Mal recousue

Mai 2009, naissance de ma princesse. Un peu vite, un peu rapide, mais elle est en pleine forme, c’est le principal. Mon corps a pas mal souffert de ce « boulet de canon » – selon les termes médicaux-, pas mal de déchirures internes et externes, double épisio, révision utérine et début d’hémorragie…

 

Je sors de la maternité je suis fatiguée et j’ai mal, mais c’est normal je suis devenue maman, mon corps a besoin de temps pour s’en remettre.

 

Retour à la maison, difficile de s’asseoir, difficile de se lever, mais peu à peu tout se met en place, le rythme se prend. Au bout de quelques semaines tout va mieux. Je suis reposée, je découvre ma fille, je découvre un merveilleux père en mon mari, la vraie vie reprend, l’envie de câlins revient doucement…

 

Ca y est, mes douleurs ont disparu, mes nuits ne sont plus chaotiques, l’envie de câlin est de plus en plus forte… je suis prête ! Oh oui j’ai quelques appréhensions, mais j’ai envie de me retrouver en tant que femme, de retrouver mon mari.

 

Premier essai, un peu cata… trop de craintes ? trop pressée ? trop perdue ? Je ne sais pas mais je n’y arrive pas, j’ai trop mal. Je me rassure, c’est normal il va me falloir un peu de temps, l’accouchement n’a pas été simple, je dois avoir peur.

 

Le temps passe, et rien ne s’améliore… j’ai mal, très mal et je ne me comprends plus. Je pleure en silence avant, pendant et après les rapports. Je m’en veux, je suis triste, je ne suis plus une vraie femme…

 

Plusieurs mois plus tard, je me décide à en parler à ma gynécologue. Ce n’est plus possible, il doit y avoir un problème, ça ne peut pas être que dans ma tête ! Elle ne voit rien, mais me croit et m’envoie voir une grande spécialiste. Deux mois d’attente, mais deux mois d’espoir! Le rendez-vous arrive, le médecin m’examine longtemps et me pose de nombreuses questions. Après une demie-heure, le verdict tombe, je n’ai aucun problème physique, le problème est dans ma tête. Je refuse d’être une femme, je ne veux être « qu’une maman », je n’aime plus mon mari comme il faut. Le médecin me propose même à demi-mot de prendre un amant, pour « mon bien ».

 

Je ressors de ce rendez-vous triste, abasourdie, malheureuse, perdue et avec une ordonnance d’anti-dépresseurs.

 

Je ne sais plus quoi penser, mais je sais que j’aime mon mari et que je ne veux pas prendre ces médicaments…

 

Le temps passe, les câlins se font rares les douleurs sont toujours là, mais j’aime de plus en plus mon mari patient et compréhensif qui est lui aussi un peu désoeuvré. Je pensais pouvoir accepter mon état, vivre comme ça. J’ai une jolie famille, une chouette vie, un métier que j’aime, pas de soucis de santé ni d’argent, je peux bien vivre avec ce petit problème non?

 

Et bien non, un jour je craque, j’explose, je pleure sans m’arrêter… je ne suis plus moi même, je ne suis plus entière et je ne peux pas vivre comme ça. Ma fille a deux ans, je dois comprendre ce qui m’arrive !

 

Retour à la case gynéco, nouveau rendez-vous avec un spécialiste, encore 1 mois d’attente… J’ai beaucoup moins d’espoir que la première fois, mais je suis mal, il faut que j’agisse. Début du rendez-vous, je suis un peu stressée, je raconte encore une fois toute mon histoire depuis l’accouchement. Le chirurgien m’examine 3 minutes et me dit c’est bon vous pouvez-vous rhabiller. Je suis déçue, j’ai bien l’impression que tout ça n’a servi à rien. Je m’assois au bureau du médecin, et là elle me sort un papier et commence à me faire un petit schéma. Quelques petits traits de crayon pour m’expliquer qu’il y a deux ans, mon épisio a été très mal recousue: ils ont recousu à l’entrée mon vagin un « auvent muqueux » (un morceau de peau) de plusieurs centimètres. Je regarde cette femme, je la remercie sincèrement, et je me mets à pleurer en silence. C’est incontrôlable, je suis soulagée. J’aime mon mari, j’accepte mon rôle de femme, je ne suis pas « qu’une maman », mon problème est bien physique !

