C’est – encré – en moi

encré

J’aimerais tellement remettre à l’heure les horloges de ma vie.
Je suis une écorchée vive.
Ce corps, ce corps que conchie. Ce corps m’exècre.
Ce corps qui m’en fait tant voir, tant de peine, tant de larmes.
Ce corps s’est formé, et il ne s’est jamais arrêté…
J’ai toujours été ronde, en surpoids, grosse, prenez le terme qui conviendra à votre préférence.
Et ce corps… il a forcé la honte paternelle et maternelle.
Ce corps, il a essuyé les coups de la honte, il a dû tenir debout car il porte le gros, il porte le malheur, il attire la tristesse du cœur.
Ma mère m’a rouée de coups, mon père m’a mise à terre pour mieux m’en donner.
Ma mère m’a trop souvent insultée d’éléphant, pachyderme, montgolfière, et c’en allait à du harcèlement au suicide « mais crève donc ! que je danse sur ta tombe! ». D’accord Maman, mais j’ai essayé, trop de fois, mais ça n’a pas fonctionné, je suis désolée, Maman. Je suis désolée.
Mes parents ne m’ont pas éduquée, j’ai vécu l’éducation de la rue. Celle des nourrices, celle de l’indépendance goûtée beaucoup trop tôt.
Ce corps, j’en ai eu honte, j’en ai encore honte. Je ne le dis pas. Autour de moi, on estime que je suis la « ronde » qui s’accepte et qui prône ce qu’elle est. S’ils savaient… s’ils s’avaient…
Ce corps me sert quand même à attirer les hommes. Ces seins sont beaux et ronds, et l’intimité est quand même sans pudeur. Il faut que je contrôle, que je garde cette assurance, que je ne montre pas ces complexes ! Il ne faut pas.
Je suis célibataire, jolie, assez érudit, mais j’ai un gros cul.
J’ai honte, j’ai honte de ce que je suis, mais je dois démontrer une assurance, alors qu’au fond j’y pense sans cesse… sans cesse.
J’ai honte pour ceux qui sont avec moi, j’ai honte pour les Hommes qui me tiennent la main.
J’ai honte d’être telle que je suis…
Désolée Maman, je n’ai pas réussi…

‘Gé

6 réflexions au sujet de “C’est – encré – en moi”

  1. Gé,
    ton histoire me parle vraiment! J’ai l’impression que comme moi tu « cumules plusieurs culpabilités »! Et pourtant… Tu n’es pas responsable des défaillances de tes parents ni des abus que t’a fait subir ton grand-père… mais ça tu le sais… sauf qu’on a beau le savoir, il faut l’assimiler et ça c’est une autre affaire…
    Ne sois pas désolée… être encore en vie c’est ta plus belle revanche! La prochaine étape c’est de plus avoir honte de toi ;) Je te souhaite qu’elle ne tarde pas trop à arriver!
    J’espère que ma question ne te heurtera pas (mille pardons si c’est le cas!) : tu envisages un suivi?
    ça me rend triste de lire certains de tes mots parce que d’une part, je les comprends, ils me renvoient à ma propre histoire mais aussi parce que c’est injuste que tu continues à payer les blessures du passé…
    Plein de courage et de pensées pour toi!!

    PS : j’aime beaucoup ton tatouage :-) Tu en as beaucoup?

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    1. JeX,
      Il est vrai que notre déveine est commune. Et ta compréhension m’est nécessaire. Autour de moi, on me clame de continuer à me battre. Je n’ai que deux bras. Et mes introspections, bien nombreuses, m’aident à me sentir riche, mais pour autant, je ne sais contrer ou accepter ce que je dois reconnaître.
      Je m’en veux, surtout, par rapport à mon comportement actuel. Je joue avec les Hommes, je les fais souffrir, sans volonté de ma part, c’est plus fort que moi, je n’y arrive pas.
      Je tente ma thérapie à moi, Hédoniste, je cultive d’autres domaines. Je me lance dans la photo, je dessine aussi, j’écris, ce sont mes moyens d’expression. Mais ne suffisant plus, je me suis lancée dans la culture tatoo. Ressentir de la douleur, encrer en moi mes trophées de vie, le plaisir de la contemplation, l’Art.
      J’en ai deux. Et deux autres vont arriver prochainement, et je ne compte pas m’arrêter là. J’ai envie que l’on regarde ce corps, mais d’une autre manière. J’ai envie de changer mon image sur ce corps. Je dois le faire, c’est progressif.
      Je ne ressens pourtant rien. Je n’ai plus d’intérêt pour mes amis, je me fiche de leur vie. C’est contre moi. Car je ne suis pas comme ça.
      Je vais prendre RDV pour me faire suivre.
      Je suis maman célibataire, et bientôt, mon fils va me voir sans masque.. et ça, je ne le veux pas.

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  2. Quel drôle de hasard…

    Je parcours le blog, que je trouve très intéressant, et je lis en diagonale des textes et des témoignages sans trop y faire attention.

    Et là je vois ces très jolis yeux. Que peuvent ils bien raconter ? Alors je commence la lecture. Après quelques lignes je sens de la peine monter en moi. Je vois la scène décrite et l’attitude des parents indignes vis à vis de leur fille. Mais le masque de la peine laisse vite la place à celui des sourcils froncés témoignant de mon sentiment de colère qui monte en moi. Comment des parents peuvent ils souhaiter la mort de leur enfant ?

    Le hasard veut qu’en m’intéressant à l’auteur de ce texte je constate que c’est « Gé ».

    Aujourd’hui par deux fois, je découvre la vie de cette femme.

    Votre vie.

    Que dire… c’est très dur !

    Ary

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    1. Bonjour
      Merci de prendre la peine de lire nos écrits. Il s’agit ici d’une quêtes du lâcher prise face à un passif dont on ressent encore les echos aujourd’hui…
      J’ai ma croix à porter. Je me bas contre ça. Mais je commence à l’accepter aussi. A tenter de ne plus subir… et je vais aussi commencer une thérapie.
      Devoiler ma vie même en restant quelque peu anonyme m’a mise face à mon propre miroir..

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  3. Rolala ! viens ! Viens me voir ! Contacte moi via mail, facebook… Je sais pas mais faut pas rester comme ca. Je ne déballerai pas ma vie ici parce que tu verras qu’avec le temps on apprend beaucoup. Mais si le coeur t’en dis tu me trouveras via mon adresse mail ou le lien fourni.

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