
Ma mère répondant absent aux caresses de l’homme qui partageait notre vie, il est venu caresser mon corps, me faisant caresser le sien, lui procurant le plaisir qu’il aurait du avoir ailleurs.
Une petite fille de 7 ans n’est pas attirante. Mais elle se laisse faire, c’était peut-être ça qui a fait la différence, de ce père trop aimant jusqu’à l’inadmissible.
Et il y a eu la violence parentale, le rebaissement psychique, l’alcool, les menaces de meurtres, les trajets de voiture où j’ai pensé mourir, les difficultés financières qu’il fallait gérer.
J’ai tenu parce qu’il le fallait, je n’étais pas rancunière parce que » les petites filles sages aiment leur maman et leur papa ».
Et que j’étais une petite fille sage.
Il y a aussi eu la naissance de mon frère, qui a pris une place énorme dans la vie de ma mère, me delaissant.
On me répetait qu’il fallait travailler à l’école, ce que j’ai fait.
Il n’y a eu que l’école, tout le reste a été enfoui.
J’ai trouvé dans les instituteurs l’amour sain que mes parents ne pouvaient pas m’apporter.
Et puis à 10 ans, les seins qui poussent, dans la même année, les règles qui arrivent elles aussi.
Tout est apparu trop tôt, virant l’insouciance pour faire place à une enfant-adulte déprimée.
Un décès important, un divorce et un démenagement plus tard, j’attéris dans une grande ville.
Promesse d’un nouveau départ que je n’ai (peut-être) pas su saisir.
A l’école je suis parfaite, j’entre en sixieme avec les félicitations du maître.
Ma mère, auparavant violente l’est de plus en plus : elle ne trouve pas de travail.
Les mois passent, une promesse d’embauche tombe enfin ! Elle est maintenant absence, et violente quand elle est présente.
Quelques mois après, « papa » décède et un garçon, me vole ma virginité après des semaines de harcélement.
Au collège je deviens alors la putain, la salope, la fille facile, on me tire les cheveux dans le couloir et on m’attend à la sortie des cours pour me foutre des gifles.
Je demande l’air de rien à changer d’établissement, mais au vue de mes bonnes notes, personne ne comprend : refus.
J’entre en 4eme, un garçon tombe amoureux de moi, moi de lui, nous filerons le (im)parfait amour 6 mois, je ressors de cette relation ravagée, détuite et humiliée.
L’année de troisième débute, mon désinteret pour les cours est flagrant, certains profs me remarquent, pour d’autres je deviens invisible.
Je mange et mon corps déjà « ronds » prend cette nourriture comme refuge.
Je ne mange plus, le corps se vide.
Ma peau se craquèle, mon corps est affreux.
Ce corps je préfère ne plus le voir, au mieux le maltraiter, il m’a si souvent blessé.
S’en suit l’automutilation, un « suicide loupé » qui passa même inaperçu, puis enfin une hospitalisation en pédiatrie.
Puis une en psychiatrie. Puis une deuxième, et une troisième.
Des diagnostics tombent, en 4 ans des dizaines de psychiatres m’ont vu, des psychologues, psychomotriciens, infirmiers..
Des mots que ma mère résumera par « c’est son imagination ».
Non maman, non, anorexie, boulimie, ne sont pas issus de mon esprit.
Ma dépression, mes idées suicidaires quotidiennes depuis 4 ans ne sorte pas de mon imaginaire.
Je suis bipolaire mais je reste la fille de ma mère, qui elle me rejette, accentuant mon mal.
Après des mois de calvaires hospitaliers, je sais que mes maux s’expriment autant par le corps que par l’être.
Et ces marques sur mon bras, sur mes jambes, les seins, elle ne les voit pas.
Je resterais une grosse vache pour ma mère, à 90kg comme à 45.
Elle ne changera pas, on se tue à me le répeter mais je ne perds pas espoir.
Et un soir de février, c’est trop, je n’ai pas mangé depuis des semaines, j’ai l’humeur dans le yoyo, je craque et pars de chez elle. Non, elle ne changera jamais.
De longs mois, où j’ai eu pour seul refuge un psychologue et la nourriture.
La nourriture a un coût et un soir, pleine de désespoir, mon corps me sert de monnaie contre quelques aliments. Cette opération se répetera plusieurs mois.
Je ne sais pas « ce » qui m’a rendu comme ça, n’étant plus qu’un dossier médical pour certains, un « cas ».. une « folle » pour les plus durs.
Aujourd’hui entourée d’une équipe médicale formidable, loin de ces lieux et personnes toxiques, je m’autorise un peu de survie.
Beaucoup de questions se posent encore, et le rapport au corps, ce corps que je déteste, pour qui la seule présence m’insupporte, je me sens encore obligée de me casser, d’émietter ce qui plait, car je sais qu’il plait, mais c’est comme s’ils ne voyaient pas, à quel point il est laid, sale et abimé.
SousTesReins.
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