Se réconcilier

face 2

Mon corps.
Ce vilain corps, lourd, encombrant, qui tire, qui grince, qui serre qui pique, qui mord. Ce corps que je déteste parce que c’est ce qu’on m’a appris à faire. Ce corps qui a été beau, à l’époque où je ne m’en rendais pas compte.

Ce corps avec qui j’essaie de me réconcilier.

Comme tous les corps, il a son lot de cicatrices. Un ongle de pied coupé en deux. Une trace blanche sur le genou. Des tâches brunes sur les bras. Une longue fente sur l’arcade sourcilière. Et puis, il y a les cicatrices qui ne se voient pas. Les cervicales qui souffriront toute leur vie, les lombaires qui grincent, la sciatique qui menace, souvenirs d’un accident de voiture. Les hanches qui lancent leur petit cri, par moments. L’utérus qui pleure.

Longtemps, il a pleuré d’être vide. Il a réclamé, à corps et à cri, un petit être à chérir, un habitant pour la douillette chambre qu’il avait fabriquée. Longtemps, je n’ai pas pu répondre à son cri.

Cet été, j’ai aimé ce corps. Pendant 2 mois, je l’ai regardé changer de l’intérieur, même si rien n’était perceptible. J’ai commencé à le voir comme le merveilleux réceptacle d’une vie toute neuve, toute propre, toute belle. J’ai aimé mes seins, si lourds d’habitude, qui s’arrondissaient joliment, même si mes soutiens-gorge ne voyaient pas la différence. J’ai aimé mon ventre, si plein de couches protectrices, qui devait veiller sur ce petit bout de nous. J’ai aimé ma peau qui se constellait de boutons, signes de changement hormonal. J’ai aimé mes cernes, discrets révélateurs de mes nuits agitées. J’ai aimé ma pâleur, mon sang tout entier attiré vers ce ventre nourricier. J’ai aimé les petites cicatrices laissées sur la seule veine propice aux prises de sang, au creux de mon coude.

Nous avons commencé à nous réconcilier.

Et puis, il m’a trahie. De la pire façon qui soit. Peut-être a-t-il voulu se venger de ces années de haine, de colère, de ressentiment. Peut-être s’est-il senti pris de court. Peut-être que ça allait trop vite pour lui, lui qui est si lent à se mouvoir. Et pendant 2 autres mois, il a souffert. Mes seins ont chuté. Mon ventre a hurlé, s’est tordu en tous sens. Mes cernes ne révélaient plus que les nuits passées à pleurer. Ma pâleur n’était plus qu’un symbole de mort. Le sang nourricier s’est écoulé, sans discontinuer. Et ma vie, ma joie, mon bonheur avec lui.

Mon corps qui avait réclamé une vie à aimer a tué mon bébé. Aujourd’hui, ce ventre ne peut plus que simuler, quand je le gonfle d’air. Je le regarde, je l’observe, j’essaie de l’écouter. Mais il ne fait qu’hurler sa vacuité. Il ne fait que me rappeler ma douleur, ma souffrance. Notre douleur, notre souffrance. Je ne suis pas encore capable de lui pardonner. Et pourtant, il faudra bien. Il faudra bien ajouter cette cicatrice à celles que je dénombre. Il faudra bien surmonter, faire avec, oublier.

Il faudra bien nous réconcilier.

ventre rond

Ceci est mon ventre

ventre
Ceci est mon ventre. Il a 44 ans.

Il a subi 2 avortements.

Le premier était à 34 ans. La rencontre avec son père était si fraîche, trop fraîche. Parfois on réfléchit trop. 2 ans après je parle d’un enfant, timidement, pudiquement, mais le conjoint rêve d’autres choses, de grands espaces et d’océan, invoque sa famille douloureusement recomposée…je me sens mal aimée mais espère…j’attends. A 38 ans je fais un putsch, je déclare arrêter la pilule. Il ne dit rien, ne s’investit pas plus que ça. A 42 ans je suis enceinte. 2 mois, 3 mois, Mon homme à l’air presque content. Je suis heureuse.Tout se passe bien. Tout se passait trop bien.

3 mois 1/2. Aucun signe extérieur. L’amniosynthèse couperet détecte une trisomie, une erreur de de test m’oblige à passer une autre amniosynthèse, très douloureuse , comme une punition divine, pour avoir le droit d’avorter. Voilà le second avortement: Une interruption médicale de grossesse, à 16 semaines, violente comme un accouchement, à part que le nouveau-né est mort. De l’autre côté de la porte on entend les premiers cris des bébés tandis que le staff médical nous demande si nous voulons voir notre enfant trisomique mort et lui donner un prénom.

