Le passé, ce passé me hante chaque jour un peu plus…
Jeune femme, souriante, mince, ordinaire, aujourd’hui orpheline abandonnée lâchement !
Par où commencer, il y a tellement de choses à dire, de choses à expliquer pour comprendre mon mal-être…
Je suis née fin avril en 1994, un beau bébé un peu joufflu, une petite fille qui avait toute la vie devant elle, et on dit que la vie est belle !
J’ai oublié un détail, mon père 24 ans alcooliques, ma mère alcoolique 22 ans, jeune femme battue et violenté régulièrement. Ceux-ci avaient des contacts avec à famille de mon père mais aucuns avec celle de ma mère ( dispute familiale et choix de vie conjugal incompris)
Un accident en novembre 1994, si on peut appeler ça un accident… Mes deux parents alcoolisés se disputent encore une fois, sauf que cette fois-ci mon père avait le fusil de chasse dans les mains ! Celui-ci a tiré en visant la tête de ma mère, son œil gauche atteint transporté d’urgence par hélicoptère, et sombre dans un coma…
Ma grande mère apprend la nouvelle et se précipite à l’hôpital, et celle-ci s’est mise à chercher la petite, qui était chez les grands-parents paternels.
Mon père fut jugé pour tentative de meurtre, et j’ai traîné 10 années dans les tribunaux pour finir par ne plus le voir après choix du juge.
Mon histoire pourrait s’arrêter là, une enfant élever seulement par sa maman sa devient banale…
Seulement ma mère a eu la bonne idée de refaire sa vie avec un homme célibataire sans enfants.
La pire chose qui puisse m’arriver !
Ce monsieur du jour au lendemain a bouleversé mes habitudes avec ma mère, il est venu un weekend et il n’est jamais repartis.
Ma mère semblait heureuse avec elle avait arrêté de boire et avait repris de bon contact avec ma famille.
Seulement il y avait un truc qui clochait entre lui et moi, il n’a jamais vraiment su m’apprécier, et plus les mois passent plus le contact été violent…
Et après 1 an et demi ensemble, l’annonce d’un bébé, ça aussi aurait pu me réjouir mais je devrais à présent partager ma maman !
À la naissance tout a changé, mon beau-père été un bon buveur il prenait apéro tous les soirs, et quelques fois ma mère se laisser tenter aussi.
Je me suis beaucoup investi dans l’éducation de ma petite sœur, changer les couches, jouer avec, faire prendre le bain …
Plus elle grandissait plus on voyait la différence d’affection qui nous était donnée. Mon beau-père tombé dans alcoolisme a entraîné ma mère dedans…
C’est à ce moment-là que ma vie bascule ! je ne me plaignais jamais des coups que mon beau-père me porter, mais ma mère me défendre ce qui crée des disputes entre eux et après mon beau-père revenait pour me punir car c’était à cause de moi s’ils se disputaient sans arrêt.
aucune intimité n’était respectée pourtant je commençais à me former, un jour je ne me suis retrouvé nue devant lui car je me plaignais de maux de ventre et mal aux seins car il poussait, ma mère m’avait poussé à lui montrer alors que je ne voulais pas elle me tenait, et ils se sont mis à me toucher …
Je ne peux pas raconter la suite de cet acte c’est bien trop cruelle et barbare … je me demande encore peut-on faire sa à des enfants et encore plus à ses propres enfants !
J’ai grandi toujours battu et de temps en temps des flashs d’agressions sexuelles me reviens… J’ai éduqué ma petite sœur jusqu’à ses 9 ans ( leçons, repas, bain, courses, la conduire à l’école, et j’en passe ….) j’étais au collège quand j’ai dû commencer à tenir à moi toute seule la maison, ma mère alcoolisée du matin au soir resté allongé a cuvé dans le canapé la journée, et mon beau-père été au boulot, le soir je partais chez mon copain pour éviter de croiser celui-ci.
Ma mère devenait méchante dans ses propos et mon beau-père laissé des marques de plus en plus sur mon corps, un jour il était en colère car ils avaient reçu mon bulletin scolaire, ma mère m’a étranglé contre le mur et lui me donner des coups dans le ventre et me gifler, et j’ai pu entendre toutes les insultes du monde…
cela faisait des années que je ne me nourrissais plus comme il le fallait, je réduisais de plus en plus mon alimentation…
Un soir mon beau-père m’a coincé dans ma chambre s’est mis à me frapper et essayer de me tenir pour faire son affaire, mais cette fois-ci j’ai réussi à m’échapper… je suis parti avec mon scooter sans casque à toute allure chez ma grande mère.
J’arrive en pleure le visage et le corps pleins de traces de coups et déjà quelques bleus apparaissent parmi les autres bleus déjà présents…
J’ai expliqué à ma grande mère comme après chaque « punition » (prendre des coups) mais je ne lui ai jamais parlé d’agression sexuelle et de viol d’ailleurs très peu de personnes le savent.
Je ne voulais plus retourner le bas, mon beau-père m’avait poursuivi jusque chez ma grande mère et s’est précipité pour me récupérer à la barrière. J’étais terrifié je tremblais dans le noir ….
J’avais décidé je ne voulais plus vivre cet enfer nous avons fait les démarches auprès des tribunaux pour que ma grande mère est ma garde jusqu’à ma majorité.
Une fois placé chez elle m’a soigné et fait suivre par un centre psy pour travailler sur mon histoire et oublier ou accepter les faits.
Le centre psy a signalé que j’avais un comportement assez complexe avec mon corps et la nourriture mais rien de grave…
je suis passé de 55 kg quand j’étais encore chez ma mère à 80 kg je comblais le vide par la nourriture.
J’ai réussi à passer de classes en classes malgré ça avec une moyenne avoisinant les 14 . Le 17 juillet 2012 je me rendis compte de l’ampleur du gras sur mon corps, je ne me reconnais plus… je ressemblais à ma mère ! Je ne veux absolument pas ressembler à un monstre pareil. J’ai atteint les 52 kg début décembre de la même année. s’est à ce moment-là que le centre a diagnostiqué » des troubles du comportement alimentaire » j’alterne maintenant phase de boulimie et d’anorexie.
Mon rapport avec mon corps est vraiment horrible je pleure en me voyant dans la glace, les relations intimes sont terribles À tel point que je ne ressens rien pendant l’acte j’attendent juste la fin pour pouvoir me retourner et enfin trouver paix dans les couvertures.
Je fais fuir les hommes avec ma maladie alors à chaque fois je suis de plus en plus blessé d’avoir laissé mon corps dans les mains d’un homme qui ne le mérite pas…
À présent j’ai accepté que je n’aurais pas de mère et de père même si celui-ci a repris contact avec moi et que je pouvais faire une croix sur ma petite sœur.
Je vis seule chez moi, et ma grande mère m’accueille en période noire…
Mon passé me hante, mon corps me dégoûte, mon visage aussi car il a quelques traits de ma mère, je me sens vide …
Comme si le temps c’était arrêter et que je restais bloqué sans avancer dans la vie sans but précis juste survivre dans ce monde de brutes.
