Erreur de jeunesse

J’avais 16 ans, l’an 2000.

Une adolescente qui bloque sur le fait que le sein gauche est « bien »

plus gros que le sein droit et, ils tombent « un peu ».

Une conversation avec maman, puis avec un docteur, puis ça s’enchaine,

asymétrie mammaire – Mastoplastie – le chirurgien dans un hôpital pour

enfant qui

est en train de marquer mes seins au feutre indélébile. L’opération se

passe bien, la convalescence aussi.

Mais des années plus tard, je suis la, avec ma « poche d’eau saline » dans

le sein droit,les deux mamelons tout cicatrisés car ils ont étés replacés.

Je n’ai plus de sensation au niveau des mamelons, au plus grand

désespoir de mon mari, mais, pire encore, cela m’a empêché d’allaiter ma

fille. Je n’ai jamais eu de monté de lait.

Bon je m’en suis remise, elle a une santé de fer, elle a plus d’un an

maintenant et est en pleine forme.

Mais je regrette. D’en avoir parlé. Si j’avais gardé tout ça pour moi,

ça n’aurait jamais été jusque la.

A 16 ans, franchement, bien des choses auraient encore pu changer.

 

Par contre …. j’aime bien ce petit grain de beauté juste a coté de mon

nombril ;-)

 

Traces de naissances

Voilà les traces des naissances de mes filles.

 

La 1ère couture a vite été « jolie », mais en contre partie, j’ai eu des adhérences qui ont nécessité six séances de kiné. Niveau douleur, on verse sa larmichette… Je l’ai ensuite vite oublié, je n’avais plus mal, tout allait bien. Je misais tout pour un AVAC lors de ma prochaine grossesse. J’ai tout fait ou presque : j’ai pris beaucoup moins de poids, ostéopathe, acupuncture, décoction de feuilles médicinales, échographie de la cicatrice sur l’utérus qui me permettait de tenter la voie base, cocktail pour lancer le travail 3 jours avant terme, mais non…

 

Pour ma 2ème fille, comme on le voit à droite, la peau s’est écartée. J’ai eu trés peur quand j’ai découvert ça après que toutes les agrafes aient été enlevées! J’ai posé des strips pour rapprocher les deux morceaux de peau, et le résultat est sûrement plus net que si j’avais laissé cicatrisé seul. Aujourd’hui, comme sur la dernière photo, la cicatrice est « belle », même si on voit clairement qu’elle n’est pas homogène. J’ai aussi eu de la kiné pour les adhérences, mais beaucoup plus tôt, ce qui était bien moins douloureux (aux 3 mois de la puce). *

 

Parce que j’ai eu ces deux césariennes, pour moi, dans ma petite tête, je n’ai pas accouché de mes filles… Elles sont nées toutes les deux un vendredi, mais malheureusement je n’ai pas eu à faire grand chose, puisque les pauvres étaient en souffrance, donc il a fallu aller les chercher…

 

Cette (double!) cicatrice que je porte à vie et aussi inscrite dans mon cœur, parce qu’elle certifie que j’ai porté la vie, mais elle me marque aussi sur mon incapacité à faire naître naturellement mes bébés… et ça, dans mon cœur et dans ma tête, ça reste gravé également, à jamais…

 

Naissance

 

Naissance.

 

Petit bébé au corps tout potelé, plein d’une nouvelle vie et pourtant déjà opéré.

 

La petite fille qui s’interroge, qui subit les assauts de cette maladie.

 

L’adolescente au corps detesté, opéré, cicatrisé, non apprivoisé.

 

La jeune femme au corps féminisé et doucement défleuré.

 

La future maman au corps mutilé, éprouvée par la mort de son bébé.

 

La femme enceinte aux formes arrondies, au ventre qui grossit, bébé qui s’épanouit dans l’écrin protecteur de sa mère chérie.

 

La jeune maman comblée par ses deux enfants, au corps lassé et au ventre vergeturé.

 

La mère aux seins nourriciers, comblant les besoins de son nouveau-né.

 

La copine un peu coincé, honteuse de ce corps qu’elle essaie de cacher.

 

L’épouse aimée, sentant son corps lui échapper, pourtant toujours désirée.

 

 

 

22 ans, déjà maman. L’aube d’une vie, pourtant déjà bien remplie. 11 cicatrices visibles, de nombreuses cachées. La plus difficile, la plus douloureuse, l’incomparable entre toutes, celle de mon coeur meurtri au décès de mon bébé pendant la grossesse. Les cicatrices visibles sont un fardeau, elles sont la conséquences de ce qui se nomme « Hallux Valgus » et a des luxations de rotule répétitives. Des mois de rééducation, des efforts à fournir pour aller mieux et s’accepter. Mais ce n’est rien comparé à la perte de mon bébé. Ma plus grande douleur et ma plus grande fierté. Je peux le dire, j’ai un ange qui veille sur nous. Un petit ange aux ailes toutes douces. Je l’ai pleuré… Tant pleuré. Aujourd’hui je suis nostlagique. Mon corps a abrité 3 enfants, mais seulement 2 sont dans les pensées. Ce troisième enfant que j’ai pourtant porté en premier, se retrouve oublié, nié. C’est pourtant ce petit bébé qui a fait de moi une maman pour la première fois. C’est avec ce bébé que j’ai vu mon ventre s’arrondir tout doucement. C’est avec ce bébé que j’avais fait mes premiers projets. Mon corps, ce corps de maman qui n’oublie pas, qui ne peut et ne veut oublier. Ce corps qui m’avait trahi. Ce corps qui avait laissé mon bébé s’échapper. Ce corps qui a ensuite protéger mes deux autres bébés. Ce corps que j’ai encore du mal à apprivoiser. Ce corps qui est mien, et que je n’ose montrer. Avec ce corps que j’ai négligé, il est grand temps, je crois, de me réconcilier.

