Je deviens normale

Normale
J’avais écrit un premier texte sur le blog il y a quelque temps. « Un corps de mannequin« . J’avais un IMC de 16,9 (donc, maigre). Difficilement, j’avais fini par accepter cette maigreur que je n’avais pas choisi.

J’ai longtemps essayé de prendre du poids, en vain. Petit appétit, petit estomac, vite rempli. Je ne me privais de rien, je pouvais manger des plats caloriques, mais les quantités et la régularité manquaient pour me permettre de prendre du poids. Mon objectif: prendre une dizaine de kilos, être normale, ne pas avoir l’impression d’avoir des carences, être en forme(s).

Après des années d’échec, il aura fallu un déclic tout simple: vivre avec mon amoureux. Il se préoccupe de moi et surveille au quotidien que je mange correctement. Que je ne saute pas de repas, que je ne remplace pas un plat par une sucrerie. Que je n’oublie pas de manger (oh oui, ça m’arrivait tout le temps). Que je mange de manière équilibrée. Et bien sûr, le résultat est là: je prends du poids doucement mais sûrement, environ 1 kg par mois. Sans excès, simplement en mangeant normalement, j’arrive enfin à grossir. Mon IMC est actuellement à 18,6 et je pense continuer sur cette lancée encore un peu, ça me semble très sain. Je continue à faire du sport et à me muscler des pieds à la tête. Je pense être enfin parvenue à avoir une bonne hygiène de vie.

Je suis toujours mince, mais pour la première fois de ma vie, une vendeuse m’a dit cette semaine « Vous êtes une fausse maigre ». Je prends des formes, mes hanches se sont élargies et j’ai des toutes petites « poignées d’amour » que j’aime beaucoup. Je me sens plus vivante, mieux dans ma peau. Tout va bien!

Lena

La mort à fleur de peau…

S

J’ai toujours été une fille très sage, belle, très souriante, une fille sur qui on pouvais compter dessus… même si personne ne m’as jamais réellement accordé son amitié ou simplement un peu d’attention :(
Jusqu’à mes 16 ans 1/2…
Je tombe littéralement amoureuse d’un beau Grec qui est en première année de Science Po, celui à qui j’offre ma première fois au bout de 6 mois. Je trouves en lui mon âme soeur. Quand il m’embrasse, il me fait voir des étoiles. Je jouis de ses simples baiser, je passe des journées entière serrée dans ses bras, les heures passent d’une vitesse affolante !
Mais ma mère est une véritable mère poule et me prive de liberté car elle a peur que je la délaisse un peu, du coup elle enchaîne les punitions : « Range ta chambre et tu pourra sortir » et quand je fini, elle me redonne une autre punition… sans raisons…
Du coup mon amoureux se lasse de m’attendre. Il me demande d’être plus cool avec ma mère, alors que je fais déjà TOUT ce qu’elle me demande de faire.
Je suis punie 1 semaine… puis 2… puis 3 … Le jour de la St Valentin je décide de fuguer, passer la journée avec mon amoureux que je n’ai pas vu depuis si longtemps !!! Il me fait rentrer en cachette dans sa chambre pour ne pas que sa mère alerte la mienne. Il me joue de la guitare… je lui offre son petit cadeau… On fait l’amour pour la 3 ième fois. Magique…
Il me ramène au bus fin de journée. Ma mère apprend que j’étais avec, du coup… sanction !
Je ne peux plus le voir ! Elle est devenue jalouse ! Il décide donc de me quitter… et moi, j’ai qu’une envie, c’est de crever !
J’erre comme un fantôme pendant des mois, ma mère à peur car je perd du poids, je deviens blanche, je ne fais plus attention à moi, je ne parles même plus. Je me sent mentalement morte.

Un soir je craque, j’ai tellement de haine, de rage en moi que je veux me faire mal physiquement. Aussi mal que j’ai intérieurement. Je me frappe le visage, je tombe sur un rasoir de coiffeuse avec une lame aussi grande qu’un index. Et la je me coupe une fois… deux fois… 25 fois… et au bout d’une heure je me sent plus calme. Comme si j’étais apaisée par cette douleur physique.
Forcément, vu l’état de mon poignet… ma mère le remarque. Elle commence alors ses discours qui ne servent à rien face à la rage que j’ai envers elle. « tu as besoin d’aide… tu devrais prendre des médicaments… tu te mutile pour te rendre intéressante » J’ai qu’une envie, c’est de lui crever le coeur pour qu’elle ressente comment je vie depuis 7 mois !
Elle pense que je fume du cannabis et que je prend de la cokaine, elle me menace chaque jours de m’amener à l’hôpital pour faire des testes et moi je ne demande que sa pour qu’elle puisse me lâcher la grappe étant donné que je n’ai jamais rien pris !

Mon père m’inscrit au Viet vodao afin de canaliser mon énergie et à me changer les idées. Et sa marche !
Je rencontre un autre homme et j’oublie ma peine de coeur, ma peine de tout les jours :)

Mais… Ma mère recommence les punitions ^^
Et cette homme me propose de vivre avec lui. Je fais ni une, ni deux, j’prépare mes valises à 18 ans et 5 mois. Je me caaaaasssse !
Ma mère me fait la gueule car elle déteste mon nouvel homme et elle ne me parles plus. je ne peux plus voir mes 2 frères et mes deux soeurs… Du coup sa me fait énormément souffrir… En plus sa ne se passe pas très bien avec cette homme, et j’peux pas retourner chez maman, ni vivre des mes propres moyens vu que je suis toujours étudiante. Je n’ai pas de copines car mon hommes les dragues… il as 6 ans de plus et le décalage d’age se fait bcp ressentir.

