Selon lui, j’étais pleine de vices

main

yeux

Il y a mes yeux, en amande, d’une couleur ni grise, ni bleue ni verte, un mélange un peu des trois, et variant selon la luminosité mais aussi selon mon humeur. Couleur de la mer quand il fait mauvais, que le ciel est noir et qu’elle semble vouloir se déchainer, se démonter et tout avaler. Ce sont les yeux de ma grand-mère paternelle (que je n’ai que très peu connue) et la yeux de ma « tante » (la soeur de mon père, la fille de ma grand-mère donc, que je n’ai qu’à peine plus connue)
Mais pour mon père, jai les yeux « couleur huitre » ce qui est vachement valorisant quand on y pense.
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Il y a mon prénom…. Syb’ ille… qui rime au collège avec débile….
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Je ne sais plus quand ils ont commencé à faire leur apparition, trop tôt ça c’est sûr, mais j’avais parfois ce que ma mère qualifiait de « tête d’épingle » qu’elle s’évertuait à percer pour les faire « disparaître » mais on sait bien que ce n’est surtout pas ce qu’il faut faire… avec un « C’est rien, ça va passer avec l’âge ». Plus tard, je répétais les mêmes « charcutages » avant de découvrir 30 ans plus tard l’art du camouflage avec du fond de teint. Oui car aujourd’hui j’ai 42 ans (tic-tac, tic-tac), bientôt 43 ans (tic-tac, tic-tac), et non, eh non, ce n’est TOUJOURS pas passé, tu n’es plus là pour que je te le dise en face, mais non, ce n’est pas passé. Alors quoi, il faut attendre que je grandisse encore jusque combien pour que ça passe ? Une dermato m’a gentiment dit que j’avais de la chance, lorsqu’elles seront toutes ridées et toutes desséchées, moi j’aurai une jolie peau. Quelle chance ! Alors je jubile (Syb’ ille jubile) quand je vois une collègue qui d’habitude, en 6 ans que je la côtoie et qu’elle affiche sa peau irréprochable, arbore ce matin un affreux disgrâcieux sur la joue, qui une semaine plus tard est toujours là (gnark-gnark-gnark). Je ne m’appitoie pas sur un jeune dont le visage est ravagé par le travail sourd et muet des hormones… mais je me dis que finalement, ça aurait pu être aussi ça.
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Il y a mon corps, longiligne, sans forme, plat comme une punaise (ça aussi, qu’est-ce que j’ai pu l’entendre ! C’est si mignon une punaise……) tellement plat et longiligne que avec une coupe garçon et les vêtements (recyclage oblige) de mon parrain sur le dos, je me fais traiter de PD … À 10 ans, je ne savais pas ce que cela signifiait, mais je le ressentais comme une véritable insulte, une image vulgaire et sale… qui marque.
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Je me savais aimée, je ne pouvais pas me plaindre, lavée nourrie blanchie comme on dit, éduquée (il fallait filer droit), soignée lunettue et orthodontue, j’avais le sourire d’acier. Rajoutez que j’étais bonne élève et discrète, sans vague, tellement discrète si j’avais pu m’évaporer je l’aurais fait. Alors j’étais la chouchou des profs. Ben oui, des comme moi, ils n’auraient voulu que ça. Rajoutez à tout cela que j’avais 1 an d’avance, merci papa-merci maman ! Quel cadeau : n’être toujours que la plus jeune de toute la classe, quand il y en a qui se retrouvent avoir plus de 4 ans de plus dans la même classe. Quand on est ado (même pré-ado) ce n’est pas un cadeau. Donc en tout ça, je me savais aimée, car du moins pas maltraitée. Mais je ne me sentais pas aimé. Être embrassée, bisouillée, chérie, cajolée, consolée quand j’en aurais eu besoin…. tu parles……
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Je me rappelle au collège les moqueries des autres filles, les moqueries des garçons, moqueries à propos de mes vêtements, de mes lunettes, de mes attitudes gauches, timides, de fille coincée, pas délurée pour deux sous, loin de tout ça, dans ma bulle… comme venue d’une autre planète. Je me rappelle les chaussettes baissées (pourquoi?!??), la jupe relevée pour voir ma culotte, les coups frappés dans le dos pour vérifier si je porte un soutien-gorge… les simulations (parfois pas!) de crachats dans ma capuche, dans mon sac, dans mon dos, sur ma tête. Je me rappelle toutes les manigances pour me voir nue dans la cabine à la