Aujourd’hui j’ai froid, je pleure sans cesse, j’ai l’impression d’être sali a vie, d’être inutile, juste un boulet qu’on traîne par pitié, je veux pas de cette pitié … je porte encore des marques physiques qui me rappelle que j’ai voulu en finir pour être enfin libéré de cette souffrance.
Je n’ai pas manger de vrai repas depuis une semaine, la faim n’apparaît même plus, mon ventre vide se porte bien !
Catégorie : Maltraitance
Ca nous ronge de l’intérieur jusqu’au point de non retour
Quand je repense à tout ce qu’il s’est passé depuis ma naissance, je me dis que j’ai quand même eu beaucoup de force pour tout garder pour moi et de courage surtout pour continuer à avancer.
Mon enfance a été assez douloureuse. Je n’ai quasiment aucun souvenir de ces périodes, mis à part les choses qui me hantent depuis enfant.
Je suis née d’une grossesse non désirée. Mon père était alcoolique, droguée et avait fait de la prison. Ma mère était une jeune fille de 19 ans un peu paumée.
Lorsqu’elle a appris sa grossesse il était trop tard pour elle d’avorter, elle a alors caché pendant un moment sa grossesse à la famille, car ça aurait été assez mal vu selon elle.
Quelques mois après ma naissance, mon père nous a mise à la porte toute les deux. Ma mère c’est réfugié chez son père. J’ai grandi en étant trimbalé un coup chez ma mgrand-mère, un coup chez mon grand-père, mon père me gardait de temps en temps les weekends.
Ma mère a toujours reporté sur moi la colère qu’elle avait envers mon père de l’avoir traité ainsi (elle avait été battue, rabaissée…). Elle voyait mon père en moi.
Elle s’occupait rarement de moi, c’était mes grand-parent qui jouaient son rôle, pendant qu’elle sortait faire la fête avec ses copines. J’ai grandi sans avoir vraiment de mère, puisque nous n’avions jamais tissé de lien et sans père puisqu’après nous avoir mis à la porte, ma mère a tout fait pour l’éloigner de moi.
A mes 2 ans, nous sommes allé vivre dans une autre région, car elle avait rencontré un autre homme (avec qui elle a eu ma belle-soeur).
Cet homme a eu du mal à m’accepter et me l’a fait ressentir pendant des années: il m’injuriait, me rabaissait, disait que je n’étais qu’une mois que rien, que j’étais idiote, sans cerveau, il m’a maltraité (il me donnait des douches glacées, m’enfermé dans le garage dans le noir à genoux sur le paillasson le doigt en l’air pendant des heures, me donnait des claques plus que forte cul nue à répétition, il a même été jusqu’à me donner des coups dans le dos une nuit…). C’était juste horrible.
Ma propre identité en à souffert.
Mon adolescence a été elle aussi difficile. Ma mère et moi on ne faisait que s’engueuler. Cris, larmes, claquements de porte, injures étaient notre quotidien.
Tout ce qu’elle m’interdisait, je le faisais. Elle était beaucoup plus complice avec ma petite soeur, qu’avec moi. J’étais comme invisible. J’ai essayé à plusieurs reprises de tenter des gestes de tendresse (l’enlacer), mais cela la gênée.
J’ai été violé par un garçon à mes 12 ans, trop naïve…je pensais que c’était mon ami, je l’ai invité chez moi quand ma mère n’était pas là. Il a demandé à voir ma collection de CD alors nous sommes montés dans ma chambre et là j’ai vécu un enfer…(je n’expliquerait pas en détail car ça fait trop mal).
Je pense que ce garçon a du raconter des choses sur moi au collège, car une fois en rentrant chez moi (c’était un petit chemin au bord d’un canal) deux garçons m’ont suivis, j’ai marché plus vite mais ils m’ont couru après. Un m’a attrapé et plaqué contre le mur, mis la main sur la bouche et à commencé à me faire des attouchements. L’autre garçon rigolait à côté. J’avais très peur les jours suivant de faire la route à pied seule. J’ai commencé a être mal dans ma peau ensuite. Je restais enfermée dans ma chambre et n’en sortait que pour l’heure du repas ou pour aller en cours (lorsque je ne les séchait pas).
A mes 19 ans, ayant signé un contrat d’un an, j’ai profité de l’occasion pour quitter la maison. J’ai alors pris mon appartement car la vie sous le même toit que ma mère était devenue impossible. Moins on se voyait, mieux c’était.
Entre temps, j’ai fait des recherches et j’ai retrouvé mon père, j’ai repris contact avec lui. Malgré que je lui en voulais de ne pas avoir été présent, je l’avais toujours porté dans mon coeur et souhaitais le rencontrer pour apprendre à le connaître et pourquoi pas rattraper un peu le temps. J’avais besoin de savoir qui était mon géniteur et connaître un peu plus ma famille (de son côté).
Nous avons échangé des mails et des coups de téléphones pendant quasiment 3 ans (il habitait une autre région, était sous tutelle). Nous avions décidé de nous rencontrer. Il était convenu qu’il viendrait dans ma région et prendrais un hôtel pendant quelques temps pour que l’on puisse passer du temps ensemble. Il faisait son possible avec sa tutrice pour faire des économies pour réaliser ce projet. Il y était presque…
Malheureusement, le 2 décembre 2012, il est décédé sur son lit d’hôpital. L’infirmière l’a trouvé tout bleu et crispé. Il était rentré à l’hôpital pour un sevrage alcoolique, il avait décidé de s’en sortir avant de venir me rencontrer. Il voulait me prouver qu’il pouvait y arriver, car il voulait retrouver sa fille qu’il aimait tant.
J’ai très mal vécue cette période. Je suis partie en train pour les funérailles mais arrivé là bas ceux ci ont été repoussé pendant 15jours (autopsie, enquête étaient en cours car il était décédé dans un hôpital). J’ai du repartir entre temps chez moi et n’ai pas pu assister aux funérailles de mon père, car je devais être présente au travail et mes jours de congés exceptionnels étaient épuisés.
Pendant mon séjour là bas, j’ai demandé à voir le corps. Je voulais lui dire « bonjour et au revoir », au moins voir son visage en vrai une fois…ça n’a pas était possible, la dame m’a répondu : « son corps est trop endommagé, il ne vaut mieux pas que tu le vois comme ça. »
Je n’ai pas eu le temps de me remettre du décès de mon père qu’en mars 2014, j’apprends que je suis enceinte. Ma 1ère grossesse, mon 1er enfant, vous n’imaginez pas mon bonheur dans ma tête. Le jour de la 1ère échographie, elle m’annonce que je suis à 8 semaine 1/2, qu’il mesure presque 5cm mais… qu’il est situé dans ma trompe droite. Je fais une grossesse extra utérine. Il faut m’opérer de toute urgence.
L’opération a eu lieu le samedi 27 avril 2013, ils m’ont enlevé mon enfant et ma trompe droite. Le père de l’enfant a préféré fuir que de me soutenir. Je suis passée à deux doigts de la mort, ma trompe avait éclatée et l’hémorragie interne commencée à être importante. Par la suite, il n’a pas été plus présent, j’ai du me débrouiller toute seule pour tout, malgré qu’il fallait que je reste coucher pour mes douleurs et cicatrices. Il m’a également rabaissée, injuriée. Peut être m’en voulait-il, je ne sais pas. En tout cas, moi oui j’avais une bonne raison de lui en vouloir, car il m’avait laissé seule.