19 ans (Novembre) je me sent patraque, j’ai vomis dans la voiture… je suis malade avec les odeurs… Je suis enceinte !
J’apprend que je fais un déni de grossesse, je suis à presque 5 mois de grossesse et en 10 min mon ventre a gonflé tellement que je ne peux plus attacher mon pantalon. Cette grossesse imprévue va bouleverser toute ma vie.
Il ne veux pas d’enfant, et moi je me sent déjà mère et j’aime mon bébé… il me dit « Tu avorte ou je te quitte » Je n’ai personne à qui parler, et si je le garde, je me retrouve à la rue. Je subi une IVG en hollande à 5 mois 3/4, il paye 900 euros pour ruiner ma vie…
Il passe les teste psychologique à ma place car je suis tellement sous le choc, que je n’arrive même pas a réaliser, à parler, j’suis tétanisée.

En rentrant le soir même à la maison, je vide une demi bouteille de vodka cul sec (Lui il est trop occuper à jouer sur son ordi, et à faire des rencontre « coquine » car il me trompe)
Je me déteste, je veux ENCORE CREVER… Donc j’y vais franco, j’enfonce la lame dans mon avant bras, dans mon bras et dans ma gorge le sang coule à flot, je suis fière car je me sent mourir et c’est ce que je veux plus que tout ! Je vois mes tendons bouger, trop dégeu.
Malheureusement, ou heureusement, il descend au frigo et me trouves à moitié morte et appelle l’ambulance.
On me réinjecte du sang et on me fait 42 points de suture. J’explique mon histoire aux urgentistes (ils étaient bien 15 dans la sale) y en as qui se mettent à pleurer quand je raconte que je veux mourir… Le jour après je signe une dérogation pour sortir de l’hôpital car je veux pas passer devant le psy qui vas me bourrer des médoc et je retourne chez cette homme, que je salifie de MONSTRE à présent. Il avait fait mes valises… et le soir même, j’étais à la porte !

Je me suis retrouvée au sans abris à 19 ans…

j’ai repris vie grace l’arrivée de mon fils que j’élève seule, il est toute ma vie. C’est lui qui me fait oublier ce passé monstrueux. Et chaque jour qui passent à présent, nous les mordons à pleines dents :D Et nous sommes très heureux, lui du haut de ses 3 ans et moi du haut de mes 25 ans :))

Plus jamais aucun homme ne me brisera !

Et le Papillon lui dit « tu es intouchable »

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Elle est une maman de plusieurs enfants dont un bébé de quelques mois, une maman en cours de séparation, une maman envahie par des papillons pour un homme et cet homme lui dit « ta maternité te rend intouchable ».
intouchable – intouchable – intouchable – intouchable – intouchable
ce mot résonne comme un détonateur.
Intouchable…
elle aurait aimé que son mari la trouve aussi intouchable cette nuit de septembre. Une fois de plus il rentrait au petit matin, l’odeur qu’il dégageait laissait comprendre ce qu’il avait fait pendant sa soirée. Elle dormait, le berceau dans lequel se trouvait son nourrisson collé contre son lit pour être sûre d’entendre le bébé et pouvoir s’occuper de lui. Elle dormait par tranche de deux heures depuis plusieurs mois, son mari ne l’avait pas regardé depuis des mois, elle dormait… Elle avait pris l’habitude de ne plus l’attendre et de ne plus attendre de tendresse de sa part. Elle dormait, il est rentré, il est venu se coucher près d’elle… et s’est approprié son corps. Elle dormait, il est entré sans une caresse, sans un baiser, sans tendresse ni affection, il est entré. Il est entré sans respect. Il est entré violemment. Elle n’a rien dit, son bébé dormait à côté d’elle. Elle n’a rien dit. Les images se sont accumulées dans son esprit, elle a eu mal, elle s’est rendormie.
Intouchable… c’est le mot qui est venu la rejoindre le lendemain matin et les matins suivants. Elle avait encore mal, elle n’arrivait pas à en parler, elle a enfouit son grand secret tout au fonds d’elle.
Intouchable.
Elle avait eu envie d’hurler ce mot à plusieurs reprises, INTOUCHABLE!
Alors quand le Papillon lui dit « tu es intouchable », c’est la nuit de septembre qui revenue. La colère partie elle se demandait comment redevenir touchable, comment retrouver l’envie d’être touchée, comment sortir de cette prison. Au fond d’elle, même si l’idée lui faisait très peur, elle avait très envie de redevenir une femme. Une femme aimée et respectée.

En attendant, je dois vivre avec…

vivre
J’ai découvert ce blog en regardant Les Maternelles…j’ai été intriguée, je suis allée voir..Je n’ai pas été déçue, ce blog est superbe..très belle idée. Je me suis sentie petite à coté de certaines..à coté de leurs témoignages émouvants, poignants.

Mon histoire, elle est simple, elle a commencé vers mes 3 ans, quand j’ai commencé à être malade comme tous les gosses, des rhino, des otites…une hospitalisation en urgence, on m’a opéré des amygdales à vif, sans anesthésie. Une douleur horrible (oui mais non Madame, les enfants n’ont pas toutes les connections, un enfant ne souffre pas…a-t-on dit à ma mère en lui demandant de sortir de la pièce). Sauf que voilà, j’ai arrêté de manger. Et la principale préoccupation de mes parents fut alors : la faire manger, pour qu’elle tienne le choc quand elle est malade !! et là, on imagine la pression…j’étais pas vieille, j’ai peu de souvenir de cet age sauf le fameux « mannnngeeeeee »….

Dans la famille, c’était THE sujet de dispute permanente, la gamine ne mange pas, comment faire pour qu’elle mange ? pourquoi elle mange pas ? personne n’a jamais prononcé le mot car tout le monde l’ignorait : anorexie infantile…un truc de fou !!!

