Apprendre à m’aimer

Depuis toujours, je me déteste. J’ai l’impression que je suis dans un corps qui n’est pas le miens.

Je me suis toujours trouvé moche, et conne. J’ai toujours eu ce complexe d’infériorité.. Je pourrais croiser une femme « laide » que j’arriverais toujours à dire qu’elle à ça de mieux que moi, et ci, et ça..
J’ai commencé à grossir vers mes 8 ans, à 10 ans j’étais juste un ventre sur patte, une gamine qui n’avait rien pour elle. Je savais que BOUFFER, et en plus, je me trouvais vraiment bête. Jusqu’à 12 ans j’étais une grosse boule, tout ce qui avait de plus banale.
Par la suite j’ai commencé à grandir, je me suis affinée, mon corps n’était plus le même, et pourtant.. J’avais toujours cette image de moi, j’étais toujours la « grosse moche »! . Quand on me disait que j’étais jolie, je ne savais pas si je devais dire merci ou « c’est ça, fout toi de moi! ». Je n’ai jamais pris au sérieux les gens qui pouvait me complimenter. Encore aujourd’hui d’ailleurs. Parce que pour moi les hommes ne sont que des « dalleux » et les femmes des hypocrites.

Par la suite, je suis devenu maman. Avant ça, il me restait que 4 kg à perdre pour rentrer dans la courbe. Dans MA courbe. Je faisais 62kg pour 1m70 et je voulais en faire 58kg. Allez savoir pourquoi? Une fois mon petit amour né, j’avais pris 10kg. Mon corps était juste devenu encore plus dégeulasse qu’avant. Je ne le regardais même plus, enfin si! Uniquement pour en dire des méchancetés. Mes seins tombés, mon ventre était tout flasque, j’avais une tête de « grosse », comme je disais.

A l’heure ou je vous parle, j’ai perdu 15 kg en 2 mois et demi, toute seule, sans l’aide de personne. A vrai dire, avec les années j’ai encaissé pas mal de choses. Entre mes petits copains qui me disaient « Tu serais magnifique, parfaite, si tu avais des kg en moins » .. Merci. Je mesure toujours 1m70, et je fais 57kg. Et vous savez quoi? Je me déteste toujours autant. Bizarrement, mes vergetures ne me dérange pas, mais pas du tout. Elles font désormais parties de moi. Mais ce ventre.. Et ces hanches! Je ne peux toujours pas les voir. Je me vois encore comme avant, avec mes 15kg en plus. Pourtant tout le monde me dit « Arrête de maigrir, tu es bien la! » .. Mais non, je ne suis pas assez bien pour moi. Parce que pour moi, être bien, c’est être mince. Et je ne suis pas mince. Soyons clair, je ne veux pas être maigre, simplement mince.

Je ne sais pas quand je m’arrêterais, quand je m’accepterais enfin. Mais je n’arriverais à aimer personne si je ne m’aime pas moi même..

Qu’est-ce que je fous là ?!

…J’en ai mi du temps, avant de me décider à cliquer sur ENVOYER… J’en ai lu des témoignages avant d’oser publier le mien…

31 ans….

Un titre annonciateur pourrait être : « Qu’est ce que je fous là… ?! d’ailleurs, elle est où ma place ?!!??? »

C’est précisément la question que j’ai posé un jour à ma psy.

J’ouvre un bouquin de médecine, répertoriant les espèces :
– Je fais partie du troupeau des « êtres humains », et d’une sous catégorie s’appelant « femme ».
Ok.
Je tourne la tête à gauche, je la tourne à droite… Je cherche mon troupeau d’appartenance… Ben…. Y’a un hic.
Elles sont pas comme moi les autres femmes… !!!
Elles ne dépassent pas le 1m90, et celles qui dépassent le mètre 80 sont toutes minces, « longilignes »… Ce n’est pas mon cas…
J’ai une grosse paire de seins, une grosse paire de fesses… Un surpoids non négligeable…

Bon… Alors, il est où mon groupe d’appartenance ?

J’interroge mes parents… Ils devraient savoir eux… ça sait tout un parent…

[non ?!??]

Ma mère ? ben… difficile à dire, à vrai dire, je ne sais pas qui elle est, je ne la connais pas, nous n’avons pas encore fait connaissance en 2012…
Je ne sais pas si elle m’aime, je ne sais pas si elle est fière, je ne sais rien, puisque j’étais expédiée chez les grands parents (mes souvenirs bonheur sont tous liés à eux).
Pas de geste tendre, pas de câlin… Un regard méprisant, une honte, « vire toi »… Et puis, je l’entendais parler de nous à la famille, à ses amis….
Pffffffffff ces enfants ?!?? => quel fardeau !!!
Quand j’y repense, des pans de mon passé me poussent à croire que ma mère, cette absente non-aimante avait raison…
« La honte, elle est vraiment « hors normes » ma fille !!! » …
Me refiler aux grands parents et s’enfuir semblait être la solution de repli la plus cohérente…
Pour ne pas avoir sur soi les regards braqués par cette petite… si grande… Cette enfant qui jouait seule, qui avait de la répartie, et qui en plus de sa grande taille, avait aussi un QI supérieur (cette conne de psy aurait mieux fait de fermer sa bouche à l’époque).

[Encombrante]

Mon père ? Haaaa, lui, ce grand truc qui laisse ma mère se débarrasser de moi en haussant les épaules, et qui lui rend la pareille (histoire d’être dans le ton) en frappant mon frère, ou en le jetant dans une cave, ou en le tirant par les oreilles (c’est super solide une oreille d’ailleurs quand on y pense)….
Mon père ? Celui qui frappait les chiens avec un fouet, au couteau, les étranglant en les attachant à des attaches trop hautes pour que les pattes de ces pauvres bêtes, les chiens, NOS chiens… ne touchent pas toutes le sol…
Mon père ? C’est une « petite frappe »…. En tout cas, c’est ainsi que j’appelle un homme qui frappe des animaux, un petit garçon, et parfois sa femme (la seule à se défendre)…

Mon père à tout fait pour que je devienne un petit soldat, il m’a apprise à manier les armes, à tirer au fusil, à la carabine, m’a acheté des couteaux de chasse… ça avait vraiment l’air de lui faire plaisir, … mon frère ne l’intéressant pas, je jouais le petit soldat à merveille…

[adaptée !!!]

…quelque chose cloche, forcément.

Je vois bien que ma vie n’est pas raccord aux quelques camarades de classe que j’ai. Leurs parents font des goûters, assistent aux conseils de classes, parlent, font mine de s’intéresser….

