Mon corps c’est moi

Je sais que ça à l’air con dit comme ça, mais il a fallu tellement d’années pour que le déclic se fasse dans ma tête. Mon corps, n’est pas le véhicule de mon esprit, il n’est pas mon ennemi, ni mon allier. Il n’a pas d’identité propre : c’est juste moi.

Je suis une victime de viols, avec un « s », sur dix ans, sept personnes sans liens entre elles autre que moi. Je suis aussi une victime de maltraitance, ceci explique cela. Dissociée de mon corps je n’ai pas compris que mes non devaient être entendus.

Ne me touchez pas, ne m’approchez pas, ne me parlez pas. Vos regards me brûlent la peau.

Mon corps en à chier, en plus de ce que les autres ont fait. Anorexie boulimie, scarifications, acné excoriée, alcool et drogues. Un jour j’ai péter les plombs, c’était trop, trop de douleur, trop de pression : hôpital psychiatrique. Les chaînes aux fenêtres, pas de rideau de douche (histoire de ne pas pouvoir se pendre avec), pas de siège de toilette (pour ne pas agresser le personnel). Médicaments, beaucoup de médicaments. Puis le déclic, mon corps c’est moi. J’ai pris du papier et j’ai écrit des lettres. J’ai rendu ce qu’on m’avait mis sur les épaules, il s’est passé ça – ça m’a fait ça – (et pour certains) si tu veux qu’on continue à se voir j’attends ça de toi. Réactions lâches en retour, quelques-unes étonnantes et bouleversantes. Je suis revenue à la vie civile.

Quelques années ont passé, sereines. Nous avons fait un enfant. Notre bébé est né chez lui, dans la douceur et le respect de nos corps. Je ne suis pas une petite chose fragile, je me suis rendue à moi-même.

J’aime mon corps, j’aime ces cicatrices, ces vergetures. J’aime mes seins qui me permettent de nourrir mon enfant. J’aime les rides qui commencent à apparaitre aux coins de mes yeux, marques des rires quotidiens avec les miens. Je suis fière de ma puissance.

Mon corps c’est mon histoire.

Mon corps c’est ma victoire.

 

Mon ventre vidé

Tous les jours, même quand ma cicatrice sera moins moche, mon ventre va me rappeler ce drame, cette malchance et ce manque… et pour ça, je le déteste.

Lundi 3 octobre, je suis si fatiguée, je vais me coucher tôt…

J’ai eu une grosse journée au boulot, ma puce de 3 ans est pleine de vie (donc fatigante)… et surtout…je suis à mon 5ème mois de grossesse !

Nous sommes aux anges, dans 2 semaines, j’ai mon écho morpho… on va enfin savoir de quelle couleur peindre la dernière chambre en travaux chez nous, et pouvoir peaufiner notre choix de prénom…. !

Vers 3 heures du matin je me lève, j’ai mal au ventre, une grosse contraction qui ne passe pas, je vais aux toilettes…. Je saigne un tout petit peu…

Je réveille F., il faut aller à l’hôpital. On lève notre puce et on l’emmène chez ma mère qui habite tout près. Pas perturbée la louloute, elle pense que c’est le matin… un gros câlin,

Ne t’inquiète pas ma chérie, on revient très vite.

Arrivés à la maternité, examens d’usage, analyse d’urine, prise de sang… on attend un peu la sage femme et le médecin pour la suite… on plaisante avec F. Tu vois, toi qui te disais crevée tout le temps en ce moment,… le voilà ton congé mater !…

Echographie : on entend le petit cœur de notre bébé… ouf… la médecin a l’air préoccupé, je regarde tout et je vous explique après…. Tout ce que je vois moi c’est un petit cœur qui bat et un bébé qui bouge…

Bon le placenta présente une anomalie, il me semble y avoir trop peu de liquide amniotique et je trouve que votre bébé n’est pas très actif…

Coup de massue… et putain mon ventre qui est dur comme de la pierre et ça ne passe pas… dès que je bouge, je perds du sang…. Sensation dégueulasse de liquide chaud qui s’échappe…par réflexe idiot, je sers les cuisses…. Tu parles !…

Ma tension est trop haute, les résultats de ma première prise de sang tombent… tout le monde autour de nous change de tête… on commence à vraiment vraiment paniquer…

S’ensuit la valse des médecins, obstétriciens, sages femmes, anesthésistes… merde, hier j’allais bien moi, notre bébé m’a donné des coups de pieds toute la journée, je suis allée faire des courses et j’ai préparé un bon repas pour ma petite famille…. Et là on me descend déjà en salle de préparation au bloc….

Puis la valse des nouveaux examens et des phrases chocs :

Mme votre état est très sérieux, hématome rétro placentaire… placenta preavia… il va falloir extraire votre grossesse pour vous sauver la vie… vous êtes bien consciente qu’à ce terme, on ne pourra pas réanimer votre bébé….

