Mirroir, mon beau miroir, pourquoi me fais tu si mal ?

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Moi et mon corps, une relation ambigu.
Je n’ai pas dans le souvenir d’avoir vécu une enfance malheureuse. Un papa, une maman, un cadre de famille stable et épanouissant, enfin seulement dans ma tête de petite fille.
Car en réalité, tout n’étais pas aussi beau qu’il y paraissait. En y repensant maintenant, je ne sais pas comment je n’ai pu rien remarquer. Le papa adoré, qui ne peut rien me refusé, n’était pas aussi parfait que je l’imaginais. Des absences de plus en plus fréquentes, des comportements étranges, des mots pas vraiment beaux qui sortent de sa bouche, une odeur forte et désagréable qui me pique le nez quand j’enfouis ma tête dans son t-shirt.. L’alcool.
Jusque là, je ne voyais pas ou était le mal, tout le monde buvait de cette boisson, pourquoi lui n’y aurait pas le droit.
Et puis nous avons déménagé, oh pas très loin de ces habituels point de rendez vous, où il avait l’habitude de se retrouver avec ses amis.
Je grandissais, les choses se dégradaient, papa se montrait plus violent, cette fois avec les mains, les pieds, sur maman, qui n’avait rien demandé et en ma présence ainsi que celle de mon frère. Des cris, des pleurs, des coups..
Pourquoi es tu si méchant mon papa ? Ou sont passé tes câlins et tes bisous réconfortants ?
Infidélité, violence physique et moral, manquement à son devoir de père, divorce annoncé.
Lorsque j’ai de nouveau déménagé, je me suis mise a m’empiffrer à m’en faire mal au ventre, bizarrement cela me rassurait, un manque que j’avais surement besoin de combler. J’étais seule, les moqueries a l’école sur mon physique ont débutées. Mon grand frère s’y mettait a son tour, sans qu’il se rende compte que me traiter de grosse me brisait le coeur.
S’en suivi 1 mois seulement après ma « nouvelle vie », l’hospitalisation d’urgence pour ma mère, gangrène a la main, amputation, mort probable dans la nuit. Mais elle s’est battu, la mort n’a pas voulu d’elle, lui a laissé un peu de répis.. Plus d’un an sans voir ma maman, mal dans ma peau, plus d’appétit, le reflet du miroir me rend si triste, je pleures tous les soirs, assez silencieusement pour qu’on ne m’entendes pas. Je suis si seule.
Mon corps a alors décidé de ne plus savoir avalé, même l’eau m’était pénible a déglutir. J’aurais passé toutes mes années collège à me scruter dans les moindres détails, a calculer le nombres de calories que j’engloutis par jour, pour ne plus entendre le mot « grosse ». Perte de cheveux, perte de dents, plus de force pour faire un pas devant l’autre, l’envie de continuellement dormir et de ne plus se réveiller..
Mon visage ne reflète plus rien, un visage vide sans expressions.
Tous les soirs, je m’infligeais une heure de sport intensif a en avoir le corps brulant de douleur car il fallait que je ressente le fruit de mes efforts. Cette douleur en devenait presque un plaisir. Lorsqu’a 14 ans, je remarqua de la peau d’orange sur mes jambes, je les frictionnais chaque jour si fort que je me retrouvais avec des hématomes, et cela me rassurait..
Torturer mon corps était devenu une habitude, que je ne comptais pas arrêter, car sinon je risquais de prendre du poids, et c’était hors de question. Plus j’avais mal, plus je sentais mon estomac se creuser, plus cela me rassurait. Je n’étais plus que l’ombre de moi même, isolée du reste du monde, sans amis à qui me confier ou qui aurait pu me faire oublier les démons qui me rongeaient. J’avais besoin de me punir, c’était un défouloir. Pourquoi devrais je être heureuse si tout le monde souffre autour de moi ?
Aujourd’hui à 21 ans, , j’essaie tant bien que mal d’oublié cette période même si elle restera ancré en moi à jamais. La peur de grossir est toujours fréquente, mais je ne suis plus aussi excessive qu’auparavant.
L’amour m’a métamorphosé, je commence à gouter timidement au bonheur, à croire en des jours heureux, ma vie commence maintenant.