[Un peu comme si j’étais une espèce pas encore identifiée ?!??? ]

11 ans, je mesure presque 1m85…

Mes parents se détestent, ma mère crie, mon père frappe, ils se désarticulent…
Je leur hurle d’arrêter, ma soeur pleure et mon frère est caché…
Encore et encore… Puis un jour, c’est trop, ma mère fous mon père dehors dans un fracas de plus, l’ultime, c’est la fin, les parents divorcent (… plutôt, ils entament une procédure qui durera plus de 15 ans, et dont l’écho résonne encore aujourd’hui comme un gout de rance dans les repas familiaux).
Nous ?
euh…
je ne sais pas, je ne sais plus, je n’ai pas vraiment de souvenirs, …
Nous sommes livrés à nous mêmes, … Ma mère disparaît (mais ou est-elle ?!?? aujourd’hui encore, je n’en sais rien), et ne rentre que les soirs se coucher…
Ma grand mère nous nourri, telle une portée d’oisillons orphelins.

[L’adolescence]

Jusqu’alors toujours première de classe sans la moindre difficulté, vient le collège, et là, je chute, je ne sais plus, je ne veux plus, je suis mal, les regards sont figés sur moi, braqués, je suis la tête de turc, et je ne peux pas me cacher, tout le monde me voit, je suis la plus grande, encore, plus grande que les élèves, mais aussi plus grande que les prof qui me prennent en grippe…. Je suis pétrifiée à l’idée d’entendre en sport « par deux »… je n’ai pas de « deux »… Je suis seule…
Alors que « Juré promis », si je pouvais je me cacherai dans ce trou de souris, la bas, pour ne plus jamais en sortir… Sauf que, pas possible ma carcasse ne passe pas dans un trou de souris, elle ne passe nul part d’ailleurs, tables trop basses, je suis « au fond de la classe » sur une table « pour moi »…. Pour être discrète, c’est raté :(

Ma mère tente de me diminuer par un régime… Mais on ne peut pas perdre de centimètre… du coup, le flop… Qui en rajoute une louche…

[15 ans]

Un homme fait mine de s’intéresser à moi… Il me « protège »… Les gens ont peur de lui, il parait que c’est un « loubard »… J’m’en fiche moi, il me protège… C’est un bouffée d’oxygène pour moi…
Je lui donne tout ce que j’ai, mon temps, ma virginité, mon amour, ma patience, je me donne moi, je me sauve… Bien sûr, il est parfois un peu brutal, et son comportement me fait parfois peur, mais ce n’est rien, et puis, ce n’est pas le premier homme à user de son fort caractère pour me faire plier, il faut au moins ça pour maîtriser une telle carcasse :-).
C’est ça l’amour….
[non ?!??]

[17 ans]

Il me trompe, me quitte, reviens, gentil, méchant, gentil, méchant, gentilméchant… Je suis fatiguée, mais je l’aime (enfin, je crois)…
A la même époque, ma mère me met dehors, … Je ne sais plus vraiment pourquoi, mais je pense que j’étais rentrée trop tard, un jour… 22h…. à 17 ans (presque 18)…. Bon soit… C’est rien, je me casse… Je vis chez mes grands parents, mais j’ai honte d’être un fardeau… Alors, je vis aussi un peu en foret, chez des potes, ailleurs, je ne bois pas, je ne fume pas, …. Je me coupe… du sang partout, ça me soulage…
Je traîne… Je couche…
Des fréquentations mauvaises mais qui me donnent l’impression d’être protégée….
Je rencontre des hommes, je couche, je recouche, à droite, à gauche….
Je traîne
… Du sang partout, des lames de rasoirs, je marque ma souffrance, je l’écris. Je couche, porno un peu… Pas trop sûre de ma sexualité…
Pas vraiment prostituée, viol, mais je me donne pour qu’on m’aime, ou qu’on m’en donne l’illusion…
Je traine… Je… suis fatiguée… Je suis méchante, gentille, je ne sais pas trop…

Je trouve une maison, un appart, j’ai des dettes, je travaille, ou non, je traîne, je couche, je m’endette encore, je zone…..

Seule… Et grignotée par l’idée que de toute manière, une « armoire » comme moi, c’est dur, ça n’a pas de problème, c’est méchant … « faut pas la faire chier celle là, elle a pas l’air commode »…
Pfffff du flan oui…
Je pleure seule, je souffre seule, toujours pas de congénère à l’horizon, j’ai besoin qu’on me protège, j’ai besoin d’un câlin… D’amour… Et au lieu de ça, je suis un jouet, un peu comme une sorte de fantasme, une pièce originale aux trophées des messieurs…

… Peu à peu germe une idée, je la garde pour moi, mais elle m’envahie, jusqu’à devenir obsessionnelle…
M’en sortir, j’en ai marre, ça ne s’arrête plus, je vis dans l’excès, on me voit alors j’en profite, …
Je suis malheureuse, mais ça personne ne le voit, je suis si « FORTE »…

Et…
Un jour
Je TOMBE enceinte…
Cette idée si longtemps rêvée n’est plus un rêve…

Et la…. Comme si le temps se figeait, une vague inattendue, étrange, inconnue m’envahie, un bonheur, tout s’arrête, je suis ENCEINTE…
J.E. S.U.I.S. E.N.C.E.I.N.T.E….. !!!!
Une révélation, une évidence,
Mon bébé, mon amour, je suis heureuse
Je vis 9 mois merveilleux…
Pas une nausée, pas un mal-être, mon corps me semble soudain si beau… La vie en moi me donne des ailes…

Une naissance…
Amour de ma vie, ma fille, ma révélation…
J’ai trouvé un groupe d’appartenance
Je suis Maman

[elle a fait un bébé toute seule]

Tu as presque 9 ans aujourd’hui, je mesure toujours 1m90, je suis toujours en sur-poids, et pour autant, la vision des choses est tellement différente, bienveillante, …
En 9 années, j’ai donné la vie, j’ai repris mes études, obtenu mes diplômes, j’ai rencontré un homme qui partage toujours ma vie aujourd’hui, je fais un métier atypique, hors normes, comme moi….

Oui on me voit… Non je ne passe pas inaperçue… Certains pensent encore que je suis « forte » et insensible… Alors que c’est tout l’inverse, je suis forte ET hyperémotive… rien n’est hasard, tout est là pour une raison.