Les années se sont succédées, je mangeais pas mieux. J’étais pourtant pas spécialement mince. A la cantine, j’ai vécu le pire comme le fourrage de tomates dans la bouche. j’ai pas pu les avaler, je ne le peux toujours pas, à presque 40 ans…merci madame la cantinière ! A la maison, j’ai pris des beignes, des engueulades, des punitions…rien n’y faisait.

Et puis un jour, la vapeur s’est renversée. J’ai commencé à aimer le sucré, et a grossir. Et là bizarrement personne n’a rien vu. D’ailleurs quand on regarde les photos de mes 9 ans, personne ne voit mon petit ventre naissant, mes hanches qui s’arrondissent, personne, surtout pas mes parents, mais moi, si, je les vois…

Dans l’année de mes 14 ans, je vis dans un bled pourri de la banlieue parisienne. Je fais de la danse, ma grande passion depuis que j’ai 6 ans. Je sais depuis longtemps que j’en ferai pas mon métier, on me l’a dit dès le début : j’ai pas le profil, je suis trop petite…et maintenant à 14 ans et 10 kg de pris en 6 mois, on me le répète assez, dans cette école qui forme notamment les petits rats de l’opéra. Je me vois bien dans la glace : mon ventre, mes fesses, mes seins…tout est gros, tout me parait gros, tout est moche. j’ai 14 ans, je fais 1m56 et je pèse 62 kg….et pourtant j’entends toujours l’hypocrisie de ma mère « mais non t’es pas grooossseee » et la méchanceté de ma famille « grosse minette » qu’on m’appelle.

J’ai 18 ans tout juste quand je rencontre mon mari. 1m 59 et 57 kg. C’est pas mal, enfin maintenant je dis cela, mais à l’époque je me trouvais tout juste regardable (euh ce serait mon kiff en ce moment !!!). je m’habille comme un sac, mes parents n’ont pas d’argent pour m’offrir de jolis vêtements, je bosse les mercredis, vacances pour arrondir les mois..mais c’est pas pour cela que je m’achète de fringue parce : je suis grosse !!!

et on s’installe ensemble avec mon amoureux, je prend direct plusieurs kilos, car je suis partie de chez moi à 20 ans sans savoir faire cuire un oeuf !! on achète des plats tout prêt, je bouffe pour combler des manques (seule loin de mes parents et sans le téléphone)…quand mon futur époux me demande en mariage, je pèse 64 kg…je réalise qu’à ce point, je n’aurai jamais la robe de mariée de mes rêves. Je vois un nutritionniste et en un an, je pèse 56 kilos….dans ma tête, rien à changer. je ne vois que ce ventre, ces kilos qui n’existent plus…et qui sont pourtant toujours là dans ma tête, je les vois dans la glace aussi d’ailleurs !!

essayage de ma robe, avec mes parents. en entrant dans la boutique, elle m’a tapé dans l’oeil, cette robe de mes rêves. Je la chasse de mon esprit, elle n’est pas pour moi, et comme j’y rentrerai hein ????? j’en essaie une : je commence à ne plus comprendre ce que je vois dans la glace, d’autant que la vendeuse m’a rajouté pleins d’aiguilles dans le dos, elle est trop grande….j’en essaie une autre, elle est belle…wahou…je me reconnais à peine….et puis il y la robe dans la vitrine..je peux l’essayer, je suppose qu’elle n’est pas à ma taille, mais elle est si jolie !!!!

et quand je la passe….ben elle me va comme un gant !!! la vendeuse me précise que c’est un 38…et qu’il va falloir une ou deux retouches, le jupon tourne et le laçage est déjà serré complètement…..je me regarde, je ne réalise pas. à coté de moi, une nana pleure dans la cabine. quand elle passe devant moi, les yeux rougis, elle dit à sa mère « si j’étais pas si grosse, j’aurai une belle robe comme cette fille »….le choc..une personne vient de dire que j’étais mince ! on ne me l’a jamais dit !! je suis mince ????

le mariage arrive…ça fait 6 mois que je vis avec ma balance !! trop la trouille de grossir. Je pars chez mes parents une semaine avant le mariage avec ma balance sous le bras !!! pas confiance dans une autre balance !! et le comble, je me suis pesée le jour du mariage !! oui j’ai osé !! 54.5 !!!54.5 !!! punaise ma robe est trop grande !!!!! mon futur mari manque de faire une syncope en me voyant…mais moi je me suis vue qu’en morceau depuis le matin, je ne sais pas ce que donne l’ensemble.

je me croise dans la glace de la mairie…je ne me reconnais pas, je ne sais pas qui est cette jeune fille au bras de ce jeune homme : punaise, qu’elle est mince, et belle…punaise c’est moi…..

le premier bébé se présente, à peine mariée, à peine enceinte. J’ai 24 ans, 2 ans de régime derrière moi et ce qui devait arriver arriva : je prend 25 kilos !!! je me sens mal, je refuse les photos…une fois bébé né, je stagne à 62 kg et on enchaine sur une deuxième grossesse, je prend alors 12 kg…toujours aussi mal..peu de photos; j’aime pas mon corps de femme enceinte…quelle nouille…

les années passent, je fais le yoyo…57 kilos après un régime hyperpro, je reste ainsi qq mois, et hop, je reprend tout.

et puis 9 ans après mon deuxième bébé, l’envie du troisième nous prend. Je prend 15 kilos mais jamais de la vie je me suis sentie aussi bien !!!! pleins de photos, de tenues collantes, d’heures à caresser ce ventre que j’aime à la folie..je saurai pas dire pourquoi. ce bébé c’est la conclusion de la fratrie, c’est mon bonheur…mais comment je peux expliquer ce que je ressens pour ce corps quand j’ai tant détesté auparavant ?

