Depuis mon premier petit ami, j’ai été très amoureuse, aimée, aimante -et priant Marie-Madeleine à qui beaucoup fut pardonné au motif qu’elle aimât beaucoup.
J’ai découvert mon corps et d’autres, le désir et le plaisir, l’intimité, la réjouissance, le goût et l’odeur, des caresses et des vertiges.
J’aime bien mon corps, et ses quelques détails agaçants sont assez légers pour qu’on cohabite avec bonheur : j’ai chevillée à l’âme une certaine gourmandise pour la vie.
Et puis voilà un an que je suis célibataire, je ne peux plus me souvenir si ça m’était déjà arrivé.
Me passer de sexe n’a pas été si difficile.
Au début.
Et puis les fenêtres ouvertes, les petits déj’ dehors, et ce truc sexuel qui pétille dans la lumière du printemps.
J’ai appris à me masturber.
Je ne savais rien : avoir trois maris bons amants vous apprend d’autres choses.
Je n’ai besoin de rien de plus que d’intimité.
Je ferme les yeux, un souvenir de désir, y prend place et lentement s’y déforme et s’entremêle d’autres émotions en fils crus, poétiques, esthétiques.
Mes mains explorent, reconnaissent et examinent des replis, des collines et des chemins, du chaud de l’humide, du si doux du plus grenu, moiteur et langueur dansant avec les images d’une rêverie décousue.
C’est la genèse d’une explosion intense et surprenante à chaque fois, dont je redescends essouflée, à deux doigts d’éclater de rire, ne faisant qu’une avec mon corps, parfaitement réjouie.
Az