piscine ou voir mes fesses dans les wc. Je me rappelle les garçons qui profitent des files d’attente où tout le monde se presse pour monter au réfectoire, ou pour monter dans le bus : ils frottaient leur sexe à moi dans mon dos en simulant des jouissances. Je me rappelle les attouchements sur le sexe au détour d’un pilier dans la cour, sur ma poitrine même pas naissante, des mecs qui se branlent en classe et simulent une jouissance à côté de moi, et les moqueries des autres. Je me rappelle ceux qui venaient me demander des nouvelles de ma chatte, ceux qui disaient qu’ils allaient me violer……. J’ai gardé tout ça au fond de moi. Parce que je n’aurais pas su mettre de mots sur ce qui arrivait et ce que je ressentais… de la peur des autres, de la peur de me montrer, d’exister. Du dégoût et de l’incompréhension. Isolement.
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Mon premier petit copain a été une révélation: on m’aimait ! on me bisouillait, on me câlinait, on me bécottait, on me caressait, on me gâtait, on me comblait…
Et puis il y a eu les autres… et l’autre révélation. On me prenait pour mon corps, et on me jetait sitôt servi….
Période de troubles, de vide, d’anéantissement où je cherchais un sens à la vie, un sens à mon existence, un devenir…. J’ai cherché à me perdre, à m’auto détruire… Alcool, drogues, douces puis dures, mutilations … eux, puisque je n’étais rien pour eux, ils ne devaient rien être pour moi. En tout cas, ils allaient payer… au sens vrai. Descente. Regard sale, vide sur moi. La peur m’a fait reprendre pied, chaque fois. J’ai essayé de me perdre différement, tête brûlée sur la route en moto. Peur aussi là… Escalade, alpinisme, canyoning, ice climbing, je veux me dépasser, dépasser mes limites, toujours plus haut, toujours plus fort, toujours plus loin… Et me perdre si cela doit arriver. Puis peur, peur de perdre ma fille d’abord, puis peur de me perdre et ne plus être là pour elle…
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Aujourd’hui.
« Telle que tu es habillée, ils te prennent pour une pute ou une danseuse » (comprendre les danseuses nues des bars à filles, ce qui en somme revient au même).
« Les mecs, quand ils te voient, ils ont juste envie de te mettre un coup de bite. C’est ce que tu génères »
« Mais tu es belle, tu es très belle et tu le sais, ne dis pas que tu ne le sais pas »
« Donc ça doit rôder » « Quand ils te voient, s’ils pouvaient se pencher pour regarder ou renifler ta culotte ils le feraient »
« et pas la peine de faire ta tête de pleureuse, parce que évidemmment c’est encore de ma faute alors que je subis »
« Parce que tu es belle et tu t’habilles de manière très particulière moi ça me plait, mais même en France c’était particulier -en l’occurrence au moment de ses propos : jupe crayon en jean, pull noir, bas noir mat, escarpins vernis noirs, sac à main noir et veste longue en cuir. Où est-ce particulier ? Où est-ce vulgaire? c’est classique d’une femme qui va travailler au bureau et oui, j’aime être féminine- « Il y en a beaucoup qui sont habillées comme toi ? » Beaucoup non, mais il y en a puisque je suis dans un milieu de bureau Bref à ce stade de la conversation, si j’ouvre la gu… j’ai un comportement de coupable et non d’innocente, ou je cherche à retourner le truc contre lui. Alors je ne dis rien mais ma tête en dit long sur ce que je ressens mais c’est moi la coupable. J’en suis à un stade où j’ai juste envie de pleurer, j’aurais envie de revenir en arrière, ne jamais l’avoir connu, ne l’avoir jamais suivi ici, que tout s’arrête, qu’il me quitte. Souffrir un bon coup de son absence . Alors je pourrai remettre mes robes, sortir en ville avec ma fille faire les magasins comme on en a envie, visiter et prendre en photo tout ce qui nous plait, aller aux activités qui nous plait, je voudrais pouvoir emmener ma fille à ses cours d’équitation et moi pouvoir suivre des cours de création de vitraux, chausser mes baskets et aller courir. Au lieu de ça, je l’aime, je ne veux pas qu’il nous quitte, je veux une vie commune avec lui dans une maison avec jardin sur l’Ile d’Orléans, je veux avoir un bébé avec lui, il veut un bébé avec moi, nous voulons nous marier. Je regrette seulement qu’il n’assume pas comme je suis et qu’il ne voit le mal (et les mâles !) partout. Alors j’ai peur, faut-il vraiment que nous ayons un enfant ensemble, faut-il vraiment que l’on se marie ? J’ai, je crois la réponse. Il faut vivre les choses, dans tous les cas, pour se dire qu’on l’a fait et ne rien regretter.