Depuis ce jour là, mes journées sont devenues un enfer. Je voulais tant cet enfant…je l’aimais déjà tant…
Ensuite je me suis complètement renfermée sur moi-même. J’ai fait comme si tout allez bien, alors que rien n’allait, c’était dans ma tête un tourbillon d’horreur.
Jusqu’à il y a quelques semaines, où la couple pleine à céder par ces années de souffrance et d’accumulation. Me taire m’a tué à petit feu…
J’ai commencé à me mutiler le 16 mars et c’est fou mais ça me fait du bien. Je me sens tellement vide. Je ne ressens plus rien à part la douleur de tout ce qui c’est passé et la tristesse. Je ne sais pas qui je suis. Je n’ai aucune confiance en moi.
J’ai été voir le médecin le 17 mars dernier et j’ai craqué devant lui. Je n’ai pas tout raconté, je lui ai dit qu’il fallait que je vide mon sac parce que je n’en pouvait plus de vivre avec tout ce poids sur mes épaules.
Il m’a donné un traitement contre mes angoisses et me voit chaque semaine en psychothérapie maintenant.
Tout ça pour dire que, même si c’est difficile de parler des choses qui nous font mal, ça l’est encore plus si on les garde pour nous, car tôt ou tard ça nous ronge de l’intérieur jusqu’au point de non retour.
Ceci n’est pas une fiction
Ces derniers temps, beaucoup de discussions avec des proches et aussi sur internet sur la fessée et la violence. Je suis très affectée par tout cela, je suis triste pour tous ceux qui n’ont pas la force ou le courage de reconnaître, et surtout d’avancer.
J’ai lu récemment un texte écrit du point de vue d’un enfant, qui en grandissant, subit une violence éducative assez ordinaire : tape sur la main, fessée, un jour une gifle, l’enfant tombe, se cogne à un coin de table, est hospitalisé. On ne regrette sans doute pas les deux premiers, ce sont des coups malgré tout, on regrettera sans doute la dernière, pour sa violence, parce qu’on s’est laissé emporter. Mais trop tard, la réalité est là, c’est l’escalade.
A la fin de ce texte, on peut lire « ceci est une fiction », ça fait réfléchir, peut-on encore se dire qu’une fessée ne fait pas de mal, que l’accident n’arrive qu’aux autres ?
J’ai grandi dans une famille de 4 enfants. Je ne me suis jamais considérée comme malheureuse ou battue. J’ai été malheureuse à certains moments, mais je n’ai jamais fait ce constat de dire je suis une enfant maltraitée. J’ai eu beaucoup de colère, j’avoue j’en ai encore vis à vis de mes parents. Pas pour ce que j’ai vécu, je leur accorde toute ma compréhension et ma compassion car je connais leur enfance. Enfance volée, maltraitance, alcoolisme, abus sexuels, misère sociale.
Ce sont des mots durs à lire, pourtant c’est la réalité, ce n’est pas du misérabilisme, ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières.
C’est pour faire comprendre que la violence entraîne la violence.
La violence casse la relation de confiance et d’amour. Tout se répare, mais je vous assure que les cicatrices restent.
En frappant un enfant, on insinue en lui cette violence, on lui apprend que la violence est une réponse normale, légitime, et qu’en plus on peut frapper plus petit et plus faible que soit.
Mais aussi on le fragilise, on l’abîme dans sa confiance en lui même, en l’adulte, en l’autorité, en le monde.
Voilà, si j’ai encore de la colère, c’est parce que je vois ma famille, parents, frères et soeur vivant ensemble, tous enfermés dans ce cercle, je les vois tous souffrir enfermés dans un mal être.
Ceci n’est pas une fiction.
Mon père qui tape la tête de ma mère sur l’évier de la cuisine,
mon père qui me renverse un bock de bière sur la tête,
mon père qui nous met des coups de ceinture,
mon père qui rentre d’une semaine de chantier loin de sa famille à dormir comme un rat dans sa voiture et ma mère qui lui hurle dessus, qui hurle son épuisement, ses enfants dont elle en peut plus,
ma mère qui nous force à rester à table pour manger, nous qui nous faisons des coups de traître en se mettant des restes de gras dans l’assiette les uns des autres,
le petit dernier qu’on prend en grippe,
ma mère qui lui pince le nez pour qu’il mange,
ma mère qui casse une cuillère en bois sur mon frère,
ce bras, qu’on sait tous les trois lever pour mettre devant notre visage en pliant le coude, poing serré, et regarder avec aplomb, et sûrement beaucoup de haine à cet instant précis,
mes parents qui se disputent encore,
les 3 enfants, unis, pour crier à ma mère de divorcer,
mes parents qui se disputent, mon père qui pète la table basse,
les voisins qui se plaignent souvent, pas facile d’habiter au dessus de chez nous, on parle d’appeler les flics,
ma mère qui un jour enferme mon père dehors, mon père qui fait le tour, crie à la fenêtre du salon à mon petit frère de lui ouvrir, ma mère qui pleure pour qu’il n’ouvre pas, moi qui me cache dans les toilettes, mon père qui brise la vitre avec le seau à pinces à linge en métal du balcon. Je crois que mon petit frère a fait pipi sur lui.
Ma mère qui fouille dans mes affaires, moi qui traite ma mère de pute dans mon journal intime, moi qui mange 3 plaquettes de spasfon au collège, moi qui ai tant de colère…
Ma mère qui nous tape avec sa pantoufle, nous qui ne gardons jamais les nôtres au pied, je lui rendrais bien tiens,
moi qui court sur le chemin de l’école, abandonnant mon petit frère seul sur le chemin, au bord de la grande route, avec les voitures qui passent vite, et celle de ces voisins qu’on reconnaît, on aurait toujours espéré qu’ils nous emmènent,
ma mère qui ne conduit pas, qui nous fait porter des courses comme des ânes, parce qu’elle est fâchée avec mon père,
elle qui m’envoie dans un après-midi noir d’automne jusqu’à un magasin échanger une paire de chaussettes de foot que j’ai acheté en me trompant de couleur ou de taille, je fais 5km en bord de route avec des voitures qui me frôlent, et j’ai si honte dans le magasin de salir leur moquette avec mes godasses pleines de boue,
nos seules vacances en famille à la mer où un soir excédé par les pleurs de ma soeur mon père crie qu’il va l’étouffer, et tout ce dont je ne me souviens plus …
Puis toute cette violence qui continue maintenant entre eux avec mes frères, qui à leur tour, pètent des plombs, l’un menace de se suicider, traite ma sœur de façon insultante parce qu’elle s’habille comme ça , eux qui se disent des insultes, les reprochent à mes parents, tu aurais mieux fait de m’avorter, mon père qui veut les jeter dehors, ma mère qui me raconte sa souffrance et me demande de ne pas la juger…
J’ai connu tellement de familles ou c’était pareil, pire, que dans la mienne, que vraiment je pense que toute cette expérience de la violence et aussi de belles rencontres avec des gens militant pour des valeurs de respect et d’écoute, plus tard, m’ont permis d’ouvrir les yeux, surtout quand je suis devenue mère, d’affirmer ce que je ne veux pas pour ma famille. Et aussi de toutes les erreurs que j’ai pu faire.