Sweetrétro

Je deviens normale

Normale
J’avais écrit un premier texte sur le blog il y a quelque temps. « Un corps de mannequin« . J’avais un IMC de 16,9 (donc, maigre). Difficilement, j’avais fini par accepter cette maigreur que je n’avais pas choisi.

J’ai longtemps essayé de prendre du poids, en vain. Petit appétit, petit estomac, vite rempli. Je ne me privais de rien, je pouvais manger des plats caloriques, mais les quantités et la régularité manquaient pour me permettre de prendre du poids. Mon objectif: prendre une dizaine de kilos, être normale, ne pas avoir l’impression d’avoir des carences, être en forme(s).

Après des années d’échec, il aura fallu un déclic tout simple: vivre avec mon amoureux. Il se préoccupe de moi et surveille au quotidien que je mange correctement. Que je ne saute pas de repas, que je ne remplace pas un plat par une sucrerie. Que je n’oublie pas de manger (oh oui, ça m’arrivait tout le temps). Que je mange de manière équilibrée. Et bien sûr, le résultat est là: je prends du poids doucement mais sûrement, environ 1 kg par mois. Sans excès, simplement en mangeant normalement, j’arrive enfin à grossir. Mon IMC est actuellement à 18,6 et je pense continuer sur cette lancée encore un peu, ça me semble très sain. Je continue à faire du sport et à me muscler des pieds à la tête. Je pense être enfin parvenue à avoir une bonne hygiène de vie.

Je suis toujours mince, mais pour la première fois de ma vie, une vendeuse m’a dit cette semaine « Vous êtes une fausse maigre ». Je prends des formes, mes hanches se sont élargies et j’ai des toutes petites « poignées d’amour » que j’aime beaucoup. Je me sens plus vivante, mieux dans ma peau. Tout va bien!

Lena

Je me sens belle

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Mon histoire risque de surprendre, j’hésite depuis plusieurs mois à écrire ici, aujourd’hui je me lance !

Pourquoi surprendre ?

Parce que je me suis toujours sentie grosse, j’écris bien « sentie » car en regardant les photos de moi ado à présent je ne l’étais pas du tout. Je me sentais grosse parce que tout mon entourage autour de moi me le disait, me le criait.

Moqueries, insultes, humiliations, …

J’ai connu la solitude à l’école très tôt, j’ai connu les coups aussi, que je recevais puis que je donnais, seule véritable arme que je connaissais à l’époque pour me défendre, me protéger, me préserver.

Pour survivre.

Oui la cours de l’école est ingrate, les platanes s’en souviennent peut-être, les seules à m’écouter.

Mais pas que, j’ai connu les professeurs humiliants, rabaissant, violents. Ceux qui pensent que s’en prendre à l’élève fragile de la classe pour briller aux yeux des autres est ce qu’il y a de plus courageux. Un professeur me donnait même des gifles en sport. Un autre me traitait de grosse vache devant toute la classe, et je pleurais, et ils riaient.

Durant toutes ces années difficiles, je construisais ma vie seulement en moi, dans ma tête, à cette endroit mes parents étaient réconfortants et doux, mes frères protecteurs, mes professeurs soutenant et mes camarades amusants.

Et puis j’ai pu intégrer un lycée au lycée, à 100km de chez moi, en internat, où j’apprendrais l’Art et peut être même à vivre à l’extérieur aussi.

Je ne connaissais personne là bas. C’est là que j’ai découvert que j’avais un corps.

Je n’existais pas seulement à l’intérieur, dans mes pensées. J’existais aussi avec un corps.

Alors j’ai commencé à le découvrir, me toucher, à me masser, ça à commencé bêtement, j’ai acheté une crème ventre plat et la notice disait masser vous le ventre en faisant des mouvements circulaires matin et soir bon je m’exécute, et là je découvre que mon corps peut ressentir des choses, qu’il est là, qu’il est à moi, c’est le mien !

Grâce à ces petits massages anodins je prends possession de mon corps et je commence à l’aimer.

C’est le début d’une belle histoire d’amour.

Oh elle traverse des tempêtes mais elle perdure.

Aujourd’hui, je suis en surpoids, toujours, mais j’aime mon corps, chaque centimètre de mon corps. J’aime mes vergetures, j’aime mes grains de beauté, j’aime mes bourrelets, mes yeux, ma bouche, mes petites rides qui arrivent, mes sourcils bien fournit, mes poils qui repoussent trop vite, mon sexe, mon nez, mes mains …

J’aime mon corps non pas parce que je suis grosse, je l’aime parce que c’est le mien.