Mme, la grossesse s’est arrêtée… plus d’activité cardiaque…

Voici de la morphine… Mr ne vous inquiétez pas… on a réservé toutes les poches de sang nécessaires…

Embolisation des artères utérines… tentative d’accouchement par voie basse…

Transfusion…

Césarienne d’urgence, utérus cicatriciel… conséquences sur d’éventuelles grossesses ultérieures…

Nous sommes en état de choc, je n’arrête pas de pleurer… on a si peur… F. ne me lâche pas la main et ne me quitte pas des yeux… lui aussi est terrifié…

…Ne t’inquiète pas ma chérie, on rentre très vite…

Le personnel est adorable, très prévenant… mais personne ne peut nous dire les mots qui rassurent…

La 1ère transfusion terminée, je pars au bloc pour une tentative d’embolisation des artères utérines…il est 9 heures…

Je suis shootée… l’anesthésiste me rassure… je suis de plus en plus dans les vapes… elle m’incite à m’accrocher à une image agréable… je suis dans les prés, sous le soleil… je ne suis déjà plus enceinte, je porte ma fille dans mes bras… on caresse mon cheval en riant toutes les deux… la chaleur du soleil… le rire de ma fille… la douceur des crins de mon cheval…….. je pars….

Quelques bribes de souvenirs, F. dont je croise le regard apeuré en passant pour changer de bloc…J. on va tout faire pour sauver votre utérus…

…………………..

J’ai un tuyau dans la bouche… je lutte contre la respiration qu’il m’insuffle … je n’arrive pas à ouvrir les yeux… j’ai les mains attachées… Mme vous êtes en réa, c’est l’équipe de nuit… je regarde l’horloge en face de moi… la vache, il est 6 heures du mat’… je comprends plus rien… j’ai toute une journée de black out.

Les heures en réa sont interminables, je me réveille, je lutte contre ce souffle artificiel qui me gonfle la poitrine, je m’étouffe, je me rendors…

J’ai un énorme pansement sur le ventre… j’ai dû avoir une méga césarienne…

Enfin, le jour se lève, visite des médecins Mme on revient vous voir pour vous expliquer, aides soignants qui me brusquent pour me laver… me tournent et me retournent… j’ai mal… je suis branchée de partout… je suis toujours intubée… je peux pas parler…

Enfin, je suis extubée… je tousse… je reprends mon souffle petit à petit…je peux parler…je peux entendre…

Enfin un médecin arrive… Mme je vais vous expliquer ce qui s’est passé…

Vous avez fait un cas grave d’hématome rétro placentaire combiné à un mauvais positionnement de votre placenta… tout a été tenté pour stopper votre hémorragie… tout a échoué…il fallait vous sauver… on a été contraint de procéder à une hystérectomie… Vous avez beaucoup de chance d’être encore là… votre compagnon et votre maman vont arriver d’une minute à l’autre…compte tenu des circonstances, ils pourront rester avec vous tant que vous le souhaiterez…

Je suis sous le choc, je m’effondre sous un torrent de larme… j’ai perdu mon bébé, j’ai perdu mon utérus… je ne suis plus enceinte et je ne le serai plus jamais… j’ai 32 ans…et beaucoup de chance d’être encore là ??? non mais il se fout de ma gueule… !

La suite du séjour est longue et pénible… le monde autour de moi s’est effondré… je dois faire le deuil de mon bébé, le deuil de maternité, le deuil de nos projets de famille…

Tout le monde est adorable, je rencontre une super psy qui m’aide énormément.

F. est un amour, il a eu si peur… il est tellement désolé et attristé… tellement soulagé aussi…

Ma maman, ma famille, mes amis, tout le monde m’entoure d’amour et d’attentions…

Et puis, nous devons faire le deuil de notre petit garçon…

C’est fou comme quand on est parents on a la faculté de trouver notre enfant beau quelqu’il soit… même un mini lilliputien de 330 grammes…

Et puis, il faut expliquer la situation à notre fille…

Et puis, je dois apprendre à apprivoiser mon nouveau ventre…

barré de cette énorme horrible cicatrice qui part de mon sexe et contourne mon nombril pour le dépasser largement… 37 agrafes, d’énormes hématomes… bonjour Mme Frankenstein !

F. lui s’en moque, me prouve me désirer encore, et m’encourage plutôt à l’aimer, à le considérer comme un témoignage de survie, comme un souvenir émouvant de la vie qu’il a un moment porté et qui s’est trop tôt envolée…

On s’aime tellement fort et je suis si reconnaissante de l’avoir ainsi que notre merveilleuse petite fille….

Les jours passent et j’arrive peu à peu à réaliser qu’effectivement j’ai failli mourir et que j’aurai pu perdre tout ça… je m’accroche à cette pensée pour ne pas sombrer.

Hier mon ventre était si tendu et doux, si plein et si mouvant…

Aujourd’hui il est si vide, si douloureux, si laid…

Hier, maman avait un bébé dans son bidon,

Aujourd’hui, maman a un gros bobo à son ventre,

Hier j’étais gaîté, enthousiasme et projets,

Aujourd’hui je suis renoncement, larmes et deuil,

Hier j’étais un vallon verdoyant et fertile,

Aujourd’hui je suis une rivière asséchée,

Hier j’étais mon ventre rond,

Aujourd’hui, je suis ma cicatrice…

Je ne m’aime pas

 

 

 

Je ne m’aime pas. Je ne me suis jamais aimée je pense.