 

Je suis opérée 15 jours plus tard, j’ai un peu mal à cause des points mais quel bonheur cette douleur ! Je ne suis pas anormale, je vais retrouver mon mari, je vais revivre…

 

Aujourd’hui je revis, je suis plus que jamais heureuse d’être mariée avec cet homme merveilleux et ma princesse a un petit frère de 3 mois qui a été conçu dans la douceur et l’amour et non dans les pleurs et la douleur.

 

Une longue ligne dans le dos

Une longue ligne de 20 cm, rouge. Un trait qui bave et qui me parcourt le dos. C’est ce qu’il me restera comme souvenir d’une “bêtise” commise cet été, le 12 juillet 2011. Mes vacances commençaient à peine quand j’eus la bête idée de monter la jument de mes cousins. L’accident idiot, je ne maitrise pas la bête, je perds l’équilibre et tombe: Le dos est cassé. Un mois d’hospitalisation, deux opérations plus tard, j’ai cette cicatrice et un montage en titane qui maintient ma colonne fixe sur trois vertèbres.

Le drame a été évité de justesse, j’avais des petits bouts d’os dans le canal médullaire. J’aurai pu perdre mes jambes. Mais je marche, j’ai retrouvé presque toute ma mobilité et ma souplesse. Je reprends même le travail plus tôt que prévu… On oublierait presque l’accident… Presque… Ce trait indélébile qui me dégouline dans le dos est là pour me le rappeler. Alors comme pour mieux l’accepter j’ai ce besoin de la montrer. Je passe mon temps à soulever mon tee shirt pour la laisser voir à tous ceux qui me demandent comment je vais. Je passe pour une folle certainement mais ça me fait du bien, je ne veux pas qu’elle disparaisse, je veux l’accepter. Et peut être un jour y arriverai-je.

Pauline

Moi et mon « autre »

Mon corps et moi, on s’est perdu de vue il y a longtemps.

A cette époque, j’étais petite fille, je ne savais pas ce qu’être jolie signifiait, les gens m’aimaient pour des tas de raisons et moi je n’avais pas conscience de l’existence du concept de la beauté. Quand je me regardais dans le miroir, je me voyais, « moi ».

Et puis un jour, on me dit que je suis laide, que je suis grosse, que je ne suis pas jolie …

Mais moi dans le miroir, je me vois toujours pareil, rien n’a changé.

Et depuis ce temps-là, j’ai deux corps : celui qui est dans ma tête, celui que je vois dans le miroir, « moi », et l’autre, celui que les gens voient, celui qui incite aux moqueries, aux méchancetés.

J’aimais le premier, je détestais le deuxième ; comment aimer quelque chose qui ne vous apporte que des ennuis ? …

Je ne me sentais moi qu’avec le premier corps, quand je me regardais dans le miroir, quand je pensais à moi, je me voyais telle que je me l’imaginais …

J’ai mis du temps à comprendre que je devais faire la paix avec ce deuxième corps, le vrai corps, celui de la réalité.

La méthode que j’ai choisi n’était peut-être pas la plus sage …

Il est difficile d’expliquer l’automutilation en commençant par dire qu’on a jamais recherché la souffrance.

Peut-être en disant que c’était un moyen de faire de mon corps « mon œuvre », la toile d’expression de mes désirs, de mes joies et de mes peines.

En faisant ça, j’étais fière, chaque plaie, chaque cicatrice était ma marque sur un corps dont j’étais si loin que j’avais l’impression qu’il ne m’appartenait pas.

Quand je voyais la cicatrice en forme du logo de mon groupe préféré, je me disais « Oui, ça c’est bien moi ! »

Le sang aussi était important ; j’ai toujours aimé voir mon sang, la preuve que je suis vivante.

La douleur, j’essayais de la supporter, mais j’aurais aimé l’éviter. Je la remercie aujourd’hui, c’était ma limite, celle qui m’a empêchée de tomber trop loin.

