Mon corps n’est pas un jouet

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Dans ma tête je vais bien. Je crois que je vais bien.
Dans ma tête je vais bien, mais pas dans mon corps. Il bourgeonne, il suinte, il démange. Je gratte.
Des particules de peau partent sous mes ongles. Je gratte. Je me fiche que cela empire. Je voudrais cramer mes plaques d’eczéma avec quelque chose, n’importe quoi. Des fois, de l’eau bouillante suffit. Ça me soulage un instant. Puis à nouveau ma propre peau me rejette.
Je la hais quand elle trahit mon malaise.

 

J’aimerais pouvoir tout démêler. Dénouer les fils, les enrouler sagement, et tout ranger dans des boîtes. Mais voilà. C’est le bordel. Je ne comprends pas ce qui vient de mon mal être de base, et ce qui vient du viol.
Oui, du viol. Oh, rassurez-vous, rien de théâtral. Juste un viol ordinaire, où l’on douterait presque de ma bonne foi. Oui, j’ai accepté de danser avec lui. Oui, je l’ai suivi dans une arrière cour. Mais non ça ne m’a pas plu. Et oui j’ai eu mal. Et non je ne voulais pas que ma première fois se passe comme cela. Et oui, encore une fois, je n’ai cessé de lui dire non.
Mais il faut croire qu’il était sourd, le pauvre enfant. Le pauvre petit con qui ne savait pas que baiser une gamine non consentante, c’était mal. Que ça faisait mal. Même après.
Il m’a blessée, il m’a meurtrie. J’ai maintes fois pleuré. Je me suis scarifiée. Je me suis cognée contre les murs. Je me suis affamée, puis écœurée de sucreries. J’ai abusé de l’alcool. Puis j’ai réalisé qu’une bouteille de vodka n’était pas un médicament, en dépit de son pouvoir désinfectant.
Je vois un psy. J’ai compris que quand je me faisais mal, ce n’était pas si mauvais signe. J’ai compris qu’exprimer la douleur, qu’importe par quel moyen, montrait une volonté d’avancer, de me battre.
Je ne veux plus être une victime. Je refuse la déploration.
J’affirme mon droit inaltérable de chérir mon corps, de le posséder, de l’habiter, de donner, mais aussi de recevoir.
Je ne veux plus être une victime.
Parce qu’au fond de nous, on est toutes des guerrières.

Mon ventre, ce gouffre à sentiments

ventre

Je ne suis pas bien vieille et pourtant, je me fais l’effet d’avoir une centaine d’années. Alors, pour annihiler cette impression de douleur cumulée et de mort imminente, je renvoie l’image de l’enfant que je n’ai presque jamais été. Car, si je me mets à réfléchir en adulte, que je suis, je ne peux faire face à mon passé, mes manques, mes pulsions…

Enfant, j’ai souffert de l’abandon, puis plus tard, j’ai essuyé trois viols dont une tournante. À cette occasion, j’ai dû sortir « vivante » d’une benne à ordure… À l’heure actuelle, mon corps est mon pire ennemi. Soit je l’ignore royalement, soit je le combats, le martyrise jusqu’à ce qu’il hurle d’horreur et de douleur.
Quand je me vois dans un miroir ou sur une photo, l’incapacité à me reconnaître me laisse perplexe. Parfois, bien maquillée et habillée je puis me trouver jolie, mais cette pensée est vite balayée par la jalousie : je voudrais être cette fille, c’est injuste que je ne puisse pas ressembler à « ça » ! Mon corps et ma tête ne sont jamais accordés. Quand je prends du poids, je me rends compte que je grossis. Ça me gêne, mais, ce n’est pas dramatique. Lorsque je perds du poids et que je me retrouve avec un corps plus proche de mes attentes, quelque chose chute dans ma tête. Je me trouve affreuse, débordante de graisse. Mon ventre devient difforme. Je me dégoûte… Je m’affame alors pendant des semaines, à raison d’une cuillère à soupe de riz, ou un quart de pomme. L’envie de me déchirer, à coups d’ongle et de dents vengeresses, l’intérieur des bras devient viscéral. Puis, c’est là qu’interviennent les hommes…