J’ai toujours été la plus jeune de ma classe (de deux ans). Ce qui, aujourd’hui, m’apparait comme une fierté, a été un clavaire pendant mon adolescence. Que dis-je? Un enfer.

Trop grande, trop plate trop maigre, les bras trop longs, trop jeune. Quand les « copines » avaient des poils pubiens et les exhibaient fièrement dans le vestiaire pour la piscine, je me cachais, ou alors j’avais le droit à « ha ha ha non mais regarde là cette espèce de petite fille à sa mamaaaaan qui n’est même pas une femme » (alors que bon… Hein…Les poils…).

 

Les filles rondes prenaient un malin plaisir à me ridiculiser. Les filles normales à m’ignorer royalement. Les jolies filles à me tendre des pièges odieux. Et enfin, les filles « bizarres » me fuyaient.
D’ailleurs, aujourd’hui, je me complais à regarder ce qu’elles sont devenues (vive les réseaux sociaux) C’est mesquin, petit, malsain… Mais mon Dieu, ce que ça peut faire du bien.

 

Enfin bref. Je ne vais pas vous faire le couplet du vilain petit canard qui se transforme en cygne, évidemment.

Quoi qu’il en soit, un jour j’ai rencontré quelqu’un. Normalement, dans ces cas là on dit « et là, tout a changé, il m’a redonné confiance en moi, je me suis enfin acceptée »…
Hé bien, vous l’avez dans le mille. Non. Au contraire.

Ca a été la descente aux enfers. Au moment même où je commençais à envisager l’idée que j’étais éventuellement, potentiellement, peut être un tant soit peu potable, ça a été le coup de massue.

J’avais tous les jours le droit à mon lot de piques quotidien (que ce soit au niveau de mon physique, des mes goûts, mes projets). Le pire étant que j’ai fini par me convaincre (grâce à lui), que c’était pour mon bien, pour que je me dépasse, que je me transcende.

Tu parles.

 

Le jour où mon père est tombé malade, j’ai perdu tous mes repères. J’ai perdu à peu près 5kg. Ce n’est pas « énorme », mais, avec mon ex, j’étais déjà en insuffisance au niveau poids.
Vous savez ce qu’il a osé me dire? « Ah bah c’est bien, au moins tu as perdu ton petit bidou, je suis sûr que toute nue, tu ne voyais même plus ta foune »

Joli hein?

Et puis niveau soutien moral, on n’a pas vu mieux depuis des décennies.

Le jour où mon père est mort, j’ai tout perdu. J’ai perdu la seule personne qui me trouvait inconditionnellement belle. Qui me le disait tous les jours, comme ça, pour le plaisir, sans rien attendre en retour. Qui m’aimait, malgré tout.

 

Mon ex a osé me dire d’arrêter de pleurer. Que c’était bon, je pouvais m’en remettre quand même et qu’il fallait avancer. Il m’a dit qu’il allait mal lui aussi, mais que j’étais trop égoïste pour le voir de toutes façons.

Et j’ai plongé. J’ai regardé mes poignets, un soir, dans ma cuisine, un couteau en main. Et j’ai commencé à « gratouiller ». De toutes façons, personne ne pleurerait quelqu’un d’aussi laid intérieurement qu’extérieurement.

Un de mes amis m’a appelé à ce moment là, pour me changer les idées, pour qu’on sorte. Et il m’a avoué qu’il avait le béguin pour moi, et que beaucoup d’autres dans mon école d’ailleurs.

Ca a été le déclic.

J’ai enchaîné conneries sur conneries. En demandant à mes amants comment ils me trouvaient. Jolie? Oui. Intelligente? Oui. Sexy? Attirante? Bien habillée? Oui.

J’ai commencé à m' »apprécier ». Si on peut dire ça comme ça…Pour plaire à mes amants, je leur disais ce qu’ils voulaient entendre, quitte à changer de personnalité du tout au tout, m’habillais comme ils le désiraient, juste pour entendre ces quelques mots : « tu es exceptionnelle ».

Pourtant, ce n’était qu’à un de mes innombrables personnages que je m’étais créée, que l’on disait ça, et pas réellement à « moi ». Donc comment m’aimer? Est ce moi? Mon personnage?

 

 

J’ai fini par quitter mon ex. J’ai sorti la tête de l’eau, malgré mes nombreuses séquelles encore présentes aujourd’hui. Mes cicatrices, internes et externes.

 

 

Puis, j’ai rencontré mon amoureux. L’homme de ma vie. Le père de ma fille.
A lui, j’ai dit toute la vérité. Brute. Aucun personnage, rien, moi toute nue.
Il est resté, avec le sourire, et m’a offert une magnifique fille.

Et il me l’a dit. « Tu es exceptionnelle. »

Pour ma grossesse, j’ai eu la chance de ne pas avoir de vergétures au niveau de mon ventre.

Par contre.
Ce corps que j’ai fini par aimer, que mon conjoint aime à qui il dit de si beaux mots d’amour.
Ce corps m’a dit « hin hin hin, c’est moi qui décide ma poulette » : Mes seins tombent aujourd’hui.
Mes si petits seins, où je me disais « pas grave, les petits seins vieillissent mieux que les vieux »… Hé ben, ils tombent.