J’ai cette violence en moi, j’aurais pu être de celles qui maltraitent, de celles qui abandonnent, de celles qui ne se sentent pas capables, trop blessée et fragilisée par des expériences sur le fil.
J’ai eu recours aux fessées avec ma grande, j’ai eu des mots durs, j’ai même donné une gifle une fois. J’ai voulu partir pensant ne plus être capable de rien.
Ce n’est pas moi qui ferais le discours du parent parfait, on a tous nos limites, nos failles et blessures, nos faiblesses, du stress et de la fatigue accumulés. Oui on peut craquer et sortir de ses gonds.
Mais c’est pour cela qu’il est important de prendre conscience de ce qu’est la violence, de faire le point sur son passé pour en guérir et surtout de lire, de s’informer, d’échanger avec des parents, se faire aider par des professionnels s’il le faut, pour briser ce cercle, ne pas reproduire.
Il faut le faire pour soi, il faut le faire pour ses enfants.
Se fixer une ligne de conduite c’est se poser des gardes fou.
Je travaille dans l’Éducation, la violence n’est pas tabou, on en parle, on cherche ensemble des solutions, on essaie de comprendre. Crier sur les enfants est déjà considéré comme de la maltraitance éducative. On a pas recours à la violence dans l’accompagnement éducatif des enfants et des jeunes, aussi difficiles soient-ils. Neill disait « Un enfant difficile est un enfant malheureux. ».
Pourquoi sommes nous aussi éloignés de ce respect dans les familles ? Pourquoi encore cette peur de reconnaître, pourquoi est-ce qu’on avance pas, pourquoi frappe t-on encore ceux qui nous sont les plus chers et qui ont le plus besoin de notre protection ?
J’ai voulu témoigner pour dire que la violence détruit, mais surtout que ce n’est pas une fatalité.
Mémoire corporel, naissance d’un déni, accouchement du bébé lointain.
Mon corps est rempli de plis qui contienne trop d’histoire et trop de secret. Parle à ma main et celle-ci racontera une fourchette plantée dedans un soir à table. J’ai toujours peur quand mes enfants ont dans les 20 mois et que leur sens de la gestion de la fourchette est plus dans l’expérimentation que dans l’usage précis et conventionnel de l’objet. Quand on s’approche de mon front, pour l’embrasser, ou tout autre projet… en mois, je me souviens de ce jour en 1er maternelle où mon corps à violement rencontré un chauffage pendant la sieste car j’avais bougé trop près du chauffage et que je le suis retrouver en dessous. Dès ce jour, je n’ai plus dormis sur les matelas aux sols mais sur les lits de camps. Mon corps s’empreinte de son histoire, et m’interdit l’oubli. Et quand j’ose cette effronterie, il me le balance au moment qui est le plus inadéquat.
Je ne supporte pas les bisous dans le creux du coup que ce soit à droite ou gauche d’ailleurs mais pas derrière. Et tout autre contact là, me provoque des reflexe de protection. Ironique quand on aile le portage avec un porte bébé asymétrique de surcroit… il faut jouer de stratégie et d’ajuste pour préserver la zone sensible sous peine de se pencher. Cela me rappelle ces baisers préféré, à Lui .Cela me rappellent le dégout. Cette zone est interdite, et si je pouvais la laisser à l’air sans le moindre contact, j’en serais heureuse. J’ai appris à supporter les cols des pulls et les écharpes.
Il ne faut jamais me pincer ou mettre sa main sur le dessus de ma cuisse gauche, pas parce qu’un jour ne me suis blessé à l’escalade. Non. Parce qu’en voiture, Lui, posait systématiquement sa cuisse main dessus. Et s’amuser soit à la pincé pour déclencher un réflexe, soit laisser « juste » sa mains là entre les passages de vitesses.
La cuisse droite, se souvient de ma cousine mordant. Et là encore, ça un rapport avec Lui. Car je l’ai vu Lui, lui tuer sa chair et je l’ai vu elle, l’oublier. Et j’en porte un souvenir.
Puis vient la vie, le temps qui passe, la thérapie… Enfin entre temps il y a eu un homme, trompettiste sans talent (enfin ça se discute, là où il pratique, il en-là, mais je lui refuse ce droit. Il n’a le droit a rien selon moi). CeLuiLà, c’est une autre histoire, mais en soit, il a aussi marqué mon corps, et je ne tourne jamais ma tête à droite quand on fait l’amour. Sinon, j’ai encore peur qu’il sente mon odeur de petite fille qui lui donnait tant de plaisir. Et je n’aime pas les poulaillers convertis en débarras. Il y faisait des lits avec 6 chaises pour mieux me dire « je dois le faire »… et moi ? je dois me taire. Ma pire crainte, c’est que je sais que son truc de merde où il joue de la trompette aurait du faire la Madeline (une fête locale dans mon coin de Belgique, j’ai fuis un pays a cause de Lui, CeLuiLà, et CeDernier).Et la Madeline passe devant chez moi. Heureusement, ils ont dû annuler, faute de budget. Ouff. Sinon, je l’aurais agressé, parce que son souffle, son odeur son encrée dans mon nez. Mais c’est une autre histoire. C’est de Lui, que je veux parler.
Lui, donc… il a marqué mon corps en essayant de m’étouffer une fois, en écrasant son pied, juste assez pour me faire peur, mais pas assez pour me tuer… C’est la seul fois où je me suis défendu. J’ai tapé du sol dans ses couilles. Il était au-dessus de mon torse. J’ai osé… et payer cher cette insolence vitale.
Lui, me violait. Lui, c’était mon père. Lui, a 16 ans un dimanche matin, où je regardais par la fenêtre. Lui là, ce porc… moi, je regardais l’oiseau, et je voulais volais comme lui. J’écoutais mon imaginaire. Loin. Point. Je volais, j’étais un oiseau. Je n’entendais plus « Tu es vraiment une petite perverse à me forcer a coucher avec toi. Tu es vraiment une perverses, hein. Et tu aimes ça ».
J’ai oublié le reste.
C’était bien d’oublier.
Mon premier né à connu la césarienne. Oui, c’est bien au fond. Ca ne raconte rien de ce dimanche matin-là.
Mon second, je n’ai pas compris. Ca me faisait si mal. Mais pas mal comme vous le croyais… cette naissance m’a déchiré. Ma brisé, ma mutilé. Elle m’a fait tellement de mal…Mais surtout parce que je ne comprenais ce qui se passait en moi. Je n’ai pas pu. Pauvre naze, mettre au monde cet enfant fée ; qui a mis 25h a quitter mon girond. J’ai quitté la maison où je voulais tellement l’accompagner, pour le pire hôpital du coin. Un lieu de merde, que personne ne recommande dans la région, à deux pas, 1min30 en voiture. Je suis allé là où l’on m’avait fait une césarienne, au fond inutile. Mais qui m’avait évité ça. Et je ne le savais pas. Moi je voulais laisser à mon corps le droit au chemin de la vie.