Les cicatrices, je n’en voulais pas ; ma démarche était personnelle, les autres n’avaient surtout pas à être au courant, c’était une histoire entre moi et mon corps. Mais pour garder des traces, j’ai pris des photos …

Aujourd’hui, je suis en paix avec mon second corps.

J’ai admis son existence, j’arrive même à l’aimer par moments.

J’ai gardé quelques cicatrices, involontairement : 3 lignes sur le haut de la cuisse, deux sur le bras gauche, et la rune Eolh (symbole de protection face au destin) sur le sein droit ; je ne regrette pas cette période, mais je suis contente qu’elle soit derrière moi.

Et je rêve du jour où mes deux corps ne feront plus qu’un, le jour où ma tête et la réalité se rejoindront, et où je n’aurais plus qu’à être « moi ».

Joan Liv

Mes pointillés

 

Mes cicatrices et moi, c’est une grande et longue histoire d’amour. (Faut dire que ça a commencé tôt).

La première fois, j’avais 1 an et demi, sur la lèvre du haut de ma bouche : bing-la-tête-la-première-sur-le-levier-de-vitesse ( ???), et bam-1-point-de-suture. Celle-là, je ne m’en souviens évidemment pas, elle s’est tout de suite faite fine, en plus. Elle ressemble un peu à un signe de ponctuation (un trait avec un point de chaque côté, en symétrie ; hum, pas clair..). Ce qui a été pratique, c’est qu’elle a longtemps été un signe de distinction avec ma sœur jumelle. Je l’ai appelée Géraldine, comme ma maîtresse de petite section. 10 ans après, presque jour pour jour, j’ai remis ça : bing-la-tête-contre-le-volant-des-auto-tamponneuses-crac-je-me-mord, et bam-5-points-de-suture. Là, je m’en rappelle, je saignais, je saignais, je n’arrêtais pas de saigner. Une fois les fils enlevés, elle s’est « mise une boule », ma cicatrice. Beaucoup plus visible, sur ma lèvre du bas. Ma mère m’a consolée en me disant que plus tard, je pourrais la cacher avec du rouge à lèvres (elle qui ne se maquille jamais, tu parles si ça m’a parlé !…). Que nenni, ma cicatrice, elle se voit encore plus avec du rouge dessus. Bon, tanpis. Deuxième signe distinctif. Je l’ai appelée Angéline (qui était le deuxième prénom d’une de mes arrières grand-mères, je crois). Très vite, je me pose LA question qui tue : et si ça m’empêchait d’embrasser de façon agréable ?… Alors pour mon premier baiser, j’ai demandé à mon premier amoureux si ma bouche toute recousue le dérangeait. Ouf que non.

Puis il y a eu l’appendicite (un 24 décembre, à la montagne, hum-hum). Assez moche aussi, celle-là, mais pas trop visible. Ou en tout cas, facile à camoufler. Je l’ai appelée Maryline (je n’avais pas beaucoup d’idée de prénom en -ine). Six mois plus tard, mon intestin a fait un nœud, une occlusion intestinale ça s’appelle, j’ai le droit à une cicatrice verticale, sous le nombril. Le doute n’est plus permis, j’ai vraiment compris que je ne cicatrisais pas bien du tout du tout. Ça me fait une vallée au milieu du ventre, c’est pas joli, presque complexant, alors je l’appelle Eglantine (j’aimais beaucoup ce prénom, c’est thérapeutique). Elle a une tête de ver de terre. Un ver de terre qui semble me grignoter le nombril.

C’est au tour d’un gros grain de beauté que je dois enlever « au cas où », en plein milieu du dos. Que même le dermato s’excuse de m’avoir fait une aussi vilaine cicatrice. Celle-ci est restée anonyme, puisque je ne la vois jamais. Elle ressemble beaucoup à Eglantine, un autre genre de ver de terre, mais de l’autre côté de mon ventre. Ce médecin m’explique quand-même que j’ai la peau très (trop) élastique, ce qui justifie ces cicatrices devenues difformes, qui se sont trop écartées.