L’infirmière était presque soulagée de me voir pleurer quand j’ai lu sur l’acte de décès le sexe de mon enfant. Je ne voulais pourtant pas lui mettre un sexe à ce petit garçon…Une deuxième erreur malheureuse, qui ouvre les vannes d’un chagrin immense. Un chagrin presque sain pour le personnel médical, mais l’ouverture d’une boîte de Pandore pour moi.

Une énorme souffrance ne quittera plus jamais ce ventre. Tordu de tout ce gâchis, de la honte d’avoir naïvement pu se croire au dessus de la nature, la blessure d’amour propre de l’avoir annoncé pour le perdre 2 semaines plus tard, La culpabilité de ne pas l’avoir fait plus tôt, de ne pas avoir eu assez de conviction pour l’imposer plus tôt à mon conjoint, arrêter la pilule à 38 ans pour tomber enceinte à 42, quelle naïveté!
une sensation de vide cruel de n’avoir pas été assez aimée aussi. Pas assez aimée pour qu’on puisse vouloir de moi à nouveau un enfant.

J’ai perdu pied, perdu l’envie de travailler, j’ai voulu recommencer, ça n’a pas marché, 1 an, 2 ans. Le couple s’étiole, miné par la procréation médicalement assistée, les piqures journalières, l’amour programmé. Puis tombe le diagnostic d’ovules de trop mauvaise qualité. Le 14 février…Saint Valentin de merde.

Une clinique à Barcelone, un conjoint super réticent qui suit mollement, les piqûres, les comprimés, les crises dans le couple, mon homme qui bloque quelques jours avant le premier transfert, puis le jour même du deuxième transfert. 18 h avant exactement. J’arrive pour le transfert ravagée. Ça ne marche pas. Trop de souffrance sans doute.

Aujourd’hui mon conjoint ne veut plus, ne m’aime plus. Il part.
Je dois faire le deuil de mon couple, de ma maternité. Je ne travaille plus, sans emploi, je n’ai plus envie de rebondir.

La joliesse de ce ventre me parait bien cruelle, un ventre plat qui fait rêver les mères et qui devrait plaire aux mecs. Un Guernica intérieur qui lui ne fait rêver personne, et que mon conjoint déserteur laisse en champ de bataille abandonné. Ironie du sort, le tatouage sur ce ventre est symbole de fertilité. J’ai envie de l’arracher.

Privé de tout

privé

Bon et bien voilà j’ai 30 ans bientôt 31 ans ma vie est vide de sens, je pensais qu’à cet âge j’aurai déjà un paquet d’enfants à choyer mais non rien pas un ne désir de nouveau se greffer dans mon ventre pour débarquer neuf moi plus tard … la gynéco que j’ai vue il y a déjà plus de deux ans m’avait prévenue  » çà sera difficile avec votre ovaire gauche qui présente des micros-kystes et pas mieux pour l’ovaire droit qui lui a un kyste de bien 3 cm de diamètre » alors elle m’a laissé comme çà, avec ce verdict qui est devenue une réalité, avec cette peur du « bébé-jamais » alors il n’y a même pas de traitement? En tout cas elle ne m’a rien proposé comme solution … M’a juste toisé un bon coup avec l’air de dire « une obèse qui veut des enfants on aura tout vu! » parce que bien sûr ce qu’elle ne savait pas c’est que je pesais il n’y a que deux ans en arrière un poids tout à fait normal et que ces putains de kystes étaint déjà là! En fait, à l’âge de 15ans on m’avait dit : çà sera difficile d’avoir des enfants sans d’autres explications car à cet âge on y songe pas. Mais 25 ans plus tard si, çà nous ronge le pourquoi les autres et pas moi….

Pourtant à l’âge de 26 ans, le miracle s’est produit « j’étais enceinte » oui mais voilà coup du sort, pas du « bon » garçon, un mec qui m’a juste dit : qu’il ne voulait pas d’enfant avec moi, ok çà faisait que 4 mois nous deux mais, il connaissait les risques de faire l’amour sans capote et ce « problème » avait été conçut par nous deux, enfin comme je l’aimai la solution a été vite trouvée l’IVG, rien que ce therme me gave interuption volontaire de grossesse, ma volonté étais de le garder je pensai que mon ex changerai d’avis si il savait combien célà tenait du miracle … mais non j’ai dû confondre le rêve et la réalité. Un ivg ce n’est pas rien mais je l’ai subi çà fait mal au corps , au coeur et à la tête. Rien n’a plus été pareil depuis, j’ai perdu le goût de la romance, çà m’a endurcie.