Mon rapport aux hommes est, au final, assez conflictuel lui aussi. Je ne suis pas devenue hargneuse ou peureuse après les viols. Mais, j’ai développé un besoin envers eux. Je ne me sens exister qu’à travers la sexualité… Au début les hommes ont donné de la valeur à mon corps à travers les billets de banque. J’ai enduré divers mépris et horreurs uniquement pour avoir ses billets, preuve irréfutable de mon existence et de mon intérêt auprès d’eux. Mais, aussi pour avoir la satisfaction de m’en être sorti « vivante ». Le jeu de la roulette russe : tant pis pour moi si… J’ai arrêté avec beaucoup de difficulté et me suis « contenté » des compliments de l’homme qui partageait ma vie. Malheureusement cela sert uniquement pour pouvoir accepter vaguement de cohabiter avec ce corps embarrassant. Et très vite l’idée que, de toute façon, cet homme est aveuglé par son amour et donc, n’est ni fiable ni objectif s’impose irrémédiablement.
Et là, c’est le retour à la case départ d’un besoin de regard pour me sentir vivre. Vivre à travers les compliments des autres, vivre à travers leurs désirs que je ne partage pas mais auquel je me soumets pour, enfin, trouver une explication à mon existence. Avec cette sensation tenace et irrémédiable que, je ne suis intéressante qu’à l’horizontale.

Je voudrais simplement arriver, un jour, à faire connaissance avec moi-même…
Bulle d’Acide

Mirroir, mon beau miroir, pourquoi me fais tu si mal ?

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Moi et mon corps, une relation ambigu.
Je n’ai pas dans le souvenir d’avoir vécu une enfance malheureuse. Un papa, une maman, un cadre de famille stable et épanouissant, enfin seulement dans ma tête de petite fille.
Car en réalité, tout n’étais pas aussi beau qu’il y paraissait. En y repensant maintenant, je ne sais pas comment je n’ai pu rien remarquer. Le papa adoré, qui ne peut rien me refusé, n’était pas aussi parfait que je l’imaginais. Des absences de plus en plus fréquentes, des comportements étranges, des mots pas vraiment beaux qui sortent de sa bouche, une odeur forte et désagréable qui me pique le nez quand j’enfouis ma tête dans son t-shirt.. L’alcool.
Jusque là, je ne voyais pas ou était le mal, tout le monde buvait de cette boisson, pourquoi lui n’y aurait pas le droit.
Et puis nous avons déménagé, oh pas très loin de ces habituels point de rendez vous, où il avait l’habitude de se retrouver avec ses amis.
Je grandissais, les choses se dégradaient, papa se montrait plus violent, cette fois avec les mains, les pieds, sur maman, qui n’avait rien demandé et en ma présence ainsi que celle de mon frère. Des cris, des pleurs, des coups..
Pourquoi es tu si méchant mon papa ? Ou sont passé tes câlins et tes bisous réconfortants ?
Infidélité, violence physique et moral, manquement à son devoir de père, divorce annoncé.
Lorsque j’ai de nouveau déménagé, je me suis mise a m’empiffrer à m’en faire mal au ventre, bizarrement cela me rassurait, un manque que j’avais surement besoin de combler. J’étais seule, les moqueries a l’école sur mon physique ont débutées. Mon grand frère s’y mettait a son tour, sans qu’il se rende compte que me traiter de grosse me brisait le coeur.
S’en suivi 1 mois seulement après ma « nouvelle vie », l’hospitalisation d’urgence pour ma mère, gangrène a la main, amputation, mort probable dans la nuit. Mais elle s’est battu, la mort n’a pas voulu d’elle, lui a laissé un peu de répis.. Plus d’un an sans voir ma maman, mal dans ma peau, plus d’appétit, le reflet du miroir me rend si triste, je pleures tous les soirs, assez silencieusement pour qu’on ne m’entendes pas. Je suis si seule.
Mon corps a alors décidé de ne plus savoir avalé, même l’eau m’était pénible a déglutir. J’aurais passé toutes mes années collège à me scruter dans les moindres détails, a calculer le nombres de calories que j’engloutis par jour, pour ne plus entendre le mot « grosse ». Perte de cheveux, perte de dents, plus de force pour faire un pas devant l’autre, l’envie de continuellement dormir et de ne plus se réveiller..
Mon visage ne reflète plus rien, un visage vide sans expressions.
Tous les soirs, je m’infligeais une heure de sport intensif a en avoir le corps brulant de douleur car il fallait que je ressente le fruit de mes efforts. Cette douleur en devenait presque un plaisir. Lorsqu’a 14 ans, je remarqua de la peau d’orange sur mes jambes, je les frictionnais chaque jour si fort que je me retrouvais avec des hématomes, et cela me rassurait..
Torturer mon corps était devenu une habitude, que je ne comptais pas arrêter, car sinon je risquais de prendre du poids, et c’était hors de question. Plus j’avais mal, plus je sentais mon estomac se creuser, plus cela me rassurait. Je n’étais plus que l’ombre de moi même, isolée du reste du monde, sans amis à qui me confier ou qui aurait pu me faire oublier les démons qui me rongeaient. J’avais besoin de me punir, c’était un défouloir. Pourquoi devrais je être heureuse si tout le monde souffre autour de moi ?
Aujourd’hui à 21 ans, , j’essaie tant bien que mal d’oublié cette période même si elle restera ancré en moi à jamais. La peur de grossir est toujours fréquente, mais je ne suis plus aussi excessive qu’auparavant.
L’amour m’a métamorphosé, je commence à gouter timidement au bonheur, à croire en des jours heureux, ma vie commence maintenant.