J’ai eu mal, j’ai dit que c’était parce qu’il se présentait par les reins. Mais j’ai souvent repensé au dimanche matin, chaud. Il faisait chaud se jours-là. Trop chaud. Et avoir du plaisir ça fait mal. Vous saviez ça ? Moi pas. J’étais une petite perverse.
Puis, un bébé non prévu, une histoire pas simple. Bref, pas besoin de revenir dessus. Enfin sur le début.
Je suis abonnée au bébé sortant à presque 42 semaines quand on leur laisse leur temps. C’est horrible. La grossesse, j’ai subi une agression, un harcèlement. Je ne suis pas au mieux. Mais je m’enferme du monde.
Et puis ça y est, ça commence. Maintenant, je sais que ça me fait mal. Mais je suis forte. Je vais y arriver.
C’est la nuit, je dis « non, j’y arrive pas ». Qu’est-ce que je fais. Retour à l’hôpital carnage. Mais je le dis, ce n’est pas mon corps. C’est ma tête.
Mais je ne dis pas quoi.
J’ai mal. Je me dis que c’est la personne qui m’a agressé. Je l’insulte, parce que je me dis que ca va m’aider à dépasser tout ça. Non, rien y fait. Une image s’impose à moi. En moi y a un combat. « Dégage papa, tu es qu’une merde, une pourriture, lâche moi, je t’ai vaincu »… et je revois ce dimanche matin-là… celui du néant, celui du vide.
Chut.
Je veux partir a l’hosto de merde, me faire traiter comme une merde. Je veux qu’on m’arrache ce bébé, je veux plus de bébé (enfaite si, un dernier). Je veux plus ressentir son corps franchir mes entrailles. La gynéco, une garce. Elle me fait une épisio alors que la tête ce n’est pas sorti. La sage-femme me donne du synto… « Mais, je ne peux pas, j’ai eu une césarienne »… « Je sais ce que je fais »… « je veux pas ça » … Pu’ain, ne gâche pas ma capacité à s’attacher ace lui-là… Avec le 1° né, c’est si compliqué, avec le second, il commence seulement à m’aimer… me détruit pas ça… j’ai envie pour une fois que ce ne soit pas un combat de s’attacher.
Ça fait mal de l’écrire. Je veux plus que ça me brule…
Et puis, y a la sage-femme qui me met un ballon sur le ventre et s’assoie dessus. Ça fait mal… Ça fait mal comme ce dimanche. Y a qu’une différence entre ce dimanche, et le reste… c’est que ce jour-là, a 16 ans, c’est trop tôt pour le poser sur ces lignes déjà trop longue.
Elle, elle été comme lui, elle me dominer le corps. Je hais cette sage-femme, je veux qu’elle disparaisse de la terre. C’est une montre.
Mon homme sait à quel point j’ai souffert de ces attachements si difficiles.
Alors il refuse de prendre notre bébé dans ses bras. « Non, ça sera d’abord ma femme ». L’équipe ne comprend pas, refuse. Ils ne comprennent pas, lui font la morale. Parfois, vous savez vivre avec un psy, c’est chiant. Mais ce jour-là… c’était bien. Car il savait que pour moi, c’était vitale. Alors… il résiste. Refuse, et incite pour qu’on me le rende… qu’on me sépare pas de lui, comme pour le précédent. Même si il est post terme, faite pas chier…
Je suis une merde, je n’arrive pas à mettre mes bébés au monde au-delà de la torture de ce lui de merde. Je suis une pauvre naze, une merde. Les autres elles y arrivent. Moi je suis une petite chochotte. Je ne supporte pas la douleur.
J’ai mon bébé, et c’est magique, tout va bien… dans les 3 jours qui suivent sa naissance, mon homme commence une formation. Je serais seule avec mes 3 garçons. Et je sais que j’aurais pas d’intendance a gérer. Belle-Maman me fera le repas de midi tous les jours. Et mon homme ira les cherche la veille. Je refuse de voir tout le monde. On me dit que c’est une dépression. Non. Je m’en protège. Je suis ailleurs avec mes 3 garçons, leur père. Je suis bien.
Ma relation avec mon 3ieme enfant, dans son attachement coule de source, tout ce passe bien. C’est le merveilleux. Avec les deux autres, c’est paisible. La vie est douche.
Mais je sens un truc. Je n’en parle pas. Enfaite, je ne le sens pas. Je le vois. Un film au ralenti. Chut. Non, coupé la lumière.
Je n’aime pas les dimanches matins ensoleillé et sans nuage.
La vie est belle. Mais je tais la réalité. Le la laisse dans le silence.
Je fini par en parler, vaguement à mon homme. Il comprend ou pas. Je ne sais pas, à quel point ça me brise. Fais une deux sortit avec mes enfants dans le 1° mois post natal. Mais pas trop. Je ne veux pas voir les gens.
J’ai une visite. Une amie, une sœur. Une de ces femmes qui veille sur moi, qui lit dans mon cœur et qui y vois des beautés que je ne vois pas.
C’est bon. Mon bébé dort sur elle. C’est beau.
Je reste quand même dans un silence. Chut. Ne pas dire.
Et puis je le dis a elle, et des amies très proches. Je ne sais pas si elles sont capable de l’entendre. Mais je veux être entendu… je veux pas ca enfaite. Je ne sais pas ce que je veux. Je le dis.
Dans ma vie, j’ai 3 fées qui sont des amies. Elles sont de vraies magiciennes. Ces 3 femmes m’ont offert tellement d’amour, derrière tous ces défauts que je vois.
Elles lisent avec quelques autres aimes. Rare.
Un jour, un dimanche matin, j’ai voulu être un oiseau. Parce que j’ai le bonheur de ressentir mon corps, depuis toujours dans ses moindre mouvement ovarien. J’avais 16 ans. Et les oiseaux ne sont pas des magiciens. J’aurais voulu qu’il soit l’oiseau bleu, pour plein de raison. J’ai ovulé ce jour là. Et 4 mois plus tard. J’ai rejeté ce bébé. je l’ai expulsais dans le silence. Il était mort, et tant mieux. Je ne voulais pas de ce monstre.
Personne à part 6 amies, ma sage-femme et mon homme peuvent comprendre pourquoi je suis si revendicatrice du droit à l’ivg… Je n’y aurais jamais eu accès. Et lui, là, ce bébé, ce truc m’aurait acheté une vie déjà si dure.
Mon père est mort.
Mais mon corps lui, n’a pas voulu que j’oublie ce bébé. il m’a fallu 3 bébé pour regarder en face. Je croyais avoir régler le déni.
J’ai été violé par 3 hommes différents. L’un est le fils de ma nourrice (CeLuiLà), encore parfois la nuit, je me réveille quand mes règles sont en retard, comme si par magie un spermatozoïde boosté à l’uranium de Tchernobyl aller féconder une ovule et que j’accouche de lui. J’ai peur de lui. On est bien en étant dans un autre pays. Il est mon premier meurtrier corporel. Mon père, ce Lui, m’a violé, battu trop longtemps, et il est mort. Et j’en suis heureuse. Cedenier, c’est une autre histoire. Mais ce n’est pas celle qui m’a fait le plus de mal. J’ai porté plainte, il n’est pas en prison. Mais pour moi, c’est fini.