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Alors j’ai le coeur serré, je ne sais plus comment il faudrait faire. Je vais en jean au travail, je rase les murs, je regarde mes pieds. Et je voudrais qu’il arrête de dire que je regarde les hommes et que j’aime qu’ils me regardent parce que ce n’est pas vrai. S’il m’arrive de regarder c’est pour me dire que les mecs ici sont gros et qu’ils ne ressemblent à rien. Je rase les murs, je voudrais passer inaperçue. Et si je m’habille en jupe ou en robe avec des escarpins (qu’il nomme talons aiguilles, alors qu’il font 5 cm de haut et pas du tout aiguille) si je me maquille (entendre crayon noir et mascara sur les cils, c’est tout) c’est pour être belle pour moi, avant tout pour moi, parce que déjà que la vie est métro-boulot-dodo-et-ça-recommence si je ne fais pas un effort pour me sentir belle…
Chez moi, manger et me sentir belle est juste une question de me sentir bien dans ma tête.
Et puis si tu savais mon Amour comme j’ai souffert gamine d’être différente des autres, si tu savais comme on m’a craché dessus… Aujourd’hui j’ai juste envie de faire un pied de nez à tous et leur dire que moi je suis fière de mon physique plutôt agréable pour une fille de 40 ans, et j’ai juste envie de m’habiller en femme pour me plaire à moi-même.
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Il ne veut pas que j’aille courir. Car courir, pour lui c’est courir, c’est me montrer, m’exposer, courir après les beaux mâles et pour que les beaux mâles me courent après. (Entre nous les beaux mâles ici au Québec…. ça ne court pas les rues, sans humour !) Courir c’est ouvrir la porte à tous les droits. Impensable. Impossible. Alors que pour moi courir, c’est me lâcher, me défouler, sentir les muscles travailler, me sentir à bout de souffle, tout en écoutant les Black Eyed peas ou Eminem ou les Rage, c’est mon moment de vide et de méditation dans lequel il ne faut surtout pas venir interférer. Courir….. J’en rêve. Rêve simple, non?
Alors comme je ne peux pas courir, alors je descends un arrêt plus tôt du bus, ou je monte un arrêt plus loin pour avoir à marcher un peu, un peu chaque jour, et entre 2 bus, je chausse mes kickers à la place des escarpins pour arpenter les rues entre 2 arrêts de bus. En même temps je traverse Québec du Grand Théâtre au Charest et je prends l’air, je hume la ville, je dis bonjour à un écureuil, je photographie de mes yeux les traces d’un chat, la façade d’une maison, une belle voiture américaine, les façades colorées, le ciel et les nuages qui calvalcadent et caracolent. Et à mon tour je cavalcade et je caracole d’un arrêt à l’autre, ma courte escapade, ma bouffée d’air frais… et je complète en pratiquant aussi souvent que je peux les escaliers de la RAMQ, 5 étages à pied à chaque fois. Et ma fille je ne peux pas l’emmener aux chevaux, alors je suis là pour ses devoirs, et je vais lui apprendre à coudre et à cuisiner. Et à aimer. Et à s’aimer elle.
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Aujourd’hui on est vendredi, casual day, je porte un pantalon trellis couleur vert militaire et un pull noir. « Tu as mis ton pantalon sexy aujourd’hui?… » bis repetita, des fois que je n’aurai pas entendu. Ce n’est pas que je n’ai pas entendu, mais je ne veux pas relever. Ne rien dire, surtout pas de vague, je n’ai pas envie de gâcher ce moment entre nous. On en est qu’au petit dej. Ne pas laisser s’envenimer la situation. Une 3ème fois encore « tu es très sexy avec ce pantalon » puis sur le départ au boulot, lors du baiser pour la journée « et ne te fais pas trop toucher les fesses » comme si c’était dans mes habitudes de me laisser peloter !!!!! Comme si je laisserais quiconque me toucher! encore plus les fesses ! Comme si j’allais au travail pour ça!!! Autant me traiter tout de suite de p… . Merci mon amour, je t’aime. Comme par hasard ce matin tu as oublié ton portable… Hasard qui n’existe pas.