Et même si, parfois, je doute encore…. Je ne suis pas trop sûre que je doive, ou non me positionner, ou pas… Pas sûre… Ben c’est rien, ce n’est pas grave, car une chose est sûre… Je sais qui je suis…

Et à vous parents, bande de petites frappes, de nuls, de mauvais, je tiens à dire ceci…
Je ne vous connais pas, dans le fond, vous non plus ne me connaissez pas…

Vous avez surement beaucoup souffert vous même pour avoir été de tels parents, aujourd’hui encore, quand je vois mon frère, si abîmé… mon coeur se déchire…

Aujourd’hui, installée dans ma vie pro, maman heureuse, femme…
J’ai bien compris que le soucis venait de vous
Vous avez ancré en moi l’idée que je n’étais pas « aimable », que j’étais une honte, un ogre, une méchante, une dure, une vilaine…
Et moi, je vous emmerde !
Des gens m’aiment avec mes kilos et mon presque 2 mètres
Des gens ont compris que j’avais un coeur
Je ne veux plus qu’on me maltraite, qu’on ne me respecte pas, qu’on me cache comme une pestiférée…
Il me reste encore un long chemin à parcourir, beaucoup de choses à apprendre, et ça se fera sans vous…

Allez donc vous soigner avant ! !!!

[<3]

Ce corps que je hais

Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça, je veux dire, depuis quand
je maltraite mon corps en le bourrant de nourriture. ça ne fait pas
longtemps que j’ai percuté ça : que je ne lui filait pas un excès de
plaisir à travers les ingestions de chocolat et autres « crasses » comme
disent les belges, mais qu’en le bourrant plus que besoin de nourriture,
en mangeant parfois jusqu’à l’écœurement, en le bourrant de chocolat
jusqu’à ce que la bouche brûle, idem pour les turcs apéro… bref, tous
les trucs « gourmands », ben c’était pas du plaisir, juste de la douleur
en fait. Je me rappelle qu’enfant, j’étais normale en fait… et
pourtant, des remarques à la con de la part d’un oncle de ma famille,
comme quoi j’étais tellement ronde qu’il pouvait pas faire le tour de
mon poignet avec son pouce et son index, et puis la vieille (salope de)
tante qui voulait pas me laisser ramener le paniers de fraises car elle
dit que je vais tout m’enfiler en rentrant chez mes parents (à 20m),
etc, etc, etc… vient le collège, la peur des autres, encore plus parce
que je suis d’une famille « où on reste en famille justement », je ne sais
pas décoder les codes sociaux, j’ai peur des autres, mais pourtant
tellement envie d’aller vers eux. Je ne suis pas grosse, mais je me sens
différente, je cogite tout le temps, j’analyse les attitudes, je me sens
bien avec les grands, mais je dois subir les conneries des autres, et
puis je suis mal à l’aise, je ne les comprend pas. Le mardi soir, mes
parents vont à une activité… ils partent juste à temps pour que
j’aille à la boulangerie acheter des trucs à me manger toute seule
devant la tv : des chips, du chocolat, des bonbons, etc… des fois mes
parents rentrent plus tôt, je manque d’être prise en flag. Les fêtes de
Noel, ma mère achète du saumon fumé, mmm j’adore ça ! je passe en douce
devant le frigo et je choque vite trois quatre tranches que je bourre
dans ma bouche et je repars de l’autre côté pour aller vite manger cette
nourriture qui m’étouffe presque tellement j’en ai plein la bouche. les
années passent, je ne suis pas grosse mais pas mince, je suis complexée,
mes soeurs sont minces, ELLES ! elles sont sportives, moi j’aime lire,
je dévore des livres, je me planque dans les couloirs de mon lycée,
toujours un livre prêt à lire, j’ai toujours peur des autres, je suis
amoureuse 1000 fois sans réussir bien entendu à avoir un copain, je me
sens seule, la lecture est une fuite de la vie. Parfois je me demande ce
que ça ferait si je disparaissais, j’ai pas de réponse. Un jour ma mère
découvre que j’ai trop bouffé de conneries, j’ai vidé les placards, elle
trouve des emballages dans ma poubelle, elle pête un plomb elle ne sait
plus quoi faire : elle me traine à l’épicerie de mon village et achète
des 10nes de paquets de gâteaux, plein, comme j’en rêvais, mais j’ai
honte devant la vendeuse, on rentre à la maison, elle vide une étagère
de ma chambre et me dit que puisque je veux manger, ben voilà, je peux
manger mais au moins je volerai plus dans les placards, j’ai honte, je
met un grand poster devant… mais je ne résiste pas, ma gourmandise,
mon manque de volonté font que je pique une plaque de chocolat par ici,
un paquet de gâteau par là. je suis nulle, je suis incapable de me
contrôler. à 14 ans j’ai enfin un petit copain en été lors d’une colo,
ouf, mon premier baiser « avec la langue »… vaut mieux en profiter, ça
ne reviendra pas avant longtemps tellement je suis pathétique lorsque je
suis amoureuse d’un mec, je le vois, je fond et je suis incapable de
sortir quoique ce soit de censé… navrant… mais j’ai envie d’amour,
envie d’en donner mais j’ai pas le mode d’emploi. à côté de ça je trouve
le moyen d’avoir des amies « vampires » : vous savez, la nana super
populaire ou mignonne (ou les deux ) qui a toujours une copine élue
« pauvre fille de l’année », ben la pauvre fille, c’était moi. je tombe
dedans à chaque fois… quand j’y repense j’ai la nausée : devant ces
nanas qui en fait étaient bien pauvres d’esprit à se valoriser sur moi,
et devant moi qui était bien triste de soumission… Le temps passe,
j’empiffre tout le temps mon corps, la nourriture est mon ami fidèle, je
peux arriver dans un lieu et repérer tous les endroits qui peuvent
procurer de la nourriture, ceci en moins de 2minutes. J’ai 20 ans,
toujours pas eu de copain, je pars vivre un an à l’étranger… je livre
mon corps à un pauvre mec qui, lors d’une conversation un peu intimiste
où j’avais besoin de parler, sans doute en sachant ce que ça allait
provoquer, lorsqu’il apprend que je suis vierge, le mec devient comme
dingue. Je ne m’en rendais pas compte tellement j’avais le mal du pays,
mais là quand j’y repense… Bref, le mec se retrouve à en parler « sans
en avoir l’air » de cette pesante virginité, en fait je me dis qu’il