Ma cinquième cicatrice, c’est mon épisio (j’aurais peut-être dû la prendre en photo ?…), et là, alleluia ! La sage-femme me dit chaque jour à la maternité « qu’est-ce que vous cicatrisez bien !… ». Ah. C’est sûr que c’est une chance. Je suis super contente de bien cicatriser de là, hein. L’avantage d’avoir beaucoup d’élastine dans la peau, c’est que mes tatouages, ils sont passés impecc. Pas de croûte, dès le lendemain, c’était nickel. (J’aurais pu me faire tatouer une paire de ciseaux qui fait mine de découper, tiens).

 

Moi, on peut me découper selon les pointillés, si on veut. Et ça me plaît bien, au final. Y’en a pas deux comme moi, du coup ! A suivre ?…

Histoires de cicatrices

Les cicatrices racontent toutes une histoire.

Histoire d’enfance, Histoire de vie, notre histoire.

 

J’en compte une jolie collection, mais certaines racontent une histoire de souffrance, de vol, de viol.
Ces deux toutes petites cicatrices là, se sont placées au coeur de mon intimité, le jour où on m’a tout volé.
Une innocence, une confiance, une joie de vivre.

Depuis ce jour, tout a changé, mon regard a changé.

 

Ces cicatrices furent pendant longtemps des plaies béantes, aujourd’hui elles se sont refermées, laissant place à ces deux petits témoins de mon passé.
Tous les jours elles me rappellent ce qu’il m’est arrivé.
Mais c’est un autre regard que je pose sur elles aujourd’hui.

Elles font partie de moi, elles sont là et le seront toujours… Je suis fière aujourd’hui de les regarder et de pouvoir me dire que j’ai surmonté tout ça, que j’avance.

Une histoire de cicatrices qui m’aura fait grandir, peut être un peu trop vite, mais qui fait ce que je suis.

 

Iezael.

Revue de mon corps

Mon ventre…Après ma fille j’ai retrouvé ma ligne deux mois après sans problème..un corps à peine marquer de la grossesse mais mon coeur gravé à vie….Il y a bientôt 7 mois j’ai donné la vie à deux garçons..deux petits être extraordinaire à mes yeux..un cadeau du ciel !une grossesse sans problème ou je dévoilais au fil des mois un corps qui se déformait pour porter deux gros bébés de 3KG et 3KG600 à la naissance à 38 semaines et demi..un ventre qui m’a fait mal à en pleurer parce que je sentais ma peau craquer pour laisser place à la vie et me complexer la mienne..mon bassin s’est écarté ce qui m’a valu des douleurs parfois ingérable ..qui mettra un an avant de redevenir « normal »mais un sujet presque tabou que de se plaindre de son corps après avoir donner la vie à des enfants en pleine santé…alors que d’autre ne peuvent pas ou ont vécu une catastophe..alors on se tait et on assume dehors ce corps que l’on hait car il nous ressemble pas et que l’on brule du regard a chaque fois que l’on croise un miroir….Des vergetures qui sont encore là et pour un long moment pour me rappeler que la maternité n’est pas loin..sentiment de bonheur mais aussi d’impuissance face à ce cadavre de ventre qui pourri mon miroir et ma vie tout les matins…je fais donc du sport depuis 7 mois et j’ai réussi à perdre 20kg…mais pas mes complexes et ma douleur de mon corps de jeune fille partie loin et qui ne reviendra sans doute jamais…Mon intimité avec mon mari en a pâti forcement mais j’ai eu le droit à des encouragements et entendre que « c’est normal après des jumeaux »..et moi je pense que mm après des jumeaux ou pas on a le droit de pleurer son corps, certes je n’ai plus besoin de perdre des cuisses mais ce fucking tummy m’emmerde la vie !!!!

Ma cicatrice, ma césarienne…elle ne voit presque plus..et paraxodalemment cela me gêne que l’on ne voit plus..signe pour me rassurer de mon « ETAT » très certainement mais aussi preuve que j’ai un bon gynéco lol !
Je suis fière de cette cicatrice et même si au fil des années elle doit disparaître celle de mon coeur sera là à jamais et m’a offert mon rêve de petite fille : Avoir des jumeaux et garçons de surcroit !
Rêve plutôt bizarre mais mon histoire est difficile et j’ai toujours voulu être une maman pour être sure qu’au moins dans ma vie..mes enfants me porterons dans leur coeur.