L’un est beaucoup plus lourd que l’autre.
Mes vergétures sont sur eux.

J’ai un mini ventre que je trouve énorme.
Mes fesses sont molles.

Enfin bref. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être revenue à la case départ.
Mais on est deux. Mieux…. On est trois.

Mal recousue

Mai 2009, naissance de ma princesse. Un peu vite, un peu rapide, mais elle est en pleine forme, c’est le principal. Mon corps a pas mal souffert de ce « boulet de canon » – selon les termes médicaux-, pas mal de déchirures internes et externes, double épisio, révision utérine et début d’hémorragie…

 

Je sors de la maternité je suis fatiguée et j’ai mal, mais c’est normal je suis devenue maman, mon corps a besoin de temps pour s’en remettre.

 

Retour à la maison, difficile de s’asseoir, difficile de se lever, mais peu à peu tout se met en place, le rythme se prend. Au bout de quelques semaines tout va mieux. Je suis reposée, je découvre ma fille, je découvre un merveilleux père en mon mari, la vraie vie reprend, l’envie de câlins revient doucement…

 

Ca y est, mes douleurs ont disparu, mes nuits ne sont plus chaotiques, l’envie de câlin est de plus en plus forte… je suis prête ! Oh oui j’ai quelques appréhensions, mais j’ai envie de me retrouver en tant que femme, de retrouver mon mari.

 

Premier essai, un peu cata… trop de craintes ? trop pressée ? trop perdue ? Je ne sais pas mais je n’y arrive pas, j’ai trop mal. Je me rassure, c’est normal il va me falloir un peu de temps, l’accouchement n’a pas été simple, je dois avoir peur.

 

Le temps passe, et rien ne s’améliore… j’ai mal, très mal et je ne me comprends plus. Je pleure en silence avant, pendant et après les rapports. Je m’en veux, je suis triste, je ne suis plus une vraie femme…

 

Plusieurs mois plus tard, je me décide à en parler à ma gynécologue. Ce n’est plus possible, il doit y avoir un problème, ça ne peut pas être que dans ma tête ! Elle ne voit rien, mais me croit et m’envoie voir une grande spécialiste. Deux mois d’attente, mais deux mois d’espoir! Le rendez-vous arrive, le médecin m’examine longtemps et me pose de nombreuses questions. Après une demie-heure, le verdict tombe, je n’ai aucun problème physique, le problème est dans ma tête. Je refuse d’être une femme, je ne veux être « qu’une maman », je n’aime plus mon mari comme il faut. Le médecin me propose même à demi-mot de prendre un amant, pour « mon bien ».

 

Je ressors de ce rendez-vous triste, abasourdie, malheureuse, perdue et avec une ordonnance d’anti-dépresseurs.

 

Je ne sais plus quoi penser, mais je sais que j’aime mon mari et que je ne veux pas prendre ces médicaments…

 

Le temps passe, les câlins se font rares les douleurs sont toujours là, mais j’aime de plus en plus mon mari patient et compréhensif qui est lui aussi un peu désoeuvré. Je pensais pouvoir accepter mon état, vivre comme ça. J’ai une jolie famille, une chouette vie, un métier que j’aime, pas de soucis de santé ni d’argent, je peux bien vivre avec ce petit problème non?

 

Et bien non, un jour je craque, j’explose, je pleure sans m’arrêter… je ne suis plus moi même, je ne suis plus entière et je ne peux pas vivre comme ça. Ma fille a deux ans, je dois comprendre ce qui m’arrive !

 

Retour à la case gynéco, nouveau rendez-vous avec un spécialiste, encore 1 mois d’attente… J’ai beaucoup moins d’espoir que la première fois, mais je suis mal, il faut que j’agisse. Début du rendez-vous, je suis un peu stressée, je raconte encore une fois toute mon histoire depuis l’accouchement. Le chirurgien m’examine 3 minutes et me dit c’est bon vous pouvez-vous rhabiller. Je suis déçue, j’ai bien l’impression que tout ça n’a servi à rien. Je m’assois au bureau du médecin, et là elle me sort un papier et commence à me faire un petit schéma. Quelques petits traits de crayon pour m’expliquer qu’il y a deux ans, mon épisio a été très mal recousue: ils ont recousu à l’entrée mon vagin un « auvent muqueux » (un morceau de peau) de plusieurs centimètres. Je regarde cette femme, je la remercie sincèrement, et je me mets à pleurer en silence. C’est incontrôlable, je suis soulagée. J’aime mon mari, j’accepte mon rôle de femme, je ne suis pas « qu’une maman », mon problème est bien physique !

 

Je suis opérée 15 jours plus tard, j’ai un peu mal à cause des points mais quel bonheur cette douleur ! Je ne suis pas anormale, je vais retrouver mon mari, je vais revivre…

 

Aujourd’hui je revis, je suis plus que jamais heureuse d’être mariée avec cet homme merveilleux et ma princesse a un petit frère de 3 mois qui a été conçu dans la douceur et l’amour et non dans les pleurs et la douleur.