et deux ans après sa naissance, je pèse 66 kg. j’arrive pas à maigrir, ce corps me répugne…enfin, ce ventre. les seins, je les aime, ils ont pas trop soufferts et je les accepte avec leurs rondeurs, mes fesses, bon ben ce sont des fesses, mes hanches, elles sont rondes certes…mais mon ventre….il est rond de partout, il fait une boule, on dirait que j’attends un bébé ! je pourrai mm passer aux caisses prioritaires !!!

je fais du sport depuis deux ans, alors mon corps a changé certes. il s’est alourdi de muscles, mais je peux pas accepter ce chiffre : 66 kg…et pourtant je fais tout pour ne pas perdre..sorte d’autodestruction. si je savais pourquoi !! enfin si je sais, mais je veux pas me l’avouer. la nature, oui, elle y est pas pour rien. mais le reste. une sorte de vide, de gouffre que je remplis de gras, de sucres, de chocolat…un cercle vicieux : je m’habille pas, je ne trouve rien, mais quand je fais les boutiques, je veux pas essayer…donc j’achète rien de peur de me trouver moche, mais je suis déjà moche avec ce que j’ai…

ce corps, vous le trouverez sans doute pas si mal. oui, j’ai de la chance, aucune cicatrice, aucune vergeture (oui j’ai une peau incroyable !!)…le fait est que moi, je l’aime pas plus que cela. Je voudrai retrouver au moins mes 60 kg. je vous parle pas des dommages collatéraux, vous voyez de quoi je veux parler, vous savez, le conjoint qui s’approche le soir, et que vous ne savez comment repousser. c’est pas lui qui vous pose un soucis, c’est vous tout court. comment peut on « aimer » quand on ne s’aime pas ???

comment peut on aimer quand enfant on s’est jamais senti aimée ? quand on s’est juste sentie comme « la gamine qui veut faire chier ses parents en ne mangeant rien !!! »…hein ? comment ?

je n’ai pas la réponse.

en attendant, je dois vivre avec…

J’étais cette enfant

J’étais cette enfant ordinaire. Celle qui joue dans la cour de récréation à la corde à sauter et à la marelle. J’étais cette enfant ordinaire qu’on remarque peu, studieuse et un petit peu bavarde.
Mais j’étais cette enfant qui avait peur de rentrer chez elle quand elle s’y savait seule avec son père.

J’étais cette jeune adolescence qui ne disait rien face à cet homme qui tenait son emprise sur son corps qu’elle commençait déjà à détester.
J’étais celle qui faisait comme si de rien était. Elle en avait l’ordre.
J’étais celle qui ne laissait jamais seules ses petites sœurs en compagnie de cet homme, par crainte qu’elles aussi ne subissent le même sort.

J’ai été cette adolescente qui un jour a parlé, cette adolescente qu’on n’a pas crue. J’ai été celle qu’on a accusée de menteuse et d’égoïste. J’ai été celle qu’on a jugée de vouloir détruire sa propre famille.

J’ai été cette chose qu’on rejette, qui ne vaut rien.

J’étais cette jeune femme complexée dans ses rondeurs, dans son corps malade et détruit. J’étais cette jeune femme qui devait croiser ce père chaque jour. Deux à connaître la vérité, mais seule dans la réalité. J’ai appris à devenir cette jeune femme qui portait le masque du « tout va bien », celle qui faisait rire les autres, la rigolote de la bande. J’ai appris accepter de tout perdre. Sa mère, son corps, son âme.
J’étais cette femme qui un jour, a rencontré un homme. J’étais cette femme qui refusait de lui en parler par la honte.
Il a été cet homme qui n’a pas eu besoin de mots pour comprendre. Et il a été cet homme qui, avec le temps, a su.

Il est cet homme, mon homme. Le seul à m’aider à porter ce fardeau qui pèse si lourd.

Je suis cette femme ordinaire. Celle qui part au boulot le matin et qui rentre dans la soirée. Je suis cette femme ordinaire, rigolote et encore plus bavarde.
Je suis cette épouse et maman comblée de bonheur mais qui reste brisée au plus profond de son être.

Je suis cette femme qui sait ce qu’elle veut, ce qu’elle peut et ce dont elle a le droit aujourd’hui.

MINDLESS SELF DESTRUCTION

Une enfance heureuse, des souvenirs de bonheurs à foison avec famille et amis. Aucun viol, accident ou maladie qui justifierait mon état, et malgré tout, je ne vais pas bien. Ou plutôt, je ne vais pas tout court, une erre matérialisée dans un corps d’une belle monstruosité. Un physique à la grandeur de mon intellect. Je n’ai pas de talent ni le courage de certaines qui ont publié sur ce blog, je ne sais pas quoi faire de ma vie et je ne pense pas être capable de rendre heureux ceux qui m’entourent. Mais ce qui me fait le plus mal reste mon enveloppe charnelle. 5 ans de mal être à faire le yoyo, manger plus protéiné ou plus du tout,fumer & se remplir de coca light pour ne pas avoir faim, boulimie passagère mais récurrente, médicaments. Depuis qu’Il est là, je n’ose plus reprendre une lame de rasoir, je ne veux pas de questions ou de critique, je ne veux pas l’inquiéter.

Je me hais. Pour ne pas être heureuse malgré tout ce que j’ai, pour être sans cesse en colère contre un mal qui n’existe pas, pour ne rien faire pour changer tout ça. Je veux arrêter de réfléchir, appuyer sur le bouton off, me faire sauter la cervelle; que ça s’arrête ne serait-ce qu’une journée. En fait, ce corps n’est que le reflet de mon âme et c’est ce qui m’éffraie. Si je dois être saine d’esprit pour m’approprier cette enveloppe, patience sera de rigueur.