Depuis maintenant plus d’un an j’ai découvert pourquoi j’étais en surpoids, après une importante réforme alimentaire il y a 10 mois environ, j’ai perdu une vingtaine de kilos et je continue de perdre du poids.

J’aimais mon corps avant cette perte de poids, comme je l’aime maintenant.

Je le chouchoute, je le masse, je lui choisi de beaux vêtements, je danse, je vibre dans ce corps que j’ai cru inexistant pendant très longtemps.

Je suis intimement convaincue que la beauté d’un corps réside dans la manière dont on l’habite.

Je me sens belle ! Pour la première fois de ma vie, j’ose le dire ! J’ose l’écrire !

J’ai mis du temps à faire une photo, et puis j’ai décidé de vous montrer ce que j’aimais le plus en moi, ce petit grain de beauté très léger parfaitement déposé sur mon front entre le sixième et le septième chakras. Entre la terre et le ciel, là où je suis, là où nous sommes.

Au doigt et à l’oeil

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« Tu as toujours eu un très joli visage »
« Qu’est-ce qu’elle a de beaux yeux »

Et ça voudrait dire que le reste est tout pourri? C’est du second choix? ça compte pour du beurre?
Je ne crois pas si bien dire, parce que pendant longtemps le reste a été largement débordant, avec des plis… en dedans!
Pourtant, j’aime pas repasser, je déteste les bourre-laids!

Putain de faux plis et de vrai fardeau, une bonne couverture pour les hivers rigoureux, contre les autres dangereux!
Une bonne armure bien dégoutante!!!
Je me suis oubliée; oublié ce corps fardeau, ces jambes poteaux….
Pourtant autant d’auripeaux, tant ils contenaient de peines et de douleurs, de veines et de chaleurs.

Mon corps est un matériau à mémoire de forme, il se souvient ce qu’il était, avant l’oubli.

Il a suffit de se souvenir, pour qu’il retrouve ses formes, mes formes;
pour qu’il passe de la boule repoussoire à la belle calipige,
celle qui fait passer le regard de haut en bas, au doigt et à l’oeil.

Je me présente au monde sans ma couverture bordel!!!
Je suis formidablement moi et je me vérifie, je fais le tour de moi,
au doigt et à l’oeil…
Car je n’en reviens pas de moi et de cette éclosion.

Je me suis fait surprendre par ma légèreté; cette légèreté de l’être
qui s’envole au vent des possibles, comme le papillon vers son étoile…