Mais aussi souvenir difficile…contractions après césarienne qui ont été provoquées car mon utérus avait trop tringué et devait redevenir « tonique »..j’ai passée des heures atroces à ne pas pouvoir regarder mes fils tellement je serrais les dents de douleurs…Je me suis levée et cette cicatrice m’a irradié de douleurs mais je suis restée debout..je suis allée me regarder…j’ai détesté ce ventre flasque et fripé..sentiment d’incertitude à ce moment là envie de pleurer de voir mon coprs devasté et hurler de joie d’avoir réussi à tenir mes garçons…encore une fois on se tait..devant les autres c’est mieux…Avec le temps la cicatrice..fait de moins en moins mal le coeur un peu moins…

Ma poitrine….IL y a encore 3 ans j’étais aussi plate qu’une planche à pain…et après mes deux grossesses…la nature m’a offert un joli décolleté et me sentir plus femme, plus jolie, plus désirée, plus sexy…je n’ai plus peur de porter un tee-shirt près du corps..un autre complexe..partie de mon corps que je ne renie pas de mes grossesses.

Pour conclure, je parle bcp de ma grossesse géméllaire..mais c’est celle qui a eu raison de moi..de mon moral..je me bat une à 2H00 par jour pour retrouver mon corps ou du moins une esquisse de moi..mais mes garçons m’ont donné ce corps de maman..que je n’ai pas connu pour ma fille..mais qui me fait terriblement souffrir et complexer..mais c’est le prix à payer pour avoir commencer à vivre le 3 AOUT 2009 le jour ou je suis devenu maman pour la première fois..

La chair se répare..le coeur se déchire mais l’étincelle dans les yeux que j’ai quand mes enfants me sourient…me donne la force de surmonter de me lever de me battre de m’accorder que le temps qui passe que les 8kg encore à perdre mm si je met encore deux mois..vaut la peine d’être vécu et que je me dit que des complexes peuvent gâcher des vies..Une grossesse marque à vie..et celle de nos enfants aussi…ma fille me soulève le tee-shirt m’embrasse le ventre essaie avec ses petits doigts de mimer 2 et dit bébés..et m’embrasse le ventre..

Voilà j’espère ne pas avoir été trop longue !

Merci à toi

Ma plus grande souffrance

Cette cicatrice je la hais. Pourtant elle n’est pas visible immédiatement, il faut que je me tourne dans le miroir pour la voir.

Elle se trouve sur le côté de mon ventre. Je l’ai depuis 6 ans. 6 ans de douleur. Elle ne me fait pas souffrir mais lorsqu’elle est apparue une autre est venue se loger sur mon coeur. Cette « jumelle » me fait par contre énormément souffrir.

Il y a 6 ans pourtant j’étais le plus heureuse. J’allais devenir maman. Une joie indescriptible pour moi. Malheureusement un malade que j’ai croisé dans la rue m’a anéanti cette joie. Alors enceinte de 8 mois cet « homme » a planté un couteau en moi. A 1 mois de mon accouchement mon bébé meurt. Une petite fille qui devait s’appeler Sarah.

6 ans ont passé et ma vie est devenu un enfer. Avec mon compagnon on a bien essayé de surmonter ça à deux. Mais la disparition de Sarah a été trop dur pour nous deux et nos chemins se sont écartés. Cette année ma fille aurait fait sa rentrée au CP. Je pense constamment à mon petit amour.

J’essaye de me l’imaginer. Aurait elle eu mes yeux bleus ? Aurait elle eu le sourire de son père ? Toutes ces questions resteront à jamais sans réponse.

L’homme qui a tué mon enfant a fait quelques années en psychatrie. Moi j’ai pris perpet’. Depuis 6 ans cette cicatrice me rappelle ce que j’ai perdu, et me rappelle surtout que personne n’est à l’abri du malheur, et que celui peut frapper à n’importe quel instant comme devant la porte de son immeuble.