Vous savez, je n’ai que des garçons. C4est parce que les petites filles, on les viols.
Voilà. Je veux dans 2 ans accompagner un 4ieme enfant. Mon compagnon pas. Mais, serais-je capable de faire face à ça. Je veux que mes fées, que mes amies soit là. Je vais être entouré, et pas seule. Mais je ne sais pas si un jour ça se fera.
J’ai eu un bébé a 16 ans, je l’ai tellement hais. J’ai tellement frappé mon corps, qu’au final… mon corps l’a tellement rejeté, car je ne pouvais pas avoir accès a l’ivg… je me dis que j’ai de la chance. Mais je me suis fait mal pour en arriver là, anorexie, mutilation, me frapper le ventre encore et encore. J’ai aimé l’oublier
Mais mon corps, lui n’oublie pas. Si je suis grosse, c’est parce qu’on ne viole pas les grosses.
C’est con d’avoir mes clichés. C’est con, parce qu’ils sont faux, bête et stupide, mais il me permette te tenir mon chemin d’équilibriste.
Je suis maman de 3 enfants. J’ai une vie. Et loin de tout ce passé, dans un autre pays.. Je peine, je dessine, je fais de la photo. On me dit que j’ai du talent. J’accompagne des gens. J’ai un psy, que je vois au besoin, depuis pas mal d’année. Je m’auto gère plus ou moins bien. Ça doit être dur d’être mon enfant. Les gens me voient tel que je ne suis pas en vrai. On une perception loin de mon être. Je suis proche de mes enfants, physiquement. Parce que je n’ai pas peur d’être comme mon père, le fils de ma nourrice, ou CeDernier. Peu de gens connaisse mes capacités à ce que ce passé, glauque ne pourrisse pas mes pratiques professionnel. Les gens qui croisent ma route ne comprennent pas ma distance. Ce n’est pas que je ne veux pas. J’ai besoin de plusieurs années pour être proche, intime. Et une fois que je le suis, je ne vois plus l’intérêt de parler de ça. Ça ne me définit pas.
Un viol peu avoir un impact sur une naissance. Et une fausse couche provoqué par une haine de soi, un corps automutilé… n’oublie pas ce qu’on enferme dans un tiroir.
C’était long. Navré. Je ne pouvais pas faire autrement.
J’aime ma vie. Et elle m’a conduit à mon aujourd’hui. Mais, sinon, ça me brule. J’avance avec cette ombre. J’ai maintenant une belle relation avec mes deux ainées. Et ma relation avec mon 3ieme est belle. J’en profite. C’est doux. J’ai une vie ou y a des combats quotidiens. Des combats parce que je n’ai pas suivi le chemin normal…Je fais de la photo, je fais du dessin, je fais de la peinture. Je donne des formations. Je partage des tas de choses et j’offre beaucoup. Je suis dans un monde ailleurs… et au fond, j’ai construit un autre monde en décalage.
J’ai du mal à relire ces pages. Ça brule. Alors, ce n’est peut-être pas compréhensible. Mais là, je ne sais pas relire, corriger la formulation, tout ça. Et je sais que l’écris est mon abime. Et que j’en suis obscure.
Mon corps, mes cicatrices, mes bourrelets, ma féminité
J’ai un mal fou à vivre dans cette enveloppe charnelle. Et c’est pas faute d’avoir essayé, sincèrement. Chaque fois je me fais violence, je me dis « merde, t’es pas si dégueulasse » mais y a rien à faire, que je pèse 45kg ou 65kg, c’est le même tas de graisse que je vois dans le miroir.
J’ai honte de moi, de la tête au pied. Honte d’être une maman grosse, honte de mes cicatrices sur le bras et la cuisse. Honte de continuer mes conneries d’adolescente, de ne pas savoir me débarrasser de mon penchant auto-destructeur. D’exiger de ma fille de ne pas faire de comédie alors que je suis moi même une pauvre petite gamine pleurnicharde.
Je sauve les apparences, je me fais passer pour une autre, du moins j’essaie. j’essuie mes larmes et je prépare le goûter de ma puce, on fait des dessins, on va au parc. Je l’amène à l’école, on prend le goûter toutes les deux sur un banc. J’essaie de ne pas rater son éducation, j’essaie de la rendre heureuse, je voudrais tant qu’elle ne souffre jamais. La moindre larme sur ses petites joues me fend le coeur.
Et quand je suis seule, j’essaie de ne pas sombrer. Et quand je vois que je péris, j’essaie d’être gentille avec moi même. Mais c’est difficile, c’est atroce de se haïr autant. Je me hais au point de me déchirer la peau, au point de me vomir ! Comment est ce que j’ai pu en arriver là ?!
Ce mal-être n’est pas sorti de nulle part, bien entendu. Mes parents ont divorcé quand j’étais petite, maman nous a pris sous son aile, et on s’est installés avec un homme, à l’autre bout du pays. C’est comme ça que j’ai passé mes 15 premiers printemps à voir maman se faire cogner. Entre autre..
Papa appelait, parfois. Quand il avait beaucoup bu, la première chose à laquelle il pensait durant ses soirées d’ivresse, c’était sa progéniture. Et donc il nous appelait. Aujourd’hui j’ai 27 ans et ça n’a pas beaucoup changé, hormis le fait que je ne répond plus à ses appels.
J’ai eu ma première expérience sexuelle à 7 ans. Ma vie amoureuse a été, ce soir là, réduite à néant avant même qu’elle n’ai pu naître. J’ai perdu toute confiance en l’homme, en moi même, plus rien n’avait d’importance, tout est devenu flou.
Depuis les choses ont évolué, dans le bon sens. Après plusieurs années à maudire mon corps et à laisser n’importe qui me toucher, me salir, j’ai rencontré le père de ma fille, qui m’a appris à m’accepter, à me respecter, à refuser un rapport sexuel, à ne plus avoir peur des hommes. Nous avons traversé un avortement tous les deux. Je suis la seule à en avoir souffert, et je lui en ai longtemps voulu. Aujourd’hui je comprends mieux ses réactions, j’apprends à faire le deuil de mon bébé, le temps a déjà bien apaisé ma peine. Je l’ai quitté au bout de 8 ans, car je n’étais plus amoureuse.
Aujourd’hui je suis avec un homme qui me correspond parfaitement, je crois. J’ai toujours peur de m’engager, je ne veux pas lui appartenir, je suis encore très farouche et je ne veux pas qu’il ait trop de pouvoir sur ma vie, mais l’amour est là. Il sait presque tout de moi, mes qualités, mes défauts, mes erreurs, mes faiblesses. Il me force un peu à consulter un psychologue, me répète sans arrêt, tous les jours, que je suis vraiment belle et que j’ai des formes magnifiques. Il s’inquiète pour moi quand il voit que je me suis encore coupée, il essaie de m’aider comme il peut. Je culpabilise et j’ai parfois tendance à me voir comme un boulet dans sa vie, et à me dire qu’il mériterais une femme, une vraie, une normale. Mais il m’a choisie, je l’ai choisi, il me rend heureuse, alors j’essaie de le rendre heureux comme je peux. On passe beaucoup de temps ensemble, on rigole énormément, il me fait vraiment rire, avec lui je sais que je suis belle. A ses yeux, je suis belle, quoi que je fasse. A mes yeux il est merveilleux, il est grand beau et fort. Il est doux et patient. Et surtout, il aime ma fille comme si c’était sa propre fille.