 

Un petit bout de moi

Un petit bout de moi, un petit bout qui fait désormais le tout ! Telle une métonymie, je ne suis plus que ça, je me résume à ce petit bout de moi qui nous a trahi, qui nous a fait pleurer, espérer, qui a failli me condamner.
En témoigne cette balafre, veni, vidi, vici !!
Il m’en faudra plus pour tirer ma révérance, le ballet et loin d’être fini !

La cicatrice

La cicatrice… toujours présente depuis toutes ces années… toujours douloureuse, mentalement et physiquement…

29 août 1994 : après diverses poses de drains ou yoyo comme on les appelle familièrement, me voilà de nouveau sur le billard pour une greffe de tympan cette fois. Les otites répétées me font tellement souffrir qu’il ne reste plus que cette solution. L’opération se passe « bien », aucune complication, le réveil est un peu difficile mais je veux absolument remonter dans ma chambre avant que ma maman ne parte pour sa dernière échographie avant la naissance de mon petit frère. Elle aura finalement décalé le rdv pour rester avec moi, je n’ai pas encore 11 ans et cette dernière opération a été difficile pour moi. La sortie au bout de quelques jours d’hospitalisation, avec un magnifique bandage autour de la tête, la cicatrice qui tire, des bourdonnements… Rien d’anormal apparement !

Septembre 1994 : ma rentrée au collège. Comment ne pas se faire repérer quand on arrive en 6e avec un bandage sur la tête ? Tout le monde se moque de moi, les « grands » comme ceux de mon âge, les garçons comme les filles… Les remarques des profs : « tu t’es fait recoller les oreilles ? »

Puis enfin il est temps de retirer le pansement. Je retourne chez l’ORL, toujours avec mes bourdonnements, je n’entends plus de l’oreille opérée. « Peut-être que si on ré-opérait, l’audition reviendrait » c’est ça oui, et puis quoi encore… Je vais voir un autre spécialiste, d’après lui je n’entendais déjà pas avant l’opération, ça ne peut pas venir de ça. Alors tous les tests d’audition que j’ai faits avant l’opération étaient faux ? Du haut de mon mètre 40 j’éclate en sanglots à chaque rdv, pourquoi personne ne veut m’écouter ? J’ai malgré tout le droit de repartir avec un papier pour être au 1er rang en classe, afin de pouvoir suivre comme les autres, quel privilège !

Depuis je n’entends toujours pas de l’oreille gauche, j’ai des bourdonnements et sifflements permanents dans les 2 oreilles, la cicatrice me fait toujours mal. J’ai passé mon adolescence en étant mal à l’aise en groupe, les garçons pensaient que je les snobais lorsqu’ils venaient me parler et que je ne répondais pas, alors que je ne les entendais pas tout simplement… Je ne supporte pas le bruit, les boîtes de nuit ou concerts sont une horreur pour moi alors que j’adore ça. Si plusieurs personnes parlent en même temps ou s’il y a un bruit ambiant j’ai du mal à suivre, je dois me concentrer pour pouvoir écouter et entendre…
J’ai trouvé un ORL super pour mes enfants, qui se sont déjà faits opérer 3 fois, mais je ne suis toujours pas prête à prendre rdv pour moi. J’ai passé les 2/3 de ma vie en étant malentendante, ce cher docteur a foutu en l’air mon adolescence et 17 ans après l’opération, j’en pleure encore…

La cicatrice

J’ai triché, car cette cicatrice n’est pas celle de la photo.
Cette cicatrice, si elle n’est plus sur mon corps, est toujours dans ma
tête.
Au plus intime de moi même, témoin douloureux de la naissance de ma fille.
Si banale.
Mais un an après, toujours béante pour mon esprit.
Une naissance presque idéale. Mais la peur. Peur de ne pas y arriver.
Peur que, comme pour l’aîné, l’obstétricien soit appelé en renfort. Peur
de me déchirer. Peur d’être à nouveau mère ? La sage-femme sent que je
me retiens, me propose de « m’aider ». Je sais ce qu’elle va faire, je lui
dis que j’accepte qu’elle me coupe. Une fois incisé, je pousse sans
crainte. Ma fille naît, je vais l’accueillir avec joie.
Une cicatrisation douloureuse. Le feu, durant une semaine. La vision de
ma chair à vif, torture. Les larmes. Mutilée, je suis mutilée. Pourtant,
une belle cicatrisation, d’après ma sage-femme.
Aujourd’hui, plus aucune trace de cette cicatrice. Mais dans mon esprit, si.
Moi aussi j’éteins les lumières avant tout rapport avec mon chéri. La
peur d’avoir mal, l’absence de plaisir. Un an après.
Je l’évite même.
Doit-on renoncer à être femme lorsque l’on devient mère ? Non, mais on
doit cicatriser. Et accepter que jamais rien ne sera comme avant.

Anonyme