Sweetrétro

Papillon blessé

papillon

Il était là, derrière moi, j’entendais sa respiration aletante, je sentais sa chaleur et son sex se frottait en durcissant contre ma fesse gauche.
Il y avait du monde autour, j’étais dans une foule pressée autour d’un bassin où il y avait un spectacle d’otaries.
Je n’ai pas compris tout de suite, ce qu’il était en train de se passer.
Ce dont je suis sûr c’est que je ne souhaitais pas cela, je n’avez pas envie de le sentir contre moi!
Je me suis décalée, plusieurs fois, pour me dégager, mais il revenait contre moi!
Alors j’ai cherché en vain le regard de ma mère qui était un peu plus loin, derrière, elle aussi et ne la voyant pas j’ai eu très peur!
J’étais au bord de l’évanouissement, comme tétanisée. Les pensées tourbillonnaient dans ma tête, j’étais coincée par ce porc!!!
Je me disais qu’il fallait que je me retourne, que je vois quelle bête immonde était en train d’abuser de moi, en train de désirer mon corps de petite fille de 11 ans!
Il faut que je me retourne, il faut que je me retourne… et pourtant j’avais tellement peur de ce que j’allais découvrir…
J’aurais voulu hurler, mais en vain, je suis restée muette, et je me suis retournée dans un élan surhumain, pour en finir, pour que ça s’arrête, parce que je ne voulais pas, parce que je n’avais pas envie!!!!!
Et alors j’ai vu son visage et son regard m’a transpercée de part en part. Un regard de prédateur, un gros mou de porc rougeaud, la cinquantaine, une merde de lâche et un gros malade pédophile. je n’ai pas dit un mot, j’ai l’impression de l’avoir fusillé du regard et je me suis faufilée dans la foule, pour chercher ma mère qui n’était finalement pas loin.
Je me souviens du soulagement lorsque je l’ai vu. Je ne lui ai rien dit, je crois qu’elle n’a rien vu, sinon elle aurait réagi et la vie a continué comme si de rien était jusqu’à il y à deux jours.
Je l’avais bien oublié, remisé dans un coin de mon esprit où le souvenir de cet immense traumatisme d’enfant avait affleuré il y a 5 ans et totalement explosé récemment.
Je pensais cet instant anecdotique et anodin alors qu’il ne m’a pas quitté pendant 27 ans, alors qu’il a conditionné mon devenir de femme car je ne suis pas devenue celle que j’aurai du être puisque qu’il a été au coeur de tous mes actes, envahissant, débordant, dégoutant!
Et je me suis oubliée, moi, pour devenir une autre, en réaction, en protection!
J’ai gommé inconsciemment toutes traces de féminité, j’ai fait de mon corps un repoussoire dégoutant pour ne plus jamais être objet de désir.
Mais malgré tout, on m’a aimé et plus on m’aimait, plus j’étouffais, plus je me sentais coincée comme lors de ce jour de foire , dans la foule, contre le bassin, contre mon bassin…
Je n’ai pas envie, je n’ai pas envie, je n’ai pas envie…..parfois en totale contradiction avec mon corps qui montrait les signaux du désir, malgrè tout….une sexualité mentalisée, une incapacité à se donner, à partager, un corps qui jouit en force, aucun lâcher prise!!!!
L’idée de l’abandon me tétanise, je suis dans la maîtrise!!!!!
Je suis un papillon blessé, mais je suis en chemin vers moi même, je suis désormais à l’écoute de l’enfant qui pleurt et criant de douleur,
je laisse advenir la peur et la douleur, je l’entends, je pleurs….je pleurs….des pleurs libérateurs…