L’année dernière j’ai obtenu mon permis, je n’y croyais pas… quelques mois plus tard j’ai trouvé un appartement de rêve, un travail… je suis de plus en plus confiante. Je me suis sentie vraiment bien ces derniers mois, c’était une victoire d’avoir pu réaliser tout ça, toute seule. Mais pour que mon bonheur soit complet, je dois me faire aider par un psy. Je voudrais me sentir libre, je voudrais apprendre à recevoir les émotions, les laisser venir, et les laisser repartir, en douceur. Ne plus avoir les mains pleines d’hématomes à force de m’énerver contre les murs, ne plus avoir la cuisse recouverte de coupures. Pour l’instant ma fille ne se rend pas compte que sa maman va mal. J’arrive sans aucune difficulté à lui cacher mes blessures, intérieures comme extérieures, et à lui apporter tout l’amour dont elle a besoin, je ne me lasse jamais des câlins et des bisous, tout le temps, chaque fois que ma fille croise mon chemin, à la maison ou ailleurs, je lui répète comme je l’aime. Mais un jour elle finira par avoir peur de moi… Parce qu’il y a dans ma tête un truc qui tourne pas rond et je dois absolument me sortir de là, pour elle, pour moi, pour mes proches.
Mes 17 ans
Age heureux pour certains, l’adolescence, les premières amours.
Pour moi, l’âge de la haine, des tueries, du désespoir.
A cet âge de l’innocence, j’ai connu la guerre, les massacres, la fuite sous les balles.
Pourtant je me sens béni, car contrairement à mes amis
Je n’ai pas perdu la vie, je n’ai été ni blessée ni meurtrie.
J’ai vu les corps en sang dans la rue, j’ai couru à travers champs à perte de vue.
Et oui, j’ai tout perdu. Ma maison, mon chien, mes amis, mes souvenirs, mes habits.
Mais je suis là! Et mes parents aussi. Oui je suis là. Je suis en vie
Les mots sont si faibles pour exprimer ma peine
Et ce poids est si lourd, qu’il me hante tous les jours.
La culpabilité d’avoir été sauvée
De ne pas avoir pu partir avec tous ceux que j’aimais, de ne pas les avoir aidé.
Pourtant qu’aurais-je pu faire!
Nous, les expatriés français, avions juste le droit de fuir comme des voleurs
De les laisser dans leur malheur, sans se retourner
Les abandonner, sinon risquer d’être kidnappé ou pire.
Mais je suis là. Et mes parents aussi. Oui je suis là. Je suis en vie
On a survécu, au début comme des pauvres
A mendier de l’aide et de l’argent pour garder notre toit.
Tellement de sacrifices pour eux et moi.
« C’est dans les difficultés que l’on reconnait ses vrais amis » disent certains
Ce dicton est plus que vrai! Nous en avons tous fait les frais.
J’ai du quitter mes parents pour vivre dans une famille ou l’humiliation des enfants était monnaie courante.
Où pour punir la « bonne » de ne pas bien avoir su coudre un bouton
Cette femme qui se disait être ma tante, lui perçait jusqu’au sang sa paume de main à l’aiguille.
J’ai du supporté de la voir raconter au gens à quel point elle avait été charitable
De recueillir une fille comme moi qui finissait ses maigres victuailles,
Alors qu’elle avait déjà 3 enfants à charge.
Pourtant, je ne mangeais rien, ou juste assez pour survivre
Et mon père lui donner ce qu’il trouvait d’argent pour s’occuper de moi.
Elle n’avait pourtant pas connu tout ça!
Elle! Elle avait sa famille, ses amis, son travail!
Mais la vie est comme ça, on ne choisit pas qui souffre et qui ne le mérite pas.
Ensuite j’ai connu les études sans argent, les loyers impayés
Le fichage banque de France, les chagrins d’amour et tellement d’autres choses à raconter…
Mais toutes ces difficultés je les ai traversé.
J’ai retrouvé une vie, des amis, de vrais amis, un Ami.
Et je suis là, je me suis reconstruite
Tous les jours, lorsque la vie est rude et que mes résultats sont minces
Je regarde le phénix tatoué sur ma cheville.
Il me rappel que je suis là, je suis en vie
Alors quelques soit les obstacles sur ma route, je saurais renaître de mes cendres.
Ceci n’est pas une plainte. C’est un message d’espoir.
Il me rappel que le cœur comme le corps sont capables de supporter bien plus qu’on ne peut l’imaginer.
Les blessures apparaissent avec leurs lots de douleurs
Mais ne soyez pas tristes, le temps estompe les peines et ne laisse que les cicatrices.
Quelles soient physiques ou morales, ce sont les preuves de nos victoires sur la vie.
Cici
Je vais être maman
Aujourd’hui, du moins dans quelques jours, je vais être maman.
Je suis contente, enfin, je pense… J’ai eu du mal à accepter que j’allais donner la vie, moi qui ne l’aime pas, moi qui ai si peur de reproduire mon enfance.
Il faut dire que je n’ai pas été gâtée, mais je ne me plains pas !!
Mes parents ont divorcée quand j’avais 7 ans et demi, j’ai vu mon père ivre avec ce grand couteau qui voulait égorger ma mère car il ne supportait pas la séparation, je l’ai vu taper mon frère car il voulait une fille, j’ai entendu les hurlements dans cet appartement. Je me revois devant l’immeuble à demander de l’aide, voir ces passants me dévisageant mais passant leur chemin…
Et puis on est partis, ma mère a refait sa vie avec son amour d’enfance. Cet homme me frappait et me violait. 7 années de souffrance, de questions « pourquoi moi ? Est-ce normal ? »
Pendant ces 7 ans ma mère s’est rendu compte de ce qu’il se passait mais elle était enceinte donc il a fallu que je me taise pour que mon petit frère ait un père… et moi ? Avais-je eu une enfance avec un père ? Et puis ne vaut-il mieux pas un enfant sans père plutôt qu’un homme qui abuse et frappe votre fille ?? Apparemment nous n’avons pas la même logique !!
Vers mes 14 ans mon grand père est décédé, début d’une grosse dépression pour moi, j’avais perdu un repère fondamental dans ma vie ! Me voici sous traitement, je refais pipi au lit à 14 ans et je me gratte. Je gratte le dos de mes mains pour évacuer ma colère, ma douleur, c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas m’en prendre à d’autres personnes.
Ma mère quitte le père de mon petit frère car il l’a trompé (oh ben mince alors !! c’est vrai que tromper c’est pire que violer ta fille !!). Nous partons vivre chez ma mamy qui ne supporte pas de vivre seule depuis la mort de mon papy… Ma grand-mère apprends les abus de mon beau-père et elle s’en veut, mon papy l’avait mis en garde « prends garde à lui, il n’est pas net avec elle ».