Je n’ai donc plus d’exutoire, un jour j’imploserais comme un volcan. En attendant je me hais, me détruisant mentalement lorsque j’ingurgite la moindre calorie et fuyant le miroir qui me jette à la figure ces kilos qui se sont greffés à moi. mon esprit est une balance qui vascille entre espoir et haine. Mais je veux me battre pour enfin m’approprier ce corps, donner un sens à ma vie comme on dit. Pour moi, pour lui, pour vivre.

Lui

Lui c’est ce corps. Je ne dis pas mon corps car ce n’est pas le mien.
J’ai 24 ans. Je ne sais pas vraiment quand ça a commencé. Je dirais dans l’année de mes 20 ans. J’ai un problème avec la nourriture. Je suis capable d’ingérer des quantités de nourritures diverses et variées jusqu’à en avoir mal au ventre. Et puis après je me dégoute. ça me dégoute. Je hais la bouffe, mais elle m’enferme. ça va mieux depuis que je suis installée avec mon ami, mais des fois j’ai des crises. Quand il n’est pas là, la seule chose à laquelle je pense, c’est manger. Bouffer plutôt. et après j’ai honte, j’ai mal au ventre et je me dégoutte encore plus. Je ne pense pas que ce soit de la boulimie car c’est par épisodes, pas régulier et je ne me fais pas vomir. Je n’en ai pris conscience que l’année dernière, quand j’ai dépassé la barre des 70kilos pour 1m62.
Ce corps dans lequel je vis n’est pas le mien. C’est très étrange comme sensation. des fois je me sens bien, puis d’autres fois je me dégoutte. Quand je me vois en photo, ce n’est pas moi. Je ne me ressens pas comme je suis. C’est très étrange encore comme sensation. Ne pas avoir conscience de ce qu’on est. Je ne me vois pas aussi ronde que je suis. Pourtant, le ventre est là, les vergetures, la cellulite, les bourrelets. moi je suis dessous.
Ce corps me fait mal aussi. quand je cours. Quand je monte les escaliers. Pourtant j’essaye de lutter. Je vais à la piscine, je marche. Mais des fois, je craque. Alors je comprends bien qu’il ne peut pas lutter tout seul, mais je n’arrive pas à l’aider comme je voudrais.
Je ne sais pas quoi faire. J’étais allé voir une nutritionniste, mais je n’ai pas continué. J’ai l’impression que rien ne peut changer. des fois je chiale, puis je me dis que c’est de ma faute, que je fais souffrir ce corps qui n’est plus le mien.
Ma plus grande angoisse est que mon homme me quitte. Je sais qu’il m’aime. Mais je ne peut pas imaginer qu’il puisse aimer ce corps.
Alors j’avance avec ce poids qui m’entoure sans savoir comment m’en délester….

Mon corps , mon ventre et moi …

j’ai lu et relu ce blog et je me suis lancée … mon histoire sera sans doute banale mais …

ce corps , je ne sais même pas si il m’appartient , depuis petite je ne l’ai jamais accepté ni aimé , je suis une âme sans corps , j’ai pourtant un métier avec un fort rapport au corps mais pas le mien , aide soignant , mon corps je le cache , je ne vis pas je survis ..

A 12 ans grande et mal boutiquée , puis de taile normale mais ronde et pas très jolie , et à 15 ans ce docteur sans pitié qui vous dit , Mademoiselle vous êtes trop grosse , je suis restée sans voix , sans rien dire face à lui … combien de fois j’ai eu envie de dire stop à tout cela , mais était ce la bonne solution ?

je vois bien que je suis plus ronde que les autres , moins jolie , peu de seins mais apparement je suis normale , enfin c’ est ce qu’on me dit ou qu’on veut bien me dire ,
Mais non je me rejette , je rejette les autres , car ils ne peuvent pas m’aimer , impossible , comment pourraient t’ils … je ne vaut rien , je suis laide et surtout un mot , SEULE .

Finalement à force de me detester cela doit se voir , je m’assombris je ne mange plus , et rien le corps reste le même , depression , deprime , personne ne diras jamais rien , chez moi on ne parle pas de cela on préfère se taire , petit à petit plus d’amis … trop morose ..

25 ans aujourd’hui et à nouveau seule avec mon corps mon gros ventre degueulasse qui me fait vomir , j’ai envie de l’arracher …

Je dis à nouveau seule car ily à 3 ans je t’ai rencontré , une belle histoire , tu me disais que j’étais belles les premiers temps et après quand je te lancais des cris de détresse , car s’en étaient tu ne réagissais pas , plus , je t’enervais avec mes complexes à la con comme tu disais …

Oui peut être , j’avais juste besoin de toi …

puis tu te radoucissait , tu me disais je t’aime je veux qu’on se marient , qu’on aient un enfant … et tu m’as quitté , j’ai pris la claque de ma vie , je commencais à m’aimer une peu , je me disais tu seras maman et femme et puis , plus rien du jour au lendemain …

Mon corps aujourd’hui me dégoûte d’autant plus car aujourd’hui plus personne ne l’aime.

Inthedeep

Mon corps et sa mémoire

Moi, c’était ma mémoire. Elle n’était plus connectée à mon corps.

On a falsifié ma mémoire, on m’a traitée d’allumeuse, de menteuse.

Lorsque j’avais 9 ans, mon demi-frère a abusé de moi. Je n’ai jamais été soumise, pas plus que timide, je n’ai jamais voulu être une victime, mais parfois, l’adversité est trop forte. Je l’ai dit à ma mère, elle a pâli, elle est partie, j’étais persuadée d’être sauvée. Mais elle n’a rien fait, on m’a accusée d’être fautive, et il a recommencé. Pire, ma mère battue et mon beau-père alcoolique m’ont convaincue que j’étais la source de tous leurs maux. Alors ma mémoire a cessé de m’appartenir : elle est devenue leur propriété, façonnable à souhait.