Pas un jour ne se passe sans que je ne vis pas dans le regret ma vie aurait été bien différente depuis, cet enfant aurait un peu plus de 3 ans, l’âge des « Ze t’aime maman ». Peu le savent, peut-être que les autres comprendraient mieux ma colère, mes coups de gueules… J’ai vécu tout çà en silence, j’ai gardé çà pour moi car j’ai honte de ne pas avoir claquée la porte et imposé mon désir d’enfant. Car celui qui m’avait fait cet enfant à finit par partir, le comble c’est pour une autre qui en avait un enfant, chacun sa route comme il m’a dit. Moi je vis avec cette souffrance, lui n’en avait jamais reparlé comme si ce n’était rien !! Mais ce n’est pas rien, j’ai ressenti des petits papillons dans le ventre, qui le jour où j’ai pris le dernier cachet je n’ai plus rien senti, mon ventre était vide, vide, vide.

L’avortement fait mal très mal, j’ai accouché dans la douleur d’un amas rouge vif et dans le sang qui n’arrêtait pas de coulé, je me vidais dans l’indifférence du géniteur… Puis la douleur cesse mais pas le manque. J’ai depuis des douleurs atroces tout au long de mon cycle, alors qu’auparavant j’avais jamais mal au ventre. Rien n’est plus comme avant, rien ne sera plus. J’ai juste mis un mouchoir dessus. Mais chaque mois je me dis çà y est cette fois-ci c’est la bonne, un nouveau papillon est là dédans. Et chaque mois je pleure car non il n’y a personne mon ventre est vide !

Donc faut bien s’y faire je ne serai que la tata , la fille sympa qui rend service pour garder les gosses des autres … Mais moi je les aime les mômes, j’en veux un à moi! Jules n’a pas l’air très décidé pour trouver une solution, pour lui ce n’est pas son problème mais le mien, après tout s’il voulait un enfant il n’aurait que juste à changer de femme… Et puis c’est surtout mon désir pas le sien. C’est pas le moment, je ne bosse plus, lui n’a pas beaucoup de boulot, bref l’argent manque mais si on ne faisait des enfants que quand on a de l’argent il n’y aurait pas beaucoup de naissance. C’est encore une fausse excuse pour me faire comprendre que non, il ne veut pas d’un enfant tout de suite.

Mais le temps passe mes ovaires fatigue, 30ans c’est le bon âge pour fonder une famille non? Autour de nous les couples font comme par hasard des tonnes d’enfant, rien que l’année dernière je connais une dixaine de femmes qui ont eu un enfant. Alors je patiente mais ces « nouvelles mères » me gavent me font bien comprendre que je ne fait pas partie de leurs clans, combien de fois j’ai pu entendre « tu ne peux pas comprendre, tu n’as pas d’enfant … » j’ai juste envie de hurler mais putain si tu savais connasse combien j’aimerai être à ta place quand tu te plaind de tes gosses , donne-les-moi et crois-moi que je ne leurs gueulerai pas dessus toute la journée comme toi !

C’est simple dès qu’une femme est enceinte, elle se sent supérieure à celles qui galère pour l’être.Elles ne comprennent pas combien c’est dur d’être toujours celle qui regarde son ventre en pleurant.

Et puis j’en ai marre des « mères » qui me disent : « si t’y pense trop çà ne marchera pas » ce sont les mêmes qui sont tombées enceintes le premier mois d’arrêt de pilule ! Çà c’est sûr elles n’ont pas eu le temps de faire mûrir l’idée du : « et si je n’avais jamais d’enfants. Celles qui me saoulent le plus sont celles qui t’affichent leurs gros ventres pendant neuf mois et qui te disent : « la prochaine se sera toi ! » Faux-culs oui, elles en ont rien à fouttre, elles l’ont le fruit de leurs désirs ! Il y a aussi les filles qui te donnent des conseils, j’ai juste envie de leur dirent : c’est bon j’ai compris depuis longtemps comment on fait les bébés, je n’ai pas besoin que tu me dises : tu sais faut faire l’amour le jour de ton ovulation ! Prends-moi pour une conne aussi, je t’ai dis moi qu’il faut faire le poirier après chaque rapport, non alors tes conseils tu peux te les mettre où je pense … Puis il y a celles qui te prennes en pitié « Ma pauvre je sais que çà fait 2 ans que tu galères pour avoir un enfant … Moi à ta place je déprimerai en plus de çà tu serais une super maman », merci on a compris ! Enfin je ne leur en veux pas car la plupart se disent : elle y arrivera un jour, le problème ce n’est pas elles mais moi.