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« Tu te fais draguer! Ne dis pas que tu ne te fais pas draguer! Tu te fais draguer je le sais »… Dire non, c’est faux, c’est avoir une attitude de coupable. Ne rien dire quand ce qu’il affirme et me gueule dessus est faux… pffff. J’ai l’impression d’un cauchemar quand ça commence comme ça, et ça me fait une boule au ventre…
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Comme toutes les femmes j’ai tous les vices. Et je lui sers tous mes vices. Parce que je ne pense qu’à ma trogne et qu’à lui servir mes vices. Vices qui sont gros comme des maisons. Et ma fille (onze ans!) aussi est pleine de vices. Puisque c’est une femme. Pire, parce qu’elle est ma fille. Et que je suis pleine de vices. Lui est sans vice, cela va de soit. Avec le recul, oui prenons du recul, pour quelqu’un qui est dans la construction, lui qui est sans vices (=sans vis) c’est plutôt couillon, non ? bon sauf que lorsqu’il en est à faire le constat que je ne suis qu’une femme pleine de vices, le ton n’est évidemmment pas à la plaisanterie. Il faut savoir une chose, c’est que son ex et l’ex encore avant étaient toutes 2 pleines de vices. Décidément, c’est pas de bol de tomber que sur des greluches pleines de vices…
Mais je l’aime.
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Il y a les Germaines. Elles gèrent et elles mènent. Ce sont les germaines. Il ne les aime pas.
Ma chef s’en va. Ma chef c’est une germaine. On m’a proposé de prendre son poste. « ah ben tu vas en voir des gars! et les déjeuners, et les dîners, et »…. je n’écoute plus. Certes il y aura des réunions en plus. Mais je connais les limites entre le travail et la vie privée, et j’ai une vie de famille.
Je deviens une germaine.
Il me dit qu’il en a marre de supporter tout ça, qu’il ne peut plus supporter, qu’il ne supporte plus, qu’il ne veut plus supporter. Et moi je découvre avec effarement que vivre, aller travailler, c’est insupportable pour lui…. Il m’aime, je l’aime, on s’aime, mais… où est l’erreur?
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J’enrage !!! Avoir tout quitté en France, mon pays, ma famille, mes amis, ma maison, mon piano, ma 207, mon job, mes montagnes, mon petit marché du samedi matin, les croissants tout frais de la boulangerie, …. tout vendu, tout vidé, avoir imposé cette déchirure et cette nouvelle vie à ma fille (et à mon chat) pour en arriver là ?!!!!!??
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Prison dorée qu’est l’amour…
Mes parents m’aimaient à leur façon et me voulaient près d’eux.
Je ne me sentais pas aimée de mes parents alors je suis partie, partie loin, dès que j’ai pu, toujours plus loin. Jusqu’à tout quitter pour le rejoindre,, LUI, lui qui m’aime, qui nous aime. Pour me rendre compte que ceux que j’ai quitté m’aiment mais voilà j’ai tout fait pour vivre avec lui, LUI, et offrir à ma fille une vie de famille.
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J’ai souvent eu l’impression d’un grand VIDE, d’un Grand INUTILE, d’un grand À Quoi Bon. À quoi bon continuer, se nourrir, travailler, se lever … pour quoi pour qui…. Aujourd’hui je sais, j’ai la réponse : pour ma fille. Pour elle, la plus belle, ma chair, ma vie. Pour être là pour elle quand elle en a besoin, dès qu’elle en a besoin. Pour la regarder vivre et la regarder grandir. Pour l’aimer. Pour l’aimer comme moi on ne m’a pas aimé. Pour mon chat aussi, parce que lui m’aime et me poupougne sans condition.
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Il parait que quand on meurt, on n’est plus qu’une âme, une âme errante…. alors je serai libérée de mon corps
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Epilogue : à l’heure de l’envoi de mon mail, IL EST PARTI !!!! J’en suis encore essoufflée, avec mal au dos, tellement de tension et tellement de stress jusqu’à son départ définitif, tellement d’insultes entendues et de crasses subies !…. Mais même pas mal et tellement de soulagement, un gros poids en moins. Les serrures sont changées, et je réaménage notre appart, pour l’effacer à jamais de notre vie, pour en faire un petit nid d’amour pour nous 3, vous l’aurez compris, ma fille, mon chat et moi. UNE NOUVELLE VIE COMMENCE