avait juste envie de se taper une pauvre fille qui était déjà quasi
tombée dans ses filets… un jour il m’invite chez lui… je vais pas
faire un dessin… Je sais pas trop ce qu’il s’est passé en soit, des
fois j’en viens à me demander s’il aurait pas mis un truc dans mon verre
tellement ça me semble irréèl de passer à boire un verre d’eau sur le
canapé pour se retrouver nue sur son lit avec l’autre qui me propose de
lui faire une pipe et me demande combien je dois être contente de plus
être vierge… ah ? c’est ça faire l’amour ? bon, ben ça va, je me
rappelle pas de tant de chose, juste quelques images, et je me retrouve
un peu écoeurée de je ne sais trop quoi, bref, je ne suis plus vierge ;
ça, c’est fait ! mais j’évite d’y penser, j’ai la nausée, j’ai le
sentiment d’avoir été utilisée, mais bon, y a pire comme on dit.
Je deviens étudiante, je deviens un peu plus sociable, j’apprends peu à
peu à aller vers les autres, ils me font un peu moins peur. J’ai un
autre copain, on couche ensemble, c’est pas mal, c’est doux, mais le mec
est encore plus mal dans sa peau que moi, on s’aide pas trop quoi…
bref, le temps passe, je bouffe, des paquets de gâteau pour amis, des
paquets de crasses pour copain, je me retrouve souvent à pleurer seule
dans mon coin, pourtant je devrais aller bien, merde ! Je passe un super
été, me fais pleins de potes et je fond à vue d’oeil… je me sens bien,
je fais 62kg de muscles mais dans ma tête je suis grosse. je dois
acheter une robe pour un mariage, j’achète la taille 42 pour être
confortable mais la 40 m’allais nickel… pfff, je suis grosse vu que je
met pas du 38 !!! Je rencontre mon mari actuel, je me sens belle dans
son regard, mais je n’arrive pas à m’y voir, dans ce regard, tellement
je trouve mon corps moche, trop gros, trop gras, des seins trop visible
devant lesquels les mecs bavent pourtant, mais ça m’embarrasse… mais
pour une fois dans ma vie je me sens belle, même si j’évite de penser à
ce corps. des problèmes persos, un déménagement, un burn out… et je
perd pied, je prend 20kg en 6 mois, mon mec n’a rien vu, que ça soit de
mes excès de bouffe comme de mon corps qui gonfle comme un ballon : mon
qui était finalement mince et me voyait grosse, je devient grosse sans
voir que je suis grosse. Je me réveille et je vois que je fais 86kg et
1,69m. Je décide de voir une diététicienne pour bosser sur mon
comportement ! Elle me demande pourquoi je viens, je répond que j’ai
besoin d’apprendre à gérer pour pas m’effondrer en cas de gros coups dur
! Elle m’aide, je me dépatouille dans mes problèmes persos, familiaux,
je lui dis que toutes les familles ont des grosses valises à trainer et
pourtant il faut bien faire avec et tout le monde ne devient pas
boulimique non ? Parce que oui le mot se prononce… moi (et tout le
monde aussi d’ailleurs) qui me croyait juste trop gourmande, sans
volonté, je me rend compte que oui mon comportement avec la nourriture
en mode remplissage c’est anormal, c’est pas QUE une question de
volonté, mais un mal être plus profond, c’est pas aussi simple que ce
que ma mère dit « si je dois moins manger, ben je mange moins ». Elle
m’aide, mais je maigris pas, je me stabilise un peu, j’apprends à gérer
petit à petit, mais c’est dur, j’ai peur d’aller dans les magasins, je
ne peux souvent pas me promener avec de la monnaie dans les poches sans
vouloir acheter à manger, c’est plus fort que moi. j’ai honte, je me
sens nulle, si nulle, mais je ne sais pas comment faire. et finalement
le coup dur, du genre coup dur de compétition arrive dans ma vie… un
enfant vient habiter mon corps pendant 9 mois… et quitte la vie juste
avant d’en sortir. je m’effondre, je veux mourir, la vie me semble juste
insupportable… mais je ne mange pas plus. Je suis contente de moi, je
sais gérer mes émotions et la bouffe… sauf que des années et des bébés
plus tard, ben j’ai encore pris du poids, lentement, petit à petit,
chocolat après chocolat, je retombe doucement dans la boulimie. ce corps
je le hais, il m’encombre, je tente de ne pas y penser à ce à quoi il
ressemble quand je fais l’amour et que j’aime ça, toute cette chair qui
ballotte, qui bouge dans tous les sens… Comment il peut aimer mes
seins mon mari ? je les trouve si immonde ? Je m’habille comme un sac,
je fais 102kg, je suis moche, c’est si dur d’écouter son appétit quand
ça fait des années qu’on la nie, quand j’ai envie d’exploser je me mord,
presque jusqu’au sang, j’ai envie de lui faire encore plus de mal à ce
corps physiquement parlant, j’aimerais faire autrement que de le remplir
comme ça, je me vois comme une oie qu’on gave, sauf que je suis la gavée
et la gavante, je me dis que ça serait plus facile si j’avais fumé ou si
je m’étais droguée, si je buvais ? au moins je peux arrêter totalement,
alors que la nourriture, je peux pas ! Je me dis que jamais je n’y
arriverai, qu’il va falloir l’aimer comme ça ce corps, mais je me rêve
légère et pas encombrante à tel point que je me cogne partout, je n’ai
pas conscience de mes limites corporelles, normal, je ne l’habite pas ce
corps, du moins je suis en lutte constante pour y arriver, mais c’est
dur de rompre avec cette haine que j’ai pour lui depuis si longtemps. Je
ne comprend rien à tout ça, je culpabilise énormément de ce mal être que
je me traine depuis toujours, je culpabilise moins depuis ce bébé qui a
traversé ma vie car ça a été un tel chamboulement dans ma vie que je
m’en veux moins de mal vivre ça, mais je me dis que j’ai eu une enfance
heureuse, des parents aimant même si sans doute maladroit, donc pourquoi
je suis mal, pourquoi je sais pas m’aimer ? J’ai pas le mode d’emploi…
j’aimerais pouvoir déménager de ce lieu où je suis si mal …
paradoxalement, les seuls moments où je me sens infiniment belle, c’est
quand je suis enceinte, là je me trouve magnifique, désirable, plus
belle que tout, j’aime ce ventre que d’habitude je hais, ces courbes si
belles, je me prend en photo et là je me sens plus belle que tout…..