Ce n’est pas de ta faute mamy, il donnait bien le change en public !!
A 16 ans je prends conscience que pour m’en sortir il faut que je porte plainte, que je reprenne le sens de ma vie… au bout de 6 ans de combat j’ai enfin été reconnu victime !! Ce fut un soulagement et l’arrêt de mon traitement pour dépression.
A 19 ans j’ai voulu retrouver mon père (qui après le divorce est parti loin), il fallait que je sache, que je retrouve un repère masculin, que je me créé mes propres souvenirs et pas que ce que ma famille me raconte, mais j’ai appris avant même mes recherches qu’il était décédé depuis 15 jours…
Une succession d’échecs, de phase de dépression et un jour un petit rayon de soleil LUI.
Rencontrer un jour par hasard, une soirée avec des amis, une nuit ensemble, et finalement cela fait 7 ans que nous sommes ensemble, une nouvelles vie à commencer quand nous avons changé de région il y a 1 an et demi, je n’ai plus peur de croiser mon bourreau, je n’ai plus de mauvais souvenirs à chaque coin de rue. Ici je revis !!
Et puis en janvier nous nous sommes rendu compte qu’une petite fille de presque 3 mois s’était installé dans mon ventre déclenchant de fausse règles comme pour que je n’ai pas peur de son arrivée.
Je me suis très souvent posé la question de notre avenir a 3, est-ce que j’arriverai à faire confiance à mon chéri envers notre fille, ne vais-je pas être trop protectrice ?? Vais-je réussir à donner la vie par une partie de mon corps qui me dégoute ? Une partie qui ne m’appartient plus depuis bien longtemps.
Cette grossesse m’a fait très peur mais maintenant je sais… Je sais que j’y arriverai, IL sera là pour m’épauler, pour me rassurer, et puis il n’est pas comme mon beau père, ce n’est pas un pervers, et puis il aime déjà sa fille même si elle n’est pas encore la physiquement.
Dans quelques jours je vais être maman,
Dans quelques jours une nouvelle page de ma vie s’écrira
Dans quelques jours je me sentirai peut être mieux !!
Ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort, on me dit que je suis forte mais moi je me sens comme une poupée de chiffon parfois… un jour j’arriverai à les croire !!
(mon bidon tout rond)
Boulette
Intimité, pudeur et respect
Premier souvenir.
J’ai 12 ans, je suis en vacances chez ma tante. J’ai de forts maux de ventre, qui me tordent et me font pleurer. En fait j’ai une appendicite mais on ne le sait pas encore. Ma tante décide d’appeler le docteur de garde.
Il arrive, on est dans le salon, il décide de m’examiner. Il me demande de me mettre à quatre pattes pour me faire un toucher rectal. Pour vérifier si il n’ y a pas une occlusion ou une constipation importante à l’origine de mes douleurs.
Je me rappelle de ma tante qui reste dans la pièce, je me souviens de son rire quand le docteur enfile un gant en latex, je me souviens de ma peur et de mon extrême gêne en me retournant, ma tête qui tourne en pensant à des images vues à la télé – ce gant – ce vieux canapé à fleurs qui sent le renfermé, mes yeux qui se ferment, mon visage qui grimace et sûrement une larme ou deux.
Je me retourne, remonte ma culotte, c’est fini.
Deuxième souvenir.
Je dois avoir 13 ou peut être 14 ans. Je suis partie faire du vélo avec ma cousine. J’ai pris le vélo de son père. Je ne suis pas très grande et la barre transversale me gêne. On roule autour de l’étang, la piste est bosselée. Je chute et je me cogne l’entrejambe sur la barre transversale. Très vite j’ai un énorme hématome qui se forme, gonfle et se gorge de sang, juste à l’entrejambe, comme un énorme testicule plein de sang. Ça fait un mal affreux et en plus je ne peux pas marcher sans que ça fasse pression sur l’hématome. Je suis donc conduite aux urgences.
Là bas, dans une salle d’examen, porte ouverte sur la salle d’à côté, bruits du couloir, on m’examine. En été, avec un petit t-shirt et sans bas, on se sent vite nue et vulnérable sur une table d’examen au milieu de toutes ces blouses blanches. Mon vagin de jeune fille nu et souffrant exposé.
Le professionnel de garde n’a jamais vu ça ! Il commente à haute voix son grand étonnement et invite des collègues à venir voir ça. Ça débarque, c’est un peu le spectacle ? Je ne sais plus où regarder, j’aurais bien envie de disparaître tellement j’ai honte.
Je me souviens de mon père qui vient me chercher, et aussi des invités, qui sont, le soir là, à la maison. J’étais tellement gênée que j’aurais voulu être seule et que personne ne sache tout ça.
Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie d’écrire ça mais certaines lectures m’ont fait remonter ces deux souvenirs, qui sont gravés dans ma mémoire et ont marqué mes souvenirs d’enfance, sûrement autant que mon rapport au corps et ma pudeur.
N.
J’étais cette enfant
J’étais cette enfant ordinaire. Celle qui joue dans la cour de récréation à la corde à sauter et à la marelle. J’étais cette enfant ordinaire qu’on remarque peu, studieuse et un petit peu bavarde.
Mais j’étais cette enfant qui avait peur de rentrer chez elle quand elle s’y savait seule avec son père.
J’étais cette jeune adolescence qui ne disait rien face à cet homme qui tenait son emprise sur son corps qu’elle commençait déjà à détester.
J’étais celle qui faisait comme si de rien était. Elle en avait l’ordre.
J’étais celle qui ne laissait jamais seules ses petites sœurs en compagnie de cet homme, par crainte qu’elles aussi ne subissent le même sort.
J’ai été cette adolescente qui un jour a parlé, cette adolescente qu’on n’a pas crue. J’ai été celle qu’on a accusée de menteuse et d’égoïste. J’ai été celle qu’on a jugée de vouloir détruire sa propre famille.
J’ai été cette chose qu’on rejette, qui ne vaut rien.
J’étais cette jeune femme complexée dans ses rondeurs, dans son corps malade et détruit. J’étais cette jeune femme qui devait croiser ce père chaque jour. Deux à connaître la vérité, mais seule dans la réalité. J’ai appris à devenir cette jeune femme qui portait le masque du « tout va bien », celle qui faisait rire les autres, la rigolote de la bande. J’ai appris accepter de tout perdre. Sa mère, son corps, son âme.
J’étais cette femme qui un jour, a rencontré un homme. J’étais cette femme qui refusait de lui en parler par la honte.
Il a été cet homme qui n’a pas eu besoin de mots pour comprendre. Et il a été cet homme qui, avec le temps, a su.
Il est cet homme, mon homme. Le seul à m’aider à porter ce fardeau qui pèse si lourd.
Je suis cette femme ordinaire. Celle qui part au boulot le matin et qui rentre dans la soirée. Je suis cette femme ordinaire, rigolote et encore plus bavarde.
Je suis cette épouse et maman comblée de bonheur mais qui reste brisée au plus profond de son être.
Je suis cette femme qui sait ce qu’elle veut, ce qu’elle peut et ce dont elle a le droit aujourd’hui.
Ce corps qui porte déjà les marques du temps
Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.
On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.
Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.
SousTesReins.