Gros becs du Québec !
Syb’ ille alias Germaine

Le vide en moi

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Le passé, ce passé me hante chaque jour un peu plus…
Jeune femme, souriante, mince, ordinaire, aujourd’hui orpheline abandonnée lâchement !
Par où commencer, il y a tellement de choses à dire, de choses à expliquer pour comprendre mon mal-être…
Je suis née fin avril en 1994, un beau bébé un peu joufflu, une petite fille qui avait toute la vie devant elle, et on dit que la vie est belle !
J’ai oublié un détail, mon père 24 ans alcooliques, ma mère alcoolique 22 ans, jeune femme battue et violenté régulièrement. Ceux-ci avaient des contacts avec à famille de mon père mais aucuns avec celle de ma mère ( dispute familiale et choix de vie conjugal incompris)
Un accident en novembre 1994, si on peut appeler ça un accident… Mes deux parents alcoolisés se disputent encore une fois, sauf que cette fois-ci mon père avait le fusil de chasse dans les mains ! Celui-ci a tiré en visant la tête de ma mère, son œil gauche atteint transporté d’urgence par hélicoptère, et sombre dans un coma…
Ma grande mère apprend la nouvelle et se précipite à l’hôpital, et celle-ci s’est mise à chercher la petite, qui était chez les grands-parents paternels.
Mon père fut jugé pour tentative de meurtre, et j’ai traîné 10 années dans les tribunaux pour finir par ne plus le voir après choix du juge.
Mon histoire pourrait s’arrêter là, une enfant élever seulement par sa maman sa devient banale…
Seulement ma mère a eu la bonne idée de refaire sa vie avec un homme célibataire sans enfants.
La pire chose qui puisse m’arriver !
Ce monsieur du jour au lendemain a bouleversé mes habitudes avec ma mère, il est venu un weekend et il n’est jamais repartis.
Ma mère semblait heureuse avec elle avait arrêté de boire et avait repris de bon contact avec ma famille.
Seulement il y avait un truc qui clochait entre lui et moi, il n’a jamais vraiment su m’apprécier, et plus les mois passent plus le contact été violent…
Et après 1 an et demi ensemble, l’annonce d’un bébé, ça aussi aurait pu me réjouir mais je devrais à présent partager ma maman !
À la naissance tout a changé, mon beau-père été un bon buveur il prenait apéro tous les soirs, et quelques fois ma mère se laisser tenter aussi.
Je me suis beaucoup investi dans l’éducation de ma petite sœur, changer les couches, jouer avec, faire prendre le bain …
Plus elle grandissait plus on voyait la différence d’affection qui nous était donnée. Mon beau-père tombé dans alcoolisme a entraîné ma mère dedans…
C’est à ce moment-là que ma vie bascule ! je ne me plaignais jamais des coups que mon beau-père me porter, mais ma mère me défendre ce qui crée des disputes entre eux et après mon beau-père revenait pour me punir car c’était à cause de moi s’ils se disputaient sans arrêt.
aucune intimité n’était respectée pourtant je commençais à me former, un jour je ne me suis retrouvé nue devant lui car je me plaignais de maux de ventre et mal aux seins car il poussait, ma mère m’avait poussé à lui montrer alors que je ne voulais pas elle me tenait, et ils se sont mis à me toucher …
Je ne peux pas raconter la suite de cet acte c’est bien trop cruelle et barbare … je me demande encore peut-on faire sa à des enfants et encore plus à ses propres enfants !
J’ai grandi toujours battu et de temps en temps des flashs d’agressions sexuelles me reviens… J’ai éduqué ma petite sœur jusqu’à ses 9 ans ( leçons, repas, bain, courses, la conduire à l’école, et j’en passe ….) j’étais au collège quand j’ai dû commencer à tenir à moi toute seule la maison, ma mère alcoolisée du matin au soir resté allongé a cuvé dans le canapé la journée, et mon beau-père été au boulot, le soir je partais chez mon copain pour éviter de croiser celui-ci.
Ma mère devenait méchante dans ses propos et mon beau-père laissé des marques de plus en plus sur mon corps, un jour il était en colère car ils avaient reçu mon bulletin scolaire, ma mère m’a étranglé contre le mur et lui me donner des coups dans le ventre et me gifler, et j’ai pu entendre toutes les insultes du monde…
cela faisait des années que je ne me nourrissais plus comme il le fallait, je réduisais de plus en plus mon alimentation…
Un soir mon beau-père m’a coincé dans ma chambre s’est mis à me frapper et essayer de me tenir pour faire son affaire, mais cette fois-ci j’ai réussi à m’échapper… je suis parti avec mon scooter sans casque à toute allure chez ma grande mère.
J’arrive en pleure le visage et le corps pleins de traces de coups et déjà quelques bleus apparaissent parmi les autres bleus déjà présents…
J’ai expliqué à ma grande mère comme après chaque « punition » (prendre des coups) mais je ne lui ai jamais parlé d’agression sexuelle et de viol d’ailleurs très peu de personnes le savent.
Je ne voulais plus retourner le bas, mon beau-père m’avait poursuivi jusque chez ma grande mère et s’est précipité pour me récupérer à la barrière. J’étais terrifié je tremblais dans le noir ….
J’avais décidé je ne voulais plus vivre cet enfer nous avons fait les démarches auprès des tribunaux pour que ma grande mère est ma garde jusqu’à ma majorité.
Une fois placé chez elle m’a soigné et fait suivre par un centre psy pour travailler sur mon histoire et oublier ou accepter les faits.
Le centre psy a signalé que j’avais un comportement assez complexe avec mon corps et la nourriture mais rien de grave…
je suis passé de 55 kg quand j’étais encore chez ma mère à 80 kg je comblais le vide par la nourriture.
J’ai réussi à passer de classes en classes malgré ça avec une moyenne avoisinant les 14 . Le 17 juillet 2012 je me rendis compte de l’ampleur du gras sur mon corps, je ne me reconnais plus… je ressemblais à ma mère ! Je ne veux absolument pas ressembler à un monstre pareil. J’ai atteint les 52 kg début décembre de la même année. s’est à ce moment-là que le centre a diagnostiqué  » des troubles du comportement alimentaire » j’alterne maintenant phase de boulimie et d’anorexie.
Mon rapport avec mon corps est vraiment horrible je pleure en me voyant dans la glace, les relations intimes sont terribles À tel point que je ne ressens rien pendant l’acte j’attendent juste la fin pour pouvoir me retourner et enfin trouver paix dans les couvertures.
Je fais fuir les hommes avec ma maladie alors à chaque fois je suis de plus en plus blessé d’avoir laissé mon corps dans les mains d’un homme qui ne le mérite pas…
À présent j’ai accepté que je n’aurais pas de mère et de père même si celui-ci a repris contact avec moi et que je pouvais faire une croix sur ma petite sœur.
Je vis seule chez moi, et ma grande mère m’accueille en période noire…
Mon passé me hante, mon corps me dégoûte, mon visage aussi car il a quelques traits de ma mère, je me sens vide …
Comme si le temps c’était arrêter et que je restais bloqué sans avancer dans la vie sans but précis juste survivre dans ce monde de brutes.
Aujourd’hui j’ai froid, je pleure sans cesse, j’ai l’impression d’être sali a vie, d’être inutile, juste un boulet qu’on traîne par pitié, je veux pas de cette pitié … je porte encore des marques physiques qui me rappelle que j’ai voulu en finir pour être enfin libéré de cette souffrance.
Je n’ai pas manger de vrai repas depuis une semaine, la faim n’apparaît même plus, mon ventre vide se porte bien !