A tire d’Elle

Si tu me touches encore…

chaussures

Je te hais, je te déteste, si tu savais comme je regrette de ne pas avoir réagi.
Un matin d’hiver tandis que je venais chercher notre fils qui était alors en garde alternée, j’ai découvert ce qui était ton nouveau vice : l’alcool.
Tu étais ivre mort, comateux, endormi et mon fils chéri était quant à lui prêt à partir, habillé, cartable sur le dos, quand nous sommes partis, tu t’es réveillé, tu as raconté n’importe quoi, tu as dit des mots qui relèvent de la folie, tu as osé demander à notre fils si il préférait son papa ou sa maman, tu l’as marqué à vie, il gardera toute sa vie les stigmates de cette journée mais bien encore d’autres.

Et puis, dans un élan de folie, tu m’as frappée, au-delà des coups, ce qui me choque le plus c’est que tu m’as touchée, tu as touché ce corps qui ne t’appartenait plus, le frappant sans que rien ne t’arrête, pas même les témoins qui étaient dans la rue. Des coups de pieds, des coups de poings. Devant notre fils. Qui hurlait.
Tu as touché à mon corps. Tu as touché mon fils, témoin à vie de cet acte insensé.

Oh, pourtant tu présentes bien, tu as un joli petit métier qui fait bien, on te croirait tout à fait « bien comme il faut ». Mais tu es complètement détraqué du bulbe, anxieux et anxiogène à vie. Ce jour-là tu as révélé ton vrai visage, tu as craqué le masque, l’alcool t’aidant beaucoup.

Je te hais toi et tes mensonges, je te hais toi et tes perpétuelles excuses bidons, je ne te crois plus, je ne te croirai plus jamais, je sais qui tu es.

Et mon seul regret, c’est ce jour-là, de ne pas t’avoir fait perdre toutes tes dents, une à une à coups de Doc Martens.

Ne t’avises pas de recommencer, la police m’a expliquée que j’aurais pu  répondre à tes coups, que j’aurais été dans mon bon droit. Si ce jour-là tu recommences, saches qu’en plus d’une deuxième plainte au cul, tu auras le droit de gouter sévèrement à la saveur de mes chaussures.

J’étais cette enfant

J’étais cette enfant ordinaire. Celle qui joue dans la cour de récréation à la corde à sauter et à la marelle. J’étais cette enfant ordinaire qu’on remarque peu, studieuse et un petit peu bavarde.
Mais j’étais cette enfant qui avait peur de rentrer chez elle quand elle s’y savait seule avec son père.

J’étais cette jeune adolescence qui ne disait rien face à cet homme qui tenait son emprise sur son corps qu’elle commençait déjà à détester.
J’étais celle qui faisait comme si de rien était. Elle en avait l’ordre.
J’étais celle qui ne laissait jamais seules ses petites sœurs en compagnie de cet homme, par crainte qu’elles aussi ne subissent le même sort.