ça fait un an que j’ai eu un choc : je lisais pour la première fois THE
roman d’ado « moi Christine F, droguée, prostituée, etc… » et quand elle
parle de son état avant/pendant/après avoir pris de l’héroine, je
réalise que je suis dans le même état quand je prend du chocolat… ça
me fait peur, vraiment, d’autant plus que je fais une sorte de bad trip
en mangeant trop de chocolats une fois, je sens limite le sucre me
monter au cerveau… ça me fait peur… vraiment.
ça fait presque un an que j’apprends peu à peu à habiter cet étranger
qu’est mon corps, à en prendre soin, à lui faire du bien, à tenter
d’arrêter de le maltraiter, je ne maigris toujours pas, mais déjà je le
coiffe un peu, je le maquille un peu plus, je tente de remplacer les
sacs par un paréo… mais c’est dur, l’habitude de cette violence est
là, tenace et peine à me quitter, j’ai envie d’y croire, j’ai
l’impression de vouloir monter une montagne infranchissable, mais bon,
faut bien y croire non, j’ai pas bien le choix ?

Une vie avec mon corps

Depuis aussi loin que je m’en souvienne, il y a deux chose dans ma vie : mon corps et moi.

Ce n’est pas un ennemi, ni un ami, je ne le considère pas, et il semble que lui non plus. Le secret arrangement de ceux qui doivent cohabiter mais qui se savent trahi. Qui a commencé ce cercle vicieux ? Je ne me dérobe pas, je dirais que nous ni sommes ni lui ni moi pour grand chose : la force des chose en somme.

Je suis née sans identité, d’une mère trop jeune qui n’a pas su quoi faire de moi, d’un père absent qui n’avait même pas connaissance de mon existence, et j’ai fini chez un oncle qui lui n’aurait pas trouver à y redir. Je connais bien ma mère maintenant, et je sais que ce qu’elle a fait, ce n’est que par ignorance, or je ne peut pas en vouloir aux ignorants : il patissent de leur propres péchers.

Cet oncle donc. J’avais bien un nom, mais pas de parole, à quelques mois à peine, c’était déjà mon corps qu’il maitrisait, sans avoir voulu faire de moi qui que ce soit. Mon corps, qui passait les premiers mois, les premières années, se mit à me trahir. Ces mains qui passent sur vous et qui vous rebuttent, mais vos reins qui se cambre tout de même avec force, comme un défi contre vous même. Cette haine que l’on ressent face au viol, mais qui n’existe pas réellement face au plaisir lorsque vous ne savez même pas qu’il s’agit d’un viol. Que pour vous c’est la seule marque d’affection qui vous donne une existence. Et ce corps, se traite, qui jouit quand vous voulez pleurer.

Ça finit par passer, les abbominations rejoignent leur frères en enfer (qu’il y reste! Je n’était pas la seule.). On rentre alors dans un socièté différente, le foyer est pour les enfants ce que la colocation forcée seras plus tard pour d’autre. J’avais quoi, six ans, et je ne connaissait pas encore le terme d’intimité. Quel était ce monde ou la sexualité était tabou pour de soit disante raison d’âge ? Je ne percevais pas d’autre marques d’affection, or mon corps en réclamait. Je me déshabiller devant ses petits garçons qui n’avait jamais vu de fille, les inviter à toucher. Puis je me cachait pour pleurer, avec l’impression que cette fois ci, c’était moi qui les avaient violer.

Ma mère reviens dans ma vie, me fait sortir de cet endroit. Quelques années, je connais le bonheur, j’ai beaucoup « d’amoureux », mais je ne me trouve satisfait par aucun, qui eux se contente d’un bisou rapide les lèvres fermées pour croire en l’amour. Pendant ce temps là, mon corps refuse de grandir, mais mon esprit va trop vite pour lui. Je ne prend pas un centimètre, et je perds du poids, je suis maigre à m’en casser les os en saisissant un objet. Pourtant je n’ai pas de problème avec la nourriture, j’ai un appétit démentielle, et à 10 ans j’avale plus de nourriture qu’un adulte à la même table. Et je n’aime pas mon corps. Je fais 1m35, 21kg, j’ai des hanches déjà large pour mon âge, mais qui sont bien trop sayante, je suis déjà obligée de porter des soutiens groge alors que les autres filles n’ont même pas une brassière. A croire que tout ce que j’avale se fourre dans ma poitrinne. Et j’ai un réel problème avec le sexe.

Ce que mon corps ne m’octroie pas, je le fais par autorité. Je suis violente, je n’apprècie pas les gens de mon âges, je ne suis qu’avec des plus grands, à peine dix ans je fume, je bois, je baise. La sainte trinité. Je m’échappe par là, j’ai une répartie suffisante pour que des garçons bien plus âgés finissent par la fermer et s’occuper de moi. Mais je ne retrouve aucun plaisir. J’essaye juste de cacher par là que j’ai vraiment un problème avec le sexe, avec mon corps. Je le maltraite, je me frappe, je me brûle, je me griffe au sang, mais toujours à des endroits que les gens extérieur ne voient pas : le dos, le haut du ventre, l’intérieur des cuisses. Mon corps me fait mal à force de ne pas ressentir de plaisir, et au bout de trois mois, je me mets à vomir de faççon innexpliquer, ma mère me fait passer des test, le verdict tombe. Mon corps se rebiffe, je suis diabétique insulino dépendante. Le salaud. Mais les premiers temps du traitement, je reprend du poids, mais je ne grandit toujours pas. Je me cache au mieux pour commettre mes méfaits, une bouteil par ici, une clope par là. Ma mère travail et n’ai jamais là, ça aide. Et puis arrive mon beau père.

De suite, je ne l’aime pas, et lui non plus. Dans la rue, mon physique et ma réputation me permette à onze ans d’attirer les regards, mais lui m’ignore magnifiquement. Alors je me mets à detester le seul coupable qui soit à ma porter. Mon corps. Quelque chose doit clocher. J’ai pris trop de poids sans doute (après coup, 30kg pour 1m 42 ne me semble pas tant que ça!). Alors j’arrète de me soigner. Sa marche magnifiquement bien, je perd 10kg en 2 mois. Mais je perds aussi la raison. Les hyperglycémie me rendent folles et je me remets à me mutiler : la nuit, je me bande les membre jusqu’à ce que le sang ne circule plus, j’attend un bon moment, puis je relache la pression d’un coup, la douleur suffit à me faire gémir. J’ai alors un déclic, je ne ressent plus de plaisir par le sexe, je le ressentirait par la douleur. Je m’enfonce des aiguilles un peu partout, je m’oblige à rester dans les positions les plus inconfortables jusqu’à ce que des bleus se forment, je me frappe, je me gifle, je m’arrache les cheveux et la peau. Mais je reste raisonnable, car mon corps reste la seule chose qui me permet de me faire remarquer. Du moins je le croyais.

Mon beau père continue de m’ignorer, et après 2 mois sans me soigner correctement et à m’infliger des traitement sado-masochiste, je tombe dans le coma. Je deteste encore plus mon corps à mon reveil, qui m’a trahi sans me laisser aller jusqu’au bout. J’ai des sequelles, mes reins fonctionnent bizarrement, je suis complétement dessécher, j’ai le foi stéatosé, et surtout, on s’inquiète de ma fertilité. Si il y a bien une chose que je ne veut pas, c’est être priver du choix d’avoir un enfant.