 

Mon bedon de bébé

J’ai 28 ans, jeune maman, mon ventre n’a jamais changé…

Bébé, un ventre tout rond…
Enfant, un petit bedon…
Ado, quelques kilo de trop…
Jeune femme, des hanches généreuses…
Futur mère, un nid d’amour, seule époque ou j’ai aimé cette partie de mon corps…

Jeune mère, un ventre qui pèse sur mon moral…
Pourquoi ne disparaît-il pas ? pourquoi reste t’il intact ??
J’aimerais un corps de femme, j’ai un corps d’enfant.

Peut être ai-je peur de grandir…
Aujourd’hui je fais un travail sur moi, je grandis, du moins j’essais, et ce ventre je vais l’apprivoiser, avant de lui demander de s’en aller…

Ce corps, cette personne.

Toute une histoire…. Ce corps qui n’a pourtant que 27ans… je lui ai fait du mal… j’avais il y a quelques années de ça un corps comme on dit « normal » bien fait…. j’en était fiere…. aujourd’hui ce n’est plus la même histoire….

Après avoir connue celui qui allait devenir mon mari j’ai pris du poids et encore du poids….jusqu’a atteindre des sommets…. quelques temps après notre rencontre, nous avons voulu avoir un bébé on pensait que ca serait facile, et bien non…. ce corps dont j’etais si fier a décidé de me faire payé ce qu’il était devenu par ma faute 1an a passé et toujours pas d’enfant… puis 2ans et puis 3 et 4 et aujourd’hui nous en sommes a 7ans…7ans que nous attendons ce bébé… Les medecins s’acharnent a me dire que ca arrivera que nous sommes jeunes et oui peut etre nous sommes jeunes mais aujourd’hui depuis la premiere fois ou on a pû nous dire qu’on etaient jeunes il c’est passé ces 7ans…. Suite a un nouveau traitements qui a encore échoué mon medecin nous a conseillé d’adopter et m’a dis « c’est terminé on arrête tout » cette phrase résonne encore dans ma tête aujourd’hui comment peut t’on vous dire ça après tant d’années tant d’années a vous dire « ca fonctionnera un jour on y arrivera!! » mon monde c’est effondré ce jour la….

Sans parler des gens autour de vous la famille les amis qui vous demande bien sur « et toi alors le bébé tu en es ou tu en veux pas ? » ou encore « oh tu sais quoi je suis encore enceinte!!! »… Si vous saviez par quelles idées je suis passées… j’en ai voulu a mes amies qui attendaient leur bébés j’en ai voulu a ces femmes qui tuent leur bébés en les jettant dans une poubelles…. j’ai même compris ces femmes qui kidnappent des enfants parce qu’elle meme ne peuvent pas en avoir c’est grave me direz vous ? savez vous ce que c’est que d’attendre d’attendre et d’attendre toujours pour qu’on vous dise au bout « on arrete c’est terminé » ? vous me direz oui mais tu as l’adoption…. ce qui em fais rire dans cette phrase c’est que souvent les gens qui disent ca ont deja leur propres enfants et si a vous qui avez deja vos enfants on vous disait « tu rends ton enfant pour en adopter un » le feriez vous ? serait t’il le meme bébé que vous auriez pu porter ? moi honnetement non je ne pourrais pas et je ne veux pas….

Aujourd’hui après toutes ces années j’ai décidé de maigrir a de nombreuses reprises j’ai essayé mais cette fois j’y suis arrivé il ne me reste que très peu de poids a perdre et aujourd’hui que je commence a reprendre confiance en mon corps, j’ai decidé de revoir mon medecin, j’ai souhaité que personne ne soit au courant hormis mon mari est une amie a qui je dis tout. Il a été content de mon poids perdu et a décidé de finalement reprendre mes traitements… une victoire ? oui peut etre il y a une net amelioration je dois l’avouer n’ayant jamais eu de cycles reguliers en 14ans et bien aujourd’hui si j’ovule meme seule apparement comme quoi tout arrive après 14ans…. Mais tout ca a laissé des marques autant physique que moral…. autant avec les gens qu’avec mon mari…. qu’avec moi meme je dois dire…. Aujourd’hui j’ai décidé qu’après ma perte de poids j’arreterais de me cacher j’essayerais d’avoir une passion a moi je rêvais de reprendre les majorettes comme il y a des années a l’arriere ce qui pourrait m’occuper me faire faire du sport m’amuser me defouler me faire plaisir….

Mais voila…je manque beaucoup de confiance en moi, je n’arrive plus a prendre de decision par moi meme je suis suspendu a ce que les gens pourront penser de moi de mes decisions si j’ose en prendre une, je ne veux pas etre ridicule, je ne veux vexer personne et n’ose imposer mon avis a personne…meme a mon mari…. quand je lui ai parlé de mon envie de reprendre les majorettes il m’a dit quoi? il a d’abord rigolé, puis m’a dis mais tu es trop vieille…. sur le coup j’ai pris ca a la rigolade, erreur, il ne rigolait pas… 27ans je suis trop vieille ?décidement quelque jours avant c’etait ma mere qui me deconseillé de porter du rouge parce que  » a ton age on ne met plus de rouge » …. et pour completer tout ca il a continué en me disant: « puis les majorettes c’est maigre pour pouvoir mettre un justaucorp »…. je lui ai demandé s’il me trouvait grosse sa reponse m’a fais sourire… il m’a dit que non mais pour etre majorette oui trop grosse et trop vieille et que ce ne sont que des petites jeunes qui font ca…. Décidement….