J’ai été cette adolescente qui un jour a parlé, cette adolescente qu’on n’a pas crue. J’ai été celle qu’on a accusée de menteuse et d’égoïste. J’ai été celle qu’on a jugée de vouloir détruire sa propre famille.

J’ai été cette chose qu’on rejette, qui ne vaut rien.

J’étais cette jeune femme complexée dans ses rondeurs, dans son corps malade et détruit. J’étais cette jeune femme qui devait croiser ce père chaque jour. Deux à connaître la vérité, mais seule dans la réalité. J’ai appris à devenir cette jeune femme qui portait le masque du « tout va bien », celle qui faisait rire les autres, la rigolote de la bande. J’ai appris accepter de tout perdre. Sa mère, son corps, son âme.
J’étais cette femme qui un jour, a rencontré un homme. J’étais cette femme qui refusait de lui en parler par la honte.
Il a été cet homme qui n’a pas eu besoin de mots pour comprendre. Et il a été cet homme qui, avec le temps, a su.

Il est cet homme, mon homme. Le seul à m’aider à porter ce fardeau qui pèse si lourd.

Je suis cette femme ordinaire. Celle qui part au boulot le matin et qui rentre dans la soirée. Je suis cette femme ordinaire, rigolote et encore plus bavarde.
Je suis cette épouse et maman comblée de bonheur mais qui reste brisée au plus profond de son être.

Je suis cette femme qui sait ce qu’elle veut, ce qu’elle peut et ce dont elle a le droit aujourd’hui.

Ce corps qui porte déjà les marques du temps

Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que  » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.

On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.

Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.

SousTesReins.

Pendant que je gère la douleur physique, j’oublie la douleur morale

Trop comme ci, pas assez comme ça…
Le temps passe, mes copines ressemblent de plus en plus à des femmes et moi à un vilain petit canard.
Les premiers garçons m’approchent, je n’éprouve rien mais je n’ose pas dire non…J’ai peur de leur rejet, que pourrais-je exiger, moi le vilain petit canard, je devrais déjà être assez heureuse qu’on s’intéresse à moi. Alors je laisse faire… le temps passe…
A 17 ans je rencontre un garçon, je ne veux pas être avec lui mais je n’ose toujours pas dire non… Il est beau, grand et fort, j’ai une chance inouïe…
Je n’aime toujours pas mon corps mais il me couvre de mots doux, je suis belle à ses yeux, sublime, l’impression d’être unique. J’ose me montrer en sous vêtements devant lui, il me dit : « jusqu’à la taille tu es parfaite » (j’exulte) « mais qu’en dessous c’est elephant man ». Oui j’ai des hanches, des fesses… Ses mots sont durs…Je mesure 1m65 et pèse 48kg, je me sens grosse, laide, humiliée…
Commence son jeu, il m’a entre ses mains, il me glorifie pour mieux me rejeter après.
Je suis dans son lit, c’est la première fois pour moi, il n’est ni tendre, ni prévenant, un peu brusque… Je pleure, j’ai mal, je me sens mal, sale…
Je déteste mon corps encore un peu plus… Je reste, n’ose pas partir, pour aller où ? qui voudrait de moi ? me sentir rejetée encore ? Si j’étais plus belle, plus mince, si j’avais plus de seins… ce foutu corps je le déteste. Et pendant qu’il continue ses assauts, semaine après semaine, malgré mes refus, mes pleurs, incapable de me libérer de son emprise, je hais de plus en plus ce corps, ce traître qui parfois ose m’imposer le plaisir, la jouissance mécanique alors que tout le reste de mon être refuse… Pas grave, j’ai trouvé la parade, je vais lui faire mal, à coup de cutter, à coup d’alcool, à coup de médicaments, à coup de drogues…Mais il résiste, l’ordure, il ne se laisse pas faire…
Je suis toujours dans son lit, toujours forcée à subir, ou à faire… Il fait entrer son frère, mon corps n’est plus à moi… Il me trompe, m’humilie, c’est de ma faute.
Je suis en vacances avec lui, dans une maison isolée. Il essaie de lever la main sur moi, détruit sur son passage jusqu’à me trouver, mon corps recroquevillé dans l’attente, je prends les coups, mon corps encaisse…
J’ai 18 ans, je pars pour mes études, mets de la distance entre lui et moi, je le quitte.
Mais mon corps et moi, impossible de faire la paix depuis. Je grossis, maigris, lui fait mal…
Je ne l’aime pas et il me le rend bien.
J’ai 31 ans. Je n’aime toujours pas mon corps. Je ne mange plus, il crie famine, mais moi j’ai l’ascendant sur lui et pendant que je gère la douleur physique, j’oublie la douleur morale.