A tire d’Elle

Non, elle n’a pas été une bonne mère pour moi

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De ce que je me rappelle de mon enfance je n’étais pas une jolie petite fille. Boucles blonde attachées en tresse ou en queue de cheval, yeux vert clair dissimulés derrière une paire de lunette. Une mère qui me trouvait un grand front. Un front énorme. Un gros nez. En forme de figue. Je suis trop maigre. On dirait un squelette. Elle aurait préféré que sa fille soit brune et pulpeuse, comme elle. Après quatre garçons, c’est dommage quand même…
Elle crie beaucoup ma mère. Tout le temps. Elle me stresse, je fais de l’eczéma. Alors j’ai trouvé un masque. Ce masque m’a sauvé. Je ne pleurais jamais, je n’exprimais pas mes sentiments. J’étais une enfant drôle. Mais calme. Je lisais pendant des heures. J’ai toujours eu des amis, beaucoup. Certainement trop. Je me suis toujours demandais ce qu’il me trouvait, pourquoi il voulait rester avec moi.
Ma maigreur inquiète mes parents. Je ne veux plus manger. Ils me forcent, me punissent. Je suis toujours maigre. Rien n’y fait. Je recommence à manger. Beaucoup trop. A m’en faire vomir. Je mange de tout et n’importe quoi, puis je ne mange plus rien. Je ne sais pas manger. A 26 ans, je ne sais toujours pas.
Plus je grandissais, plus la relation que j’entretenais avec ma mère était catastrophique. Elle ne me comprend pas, nous sommes trop différentes. Je trouve toute l’amour maternelle que j’ai besoin chez ma grand-mère . Ma génitrice se rend à l’évidence, et décide de m’empêcher de la voir la plus possible. En cachette, je meurs intérieurement. Je pleure toutes les larmes que contient mon corps frêle et je réapparais tout sourire. Puis l’adolescence paraît. Je ne suis toujours pas désirable. Je rencontre une fille formidable. Elle sera ma meilleure amie. Elle m’apprend à ne plus me taire. Ensemble nous découvrons les magazines de modes. Je m’accroche à ce nouvel hobby de toutes mes forces. . La puberté me fait prendre de la poitrine. Enfin je découvre mon apparence peut plaire. Je libère mes cheveux. Même si je suis toujours aussi mince, je ne veux plus me cacher. Mais les blessures sont là, bien présentes. A l’âge de quinze ans, je trouve l’Homme. Je découvre les papillons dans le ventre, le cœur qui bat à mille à l’heure. Il est beau, il est intelligent, il est drôle. Il n’est pas blessé, sa vie est un rêve. Il m’amène dans ce rêve avec lui. Il m’enserre de ses bras musclés, il me dit que je suis belle, qu’il m’aime. Moi je n’y arrive pas, et pourtant… Il me donne assez de force pour tout dire à ma mère.
Non je ne l’aime pas.
Oui je préfère ma grand-mère.
Effectivement je préfère mon père.
Oui, elle m’a gâchait mon enfance.
Non, elle n’a pas été une bonne mère pour moi.
Aujourd’hui, 11 ans après j’ai un petit garçon de 3 mois avec l’Homme. Le plus beau de tout les bébés. Je suis persuadé qu’il tient de son père, je n’ai pas pu faire un aussi bel enfant… J’essaye de faire abstraction du passé, j’essaye de pardonner.
Je ne ferai pas les mêmes erreurs avec mon fils.
Lui, je lui dirai qu’il beau.
Je lui dirais que je l’aime.

En attendant, je dois vivre avec…

vivre
J’ai découvert ce blog en regardant Les Maternelles…j’ai été intriguée, je suis allée voir..Je n’ai pas été déçue, ce blog est superbe..très belle idée. Je me suis sentie petite à coté de certaines..à coté de leurs témoignages émouvants, poignants.

Mon histoire, elle est simple, elle a commencé vers mes 3 ans, quand j’ai commencé à être malade comme tous les gosses, des rhino, des otites…une hospitalisation en urgence, on m’a opéré des amygdales à vif, sans anesthésie. Une douleur horrible (oui mais non Madame, les enfants n’ont pas toutes les connections, un enfant ne souffre pas…a-t-on dit à ma mère en lui demandant de sortir de la pièce). Sauf que voilà, j’ai arrêté de manger. Et la principale préoccupation de mes parents fut alors : la faire manger, pour qu’elle tienne le choc quand elle est malade !! et là, on imagine la pression…j’étais pas vieille, j’ai peu de souvenir de cet age sauf le fameux « mannnngeeeeee »….

Dans la famille, c’était THE sujet de dispute permanente, la gamine ne mange pas, comment faire pour qu’elle mange ? pourquoi elle mange pas ? personne n’a jamais prononcé le mot car tout le monde l’ignorait : anorexie infantile…un truc de fou !!!

Les années se sont succédées, je mangeais pas mieux. J’étais pourtant pas spécialement mince. A la cantine, j’ai vécu le pire comme le fourrage de tomates dans la bouche. j’ai pas pu les avaler, je ne le peux toujours pas, à presque 40 ans…merci madame la cantinière ! A la maison, j’ai pris des beignes, des engueulades, des punitions…rien n’y faisait.

Et puis un jour, la vapeur s’est renversée. J’ai commencé à aimer le sucré, et a grossir. Et là bizarrement personne n’a rien vu. D’ailleurs quand on regarde les photos de mes 9 ans, personne ne voit mon petit ventre naissant, mes hanches qui s’arrondissent, personne, surtout pas mes parents, mais moi, si, je les vois…

Dans l’année de mes 14 ans, je vis dans un bled pourri de la banlieue parisienne. Je fais de la danse, ma grande passion depuis que j’ai 6 ans. Je sais depuis longtemps que j’en ferai pas mon métier, on me l’a dit dès le début : j’ai pas le profil, je suis trop petite…et maintenant à 14 ans et 10 kg de pris en 6 mois, on me le répète assez, dans cette école qui forme notamment les petits rats de l’opéra. Je me vois bien dans la glace : mon ventre, mes fesses, mes seins…tout est gros, tout me parait gros, tout est moche. j’ai 14 ans, je fais 1m56 et je pèse 62 kg….et pourtant j’entends toujours l’hypocrisie de ma mère « mais non t’es pas grooossseee » et la méchanceté de ma famille « grosse minette » qu’on m’appelle.