Je me battais, je lisais, je sortais, je tentais de dénoncer, mais à chaque fois que je me débattais contre les mensonges avec lesquels ont tentait de forcer mon crâne de jeune fille, j’étais punie, embrouillée, on ne me croyait nulle part car ma mère démentait. Je n’oublierai jamais sa plus atroce trahison. J’ai tout raconté (les harcèlements, les intrusions dans ma chambre, les coups qui pleuvaient sur ma mère) à l’assistante sociale de mon collège, qui a convoqué ma mère. Cette dernière est devenue folle furieuse, et m’a forcée à « avouer » à l’assistante que j’avais menti. C’était trop, je crois que quelque chose s’est brisé dans ma raison. Alors j’ai oublié. Tout oublié, purement et simplement.

J’avais oublié, certes, mais mon corps m’avait suivi. Un corps très précoce pour une adolescente, un corps qui ne voulait pas se faire discret. J’étais une enfant sensuelle, je rêvais d’être, plus grande, une fougueuse amante. J’avais soif d’amour. Après avoir croisé le chemin de mon agresseur, tout s’est arrêté, comme une horloge vide. Mon corps avait des années de plus que ma sexualité. Mon mépris pour lui n’avait pas de limites : je voulais être un pur esprit, un être désincarné, dépossédé de ce fardeau sale et douloureux. Je ne savais plus faire la part des choses : les hommes étaient des chiens, mais je méritais qu’on me fasse du mal, j’avais commis quelque chose de grave…quoi ? Je ne m’en souvenais plus…Tout cela se perdait dans les insultes obscènes que me lançaient les hommes, dans la rue, et dans les yeux du garçon qui me tripotait sans cesse au collège. Mon corps n’abritait plus qu’une marée de dégoût, et même lorsque j’ai éclaté la figure du petit pervers, je ne me suis pas sentie plus en sécurité. Tout m’apprenait qu’être une femme c’était ça.

Quelques années après, j’avais fait du chemin. Mon corps était un objet esthétique que j’estimais beau, mais inintéressant, stérile, superflu. Un truc sacrifiable. J’ai rencontré un type bien plus âgé que moi au cours d’une soirée entre amis. Je me suis réveillée lorsqu’il avait sa main sous ma culotte et qu’il se pressait contre moi. Paralysée, muette, je me suis rappelée de tout. Je suis partie de courant. Et l’idée a germé en moi qu’il fallait que je sacrifie ce corps. S’il était si désiré, et que j’en souffrais, je devais m’en débarrasser. Je suis sortie avec ce même type, et j’ai failli mener à bout cette horrible idée. Mais au dernier moment, je me suis révoltée, j’ai cru que j’allais vomir, imploser, que j’allais décapiter l’homme qui se trouvait dans mon lit ! Je n’étais même pas terrifiée, j’étais trop fébrile. J’ai réalisé que je me devais ce respect, que je me devais d’être ma propre amie. J’ai imaginé ce que je dirais à ma fille si elle se trouvait dans la même situation que moi. Je n’ai pas couché avec lui. Je me suis figurée en guerrière fière, indépendante, et j’ai compris que je devais partager mon amour et ma compassion avec mon propre corps. Petite, j’imaginais que j’étais Lili la Tigresse, dans Peter Pan.

A peine quelque semaines après ce déclic, j’ai rencontré celui qui est aujourd’hui mon fiancé, et j’en suis tombée amoureuse. J’étais terrifiée. Je voulais tout lui donner, mais j’avais l’impression que mon corps était souillé, véritable ruine.

Il a tout aimé chez moi. Même mon sexe que j’avais toujours évité de regarder, même mes grains de beauté, même mes regards un peu moqueurs, même ma réticence à être touchée. C’est moi qui suis venue vers lui, c’est moi qui ai initié nos rapprochements à force d’amour reçu. Depuis deux ans que nous nous aimons, ce fut une psychothérapie. A présent, je suis amie avec ma mémoire ainsi qu’avec mon corps, je sais que je mérite d’être aimée, je sais qui sont les coupables – et que ce n’est pas moi. Je me suis réconciliée avec la petite fille passionnée que j’étais.