Dans ma seconde vie qu’est Internet

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 En y réfléchissant, j’aurais pu avoir une vie heureuse et sans problème.
Après tout, mes parents m’aiment malgré la difficulté que présente mon père à communiquer et ma sœur semble m’apprécier malgré notre manque évident de complicité. Je vis correctement, je mange à ma faim tous les jours, je suis habillée et j’ai même accès au besoin superflu que représente internet. C’est d’ailleurs ce dernier qui a déréglé ce semblant d’harmonie pour laisser place à un joyeux calvaire.

Déjà gamine, je ne me sentais pas adaptée totalement dans la société qui m’entourait. Pourtant jamais seule, je ne me suis jamais totalement sentie intégrée dans mon groupe. J’ai toujours regardé les relations que se créaient les filles entre elles avec une certaine distance. Je les ai d’abord enviés, désirant moi aussi connaître ses liens si forts qui les unissaient puis, je les aie considérées comme un tas de mensonges et de faux-semblants. Avec les garçons c’était assez semblable, j’en étais entourée dans le milieu scolaire sans pourtant pouvoir en attirer un quelconque regard. Dès mes onze ans j’ai souffert de ce manque d’attention tandis qu’internet m’ouvrait grand les bras. Un endroit merveilleux, n’est-ce pas ? Où tout semble possible, des milliers… que dis-je ? Des millions et des millions de personnes accessibles, un réseau immense d’amis potentiels. Les jeunes de mon âge me semblaient peu intéressants étant donné qu’on m’avait conforté dans l’idée que j’étais trop mature pour eux. Alors, j’ai cherché à m’élever en traînant dans des endroits où seuls les adultes se logeaient, je m’y faisais passer la bas pour beaucoup plus vieille sans réelles difficultés, c’est toujours plus facile lorsqu’on pianote sur un clavier d’ordinateur. Bien que je ne me souviens pas de la qualité de mes discussions, celles-ci ne semblaient pas trop mals pour une gamine de onze ans. J’étais peut-être un peu plus mature mais je restais une enfant et… les enfants sont vulnérables.

