Age heureux pour certains, l’adolescence, les premières amours.
Pour moi, l’âge de la haine, des tueries, du désespoir.
A cet âge de l’innocence, j’ai connu la guerre, les massacres, la fuite sous les balles.
Pourtant je me sens béni, car contrairement à mes amis
Je n’ai pas perdu la vie, je n’ai été ni blessée ni meurtrie.
J’ai vu les corps en sang dans la rue, j’ai couru à travers champs à perte de vue.
Et oui, j’ai tout perdu. Ma maison, mon chien, mes amis, mes souvenirs, mes habits.
Mais je suis là! Et mes parents aussi. Oui je suis là. Je suis en vie
Les mots sont si faibles pour exprimer ma peine
Et ce poids est si lourd, qu’il me hante tous les jours.
La culpabilité d’avoir été sauvée
De ne pas avoir pu partir avec tous ceux que j’aimais, de ne pas les avoir aidé.
Pourtant qu’aurais-je pu faire!
Nous, les expatriés français, avions juste le droit de fuir comme des voleurs
De les laisser dans leur malheur, sans se retourner
Les abandonner, sinon risquer d’être kidnappé ou pire.
Mais je suis là. Et mes parents aussi. Oui je suis là. Je suis en vie
On a survécu, au début comme des pauvres
A mendier de l’aide et de l’argent pour garder notre toit.
Tellement de sacrifices pour eux et moi.
« C’est dans les difficultés que l’on reconnait ses vrais amis » disent certains
Ce dicton est plus que vrai! Nous en avons tous fait les frais.
J’ai du quitter mes parents pour vivre dans une famille ou l’humiliation des enfants était monnaie courante.
Où pour punir la « bonne » de ne pas bien avoir su coudre un bouton
Cette femme qui se disait être ma tante, lui perçait jusqu’au sang sa paume de main à l’aiguille.
J’ai du supporté de la voir raconter au gens à quel point elle avait été charitable
De recueillir une fille comme moi qui finissait ses maigres victuailles,
Alors qu’elle avait déjà 3 enfants à charge.
Pourtant, je ne mangeais rien, ou juste assez pour survivre
Et mon père lui donner ce qu’il trouvait d’argent pour s’occuper de moi.
Elle n’avait pourtant pas connu tout ça!
Elle! Elle avait sa famille, ses amis, son travail!
Mais la vie est comme ça, on ne choisit pas qui souffre et qui ne le mérite pas.
Ensuite j’ai connu les études sans argent, les loyers impayés
Le fichage banque de France, les chagrins d’amour et tellement d’autres choses à raconter…
Mais toutes ces difficultés je les ai traversé.
J’ai retrouvé une vie, des amis, de vrais amis, un Ami.
Et je suis là, je me suis reconstruite
Tous les jours, lorsque la vie est rude et que mes résultats sont minces
Je regarde le phénix tatoué sur ma cheville.
Il me rappel que je suis là, je suis en vie
Alors quelques soit les obstacles sur ma route, je saurais renaître de mes cendres.
Ceci n’est pas une plainte. C’est un message d’espoir.
Il me rappel que le cœur comme le corps sont capables de supporter bien plus qu’on ne peut l’imaginer.
Les blessures apparaissent avec leurs lots de douleurs
Mais ne soyez pas tristes, le temps estompe les peines et ne laisse que les cicatrices.
Quelles soient physiques ou morales, ce sont les preuves de nos victoires sur la vie.
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