Ce corps que je hais

Je ne sais pas depuis quand je suis comme ça, je veux dire, depuis quand
je maltraite mon corps en le bourrant de nourriture. ça ne fait pas
longtemps que j’ai percuté ça : que je ne lui filait pas un excès de
plaisir à travers les ingestions de chocolat et autres « crasses » comme
disent les belges, mais qu’en le bourrant plus que besoin de nourriture,
en mangeant parfois jusqu’à l’écœurement, en le bourrant de chocolat
jusqu’à ce que la bouche brûle, idem pour les turcs apéro… bref, tous
les trucs « gourmands », ben c’était pas du plaisir, juste de la douleur
en fait. Je me rappelle qu’enfant, j’étais normale en fait… et
pourtant, des remarques à la con de la part d’un oncle de ma famille,
comme quoi j’étais tellement ronde qu’il pouvait pas faire le tour de
mon poignet avec son pouce et son index, et puis la vieille (salope de)
tante qui voulait pas me laisser ramener le paniers de fraises car elle
dit que je vais tout m’enfiler en rentrant chez mes parents (à 20m),
etc, etc, etc… vient le collège, la peur des autres, encore plus parce
que je suis d’une famille « où on reste en famille justement », je ne sais
pas décoder les codes sociaux, j’ai peur des autres, mais pourtant
tellement envie d’aller vers eux. Je ne suis pas grosse, mais je me sens
différente, je cogite tout le temps, j’analyse les attitudes, je me sens
bien avec les grands, mais je dois subir les conneries des autres, et
puis je suis mal à l’aise, je ne les comprend pas. Le mardi soir, mes
parents vont à une activité… ils partent juste à temps pour que
j’aille à la boulangerie acheter des trucs à me manger toute seule
devant la tv : des chips, du chocolat, des bonbons, etc… des fois mes
parents rentrent plus tôt, je manque d’être prise en flag. Les fêtes de
Noel, ma mère achète du saumon fumé, mmm j’adore ça ! je passe en douce
devant le frigo et je choque vite trois quatre tranches que je bourre
dans ma bouche et je repars de l’autre côté pour aller vite manger cette
nourriture qui m’étouffe presque tellement j’en ai plein la bouche. les
années passent, je ne suis pas grosse mais pas mince, je suis complexée,
mes soeurs sont minces, ELLES ! elles sont sportives, moi j’aime lire,
je dévore des livres, je me planque dans les couloirs de mon lycée,
toujours un livre prêt à lire, j’ai toujours peur des autres, je suis
amoureuse 1000 fois sans réussir bien entendu à avoir un copain, je me
sens seule, la lecture est une fuite de la vie. Parfois je me demande ce
que ça ferait si je disparaissais, j’ai pas de réponse. Un jour ma mère
découvre que j’ai trop bouffé de conneries, j’ai vidé les placards, elle
trouve des emballages dans ma poubelle, elle pête un plomb elle ne sait
plus quoi faire : elle me traine à l’épicerie de mon village et achète
des 10nes de paquets de gâteaux, plein, comme j’en rêvais, mais j’ai
honte devant la vendeuse, on rentre à la maison, elle vide une étagère
de ma chambre et me dit que puisque je veux manger, ben voilà, je peux
manger mais au moins je volerai plus dans les placards, j’ai honte, je
met un grand poster devant… mais je ne résiste pas, ma gourmandise,
mon manque de volonté font que je pique une plaque de chocolat par ici,
un paquet de gâteau par là. je suis nulle, je suis incapable de me
contrôler. à 14 ans j’ai enfin un petit copain en été lors d’une colo,
ouf, mon premier baiser « avec la langue »… vaut mieux en profiter, ça
ne reviendra pas avant longtemps tellement je suis pathétique lorsque je
suis amoureuse d’un mec, je le vois, je fond et je suis incapable de
sortir quoique ce soit de censé… navrant… mais j’ai envie d’amour,
envie d’en donner mais j’ai pas le mode d’emploi. à côté de ça je trouve
le moyen d’avoir des amies « vampires » : vous savez, la nana super
populaire ou mignonne (ou les deux ) qui a toujours une copine élue
« pauvre fille de l’année », ben la pauvre fille, c’était moi. je tombe
dedans à chaque fois… quand j’y repense j’ai la nausée : devant ces
nanas qui en fait étaient bien pauvres d’esprit à se valoriser sur moi,
et devant moi qui était bien triste de soumission… Le temps passe,
j’empiffre tout le temps mon corps, la nourriture est mon ami fidèle, je
peux arriver dans un lieu et repérer tous les endroits qui peuvent
procurer de la nourriture, ceci en moins de 2minutes. J’ai 20 ans,
toujours pas eu de copain, je pars vivre un an à l’étranger… je livre
mon corps à un pauvre mec qui, lors d’une conversation un peu intimiste
où j’avais besoin de parler, sans doute en sachant ce que ça allait
provoquer, lorsqu’il apprend que je suis vierge, le mec devient comme
dingue. Je ne m’en rendais pas compte tellement j’avais le mal du pays,
mais là quand j’y repense… Bref, le mec se retrouve à en parler « sans
en avoir l’air » de cette pesante virginité, en fait je me dis qu’il
avait juste envie de se taper une pauvre fille qui était déjà quasi
tombée dans ses filets… un jour il m’invite chez lui… je vais pas
faire un dessin… Je sais pas trop ce qu’il s’est passé en soit, des
fois j’en viens à me demander s’il aurait pas mis un truc dans mon verre
tellement ça me semble irréèl de passer à boire un verre d’eau sur le
canapé pour se retrouver nue sur son lit avec l’autre qui me propose de
lui faire une pipe et me demande combien je dois être contente de plus
être vierge… ah ? c’est ça faire l’amour ? bon, ben ça va, je me
rappelle pas de tant de chose, juste quelques images, et je me retrouve
un peu écoeurée de je ne sais trop quoi, bref, je ne suis plus vierge ;
ça, c’est fait ! mais j’évite d’y penser, j’ai la nausée, j’ai le
sentiment d’avoir été utilisée, mais bon, y a pire comme on dit.
Je deviens étudiante, je deviens un peu plus sociable, j’apprends peu à
peu à aller vers les autres, ils me font un peu moins peur. J’ai un
autre copain, on couche ensemble, c’est pas mal, c’est doux, mais le mec