J’ai 18 ans tout juste quand je rencontre mon mari. 1m 59 et 57 kg. C’est pas mal, enfin maintenant je dis cela, mais à l’époque je me trouvais tout juste regardable (euh ce serait mon kiff en ce moment !!!). je m’habille comme un sac, mes parents n’ont pas d’argent pour m’offrir de jolis vêtements, je bosse les mercredis, vacances pour arrondir les mois..mais c’est pas pour cela que je m’achète de fringue parce : je suis grosse !!!

et on s’installe ensemble avec mon amoureux, je prend direct plusieurs kilos, car je suis partie de chez moi à 20 ans sans savoir faire cuire un oeuf !! on achète des plats tout prêt, je bouffe pour combler des manques (seule loin de mes parents et sans le téléphone)…quand mon futur époux me demande en mariage, je pèse 64 kg…je réalise qu’à ce point, je n’aurai jamais la robe de mariée de mes rêves. Je vois un nutritionniste et en un an, je pèse 56 kilos….dans ma tête, rien à changer. je ne vois que ce ventre, ces kilos qui n’existent plus…et qui sont pourtant toujours là dans ma tête, je les vois dans la glace aussi d’ailleurs !!

essayage de ma robe, avec mes parents. en entrant dans la boutique, elle m’a tapé dans l’oeil, cette robe de mes rêves. Je la chasse de mon esprit, elle n’est pas pour moi, et comme j’y rentrerai hein ????? j’en essaie une : je commence à ne plus comprendre ce que je vois dans la glace, d’autant que la vendeuse m’a rajouté pleins d’aiguilles dans le dos, elle est trop grande….j’en essaie une autre, elle est belle…wahou…je me reconnais à peine….et puis il y la robe dans la vitrine..je peux l’essayer, je suppose qu’elle n’est pas à ma taille, mais elle est si jolie !!!!

et quand je la passe….ben elle me va comme un gant !!! la vendeuse me précise que c’est un 38…et qu’il va falloir une ou deux retouches, le jupon tourne et le laçage est déjà serré complètement…..je me regarde, je ne réalise pas. à coté de moi, une nana pleure dans la cabine. quand elle passe devant moi, les yeux rougis, elle dit à sa mère « si j’étais pas si grosse, j’aurai une belle robe comme cette fille »….le choc..une personne vient de dire que j’étais mince ! on ne me l’a jamais dit !! je suis mince ????

le mariage arrive…ça fait 6 mois que je vis avec ma balance !! trop la trouille de grossir. Je pars chez mes parents une semaine avant le mariage avec ma balance sous le bras !!! pas confiance dans une autre balance !! et le comble, je me suis pesée le jour du mariage !! oui j’ai osé !! 54.5 !!!54.5 !!! punaise ma robe est trop grande !!!!! mon futur mari manque de faire une syncope en me voyant…mais moi je me suis vue qu’en morceau depuis le matin, je ne sais pas ce que donne l’ensemble.

je me croise dans la glace de la mairie…je ne me reconnais pas, je ne sais pas qui est cette jeune fille au bras de ce jeune homme : punaise, qu’elle est mince, et belle…punaise c’est moi…..

le premier bébé se présente, à peine mariée, à peine enceinte. J’ai 24 ans, 2 ans de régime derrière moi et ce qui devait arriver arriva : je prend 25 kilos !!! je me sens mal, je refuse les photos…une fois bébé né, je stagne à 62 kg et on enchaine sur une deuxième grossesse, je prend alors 12 kg…toujours aussi mal..peu de photos; j’aime pas mon corps de femme enceinte…quelle nouille…

les années passent, je fais le yoyo…57 kilos après un régime hyperpro, je reste ainsi qq mois, et hop, je reprend tout.