Ma plaie de la honte

Cette photo c’est ma cicatrice. Celle que je me suis faite quand j’avais 16 ans.

A 16 ans j’ai voulu mourir, j’y suis presque arrivée.

A 16 ans j’étais mal dans ma peau, malheureuse. J’étais la grosse de service, celle qui ne valait rien. J’étais celle dont tout le monde se moquait

A 16 ans j’étais seule face à la cruauté et la violence de certains

A 16 ans je n’attendais plus rien de la vie.

A 16 ans j’ai pris un rasoir et j’ai minutieusement oté les lames. Puis j’ai coupé. Ca fait mal. Très mal. Puis en quelques minutes la douleur s’estompe.

A 16 ans, le 17 Février 2001, je m’ouvre le poignet. J’en ai fini avec la vie. Du moins je le croyais car elle n’en a pas fini avec moi.

 

Ma mère me trouve. Inconsciente. Elle appelle les secours. Ils arrivent à me « récupérer ». J’entrouve les yeux. Mes parents sont en larmes. Je m’évanouie à nouveau.

 

Je me réveille à l’hôpital. Vivante. Mince alors ! Pourquoi j’ai échoué ? Puis vint la valse des parents et famille inquiéts pour moi. Et les médecins. Et le psy.

 

« Mais pourquoi as tu fais ça ???? »

Et je déballe tout ce que j’ai sur le coeur. Je leur parle de cette camarade de classe qui me donne des coups dans le pubis « pour voir si cela fait aussi mal que chez les mecs » (oui ça fait!)

Je leur parle de cet écartement permanent d’avec les autres. De ces humiliations. De mon besoin de me goinfrer pour oublier tout ça. Des kilos que je prends et qui amènent d’autres moqueries.

Je leur parle. Je parle. Cela faisait des années, depuis mon entrée au collège, que je gardais ça pour moi.

 

Les larmes coulent. Celles de mes parents aussi. Ils s’en veulent de n’avoir rien vu. Je m’en veux de leur faire subir ça.

 

Je change de lycée. Je m’inscrit au club de théâtre pour « m’ouvrir » aux autres. Je rencontre Frédéric.

Fred c’est l’homme de ma vie. J’ai alors 17 ans et je suis amoureuse. Fred c’est celui qui me fait rire. C’est celui qui ne voit pas mes « rondeurs ».

Fred c’est aussi mon prof. Il a 35 ans. Alors on se cache. Mais peu m’importe IL M’AIME, ON s’aime ! Il est beau, il me fait rire.

 

Pour mon 18ème anniversaire le 17 Février il me demande en mariage.

 

Cette cicatrice me rappelle à quel point j’ai souffert des autres. Mais elle me rappelle aussi à quel point j’ai pû faire souffrir mes proches avec cet acte stupide.

Cette cicatrice fait partie de moi. Parfois elle « gonfle » ou bien « rougis ». J’essaye de la cacher, avec une montre, un bracelet ou du maquillage.

Je suis heureuse de m’être loupée. Sans ça je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui.

Cette cicatrice je l’appelle « la plaie de la honte » car au final j’ai bien honte d’avoir voulu rompre avec la vie.

Car la vie m’avait réservée un avenir radieux. Auprès de mon mari et de nos deux enfants.

 

Aujourd’hui je suis heureuse de pouvoir dire merci à la vie de m’avoir donnée une seconde chance

 

 

MERCI LA VIE

 

 

Mon naevus géant congénital et ma cicatrice

Voilà.

Il y a beaucoup de choses que je n’aime pas chez moi… tellement…
Mais 2 choses sont juste intolérables…

La première photo n’est pas mon plus vieux complexe… c’est le plus récent, mais le plus douloureux.
La cicatrice qui, TOUS LES MATINS, m’envoie en pleine face que la vie est fragile et qu’elle peut s’envoler à cause d’un débile.
Cette cicatrice est sur ma joue, elle ne se voit pas beaucoup selon les gens… mais moi je la vois, je la sens… elle est là, tous les jours.