est encore plus mal dans sa peau que moi, on s’aide pas trop quoi…
bref, le temps passe, je bouffe, des paquets de gâteau pour amis, des
paquets de crasses pour copain, je me retrouve souvent à pleurer seule
dans mon coin, pourtant je devrais aller bien, merde ! Je passe un super
été, me fais pleins de potes et je fond à vue d’oeil… je me sens bien,
je fais 62kg de muscles mais dans ma tête je suis grosse. je dois
acheter une robe pour un mariage, j’achète la taille 42 pour être
confortable mais la 40 m’allais nickel… pfff, je suis grosse vu que je
met pas du 38 !!! Je rencontre mon mari actuel, je me sens belle dans
son regard, mais je n’arrive pas à m’y voir, dans ce regard, tellement
je trouve mon corps moche, trop gros, trop gras, des seins trop visible
devant lesquels les mecs bavent pourtant, mais ça m’embarrasse… mais
pour une fois dans ma vie je me sens belle, même si j’évite de penser à
ce corps. des problèmes persos, un déménagement, un burn out… et je
perd pied, je prend 20kg en 6 mois, mon mec n’a rien vu, que ça soit de
mes excès de bouffe comme de mon corps qui gonfle comme un ballon : mon
qui était finalement mince et me voyait grosse, je devient grosse sans
voir que je suis grosse. Je me réveille et je vois que je fais 86kg et
1,69m. Je décide de voir une diététicienne pour bosser sur mon
comportement ! Elle me demande pourquoi je viens, je répond que j’ai
besoin d’apprendre à gérer pour pas m’effondrer en cas de gros coups dur
! Elle m’aide, je me dépatouille dans mes problèmes persos, familiaux,
je lui dis que toutes les familles ont des grosses valises à trainer et
pourtant il faut bien faire avec et tout le monde ne devient pas
boulimique non ? Parce que oui le mot se prononce… moi (et tout le
monde aussi d’ailleurs) qui me croyait juste trop gourmande, sans
volonté, je me rend compte que oui mon comportement avec la nourriture
en mode remplissage c’est anormal, c’est pas QUE une question de
volonté, mais un mal être plus profond, c’est pas aussi simple que ce
que ma mère dit « si je dois moins manger, ben je mange moins ». Elle
m’aide, mais je maigris pas, je me stabilise un peu, j’apprends à gérer
petit à petit, mais c’est dur, j’ai peur d’aller dans les magasins, je
ne peux souvent pas me promener avec de la monnaie dans les poches sans
vouloir acheter à manger, c’est plus fort que moi. j’ai honte, je me
sens nulle, si nulle, mais je ne sais pas comment faire. et finalement
le coup dur, du genre coup dur de compétition arrive dans ma vie… un
enfant vient habiter mon corps pendant 9 mois… et quitte la vie juste
avant d’en sortir. je m’effondre, je veux mourir, la vie me semble juste
insupportable… mais je ne mange pas plus. Je suis contente de moi, je
sais gérer mes émotions et la bouffe… sauf que des années et des bébés
plus tard, ben j’ai encore pris du poids, lentement, petit à petit,
chocolat après chocolat, je retombe doucement dans la boulimie. ce corps
je le hais, il m’encombre, je tente de ne pas y penser à ce à quoi il
ressemble quand je fais l’amour et que j’aime ça, toute cette chair qui
ballotte, qui bouge dans tous les sens… Comment il peut aimer mes
seins mon mari ? je les trouve si immonde ? Je m’habille comme un sac,
je fais 102kg, je suis moche, c’est si dur d’écouter son appétit quand
ça fait des années qu’on la nie, quand j’ai envie d’exploser je me mord,
presque jusqu’au sang, j’ai envie de lui faire encore plus de mal à ce
corps physiquement parlant, j’aimerais faire autrement que de le remplir
comme ça, je me vois comme une oie qu’on gave, sauf que je suis la gavée
et la gavante, je me dis que ça serait plus facile si j’avais fumé ou si
je m’étais droguée, si je buvais ? au moins je peux arrêter totalement,
alors que la nourriture, je peux pas ! Je me dis que jamais je n’y
arriverai, qu’il va falloir l’aimer comme ça ce corps, mais je me rêve
légère et pas encombrante à tel point que je me cogne partout, je n’ai
pas conscience de mes limites corporelles, normal, je ne l’habite pas ce
corps, du moins je suis en lutte constante pour y arriver, mais c’est
dur de rompre avec cette haine que j’ai pour lui depuis si longtemps. Je
ne comprend rien à tout ça, je culpabilise énormément de ce mal être que
je me traine depuis toujours, je culpabilise moins depuis ce bébé qui a
traversé ma vie car ça a été un tel chamboulement dans ma vie que je
m’en veux moins de mal vivre ça, mais je me dis que j’ai eu une enfance
heureuse, des parents aimant même si sans doute maladroit, donc pourquoi
je suis mal, pourquoi je sais pas m’aimer ? J’ai pas le mode d’emploi…
j’aimerais pouvoir déménager de ce lieu où je suis si mal …
paradoxalement, les seuls moments où je me sens infiniment belle, c’est
quand je suis enceinte, là je me trouve magnifique, désirable, plus
belle que tout, j’aime ce ventre que d’habitude je hais, ces courbes si
belles, je me prend en photo et là je me sens plus belle que tout…..

ça fait un an que j’ai eu un choc : je lisais pour la première fois THE
roman d’ado « moi Christine F, droguée, prostituée, etc… » et quand elle
parle de son état avant/pendant/après avoir pris de l’héroine, je
réalise que je suis dans le même état quand je prend du chocolat… ça
me fait peur, vraiment, d’autant plus que je fais une sorte de bad trip
en mangeant trop de chocolats une fois, je sens limite le sucre me
monter au cerveau… ça me fait peur… vraiment.
ça fait presque un an que j’apprends peu à peu à habiter cet étranger
qu’est mon corps, à en prendre soin, à lui faire du bien, à tenter
d’arrêter de le maltraiter, je ne maigris toujours pas, mais déjà je le
coiffe un peu, je le maquille un peu plus, je tente de remplacer les
sacs par un paréo… mais c’est dur, l’habitude de cette violence est
là, tenace et peine à me quitter, j’ai envie d’y croire, j’ai
l’impression de vouloir monter une montagne infranchissable, mais bon,
faut bien y croire non, j’ai pas bien le choix ?