et puis 9 ans après mon deuxième bébé, l’envie du troisième nous prend. Je prend 15 kilos mais jamais de la vie je me suis sentie aussi bien !!!! pleins de photos, de tenues collantes, d’heures à caresser ce ventre que j’aime à la folie..je saurai pas dire pourquoi. ce bébé c’est la conclusion de la fratrie, c’est mon bonheur…mais comment je peux expliquer ce que je ressens pour ce corps quand j’ai tant détesté auparavant ?

et deux ans après sa naissance, je pèse 66 kg. j’arrive pas à maigrir, ce corps me répugne…enfin, ce ventre. les seins, je les aime, ils ont pas trop soufferts et je les accepte avec leurs rondeurs, mes fesses, bon ben ce sont des fesses, mes hanches, elles sont rondes certes…mais mon ventre….il est rond de partout, il fait une boule, on dirait que j’attends un bébé ! je pourrai mm passer aux caisses prioritaires !!!

je fais du sport depuis deux ans, alors mon corps a changé certes. il s’est alourdi de muscles, mais je peux pas accepter ce chiffre : 66 kg…et pourtant je fais tout pour ne pas perdre..sorte d’autodestruction. si je savais pourquoi !! enfin si je sais, mais je veux pas me l’avouer. la nature, oui, elle y est pas pour rien. mais le reste. une sorte de vide, de gouffre que je remplis de gras, de sucres, de chocolat…un cercle vicieux : je m’habille pas, je ne trouve rien, mais quand je fais les boutiques, je veux pas essayer…donc j’achète rien de peur de me trouver moche, mais je suis déjà moche avec ce que j’ai…

ce corps, vous le trouverez sans doute pas si mal. oui, j’ai de la chance, aucune cicatrice, aucune vergeture (oui j’ai une peau incroyable !!)…le fait est que moi, je l’aime pas plus que cela. Je voudrai retrouver au moins mes 60 kg. je vous parle pas des dommages collatéraux, vous voyez de quoi je veux parler, vous savez, le conjoint qui s’approche le soir, et que vous ne savez comment repousser. c’est pas lui qui vous pose un soucis, c’est vous tout court. comment peut on « aimer » quand on ne s’aime pas ???

comment peut on aimer quand enfant on s’est jamais senti aimée ? quand on s’est juste sentie comme « la gamine qui veut faire chier ses parents en ne mangeant rien !!! »…hein ? comment ?

je n’ai pas la réponse.

en attendant, je dois vivre avec…

MINDLESS SELF DESTRUCTION

Une enfance heureuse, des souvenirs de bonheurs à foison avec famille et amis. Aucun viol, accident ou maladie qui justifierait mon état, et malgré tout, je ne vais pas bien. Ou plutôt, je ne vais pas tout court, une erre matérialisée dans un corps d’une belle monstruosité. Un physique à la grandeur de mon intellect. Je n’ai pas de talent ni le courage de certaines qui ont publié sur ce blog, je ne sais pas quoi faire de ma vie et je ne pense pas être capable de rendre heureux ceux qui m’entourent. Mais ce qui me fait le plus mal reste mon enveloppe charnelle. 5 ans de mal être à faire le yoyo, manger plus protéiné ou plus du tout,fumer & se remplir de coca light pour ne pas avoir faim, boulimie passagère mais récurrente, médicaments. Depuis qu’Il est là, je n’ose plus reprendre une lame de rasoir, je ne veux pas de questions ou de critique, je ne veux pas l’inquiéter.

Je me hais. Pour ne pas être heureuse malgré tout ce que j’ai, pour être sans cesse en colère contre un mal qui n’existe pas, pour ne rien faire pour changer tout ça. Je veux arrêter de réfléchir, appuyer sur le bouton off, me faire sauter la cervelle; que ça s’arrête ne serait-ce qu’une journée. En fait, ce corps n’est que le reflet de mon âme et c’est ce qui m’éffraie. Si je dois être saine d’esprit pour m’approprier cette enveloppe, patience sera de rigueur.

Je n’ai donc plus d’exutoire, un jour j’imploserais comme un volcan. En attendant je me hais, me détruisant mentalement lorsque j’ingurgite la moindre calorie et fuyant le miroir qui me jette à la figure ces kilos qui se sont greffés à moi. mon esprit est une balance qui vascille entre espoir et haine. Mais je veux me battre pour enfin m’approprier ce corps, donner un sens à ma vie comme on dit. Pour moi, pour lui, pour vivre.

Ce corps qui porte déjà les marques du temps

Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que  » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.