Elle me fait souffrir le martyre, cette cicatrice…

Elle me rappelle que je partais danser, un soir, tranquillement, et qu’un gars, à moto, a percuté ma voiture à une vitesse folle. Éjectant ma voiture à plus de 50m du point d’impact me laissant prisonnière de cette voiture, inconsciente, brisée de partout, la joue en sang parce qu’un morceau de vitre était logé dedans.

Et cette cicatrice me rappelle TOUS LES JOURS la malhonnêteté des gens.

Parce que ce gars (qui s’en est sortit sans trop de dommages…) a menti. Sur toute la ligne, il a menti. Il a dit que je téléphonais au volant, que je n’avais pas mes phares allumés, que je lui ai coupé la route… tout ce qui pouvait être inventé comme mensonge, il l’a dit.

Alors que la seule chose qu’il avait à faire, c’était de dire « pardon ». Parce que rouler en ville à 150 km/h…

 

 

La 2ème photo est MON complexe.
Celui contre lequel je ne peux rien, je ne pourrai jamais rien faire.
Les gens disent que c’est une « tâche ».

Moi, je dis que c’est un « naevus géant congénital ».
1) Parce que c’est le cas.
2) Parce que « tache »… c’est…

Une tâche, c’est quelque chose qui est là mais qui n’aurait pas dû être là, quelque chose de laid, une tâche, c’est quelque chose qu’on doit effacer… Moi, je ne peux pas. Alors je dis que c’est un naevus géant congénital.

Mais c’est dur.

Je relativise, je me dis que c’est dans mon dos et que ce naevus aurait pu être sur mon visage…

Mais les dos nus: jamais porté
les robes bustier: jamais porté
les débardeurs avec mes cheveux relevés: jamais fait…

Et il fait chaud là ou j’habite… Tant pis. Je transpire.

 

 

Voilà…

Mon poignet, tranché

Mon poignet tranché, mon poignet à balafre, mon poignet à la cicatrice, mon poignet qui pourrait laisser croire à tout le monde : « regardez comme je souffre ».

Mais je ne souffre plus, je savoure la vie, je suis une amoureuse de la vie, depuis que justement j’ai frôlé le vrai malheur, celui de ne trouver goût à rien. Aujourd’hui je me nourris de ce passé, je suis un roc que rien de peut abattre, je fonce comme un petit bélier là ou je dois et veux aller. Une merdouille de la vie ? Pas grave, y’a pire !

 

Pourtant à la sortie de mon adolescence, j’ai connu des petites tentatives de suicides, des plus graves et des plus dangereuses, des hospitalisations, du gris partout autour de moi. C’était il y a longtemps ! J’étais toute jeunette ! Tellement longtemps que ce n’est à la fois plus moi mais que cette partie de ma vie m’est essentielle.

Essentielle pour relativiser, essentielle pour compatir (la vraie compassion, celle de l’écoute active et du ressenti partagé), et essentielle pour ne jamais oublier.

Comme un memento, cette cicatrice me le rappelle :

N’oublie pas que tu as été mal,

N’oublie pas que c’est pas loin, là juste à ta main gauche.

N’oublie pas que d’autres peuvent aller mal.

Je me suis, ce jour là, tellement tranchée fort le poignet que j’en ai profité pour sectionner une bonne partie du nerf en dessous. La boule qu’on devine au milieu du poignet, c’est mon nerf qui a été recousu. Idiote que j’étais je n’avais pas prévu que si on tranchait fort à gauche, qu’on sectionnait ce nerf, on ne pourrait plus tellement trancher à droite. J’ai tenté l’affaire à droite, ma main droite s’en est sortie avec 3 ou 4 points de sutures. Assez lamentable et presque du registre du comique noir quand j’y repense.

J’ai perdu ma sensibilité à mes trois premiers doigts : le pouce, l’index, le majeur.

Je porte souvent des bracelets sur ce poignet, parce que le regard que posent les gens sur cette cicatrice me gène. C’est du registre de l’intime, mais c’est à la vue de tous. Un peu comme si je disais à quelqu’un que je viens à peine de rencontrer :

« Hey tu sais, un jour j’ai été assez mal pour me mutiler violemment comme ça ».

Obscène.

-S-