Je retourne au collège, décider à m’assagir, mais ma mère est tomber enceinte entre deux. On a de gros problème d’argent, et ça me préoccupe presque plus qu’elle. Ma sœur née, l’accouchement se passe mal et il découvre à ma mère des problème cardiaques dont il faut urgemment s’occuper. J’ai douze ans, mon beau père est absent, je devient maman par la force des chose. Ma sœur ne me quitte plus, je l’mmène au collège avec moi. J’habite une banlieu difficile, ils comprennent la situation, et les surveillant font les baby sitter pendant les heures de cours, ça tiens les élèves plus calmes, elle est tellement mignone que personne ne veut l’abimer. Mon corps finit par ressentir le poids d’un enfants, non sur le physique, mais la fatigue, la pression, la résponsabilité me laisse des traces. Je suis pâle comme une morte, je maigris encore, j’ai des cernes jusqu’en bas du visage, les yeux rouges, mal au dos de tout le temps la porter… Mais au moins je ne me fait plus souffrir pour rien. Maintenant qu’elle est là, je ne recommencerait plus, je prends conscience que des choses bien plus importante mérite mon attention. Mais ma mère sort de l’hopitale, ma sœur n’est plus à moi. C’est premiers mots, c’est à moi qu’elle dit, et c’est « maman ». alors comme une mère je décide de sacrifier ce que j’ai, et je n’en ai qu’une. Ma sœur n’a plus besoin de mes bras pour la porter, alors à treize ans je me prostitue pour lui offrir les cadeaux que nos problèmes d’argent ne lui permette pas d’avoir. Je redécouvre le sexe, cette chose qui dissocie tant mon corps et mon esprit, car je découvre que si je ferme les yeux, peu importe qui il y a en face, mon corps à les mécanismes suffisants pour réagir instinctivement. Je m’endors pendant mes rapports sans que ses hommes ne s’en aperçoivent. Et puis un jour, je tombe de douleur, une douleur au bas ventre insoutenable. Le diagnostique tombe, j’ai un cancer. Minime, un cancer de l’appendice. Mais quand même… entre mon corps et moi, les coups, c’est chacun son tour.

Sortie de là, je décide de me reprendre en main, mais je rechute de temps en temps. J’ai pris vingt centimètre en 2 mois après l’opèration. Je n’ai jamais dépasser les 50 kg pour 1m70, mais c’est encore trop, il faut que je rende les coups après ce qu’il m’a fait ! Alors je boit, je boit, je boit encore, et à quinze ans je me retrouve complétement alcoolique. Je rencontre quelqu’un, on flirt, on sort ensemble, on couche ensemble, et finnalement on s’aime. Alcoolique lui aussi. Sa me fait prendre conscience, j’ai peur de ce que je suis devenue, de ce que je fais subir, non plus juste à mon corps, mais à moi même ! Alors je part, j’emménage chez mon père, retrouver quelques années avant, à 800km de là où j’ai grandit. Je pense pouvoir repartir à zéro, mais mon corps me trahi encore. Le sevrage est compliquer, mon corps tremble tout seul, il voit des chose qui n’existe pas, se sent en danger. Alors je retombe dans le piège. Je couche pour une bouteille de rhum, une barrette de shit. Sa dure plusieurs semaines, mais je prends peur. Sa fait quinze ans que mon corps est maltraité, abusée, tromper, trahi, frapper, humilier. Ma sœur loin, je me rend compte à quel point ce désir d’enfant me dévore. Et je rencontre un homme, l’homme qui changea, et continue de changer ma vie. J’ai tout quitter, études, famille, domicile, et j’ai emmenager avec lui. J’ai arréter de maltraité mon corps. Je suis tomber enceinte à 17 ans, mais j’ai fait une fausse couche. J’ai compris le message. Mon corps me disait « écoute, ça peut se négocier, si tu reste bien avec moi, je ne t’embéterait plus, mais je te rend le dernier coups, pour la forme ». C’était le coup de trop. Une grosse dépression, je quitte mon ami. Je fréquente d’autre type et je prend peur : mon corps continue à prendre des décision seul ! Je couche avec ses hommes en dormant, sans m’en rendre compte, à mon inssue et pourtant de mon fait à leur dire. Je les crois. Mais j’ai peur, car je ne maitrise pas. Je ne veut pas tomber enceinte d’un inconnue, ou chopper une saleté à cause d’une nymphomanie sommanbulique. Je n’ose pas consulter, car j’ai honte. Et je retrouve cet homme qui à tout changer. Lui, pendant mon sommeil, il ne me fait pas l’amour. Il me fait parler, il me fait expliquer pourquoi je fais ça.

Apparement, mon corps à beaucoup de chose à dire, il lui manquait juste de l’écoute. Maintenant, je m’aime, j’aime mon corps, je suis devenue quelqu’un, et non plus juste quelque chose. Et j’ai un ami merveilleux qui accepte de sacrifier son sommeil à cette thérapie nocturne encore aujourd’hui.

Zeeva.

Mon bout de chair et moi.

Un jour j’ai marché grâce à de longues jambes. J’ai été grande et fine, même presque trop. J’ai eu une petite poitrine mais personne ne s’en est jamais plaint et de longs cheveux noirs et bouclés ont couvert mes larges épaules. De mes origines espagnoles j’ai hérité de généreuses hanches et de bonnes cuisses et je me suis entendu dire souvent que j’avais de belles fesses. Je n’étais pas la plus jolie mais j’avais toute la splendeur de mes seize ans, quand le corps oscille entre la fillette et la femme, qu’il n’est plus ni tout à fait lui même, ni tout à fait un autre. Je ne savais d’ailleurs pas moi même qui j’étais, en équilibre instable au bord d’un précipice dans lequel je suis finalement tomber.

La chute fut rapide. Des phares dans la nuit, un froissement de tôles, la nuque écrasée et la moelle épinière en bouillie.

La jeune et jolie adolescente que j’étais est morte dans ce gouffre.

A l’aube de mes dix-sept ans on a rasé mes longues boucles noires pour me visser le crâne à un poids de 2 kilos. On a percé ma gorge pour y introduire la canule qui allait me permettre de vivre. On a troué les côtés de mes petits seins pour y enfiler des drains et vider mes poumons emplis d’une eau mortelle. On a fait descendre par mon nez et jusqu’à mon estomac un long serpent nourricier. On a piqué mes bras de mille aiguilles salvatrices.

La femme tétraplégique que je suis est née dans ce service de réanimation.

Depuis je ne marche plus et mes jambes se sont amaigries. Je suis toujours aussi grande mais seulement allongée car assise dans mon fauteuil je suis constamment la tête en l’air et j’observe le monde comme une enfant de 8 ans. Ma poitrine s’affaisse sur les côtés de mon torse et mes longs cheveux noirs et bouclés cachent lalongue cicatrice qui orne désormais ma nuque. Mes hanches et mes fesses s’étalent sur mon coussin anti escarres et on ne me complimente plus sur elles. Je ne suis toujours pas la plus jolie et je suis loin d’avoir toute la splendeur d’une femme de 34 ans, quand le corps est encore beau malgré le temps qui passe.