Je suis trop jeune pour avoir un bébé j’ai le temps, je suis trop grosse pour avoir un bébé faut maigrir, maintenant que j’ai maigris et bien j’ai le temps je suis jeune mais pas trop quand meme parce que après 30ans je serais trop vieille pour avoir un bébé, et pour porter la robe qui me plait parce que j’ai maigris et bien non je suis trop vieille pour ca, et pour exercer une activité bah je suis les deux a la fois trop grosse et trop vieille…. Je sais en ecrivant ça que… qu’il faudrait pas que j’ecoute ce que me disent les gens, le probleme c’est que ce sont des proches et je me dis que quelques parts ils ont peut etre raison et du coup et bien…. je fais ce qu’ils me disent (quoi que ma robe je l’ai quand meme mise j’avais rien d’autre a me mettre)… je n’arrive pas a prendre de decisions et les gens le savent ils savent que je n’ai pas/plus de confiance en moi….

 

Aujourd’hui je ne sais plus quoi faire certaines personnes me disent mais fais ce que tu veux vas y fonce et je reponds par « oui mais… » et voila j’ai encore laissé tombé je me plie a l’avis des autres…. je n’etais pas comme ca avant… avant d’avoir pris ce poids avoir d’avoir vecu tout ca…. j’avais un caractere un sale caractere meme mais la….je m’en veux j’en veux a ce corps qui me fais vivre tout ca meme si aujourd’hui je suis quand meme contente de pouvoir reprendre mes traitements pour j’espere avoir ce bébé un jour MAIS comme je dis dis souvent il y aura un MAIS a un moment qui fera que ca ne fonctionnera pas…. comme toujours…. enfin essayons de rester positif comme ON me dis de le faire…. en attendant il faut vivre comme ça… je n’ai pas le choix je ne sais pas ou es la solution je sais pas….

 

Signée: la pessimiste….

Mes pointillés

 

Mes cicatrices et moi, c’est une grande et longue histoire d’amour. (Faut dire que ça a commencé tôt).

La première fois, j’avais 1 an et demi, sur la lèvre du haut de ma bouche : bing-la-tête-la-première-sur-le-levier-de-vitesse ( ???), et bam-1-point-de-suture. Celle-là, je ne m’en souviens évidemment pas, elle s’est tout de suite faite fine, en plus. Elle ressemble un peu à un signe de ponctuation (un trait avec un point de chaque côté, en symétrie ; hum, pas clair..). Ce qui a été pratique, c’est qu’elle a longtemps été un signe de distinction avec ma sœur jumelle. Je l’ai appelée Géraldine, comme ma maîtresse de petite section. 10 ans après, presque jour pour jour, j’ai remis ça : bing-la-tête-contre-le-volant-des-auto-tamponneuses-crac-je-me-mord, et bam-5-points-de-suture. Là, je m’en rappelle, je saignais, je saignais, je n’arrêtais pas de saigner. Une fois les fils enlevés, elle s’est « mise une boule », ma cicatrice. Beaucoup plus visible, sur ma lèvre du bas. Ma mère m’a consolée en me disant que plus tard, je pourrais la cacher avec du rouge à lèvres (elle qui ne se maquille jamais, tu parles si ça m’a parlé !…). Que nenni, ma cicatrice, elle se voit encore plus avec du rouge dessus. Bon, tanpis. Deuxième signe distinctif. Je l’ai appelée Angéline (qui était le deuxième prénom d’une de mes arrières grand-mères, je crois). Très vite, je me pose LA question qui tue : et si ça m’empêchait d’embrasser de façon agréable ?… Alors pour mon premier baiser, j’ai demandé à mon premier amoureux si ma bouche toute recousue le dérangeait. Ouf que non.

Puis il y a eu l’appendicite (un 24 décembre, à la montagne, hum-hum). Assez moche aussi, celle-là, mais pas trop visible. Ou en tout cas, facile à camoufler. Je l’ai appelée Maryline (je n’avais pas beaucoup d’idée de prénom en -ine). Six mois plus tard, mon intestin a fait un nœud, une occlusion intestinale ça s’appelle, j’ai le droit à une cicatrice verticale, sous le nombril. Le doute n’est plus permis, j’ai vraiment compris que je ne cicatrisais pas bien du tout du tout. Ça me fait une vallée au milieu du ventre, c’est pas joli, presque complexant, alors je l’appelle Eglantine (j’aimais beaucoup ce prénom, c’est thérapeutique). Elle a une tête de ver de terre. Un ver de terre qui semble me grignoter le nombril.