Bleus au corps, blues à l’âme

 « -Finalement, c’est comme si votre corps ne vous avez jamais appartenu. »

C’est comme ça que se termine ma séance chez le psy. Je venais de lui parlais du site, que je lis régulièrement, et qui m’avait fait réalisé que mon corps avait toujours été un problème… d’abord pour les autres (par là, je veux dire mes proches, en particulier mes parents) avant de faire ce problème le mien.

Née trop petite et trop malingre (parce que trop pressée de découvrir le monde), j’ai fini par « vite [me] rattraper » m’a-t-on toujours dit.

avant l’âge d’a peu près 8 ans, je ne pensais pas que mon corps pouvait faire des siennes. à cette période, mes parents se séparent et je me mets à avoir des maladies imaginaires. par exemple, j’ai fini aux urgences parce que je ne pouvais plus plier la jambe, même avec l’aide de ma douce infirmière de mère… alors que le joli interne , avec son beau sourire, me la plie sans aucun cri de ma part. puis, je finis par ne plus rien voir à l’école : verdict, myopie. rien d’exceptionnel me dirait vous, sauf pendant l’adolescence où tout le collège se fout de ta gueule parce que t’es une binoclarde, que les garçons n’envisagent même pas de sortir avec toi parce que, bien sur, c’est la honte d’être avec une fille à lunettes qui, en plus, porte un appareil dentaire…

à la même période, ma mère m’envoie chez ma tante à l’étranger et là-bas, je prends 3kg. Pour une gamine de 8 ans, c’est pas la mort. mais pour ma mère, j’étais devenue trop grosse alors, elle s’est évertuée, dès la rentrée, à ma faire rentrer dans le rang.

9 ans, mon corps commence à changer. l’adolescence a décidé de débuter son oeuvre. ma prof de danse classique alerte ma mère « attention, elle change, elle forcit« . qu’y puis-je? rien mais manifestement, y a un problème.

10 ans, tout le monde me complimente sur mes jambes « elles sont longues, tu vas être grande« . je me rêve mannequin. je vous dis pas la désillusion quand je m’arrête de grandir à 12 ans et que je n’atteindrais jamais le mètre 60. des soirée à pleurer sur mes rêves de grandeur…

11 ans, mes premières règles. une fierté pour certaines. pour moi aussi si je n’avais pas été en CM2 et que l’école avait pensé à mettre des poubelles dans les toilettes. je sens encore le regard plein de haine de la part du personnel de la cantine quand je tente, tant bien que mal, de camoufler ma serviette usagée au fond de la grosse poubelle noire au milieu de la cour de récréation. mes copines m’envient… j’ai honte d’être si précoce.

suivent des années de remarques insultantes de mes parents, ma mère trouvant toujours mes jeans trop moulants « t’es sure que tu veux mettre ça, ça te fait de grosses fesses. » « t’as de la culotte de cheval ma fille, c’est comme ça alors, faut que tu la cache« . mon père ne m’aide pas plus. dès que je passe la porte de son appartement miteux, empli de cafard, il remarque que j’ai « encore pris des fesses cette semaine ». je m’habille en noir, me cache derrière des pull informes. mes lunettes sont tellement grosses qu’on ne voit plus mon visage. j’accumule les blessures : entorses à répétition, à telle point que mes chevilles ne supportent plus la moindre ballade en montagne (je trouve toujours le moyen de me tordre la cheville juste avant d’arriver), les chutes de cheval qui me cassent le dos, ce cheval qui me tape dans la cuisse et me laisse un creux à la place du muscle. j’ai gardé le bleu 2 ans. dans le vestiaire du gymnase, mes copines comptaient le nombre de clous dans le fer du cheval.

je ne me rend pas compte de mon corps. je me cogne en permanence, en particulier la tête. j’investis l’intellectuel à fond. suis tête de classe. j’ai du mal à assumer le regard des garçons, plus âgés, sur mes formes. quand je revois les photos de cette époque, je réalise que j’étais canon. je me suis toujours trouvé grosse alors qu’à l’époque, mon tour de taille peine à dépasser les 60 cm. Un jour, alors que j’attendais l’heure de mon cours de danse, un garçon que je connaissais me saute dessus et me mets les mains sur les seins. je suis sidérée et me forge l’idée que les mecs sont tous des obsédés sexuels. c’est donc comme ça qu’il faut attirer leur attention?

