Mai 2009, naissance de ma princesse. Un peu vite, un peu rapide, mais elle est en pleine forme, c’est le principal. Mon corps a pas mal souffert de ce « boulet de canon » – selon les termes médicaux-, pas mal de déchirures internes et externes, double épisio, révision utérine et début d’hémorragie…
Je sors de la maternité je suis fatiguée et j’ai mal, mais c’est normal je suis devenue maman, mon corps a besoin de temps pour s’en remettre.
Retour à la maison, difficile de s’asseoir, difficile de se lever, mais peu à peu tout se met en place, le rythme se prend. Au bout de quelques semaines tout va mieux. Je suis reposée, je découvre ma fille, je découvre un merveilleux père en mon mari, la vraie vie reprend, l’envie de câlins revient doucement…
Ca y est, mes douleurs ont disparu, mes nuits ne sont plus chaotiques, l’envie de câlin est de plus en plus forte… je suis prête ! Oh oui j’ai quelques appréhensions, mais j’ai envie de me retrouver en tant que femme, de retrouver mon mari.
Premier essai, un peu cata… trop de craintes ? trop pressée ? trop perdue ? Je ne sais pas mais je n’y arrive pas, j’ai trop mal. Je me rassure, c’est normal il va me falloir un peu de temps, l’accouchement n’a pas été simple, je dois avoir peur.
Le temps passe, et rien ne s’améliore… j’ai mal, très mal et je ne me comprends plus. Je pleure en silence avant, pendant et après les rapports. Je m’en veux, je suis triste, je ne suis plus une vraie femme…
Plusieurs mois plus tard, je me décide à en parler à ma gynécologue. Ce n’est plus possible, il doit y avoir un problème, ça ne peut pas être que dans ma tête ! Elle ne voit rien, mais me croit et m’envoie voir une grande spécialiste. Deux mois d’attente, mais deux mois d’espoir! Le rendez-vous arrive, le médecin m’examine longtemps et me pose de nombreuses questions. Après une demie-heure, le verdict tombe, je n’ai aucun problème physique, le problème est dans ma tête. Je refuse d’être une femme, je ne veux être « qu’une maman », je n’aime plus mon mari comme il faut. Le médecin me propose même à demi-mot de prendre un amant, pour « mon bien ».
Je ressors de ce rendez-vous triste, abasourdie, malheureuse, perdue et avec une ordonnance d’anti-dépresseurs.
Je ne sais plus quoi penser, mais je sais que j’aime mon mari et que je ne veux pas prendre ces médicaments…
Le temps passe, les câlins se font rares les douleurs sont toujours là, mais j’aime de plus en plus mon mari patient et compréhensif qui est lui aussi un peu désoeuvré. Je pensais pouvoir accepter mon état, vivre comme ça. J’ai une jolie famille, une chouette vie, un métier que j’aime, pas de soucis de santé ni d’argent, je peux bien vivre avec ce petit problème non?
Et bien non, un jour je craque, j’explose, je pleure sans m’arrêter… je ne suis plus moi même, je ne suis plus entière et je ne peux pas vivre comme ça. Ma fille a deux ans, je dois comprendre ce qui m’arrive !
Retour à la case gynéco, nouveau rendez-vous avec un spécialiste, encore 1 mois d’attente… J’ai beaucoup moins d’espoir que la première fois, mais je suis mal, il faut que j’agisse. Début du rendez-vous, je suis un peu stressée, je raconte encore une fois toute mon histoire depuis l’accouchement. Le chirurgien m’examine 3 minutes et me dit c’est bon vous pouvez-vous rhabiller. Je suis déçue, j’ai bien l’impression que tout ça n’a servi à rien. Je m’assois au bureau du médecin, et là elle me sort un papier et commence à me faire un petit schéma. Quelques petits traits de crayon pour m’expliquer qu’il y a deux ans, mon épisio a été très mal recousue: ils ont recousu à l’entrée mon vagin un « auvent muqueux » (un morceau de peau) de plusieurs centimètres. Je regarde cette femme, je la remercie sincèrement, et je me mets à pleurer en silence. C’est incontrôlable, je suis soulagée. J’aime mon mari, j’accepte mon rôle de femme, je ne suis pas « qu’une maman », mon problème est bien physique !
Je suis opérée 15 jours plus tard, j’ai un peu mal à cause des points mais quel bonheur cette douleur ! Je ne suis pas anormale, je vais retrouver mon mari, je vais revivre…
Aujourd’hui je revis, je suis plus que jamais heureuse d’être mariée avec cet homme merveilleux et ma princesse a un petit frère de 3 mois qui a été conçu dans la douceur et l’amour et non dans les pleurs et la douleur.