On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.

Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.

SousTesReins.

Ce corps que je ne connaissais pas


Bonjour « Le corps des femmes »,

Mon histoire, vous la connaissez déjà.

Je ne connaissais pas mon corps. Aujourd’hui, plus d’un an après, me revoilà pour témoigner.
Témoigner un peu d’espoir, un peu de joie.

Aujourd’hui mon corps, je le connais mieux. Oh je ne vais pas dire que je l’aime, que je l’admire. Mais il me surprend agréablement. Pour la photo déjà, j’ai eu du mal à me dire que c’était moi !
Mais vous savez ce que j’aime le plus sur ce corps à moi ? Ce sont les marques dessus. Rien de grave, rassurez-vous, juste les marques de la vie, du quotidien : les marques d’une culotte trop serrée qui a rétrécit au lavage, les marques de la chemise de nuit froissée imprimées sur la peau du ventre, comme la marque d’oreiller sur la joue…

Ce sont les marques d’un corps qui vit, qui prend la place dont il a besoin et qui existe, bel et bien.

Aujourd’hui je n’existe plus seulement à travers les chiffres, j’existe par moi-même, et mon corps j’en prends soin.
Ce serait mentir de vous dire que je n’ai pas peur de grossir, que je ne vomis pas, de très rares fois encore, que je n’ai plus peur de la balance.
Mais maintenant j’habite mon corps.
Lui et moi…on en est presque à dire « je » et plus « nous ».
Surtout quand on danse, quand je danse.

Le combat est toujours là, il sera toujours là.
Dans le miroir, je ne me vois pas toujours, l’image de mon corps se dérobe encore. Mais j’ai appris à chasser les ombres qui se collaient à moi, et me faisaient du mal.
Je ne gagne pas toujours, mais je gagne souvent.
De plus en plus.

C’est un pas à la fois, une année après l’autre.
Mais doucement, je redécouvre mon image, mon corps, celle que je suis.

Et vous savez quoi ? J’aime bien ce que j’y vois.

Lui

Lui c’est ce corps. Je ne dis pas mon corps car ce n’est pas le mien.
J’ai 24 ans. Je ne sais pas vraiment quand ça a commencé. Je dirais dans l’année de mes 20 ans. J’ai un problème avec la nourriture. Je suis capable d’ingérer des quantités de nourritures diverses et variées jusqu’à en avoir mal au ventre. Et puis après je me dégoute. ça me dégoute. Je hais la bouffe, mais elle m’enferme. ça va mieux depuis que je suis installée avec mon ami, mais des fois j’ai des crises. Quand il n’est pas là, la seule chose à laquelle je pense, c’est manger. Bouffer plutôt. et après j’ai honte, j’ai mal au ventre et je me dégoutte encore plus. Je ne pense pas que ce soit de la boulimie car c’est par épisodes, pas régulier et je ne me fais pas vomir. Je n’en ai pris conscience que l’année dernière, quand j’ai dépassé la barre des 70kilos pour 1m62.
Ce corps dans lequel je vis n’est pas le mien. C’est très étrange comme sensation. des fois je me sens bien, puis d’autres fois je me dégoutte. Quand je me vois en photo, ce n’est pas moi. Je ne me ressens pas comme je suis. C’est très étrange encore comme sensation. Ne pas avoir conscience de ce qu’on est. Je ne me vois pas aussi ronde que je suis. Pourtant, le ventre est là, les vergetures, la cellulite, les bourrelets. moi je suis dessous.
Ce corps me fait mal aussi. quand je cours. Quand je monte les escaliers. Pourtant j’essaye de lutter. Je vais à la piscine, je marche. Mais des fois, je craque. Alors je comprends bien qu’il ne peut pas lutter tout seul, mais je n’arrive pas à l’aider comme je voudrais.
Je ne sais pas quoi faire. J’étais allé voir une nutritionniste, mais je n’ai pas continué. J’ai l’impression que rien ne peut changer. des fois je chiale, puis je me dis que c’est de ma faute, que je fais souffrir ce corps qui n’est plus le mien.
Ma plus grande angoisse est que mon homme me quitte. Je sais qu’il m’aime. Mais je ne peut pas imaginer qu’il puisse aimer ce corps.
Alors j’avance avec ce poids qui m’entoure sans savoir comment m’en délester….