C’est au tour d’un gros grain de beauté que je dois enlever « au cas où », en plein milieu du dos. Que même le dermato s’excuse de m’avoir fait une aussi vilaine cicatrice. Celle-ci est restée anonyme, puisque je ne la vois jamais. Elle ressemble beaucoup à Eglantine, un autre genre de ver de terre, mais de l’autre côté de mon ventre. Ce médecin m’explique quand-même que j’ai la peau très (trop) élastique, ce qui justifie ces cicatrices devenues difformes, qui se sont trop écartées.

Ma cinquième cicatrice, c’est mon épisio (j’aurais peut-être dû la prendre en photo ?…), et là, alleluia ! La sage-femme me dit chaque jour à la maternité « qu’est-ce que vous cicatrisez bien !… ». Ah. C’est sûr que c’est une chance. Je suis super contente de bien cicatriser de là, hein. L’avantage d’avoir beaucoup d’élastine dans la peau, c’est que mes tatouages, ils sont passés impecc. Pas de croûte, dès le lendemain, c’était nickel. (J’aurais pu me faire tatouer une paire de ciseaux qui fait mine de découper, tiens).

 

Moi, on peut me découper selon les pointillés, si on veut. Et ça me plaît bien, au final. Y’en a pas deux comme moi, du coup ! A suivre ?…

Ma plus grande souffrance

Cette cicatrice je la hais. Pourtant elle n’est pas visible immédiatement, il faut que je me tourne dans le miroir pour la voir.

Elle se trouve sur le côté de mon ventre. Je l’ai depuis 6 ans. 6 ans de douleur. Elle ne me fait pas souffrir mais lorsqu’elle est apparue une autre est venue se loger sur mon coeur. Cette « jumelle » me fait par contre énormément souffrir.

Il y a 6 ans pourtant j’étais le plus heureuse. J’allais devenir maman. Une joie indescriptible pour moi. Malheureusement un malade que j’ai croisé dans la rue m’a anéanti cette joie. Alors enceinte de 8 mois cet « homme » a planté un couteau en moi. A 1 mois de mon accouchement mon bébé meurt. Une petite fille qui devait s’appeler Sarah.

6 ans ont passé et ma vie est devenu un enfer. Avec mon compagnon on a bien essayé de surmonter ça à deux. Mais la disparition de Sarah a été trop dur pour nous deux et nos chemins se sont écartés. Cette année ma fille aurait fait sa rentrée au CP. Je pense constamment à mon petit amour.

J’essaye de me l’imaginer. Aurait elle eu mes yeux bleus ? Aurait elle eu le sourire de son père ? Toutes ces questions resteront à jamais sans réponse.

L’homme qui a tué mon enfant a fait quelques années en psychatrie. Moi j’ai pris perpet’. Depuis 6 ans cette cicatrice me rappelle ce que j’ai perdu, et me rappelle surtout que personne n’est à l’abri du malheur, et que celui peut frapper à n’importe quel instant comme devant la porte de son immeuble.

Mon corps, mon dégoût

Moi, c’est Naelwynn, Nael pour les intimes.

Mon véritable prénom me dégoute a peu près autant que mon corps pendant longtemps. Il correspond a une personne qui est morte avec ce corps. Elle n’est là que pour les formalités en somme.

Mon père a abusé de moi dans mon enfance jouant avec ce corps comme on jouerait avec une poupée de chiffon. Méprisant l’humain derrière le corps! il l’a fait tellement souvent qu’a l’adolescence, mon corps avec ses rondeurs de femme m’effrayait et m’attirait. Je me sentais comme prisonnière a l’intérieur. Comme coincée dans une carapace qui ne serait pas a ma taille. Cette poitrine généreuse presque insolente offerte au monde avec ses cuisses fermes et ses hanches généreuses, bref, un corps de femme mais un coeur d’enfant.

Il m’a fallu du temps pour me l’approprier, me sentir moi, accepter cette féminité autrement que pour servir de jouet. Apprendre a controler une sexualité naissante avec ce tas de chair dont je ne savais que faire a l’époque! Ce corps aura subi deux grossesses, une première en 2008 qui m’aura réconcilié avec lui, j’adorais me voir enceinte. Ces courbes rondes, abritant la vie, ayant enfin un sens final! De quoi etre fière. La seconde grossesse l’aura ravagé, plus difficile, il aura été le témoin de cette souffrance qu’on a vécu mon fils et moi, lui coincé a l’intérieur et moi a l’extérieur ne pouvant rien faire de plus que d’attendre. Et voir ce corps se tordre, se déchirer, ce nombril ressortir a n’en plus finir, jusqu’a ce que cette boule de chair et de graisse reste là!

Depuis, on retente de s’accepter ce corps et moi. Malgré les traces laissées par mes fils, cette boule qui déforme mon nombril, je me sens enfin en paix avec lui, prete a évoluer et lui laisser le temps de redevenir, non pas parfait, mais a mon image : un corps de femme, mais aussi de mère! Et voir que ce corps plait beaucoup plus qu’a l’époque ou il était quasi parfait est comme une victoire supplémentaire!