Mes gros seins

Tour de poitrine 95, bonnet F. Je sais, des milliers de femmes à travers la planète dépensent des fortunes pour des implants mammaires, synonymes de féminité, de sensualité, de maternité…
Aujourd’hui je rentre en clinique et je vais dépenser une fortune pour l’inverse. Je vais me faire faire deux énormes cicatrices pour effacer la plus grande plaie de ma vie.
J’avais 11 ans lorsque mes seins ont commencé à « pousser ». Je ne pense pas m’en être rendue compte. J’étais vraiment encore qu’une toute petite fille. Je suis entrée au collège, et j’ai entendu pour la première fois une remarque « mais enfin tu pourrais mettre un soutien gorge, ils sont gros tes nichons ». Je suis restée contrariée par cette remarque un moment. Mais bien obligé d’admettre qu’effectivement, il était temps pour moi de porter un de ces trucs réservé aux femmes… mes copines n’en avaient pas, cela me donnait une particularité pas si désagréable…
Mes seins cette années là, ont pris une place de plus en plus importante, dans mon soutien gorge comme dans ma vie.
Un jour, les «grands», les «3èmes» du sexe masculin, ceux qui avaient les droits dans la cour du collège, ceux qui fumaient dans le « coin de fumeurs », ce lieu sacré et secret que les pions connaissaient mais feignaient d’ignorer pour avoir la paix, m’ont interpellé.
«Hé ! Comment tu t’appelles ? Tu veux venir avec nous ? On va discuter…». Mes copines étaient épatées. J’avais une touche avec les mecs de troisième, quelle chance !
Alors j’y suis allée, dans le lieu sacré-secret. Les types m’ont attrapé. Ils m’ont ploté par-dessus, puis par –dessous le pull, m’ont appelé « salope », m’ont dit des choses qu’alors je ne comprenais pas. J’étais mortifiée, et, couverte de honte, je n’ai jamais raconté cette histoire jusqu’à écrire ces lignes. J’ai compris ce jour là que mes seins seraient très lourds à porter et qu’ils encombreraient mon corps à jamais. Depuis, ma poitrine a toujours été un sujet d’intérêt, pour tout le monde. J’aurais voulu être LE sujet d’intérêt…

Aujourd’hui, 25 ans et 3 enfants (et un bonnet en prime !) plus tard, je vais enlever le poids de cette honte, je vais soulager mon dos et mon cœur !
Aujourd’hui, je vais dire merde à tous ces cons qui me dévisagent la poitrine dans la rue !
Aujourd’hui, je vais taire ma colère à l’égard de ces atrophiés du cerveau (prof compris) qui me touchaient pendant les cours de sport, au point que j’ai par la suite fuit les cours de sport toute ma scolarité, puis toute ma vie.
Aujourd’hui, je vais arrêter de faire ce cauchemars où mes seins grossissent jusqu’à m’étouffer.
Je vais enfin vivre une féminité qui est la mienne, débarrassée de ces attributs qui n’ont jamais été signe de sensualité ni de quoi que ce soit de positif pour moi.
Je vais être moi pour moi.

Mon corps ? Un combat ? Maintenant oui.