J’ai longtemps détesté ce corps immobile, inconnu. Je l’ai regardé avec mépris, je l’ai maltraité par omission, le laissant à l’abandon comme un jardin que l’on n’entretient pas. Je l’ai trouvé encombrant, moche, inutile, dérangeant et j’ai souvent préféré rester seule plutôt que de l’imposer aux autres. Il y avait moi et il y avait lui. Moi et ce bout de chair …

Et puis il est arrivé une chose. Un événement que seul mon corps pouvait gérer et pour lequel il a bien fallut que je lui fasse confiance. Niché au fond de ce ventre flasque un petit être s’est installé.

Sans encombres, naturellement, facilement, par voie basse, comme vous toutes, comme une femme, ni handicapée, ni inutile, ni encombrante ou dérangeante … Deux fois j’ai mis au monde un bébé.

Deux fois. Deux filles.

Alors je me suis un peu réconciliée avec lui. Un tout petit peu. Suffisamment en tous cas pour continuer, avoir envie de m’ouvrir, me revendiquer comme mère et femmeavant toute autre chose. Et oser partager mon histoire avec vous. Et à ceux que cela dérange je citerai une phrase, juste, d’Elisa BLANDAU « Que les voyeurs passent leur chemin, j’étale, certes, mais c’est pour construire ».

Mon ventre

Je sais qu’il n’est pas beau mon ventre , qu’il ne rentre ni dans les normes ésthetique ni dans les robes moulantes des vitrines , mais je l’aime bien . Il est une partie de moi . Il me raconte mon histoire .
Le ventre trop rond de la petite fille grassouillette d’abord . Ce ventre qui déplaisais tant a mon père lui qui rêvais pour ses filles de ventres plats et fermes .
Ce ventre qui souffre des mots non entendu , qui ne seras pas compris lui non plus et débarrassé d’un appendice parfaitement sain . Première cicatrice .
Le ventre de l’adolescente , un peu caché par la poussé des seins mais complexant tout de même a l’époque des tops trop courts et du jean taille basse.
Ce ventre jamais rassasié qui se remplis de nourriture a défaut d’amour .
Le ventre douloureux des premières regles , qui m’annonçais implacable la fin de l’enfance moi qui aurais tant voulu redevenir bébé .
Ce ventre forcé par un homme de l’age de mon père, ce vendre que j’aurais voulu retourner et laver a grande eau. Cicatrice invisible mais indélébile.
Ce ventre de jeune femme , tendre oreiller d’un jeune homme qui m’aime comme je suis et que j’aime tel qu’il est . La douleur reviens encore lors d’une fausse couche précoce a 19 ans .
Le ventre habité , d’une grossesse désirée cette fois , pas simple pour autant . Ce ventre envahi d’un autre , qui s’arrondit , ce met a bouger de lui même m’effraye plus qu’il ne m’attendrit . Ce ventre qui craque . Vergetures , si dures a accepter à 20 ans . Ce ventre ausculté , ecouté puis incisé d’une large cicatrice . Bien large pour un si petit garçon .
Ce ventre qui rejette son petit déjeuner tout les matin pour me dire le stress d’un métier superbe mais trop éprouvant pour moi . Message que je n’ai pas su entendre avant qu’il ne soit trop tard .
Ce ventre qui enfle encore , qui refuse d’accueillir une nouvelle grossesse, trop plein qu’il est déjà de graisse et de malheur . Ce ventre affamé par un regime a la mode qui enfin s’emplit de mon deuxieme bébé . De nouveau asculté , ecouté , echographié sous toute les coutures . Ce ventre qui se venge de ce regime idiot en grossissant plus qui n’est raisonnable . La césarienne de nouveau mais cette fois ci mon ventre et mois on as tenu un peu plus longtemps , une petite fille en pleine forme en sort . La césarienne , mieux faite a fait disparaitre la boursuflure de la première, devenue simple ligne, comme tracée au crayon
Ce ventre qui souffre de nouveau ,apres chaque repas ,Une crise particulièrement vive le soir de mon mariage . Calcul billiaire . On m’ote la vésicule . Cicatrice de plus . Le chirugien me montre les cailloux qui me faisaient si mal . On dirais des pierres semi precieuse . J’ai un ventre huitre ,ca me fait sourire . Quelque mois plus tard ce meme chirurgien m’ouvrira de nouveau pour m’oter les 3/4 de l’estomac , une sleeve ca s’appelle . Quatre petits trous viennent rejoindre l’album de mes cicatrice . .Encore une fois mon ventre souffre pour mon bonheur ,pour mon corps et mon esprit entiers . Il reagis bien ,je perds 40 kilos . Les regles reviennent , douloureuse toujours malgres le stérilet hormonal , mais signe positif désormais pour la femme que je suis . Et puis la dernière surprise de mon ventre , ce sterilet perdu , remplacé par un tout petit embryon , une minuscle potentialité d’enfant . J’ai été en colère bien sûre , j’ai crue qu’il m’avais trahie . Mais je crois qu’en fait il m’a offert un cadeau , il as pris pour mois une decision que je n’osais pas prendre. Le voila de nouveau habité par un autre que moi . Je lui fait confiance pour le proteger et l’aider a grandir . Au fond c’est toujours ce qu’il a fait pour moi .

Mon IVG


Je suis tombé enceinte une première fois l’été 2011, à 21 ans, sans emploi, dépressive, loin de ma famille, mes amis et en reprise d’études j’ai paniqué et avorté…du début à la fin je savais que ce n’était pas ce que je voulais, cette vie en moi je l’aimais autant que je me détestais de mon acte.
Après ce que j’appelais mon homicide volontaire, j’ai voulu nier, faire comme si rien ne c’était passé et pousser le vice au point de n’en parler à personne, pas même à mon compagnon et plonger dans un mutisme qui me couperai de toute vie sociale pendant 3 mois.
Trois mois pour réussir à en parler à mon copain qui lui ne comprenait plus ce qui m’arrivait.
Un mois plus tard nous décidons de faire un enfant, un enfant qui certes n’effacerait pas l’IVG mais un enfant voulu, désiré.
Début février 2012, tous les symptômes sont là, les seins douloureux, les tiraillements de l’utérus, les vomissements, etc.
Le lendemain prise de sang, résultat positif, je revis et mon homme rayonne à l’idée de devenir père.
Pendant deux semaines, on parle de cet enfant à venir pour octobre, on parle déménagement, nouvelle vie, fille ou garçon ?
Puis au bout de deux semaine, un dimanche matin après une nuit blanche car les tiraillements se sont localisé du côté gauche de l’utérus et sont vraiment très douloureux, je réalise que je perds un peu de sang, pas assez pour s’inquiéter mais entre les douleurs et les gouttes de sang il ne m’en fallait pas plus pour tirer mon copain du lit et filer aux urgences.
Après douze heures d’attentes et de souffrance intense pendant lesquelles tous les médecins me rassuraient me disant « ne vous en faîtes pas, arrêtez de stresser vous aurez moins mal » on m’annonce que la grossesse est extra-utérine et on me donne enfin un lit afin que je puisse m’allonger ailleurs que sur le sol, 15min plus tard une infirmière me dégage de mon lit avec l’argument « les lits sont pour les femmes enceintes »….on m’a avorté dans la nuit, une seconde fois.
J’ai eu de la chance, j’ai réagi vite et n’ai pas perdu ma trompe mais ma dépression et mon dégoût de moi-même on retrouvé leur chemin de suite.