Mon corps, mon combat contre les autres

Bonjour,

Ça y est après de longues heures d’hésitation j’ai décidé de me lancer et de me montrer telle que je suis ! Donc voici mon texte et mes photos pour le blog et merci pour cette belle idée:

Parfois, j’aimerais être un homme, pour ne pas subir le dictat du corps parfait ! Sur un homme une petite bouée ça rassure, ça réconforte, on aime s’y blottir … chez une femme ça perd tout son charme et pourtant …

Il y a peu, les canons de la beauté étaient bien en chair ; un bassin large était un signe d’extrême féminité (mais peut-être était-ce parce que à cette époque une femme était avant tout une mère ?!).

Mais à notre époque, c’est quoi être belle ?

 

Si c’est ressembler à ces mannequins longilignes, assexués, déformés par les logiciels de retouche photo que l’on voit dans les magazines, alors je ne veux pas être belle !

Si c’est être heureuse, avec et malgré son corps, alors je suis en train de le devenir …

 

Depuis longtemps j’essaie de vivre avec mon corps, ce corps que je traîne comme un fardeau dont il m’est impossible de me débarrasser. Mon histoire de désamour avec cette part de mon être a commencé très jeune, trop jeune sûrement, à une époque où le souci principal devrait être de trouver le moyen de convaincre ses parents de nous offrir un chien …

 

Tout d’abord il y a eu mes pieds mal formés à cause d’une croissance trop rapide ce qui m’a obligé à porter des chaussures orthopédiques, mes « chaussures d’handicapée » comme mes « camarades » disaient. Je me rappelle m’être faite frapper par un « grand » à cause de ça ! Cruauté éphémère qui laisse pourtant une trace indélébile …

 

 

Ensuite, il y a eu ma taille : 1m72 à 12 ans ça ne passe pas inaperçu (heureusement pour moi ma croissance s’est arrêtée là) !! Pas facile de plaire aux garçons quand on fait une tête de plus qu’eux et que commence doucement à pointer un mal être qui ne fera que grandir au fil du temps pour finir par occuper la place du moteur de ses décisions !

 

A 10 ans : très facile de me retrouver !

 

Puis vint le problème de la poitrine. Ce symbole actuel de la féminité, je l’ai espéré … pendant des mois … des années. Ce n’est qu’à 20 ans que j’ai enfin eu quelque chose qui me convenait, des seins bien ronds et fermes ; enfin je pouvais arrêter de penser à la « planche à repasser » et aux autres colibets !

 

A 16 ans

 

 

 

Il y a également mes chevilles (un de mes nombreux héritages de famille). Ces deux poteaux difformes mal dessinés, à peine différenciés de mes mollets, ces deux masses qui m’empêchent de porter les chaussures que j’aimerais, qui me donnent des jambes identiques à celles de ma grand-mère. Quand je les regarde j’ai l’impression d’être un cheval de trait au milieu de pur-sang arabes !

Mes poteaux télégraphiques !

 

 

 

Le temps passe et puis on part, on fuit, vers la ville, vers un monde peuplé d’anonymes où personne ne s’intéresse à son prochain, où personne ne connait son voisin.

 

Là je me sens à ma place loin des miens.

Mais les blessures profondes d’une enfance difficile son

t malgré tout là et vient alors le problème du surpoids qui s’aggrave à chaque contrariété, à chaque critique. Peu à peu chaque partie du corps se modifie au point qu’on ne se reconnait plus … et l’amour, le soutien d’un conjoint n’y changent rien : le problème est ailleurs, caché derrière un besoin de reconnaissance filiale qui ne vient pas malgré les tentatives.

 

C’est alors que se produit une chose inattendue, un petit être a décidé de s’immiscer dans notre vie. Petit à petit il grandit au sein de ce corps qu’on ne peut supporter et c’est là que se produit le plus grand changement : je suis enfin devenue femme, je suis devenue mère.

 

Mes seins que j’avais tant espérés portent les traces de ces mois d’allaitement, de ces moments partagés où pour la première fois j’ai senti que j’étais indispensable à quelqu’un. Peut importe leurs vergetures et leur relâchement : c’est la marque que j’ai nourri, protégé un petit miracle, ma chair, mon sang …

 

Mon ventre est vide à présent, marqué, flasque, tombant, mais c’est un mal nécessaire ; il a fallut faire de la place pour notre ange, pour qu’il grandisse pleinement pendant ma grossesse.

 

Les kilos qui 9 mois après mon accouchement refusent de partir sont les réserves que mon corps a faites pour que d’un petit haricot je fasse un magnifique petit homme.

 

Me voici donc maintenant …

 

J’étais (je suis encore parfois) une cible pour qui voulait me blesser : incapable de répondre aux brimades, les gens ne voyaient pas ma détresse. Si avec le temps je suis devenue associale c’est pour ne plus souffrir, ne plus être déçue (surtout par ceux que j’aime) !

Mais maintenant les choses changent ! Oui, maintenant je suis déterminée à gagner la guerre, ma guerre, et à vivre heureuse telle que je suis, envers et contre tous !

Chaque jour est pour moi un combat contre les moqueries d’un temps oublié, contre une société formatée qui stigmatise les rondeurs, contre une famille intolérante … mais je m’accroche parce que j’ai trouvé ma voie : j’ai maintenant deux hommes merveilleux dans ma vie !