillée je puis me trouver jolie, mais cette pensée est vite balayée par la jalousie : je voudrais être cette fille, c’est injuste que je ne puisse pas ressembler à « ça » ! Mon corps et ma tête ne sont jamais accordés. Quand je prends du poids, je me rends compte que je grossis. Ça me gêne, mais, ce n’est pas dramatique. Lorsque je perds du poids et que je me retrouve avec un corps plus proche de mes attentes, quelque chose chute dans ma tête. Je me trouve affreuse, débordante de graisse. Mon ventre devient difforme. Je me dégoûte… Je m’affame alors pendant des semaines, à raison d’une cuillère à soupe de riz, ou un quart de pomme. L’envie de me déchirer, à coups d’ongle et de dents vengeresses, l’intérieur des bras devient viscéral. Puis, c’est là qu’interviennent les hommes…

Mon rapport aux hommes est, au final, assez conflictuel lui aussi. Je ne suis pas devenue hargneuse ou peureuse après les viols. Mais, j’ai développé un besoin envers eux. Je ne me sens exister qu’à travers la sexualité… Au début les hommes ont donné de la valeur à mon corps à travers les billets de banque. J’ai enduré divers mépris et horreurs uniquement pour avoir ses billets, preuve irréfutable de mon existence et de mon intérêt auprès d’eux. Mais, aussi pour avoir la satisfaction de m’en être sorti « vivante ». Le jeu de la roulette russe : tant pis pour moi si… J’ai arrêté avec beaucoup de difficulté et me suis « contenté » des compliments de l’homme qui partageait ma vie. Malheureusement cela sert uniquement pour pouvoir accepter vaguement de cohabiter avec ce corps embarrassant. Et très vite l’idée que, de toute façon, cet homme est aveuglé par son amour et donc, n’est ni fiable ni objectif s’impose irrémédiablement.
Et là, c’est le retour à la case départ d’un besoin de regard pour me sentir vivre. Vivre à travers les compliments des autres, vivre à travers leurs désirs que je ne partage pas mais auquel je me soumets pour, enfin, trouver une explication à mon existence. Avec cette sensation tenace et irrémédiable que, je ne suis intéressante qu’à l’horizontale.

Je voudrais simplement arriver, un jour, à faire connaissance avec moi-même…
Bulle d’Acide

Ce corps qui porte déjà les marques du temps

Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que  » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.

On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.

Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.

SousTesReins.