Depuis mes 10ans, j’ai toujours eu des complexes, des remarques.. Je faisais 1m40 pour 50kilos..
Puis j’ai grandis, toujours sous les remarques, des coups aussi, mais malgré tout du courage d’avancer, parce que certaines personnes étaient là.
Aujourd’hui, j’ai 15ans, 16 en novembre. Je fais 1m70 pour 90kilos. Il y a 2mois, j’en faisais 101.
D’abord, comment en 6ans j’en suis arrivée là?
Je ne sais par où commencer..
Il y a eu, un lien fusionelle avec ma grande soeur, qui à disparu en l’espace de 4mois suite à son indépendance. Puis un feu.. Plus de maison, là, je quitte l’enfance définitivement.
Entre internat et hotêl, difficile de savoir ou on en est, la nourriture me console.. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il faut tant bien que mal avancer.

6mois après ; Une maison de cité ( HLM belge ) .. Croire en la fin des problèmes? Mauvaise idée.
Premier amour ? Découverte aussi de la trahison, et des paris entre amis.
J’ai 13ans, je rencontre un gars, gentil, il a 18ans, mais je suis tellement naive.. C’est repartit sur le chemin de l’amour ? Pas vraiment.
Deux mois après l’avoir rencontré, le pire arrive.. 2 jours après plus de nouvelles, il est avec une autre.
Violée, déçue, malheureuse, et surtout incomprise.. Je me console à nouveau dans la nourriture.
L’attention amoureuse me manque.. Mon moyen? Le sexe.. Mauvaise idée, qui me détruira 8mois plus tard.. Quand je rencontrerais LE gars qui fera battre mon coeur, et qui me fera rêver, je crois, que j’étais amoureuse.
Suite à ça, je me calmerais, et je n’aurais plus aucun rapport sexuel, pendant 1ans et 4mois. Seule, la pensée et la lame sera ma meilleure amie. Parents alcooliques.. Je me laisserais aller, ELLE sera mon alliée.

J’ai 15ans, je fais 98kilos.
Là, je rencontre un garçon, gentil, poli, respectueux.. J’ai changé d’école, je suis plus apaisée… J’ai rencontrée des gens sympas, et même une fille adorable.
Avec ce garçon? Ca durera 6mois.. J’ai appris, le 19 avril 2012 que ma soeur est atteinte d’un cancer. Ca me détruit, ce garçon ne le comprends pas.. Je ferais semblant de rien, longtemps, sur mes sentiments.. Jusqu’au 12mai, lors d’un concert, les verres s’enfilent, les rencontres aussi.. J’embrasserai 3garçons différents et je le quitterais avec soulagement le lendemain.
25mai, je pèse 101 kilos, je rencontre un gars.. Je ressent ce que j’ai ressenti 1ans et demi plus tot.. Il fait battre mon coeur. Par chance c’est réciproque.
Le 5aout, ça dégénère, son père qui est contre notre relation, fout tout en l’air.. Je ressens une douleur commune sauf que cette fois, je n’ai plus faim.
J’ai perdu 6kilos depuis fin juin, en 10jours j’en perderais 4, avec de multiples chutes de tensions et crise d’hypoglycémie.

On est le 12aout, je lui reparle, il me dit m’aimer, et que peut-être avec le temps.. Il me dit je t’aime.. Il est au courant des soucis de nourriture.. Et ce qui me dit m’encourage à me détruire..  » Tu serais ma lapine-up toute fine.. Graw ! » ou encore  » Tu ferais 48kilos? Tu seras ma bombasse, je t’épouse direct.  »
Etant amoureuse, je ferais tout pour lui.. Je ne mange plus rien.. Si j’avale je me dégoute et je vomis. En 3 jours? Je me sens faible, mais lui, il continue a me parler et a me dire de maigrir.. J’ai l’impression que c’est ;  » Tu perds je te reprends, tu grossis? Vas te faire foutre.  » C’est malsain, je le sais.. Mais je ne sais plus rien.. D’autant plus que mon corps ne me réclame plus rien.. Juste la sensation de vide. Je sais, que c’est mauvais, mais quand je mange, mon esprit me tue de remarques.. Il me rends dingue.
Mon esprit mène combat à mon corps, et moi.. Je subis.

Fuyu.