le lycée. j’utilise mon corps pour séduire, du moins, en prenant soin de cacher mes fesses, toujours trop proéminentes, mais je n’assume que très peu cette possible sexualité. je rencontre un gars que j’aime passionnément. je lui donne tout, même mon corps. quand il me quitte, je deviens folle. je prends des médicaments. pas assez pour quitter ce monde… puis la douleur passe et je rencontre l’homme de ma vie.

arrive la terminale. cet homme auquel je tiens tant part faire ses études. son absence me pèse. je le montre dans mon corps. je prends 7 kg en 2 semaines. commence une longue descente aux enfers. les kilos s’accumulent. ma mère me fait faire des régimes. j’ai 18 ans et je dois déjà me battre pour rester dans ce qui est « normal » selon certain. j’ai tenté plusieurs méthodes. weight watcher, 3 fois, la première fois à 18 ans… pour 7 kilos qui finalement me faisait passer d’un 38 à un 40… en réfléchissant, 56 kg, c’est pas mal…

pendant mes études, je me maintiens tant bien que mal. mais, en dernière année, c’est l’enfer. la perspective de la vie active me stresse. je suis dans un domaine où y a peu de boulot. J’arrive à trouver un travail rapidement mais, c’est beaucoup de responsabilité. j’arrive à maintenir un poids correct pour mon mariage. puis c’est l’horreur : 5 ans, 20 kg. aujourd’hui, je suis grosse : 83kg pour 1,57m, je suis une tour. mes articulations me lâchent : je n’ai plus de ligaments au genou. pour m’habiller, j’ai développé la faculté de me regarder dans le miroir par portion : comme ça, je ne constate pas l’étendue des dégâts. quelque part, c’est comme si ce n’était pas moi dans ce miroir.

maintenant que je suis installée dans ma vie professionnelle et personnelle, j’ai cru que mon corps deviendrait mon allier. j’étais prète à l’accepter avec tous ces plis et les vergetures que j’ai accumulé toutes ses années… comme les cicatrices de mes souffrances… mais encore une fois, il me laisse tomber… deux ans que nous voulons un enfant… deux ans d’attente, de pleurs chaque mois quand les règles reviennent me dire que je ne décide de rien… deux ans où les médecins ne savent plus quoi dire parce que rien, absolument rien, sur le plan médical, n’explique pourquoi mon ventre reste vide, flasque… un ventre que ne veut pas accueillir de bébé.

alors oui, mon corps ne m’a peut-être jamais appartenu… je ne sais pas encore comment le (re)trouver, comment faire alliance avec lui. en attendant, je continue d’aller chez le psy pour parler inlassablement du même sujet : je souffre de ne pas avoir cet enfant qui me manque pour donner un sens à ma vie, à mon histoire et à mon corps aussi.

pour l’instant, j’attends…

S.

Je ne me sens pas femme


J’ai 22 ans, je suis mariée, mais pourtant je n’arrive pas à avoir ce bébé.
1 an qu’on essaye, rien à l’horizon.

Ce n’est pas beaucoup 1 an, pourtant c’est horriblement long.

Je suis sous traitement pour me faire ovuler, mais vous pensez bien… Ca ne marche pas !
Mon mari a fait un spermogramme qui s’est avéré bon.

Voilà, c’est dit, le souci vient de moi !

Alors pour beaucoup c’est un problème bénin.
Sauf que moi je le vis comme une véritable souffrance.

Si nous n’arrivons pas avoir de bébé, c’est à cause de moi.
Je suis fautive.
Alors c’est sûr, si je pouvais me cacher dans un trou de souris, je le ferai !

J’ai honte de moi, je me sens sale, je me sens comme un enfant.

Tout le monde autour de nous, nous parle de bébé… Nous, nous répondons que ça ne fait pas partie de notre projet.
Quel mensonge !

Ma plus grande souffrance est de ne pas offrir à mon mari ce dont il rêve le plus !

Mon objectif de cette année ?!
Ovuler ! Je veux juste ovuler, ni plus ni moins.
Après peut-être qu’on sera parent, mais on n’en ai pas encore là.

Je pourrais vous montrer mes ovaires en photo, mais il en est ainsi.

Minouchette.