Mon corps et moi c’est toute une histoire.
J’ai 5 ans, et jusque-là je n’y avais pas fait attention. Il était là je jouais, je dansais, je sautais mais sans vraiment m’en préoccuper.
Et puis il y a eu ÇA… Cet épisode qui a marqué le début d’une relation compliquée. Mon cousin, une caravane stockée dans une grange, une cave chez une grand-mère. Des jeux d’un autre âge, de celui de mon cousin pas le mien. Il a 10 ans de plus que moi. Ses jeux ne sont pas les miens, pas ceux de mon corps. A cause de lui j’ai senti ce corps. Mais je n’aurai pas dû le remarquer si tôt, pas de cette façon…
Et puis pendant longtemps j’ai « oublié ». Moi oui, mais pas mon corps.
Enfant, très sage, très comme il faut. Mais quand les adultes ne sont pas là, je plonge dans le placard à gâteaux. Mon père me l’interdit, pour que je ne sois pas trop grosse, mais en achète plein. Il est malade dans sa tête mais à cet âge-là je ne remarque rien. Je ne suis qu’une ENFANT.
L’adolescence, comme dans une drôle de bulle, hors de la réalité. Mes copines ont des petits copains. On leur a demandé : « est-ce que tu veux sortir avec moi » ? C’est tout bête cette petite phrase, mais personne ne me l’a jamais dite. Et la seule fois où j’ai OSE demander par l’intermédiaire d’une copine, elle est revenue en me disant « non il ne veut pas, il dit que t’es trop grosse… » BAM !
Je mange trop, sans vraiment m’en rendre compte. J’espère maigrir à chaque fois que je suis loin de la maison. Mais ça ne dure pas assez longtemps et je replonge dans le placard à gâteaux.
Premier vrai petit copain.
Après coup je me dis que j’ai fait n’importe quoi avec lui. Premier baiser, premier rapport, première « expérience »… Tout allait trop vite, comme si je voulais rattraper mon « retard ». Je ne respecte pas mon corps, je ne sentais même pas ce qui se passais, mais je le faisais quand même.
Je fini par rencontrer quelqu’un de bien, qui m’aime et m’apprend à m’aimer. C’est long. Je pensais y être arrivée, mais ce n’était qu’une ILLUSION.
Au fond rien n’allait bien. Je veux maigrir une fois de plus, mais là ça va trop loin. Je n’habite plus chez mes parents, je gère mes « repas » toute seule. En fait je ne mange pas ou très peu. Je me déteste toujours, mais je suis enfin mince. Je m’insulte toujours, mais je suis enfin MINCE. Mais lui ne sais plus comment gérer ça. Sa détresse m’incite à aller voir une psy. Ça va mieux, ça m’aide, mais ce n’est toujours pas ça.
Mon corps visuel n’est pas satisfaisant, mon corps sensuel inexistant.
Les années passent. Je ne me déteste plus, mais je me tolère. Et ça, ça ne suffit pas.
Je tombe enceinte sans prendre de poids. Ma vie bascule. Entre bonheurs et incertitudes je deviens ADULTE petit à petit. Un deuxième bébé, toujours pas de kilos et cette fois, ça se passe plus facilement. Ça m’aide mais le problème n’est pas réglé…
Après m’être mise au sport, je suis de plus en plus mince. Plus mince que je ne l’ai jamais été. Mais je n’ai toujours pas de VRAIE VIE SEXUELLE. Ça me dépasse, moi qui pensais que le problème venais de là…
La peur est quand même là, peut-être même un peu plus maintenant que la graisse s’est littéralement envolée. Mais je ne sais toujours pas quoi faire de lui. On n’est pas complices, on ne se connait pas. Alors quand j’ai trop peur, je mange. Un peu trop. Alors je l’oblige à bouger, bouger encore et encore pour que rien ne s’accroche. Je l’oblige tellement qu’il finit par craquer. On finit tous les deux à l’hôpital. Rien de très très grave, mais assez pour que je puisse plus faire de sport. AÏE ! J’ai peur, de nouveau… Alors je mange.
Et là, cette fois je décide que C’EST FINI !!! Je décide que ÇA SUFFIT !!!
J’aurais voulu retrouver ce corps plus mince, mais on me trouvait maigre. Alors je décide que je vais essayer de L’AIMER VRAIMENT. De vivre avec lui, en LUI.
Nous avons vécu l’un à côté de l’autre pendant 35 ans.
Nous vivrons ensemble les 50 prochaines autres.
Fini les frustrations.
Fini les obligations.
Fini les observations.
Maintenant place à la vie, une vie d’équilibre avec ses hauts et ses bas. Mais pas ses peurs qui font faire n’importe quoi. J’espère pouvoir continuer sur cette voie qui semble bien apaisante. J’espère que je ne suis pas une fois de plus dans cette ILLUSION qui m’a souvent fait croire que tout allait bien.
Nous sommes là, tous les deux, chair dans la chair, liés à jamais.
2016 sera notre année de retrouvailles.
POSTED June 21, 2011 at 6:15 pmDave, add me to the list of appreciative readers. I think this post is very insightful. Your four points definitely resonate with me. I suspect that the;8&#e217rs some overlap between accountants and engineers ‘ brains ;-). In the spirit of Point #4, it’s taken me a fairly ridiculous amount of time to compose a comment that I felt was worthy of your post!
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