Mon corps…Moi

 

Mon corps… Certaines me l’envient, mais il n’a rien d’exceptionnel, j’ai simplement la chance

d’avoir hérité d’une structure filiforme qui me permet de me laisser aller à la gourmandise.

Pourtant, quand on y regarde de plus près, mon ventre est là, présent, un peu gras, un peu mou, sans abdos.

Un peu vide surtout. Il refuse de porter la vie… A 33 ans, je vais avoir besoin d’aide pour l’y implanter.

J’accepte mon corps, il est mien, il est particulier, il est moi.

Mes os sont solides, mais fins, si fins, mes poignets semblent si fragiles, et mes doigts sont si osseux.

Ma peau est claire, trop claire, vraiment pâle, et mes veines saillantes, très visibles, surtout sur les mains.

Mais j’aime mon corps.

J’ai beaucoup de points de beauté, c’est joli, comme des pépites de chocolat, mais il faut aussi les surveiller régulièrement.

Mes douleurs. Je suis de constitution nerveuse, mon dos est fragile, mes épaules toujours courbaturées, mon cou souvent coincé.

Mes seins, si petits… Ils sont mignons, tout ronds, mais seul mon homme peut les apprécier vraiment,

car ils sont trop discrets dans la plupart des vêtements.

Mes yeux, beaux, mais myopes…

Des cicatrices, quelques unes, un point enlevé au bas du dos, un coup dans le sourcil, un os surnuméraire retiré du pied, un accident avec un chien, …

Mes pieds, mes grands pieds, trop fins, avec des orteils très mobiles et extrêmement longs, j’ai mis longtemps à m’habituer à eux, et ils continuent à me poser souci. Ils n’ont pas la même taille, et sont trop fins pour les chaussures ouvertes.

Mon corps… Moi.

*Zab*

Mes nouveaux seins d’il y a longtemps

Mes seins ont poussé comme des gros champignons, pouf comme ça, d’un coup, à l’adolescence. Je les ai découverts déjà lourds et tombants, à vrai dire, j’avais les seins de ma nounou, une femme qui, dans le pays où je vivais, m’a complètement adoptée.

Pour certains parents ça aurait été insupportable de voir cette nounou faire sienne de cet enfant que j’étais, pour les miens ça a été accueilli comme un plus dans mon parcours d’enfant.

 

Alors cette femme est un peu aussi mon repère maternel, je me suis fabriquée son corps. J’avais ses seins lourds et tombant, j’avais sa peau un peau rugueuse, j’avais ses pieds de kanaks. Mais, en blanc.

 

D’elle j’ai gardé sa peau, ses pieds, mais des seins je n’en ai pas voulu. Fichus machins qui me bousillaient la vie, qui paraissaient beaux et énormes du dehors (j’étais imbattable sur l’achat DU bon soutien gorges), qui me faisaient pleurer quand un homme, regard envieux et gentil me disait regardant mon pull : « tu as de la chance d’avoir des seins comme ça, c’est très important pour les hommes les seins des femmes. »

 

C’était gentil, j’étais jeune, mais ça m’a blessé terriblement, parce qu’il disait vrai et que mes seins à moi ne répondaient pas à « la norme » de seins tout neufs.

 

J’ai donc entrepris de me faire opérer les seins, assez jeune, il a même fallu vérifier que ma croissance était terminée. Ma mère a eu l’intelligence de dire oui, sans même les voir car je ne les avais montré à personne. Même pas moi je crois.

 

Ils ont été refaits, des jolies pommes, j’ai maigri, beaucoup maigri, et j’ai pu enfin me laisser approcher.

 

Maintenant, ils vivent leur vie de sein, 3 grossesses, de l’âge en plus, ils restent jolis, je pense. Je n’en sais rien, je ne sais pas me voir, je ne sais pas appréhender mon corps.

PS : pas de photo de moi toute nue, à travers ce texte, on peut me reconnaître facilement ;o)

Soi est dedans


© azadpicture 2008


© Azadpicture et Paul Avillach 2009


© Azadpicture et Paul Avillach 2009


© Azadpicture et Paul Avillach 2009


© Azadpicture et Paul Avillach 2009


© Roxanne Petitier


© Roxanne Petitier

Comme beaucoup d’autres femmes, j’ai dû, et je devrai, apprivoiser cette image du corps, changeante et en inadéquation avec LE modele mais tellement en harmonie et en réponse à mon chemin de vie. L’adolescence et ses rondeurs, trop et pas assez,
l’âge béni où je me trouvais belle,
la maternité et ce gros ventre tendue dont j’etais si fière mais aussi ce corps si soudainement transformé.
Un ventre parchemin sur lequel sont inscrites les lignes de mon amour pour mon fils et son père, et puis mes formes arrondies moins bien définies que je n’arrive pas à envisager comme miennes encore. Des seins vidés de leur lait et ce « soleil » dessiné autour de mes mamelons.
J’ai été mannequin un peu, avant, le corps allait bien avec l’attente. Au debut de ma grossesse, on me sollicite encore, j’ai quelques belles photos.
Et puis il n’allait plus, trop grossi pendant la grossesse, un photographe qui tarde à venir faire la séance qui immortaliserait mon ventre tendu, des photos ratées…
Et puis, j’ai eu la chance de rencontrer une artiste qui trouvait que « mon corps avait de la matière et que c’etait interessant à travailler en clair obscur. » j’avais accouché depuis 7 mois, j’ai adoré cette séance et le résultat m’a permis de l’apprivoiser un peu.
J’ai encore du mal sur la plage, j’ai encore du mal à accepter les vergetures, je suis une adulte responsable voilà, je suis maman, et c’est un si grand bonheur, que parfois, j’arrive à les voir comme un témoignage d’un instant si fugace, 9 mois passés trop vite, où j’ai été serre avant d’être mère.

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