Dans cette seconde vie que m’apportait internet, j’étais fière de mes mensonges qui m’apportaient une grande distraction. L’on dit bien qu’il ne faut pas jouer avec le feu puisque j’ai rencontré sur internet un homme. Je dis bien un homme puisqu’il avait trente-sept ans tandis que j’étais sur la fin de mes onze ans. J’ai discuté avec cet homme durant longtemps, aussi bien à l’écrit qu’en vocal – ma voix grave me permettait de me faire passer pour beaucoup plus vieille que je ne l’étais -. Puis, au fur et à mesure des conversations, cet homme qui me pensait être une jeune femme d’une vingtaine d’années à commencer à me faire la cour. C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait à moi et je vous confie que cela a flatté mon égau à un plus haut point. Ainsi, je promettais déjà à cet homme monts et merveilles lui faisaient croire à une future romance dans la vraie vie. J’étais donc en couple sur internet avec un homme qui avait plus du double de mon âge et qui fut bientôt plus gourmand en demandant des photos de ma personne. Alors, je me suis contentée de lui donner une pauvre photo de très mauvaise qualité de moi-même qui pouvait laisser croire que j’étais beaucoup plus âgée. Mais les hommes sont friands de ces choses, il en demandait encore mais… je refusais. En contrepartie, j’ai accepté d’échanger quelques mots sensuels avec lui au téléphone. J’étais si excitée de pouvoir plaire que je ne me rendais pas compte de la bêtise qui m’envahissait. Ainsi, ma première masturbation au téléphone faite, il en suivit d’autres…
L’homme proposa de me voir, plusieurs fois, je refusais mais il insistait. Alors un jour, j’ai accepté… J’étais dans un immense pétrin, que faire . J’ai donc pris mon courage à deux mains, et j’ai envoyé un SMS pour dire que je ne voulais plus de cette relation. Cela peut sembler ridicule mais même par le biais d’internet une gamine de douze ans peut s’attacher à un homme de trente-sept ans, j’ai donc pleuré toutes les larmes de mon corps.

Mais, l’homme revint vers moi, il était réellement blessé de cette « rupture » et tenait à l’image idéale que je lui donnais de moi. Comment résister à la promesse d’une jeune et jolie blonde de vingt ans ? C’est alors que j’ai continué à mentir, me plaisant presque à jouer avec cet homme qui était à cette heure victime de moi. Il m’a plu de lui raconter que j’étais en couple dans la vraie vie avec un autre homme mais que celui-ci était méchant avec ma personne et m’avait même frappé. Inutile de préciser que j’étais perturbée mais l’on peut remarquer que j’avais un certain goût pour les mélodrames. Et… dans ce cycle infernal, j’étais à nouveau pendu virtuellement à ses bras. J’ai continué la découverte de ma sexualité via ses instructions quand j’ai craqué à nouveau. Je lui ai à nouveau inventé un immense mensonge pour lui expliquer notre rupture. Mais, lorsqu’il est revenu vers moi j’ai trouvé bon de ne plus lui mentir qu’à moitié. En effet, je lui ai avoué que j’étais mineure et pour ne pas le choquer totalement que je lui ai à nouveau menti sur mon âge. Tandis que je lui disais que j’avais quatorze ans, j’en avais en vérité douze ans et demi.
C’est alors que l’improbable s’est produit. Alors, que je m’étais préparée à me faire jeter par l’homme à qui je m’étais indéniablement attaché, celui-ci a trouvé bon de me dire que malgré tout il m’aimait et qu’il voulait tout de même me rencontrer en vrai. Eh bien, j’étais « amoureuse » alors, j’ai dit oui