Alors ce corps maintenant, je le regarde, je le vois mais il ne m’appartient plus, il me dégoûte, j’ai vécu cette grossesse extra utérine comme une punition pour l’IVG de septembre.
Retomber enceinte est devenu phobique, alors pour le moment j’essais de sortir de ma solitude, d’en parler et de ne pas le faire payer à mon amoureux par mes crises de larmes et de nerfs.

Merci.

Sh.

Faux contact

Mon corps, il me va plutôt bien.
Quand on me voit, rien ne frappe : pas de nez tordu, de cicatrice, d’yeux magnifiques ou de jambes interminables. Une femme normale, quoi.

J’aime mon corps, malgré cette faille invisible à l’œil nu, et même au scanner, ce petit défaut, tout petit, quelque part dans ma tête mais personne ne sait où exactement, ce micro disjoncteur qui fait que, quand j’abuse de lui, quand je le fatigue trop, il s’éteint tout seul. Pour moi, ça fait juste on/off. Pour les autres, ça fait plusieurs minutes de peur, parfois même de panique. Ils souffrent à ma place, ils ne peuvent rien faire d’autre qu’éloigner tout danger de moi, et attendre que ça se passe. J’ai fini par m’habituer. Mais eux, je pense qu’ils ne s’y habitueront jamais.

En vérité, ce n’est pas très grave médicalement. Je risque une langue mordue ou une belle bosse en cas de mauvaise chute. Je connais mes limites, je sais quand mon cerveau est le plus susceptible de s’éteindre, je fais attention. Et puis les médicaments me permettent de tenir plutôt bien. Il y avait même eu presque 7 ans sans alerte.

Jusqu’au jour où j’ai détesté mon corps.

C’est un peu de ma faute, je l’avais malmené, en voulant jouer les wonder-mamans pour ce bouchon qui venait tout juste d’arriver. Mais il n’aurait jamais dû me faire ce coup là.

Disjoncter alors que j’avais mon tout petit dans les bras.

Je l’ai haï mon corps. J’ai haï ce disjoncteur, et les conséquences de ce faux contact : lactation stoppée, angoisse de tenir mon fils, doutes sur ma capacité à être maman, crise dans mon couple. Heureusement, rien n’est arrivé à mon bébé, son papa était là et l’a mis à l’abri. A l’abri, ce jour là, ça voulait dire loin de sa mère.

Il m’a fallu des mois avant de lui pardonner et de parvenir à l’aimer comme avant, ce corps. Il m’a fallu refaire le chemin que j’avais fait à l’adolescence, quand il change tellement qu’on ne le reconnait plus, et que j’avais refait quelque années plus tard, au moment des premiers faux contacts. Il a fallu me l’approprier de nouveau, pour ne refaire qu’une avec lui
Maintenant, je suis beaucoup plus indulgente envers mon corps. Je sais l’apprécier pour ce qu’il m’offre et me permet de faire : héberger mon âme, consoler mon petit, séduire mon amoureux. Il m’a rappelé de façon brutale que, quelles que soient les circonstances, il ne faut pas que je l’oublie, que je l’occulte, que je n’en prenne pas soin. C’est lui qui me permet d’être ce que je suis.

Je le remercie mais putain, parfois, il fait chier.

Mon ventre

Je m’appelle Emilie, Emilie pas jolie. Je ne me suis jamais trouvée très belle, mais c’est pire depuis mon accouchement, il y a tout juste un an. Ma première grossesse, des jumeaux, 1m40 de tour de taille à terme. A 21 ans, mon corps, mon ventre surtout, est immonde, déformé, désormais caché à jamais.

Ma mutation en zèbre a commencé au deuxième mois de grossesse, hello vergetures :D Bienvenue sur ma peau, n’hésitez pas à bien vous installer ;) Ni une, ni deux, en seulement neuf mois, voilà mon ventre rayé, bariolé de tout côté ! Même durant les semaines post accouchement, les rayures se sont étendues…

Au jour d’aujourd’hui j’ai ce ventre, cette torture, je ne peux plus le voir, je voudrais le cacher pour toujours, que moi même je ne puisse jamais le revoir. Le maillot deux pièces, on l’oublie, les hauts moulant aussi, les tailles basses, dans le même sac; à moi hauts évasés, pantalons montants, et monokinis…

En revanche, j’ai aujourd’hui une magnifique petite fée et un petit lutin que j’aime par dessus tout, qui rient en voyant mon ventre et tapent sur cette bien flasque « gelée » avec leurs mimines innocentes, et le meilleur de tous les hommes, celui à qui ce ventre ne dérange en rien, car « j’ai accouché et que c’est normal, je t’aime comme ça ».

Afrodiziac

mon histoire, j’ai 25 ans deux enfants et un corps en ruine
j ai eu du mal a m accepter,j ai été maman très jeune et donc je n ai pas eu le temps de profiter du corps de jeune fille
que j avais.je n ai jamais été mince,juste des belles formes que j assumais.j ai du mettre un maillot de bain deux pièces une fois dans ma vie
j avais tellement honte de mon corps après ma première grossesse que tous mes rapports sexuels se faisaient dans le noir,alors ainsi j espérais que mon conjoint ne se rende jamais compte des monstruosités qui étaient sur mon ventre,mais un jour il m a avoué avoir toujours su que j en avait et qu il ne m aimait pas moins pour autant
mes filles me disent souvent « tu sais maman c’est pas grave si tu as des traces sur ton ventre,c est a cause de nous mais on a pas fait exprès »
et la je me suis dis c’est vrai,j ai eu des enfants et ça se lit sur mon corps soit!il y a beaucoup plus grave sur terre, moi ce que j ai ce sont seulement des VERGETURES.alors pour me donner plus de courage je suis venu sur internet.je suis tombée sur ton blog,j ai lu les post et c’est décide cet été je troc le tankini pour un bikini
bourrelets,vergetures et j en passe seront de la partie.je sais que le regard des gens ne sera pas facile a assumé en premier lieu,mais peu importe ils n auront qu a regardé ailleurs si ça leur déplait
moi, afrodiziac ronde et vergeturée je souhaite à toutes celles qui se reconnaitrons de passer le pas et profiter de la vie!