Ma première rencontre avec cet homme n’a pas été comme je le pensais. Je maudis aujourd’hui ce jour qui n’a fait que m’embourber dans un cercle vicieux dont j’ai eu du mal à sortir.
C’était en mars il me semble et je me rappelle tout à fait encore comment j’étais habillée, j’allais prendre mes treize ans dans quelques mois. Il était là dans sa voiture et je suis montée, on a parlé puis… il m’a embrassé. Nous avons à nouveau parlé lorsqu’il m’a présenté son sexe. Je n’en avais jamais vu alors il a trouvé judicieux de me montrer à quoi ça ressemblait. MAIS BORDEL MÊME SI J’ÉTAIS CENSÉE AVOIR QUATORZE ANS ON NE MONTRE PAS SON SEXE A UNE FILLE DE QUATORZE ANS QUAND ON EN A PLUS DU DOUBLE ! Eh oui j’ai touché son sexe, et oui celui-ci a même atterri dans ma bouche, je n’avais même pas encore douze ans et j’étais totalement inconsciente de mes actes…
Et puis, nous sommes partis à l’hôtel, j’étais curieuse, trop curieuse pour mon âge. Ma première fois s’est donc déroulée dans un hôtel bas de gamme avec un homme qui avait deux enfants plus âgés que moi.
Après cet acte, je me suis sentie obligée de révéler quelques semaines plus tard à cet homme que j’étais plus jeune qu’il ne le pensait, j’allais en effet bientôt prendre mes treize ans, j’en avais donc douze. Il était en pleurs et répétait « Je suis un pédophile, je suis un pédophile ». J’ai cru que c’était fini pour de bon, je pleurais également, j’étais attachée.
Pourtant, il a dit qu’il m’aimait malgré tout et qu’il voulait rester avec moi, il m’a demandé de mettre ma webcam et de me masturber devant lui.

Ainsi, j’ai eu une relation amoureuse avec un homme qui avait plus du double de mon âge pendant plus d’un an, c’est-à-dire jusqu’à mes quatorze ans. Je mentais à mes parents en leur disant que j’allais voir des amies. Chacun moi il venait un week-end et nous nous retrouvions dans un hôtel pour avoir des relations sexuelles. Nous étions comme un couple finalement, on sortait au restaurant, on s’offrait des cadeaux. Pourtant un truc clochait, nos âges. Nous nous tentions de nous persuader que ce n’était qu’un détail et qu’à mes dix-huit ans tout irait mieux et que notre amour serait légalisé aux yeux de la loi. Ainsi nous nous cachions…
Puis mes quatorze ans passés, le corps de cet homme a commencé à me dégoûté, lorsqu’il venait je me forçais à coucher avec lui.
Énormément de disputes plus tard, j’ai décidé de rompre mais j’étais malgré moi rattacher à lui, après tout, c’était…mon premier amour…
Avec mon consentement il est revenu me voir uniquement pour du sexe. J’étais perturbée, je ne savais plus où j’en étais, il m’écœurait. Il est reparti puis via internet il a menacé de diffuser des photos de moi nue. Il ne l’a pas fait. J’ai coupé tous les ponts avec lui et j’ai décidé de ne plus jamais le revoir.

Aujourd’hui j’ai seize ans. Cette expérience n’a pas marqué que mon corps, elle a fait bien plus que ça. Elle m’a marquée tout entière, elle est irréversible, indélébile. Elle reste présente, dissimulée dans un coin de ma tête tandis que je tente d’avancer. Quinconce vous dira que je suis une adolescente normale car personne ne sait. Personne ne doit savoir. Elle reste là enfouie à tout jamais, bouillonnante, toujours prête à éclater. Personne ne doit savoir. Alors, personne ne sait et je suis seule face à cela, bien trop effrayée devant les conséquences qu’une poignée de mots pourrait déclencher.

Ma vie sentimentale et sexuelle ne s’est pas arrêtée pour autant.
Dans la suite de ma rupture j’ai connu des préliminaires pathétiques avec un garçon de dix-neuf ans qui après avoir obtenu son éjaculation a prétendu s’en vouloir étant donné mes quatorze ans. Je l’aimais.
L’année dernière, quelques jours seulement après m’être mise en couple avec un garçon j’ai faits des préliminaires avec celui-ci. Nous nous sommes quittés même pas après un mois de relation. Je ne l’aimais pas.
Durant les vacances d’été j’ai couché avec un garçon de nombreuses fois. Je ne l’aimais pas.
Durant les dernières vacances j’ai faits des préliminaires avec un même garçon dans des toilettes lors de deux soirées alcoolisées. Je ne l’aimais pas.
Le fait d’avoir d’autres expériences sexuelles m’aide peut-être à avancer. Elles effacent mes débuts et me permettent de faire disparaître peu à peu le mot « Pédophilie » de ma tête.

Mais je me sens sale, je me blâme en me disant qu’il n’est pas normal que je prenne du plaisir à ces actes étant donné mon passé. Mon passé a gâché mon enfance, a bafoué mon innocence et me pourrit encore pourtant, je ne sais sur qui remettre la faute. J’étais une enfant perturbée, je ne sais pas qui il était. Impossible de définir exactement ce passé.
Je n’ai pas grande confiance en mon avenir, j’ai l’impression de me laisser sombrer peu a peu. Je ne prend goût qu’aux plaisir facile, renonce devant toute difficulté, je n’ai aucune motivation et le sentiment que je vais finir mal.