Dans ma tête je vais bien. Je crois que je vais bien.
Dans ma tête je vais bien, mais pas dans mon corps. Il bourgeonne, il suinte, il démange. Je gratte.
Des particules de peau partent sous mes ongles. Je gratte. Je me fiche que cela empire. Je voudrais cramer mes plaques d’eczéma avec quelque chose, n’importe quoi. Des fois, de l’eau bouillante suffit. Ça me soulage un instant. Puis à nouveau ma propre peau me rejette.
Je la hais quand elle trahit mon malaise.
J’aimerais pouvoir tout démêler. Dénouer les fils, les enrouler sagement, et tout ranger dans des boîtes. Mais voilà. C’est le bordel. Je ne comprends pas ce qui vient de mon mal être de base, et ce qui vient du viol.
Oui, du viol. Oh, rassurez-vous, rien de théâtral. Juste un viol ordinaire, où l’on douterait presque de ma bonne foi. Oui, j’ai accepté de danser avec lui. Oui, je l’ai suivi dans une arrière cour. Mais non ça ne m’a pas plu. Et oui j’ai eu mal. Et non je ne voulais pas que ma première fois se passe comme cela. Et oui, encore une fois, je n’ai cessé de lui dire non.
Mais il faut croire qu’il était sourd, le pauvre enfant. Le pauvre petit con qui ne savait pas que baiser une gamine non consentante, c’était mal. Que ça faisait mal. Même après.
Il m’a blessée, il m’a meurtrie. J’ai maintes fois pleuré. Je me suis scarifiée. Je me suis cognée contre les murs. Je me suis affamée, puis écœurée de sucreries. J’ai abusé de l’alcool. Puis j’ai réalisé qu’une bouteille de vodka n’était pas un médicament, en dépit de son pouvoir désinfectant.
Je vois un psy. J’ai compris que quand je me faisais mal, ce n’était pas si mauvais signe. J’ai compris qu’exprimer la douleur, qu’importe par quel moyen, montrait une volonté d’avancer, de me battre.
Je ne veux plus être une victime. Je refuse la déploration.
J’affirme mon droit inaltérable de chérir mon corps, de le posséder, de l’habiter, de donner, mais aussi de recevoir.
Je ne veux plus être une victime.
Parce qu’au fond de nous, on est toutes des guerrières.
Toi, c’est moi.
Et moi, maintenant, ça va.
J’espère, et je veux croire que toi, tu seras moi, très bientôt.
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J’aurai pu écrire le début de cet article! » Oui, du viol. Oh, rassurez-vous, rien de théâtral. Juste un viol ordinaire, où l’on douterait presque de ma bonne foi. »
Biensur comme toi je l’ai suivi, mais comme toi j’ai fini par dire non! apparemment pas assez fort! pourtant je pleurai j’avais mal ça ne voulait « rentrer » mais il a forcé! je l’avais suivi… c’était la première fois j’avais 14 ans!
La suite de mon histoire… j’ai jamais rien dit a personne car moi même pas convaincue de ne pas l’avoir choisi! puis un jour ça m’est revenu comme un claque! Pourquoi mes relations sexuelles étaient elles aussi compliquées… Pourquoi tant de désir et dégout à la fois!
je ne me fais pas suivre par un psy j’arrive pas à le dire à haute voix! Je ne suis toujours pas convaincue de mon « innocence »
Depuis j’ai un homme dans ma vie une jolie petite fille, j’ai 27 ans.. 10 ans qu’on est ensemble.. ma fille est arrivée par miracle au bout de 2 ans… aujourd’hui le deuxième se fait toujours désirer ça fait 9 mois. plusieurs fausses couches et autres joyeusetés…
des blocages sexuelles des nuits de cauchemar des difficultés à enfantins.. je me dis qu’au fond tout est lié il faudrait un jour que j’arrive à en parler…
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Un témoignage poignant, oui nous sommes toutes des guerrieres, mais des guerrieres qui ont besoin parfois d’etre écoutées, et de parler.
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Je ne sais pas pourquoi il m’ait si difficile de laisser un commentaire… Peut-être parce que je me vois trop en effet miroir à travers tes paroles, ta douleur, mais surtout ce désir de vouloir vaincre tout cela. Oui, une guerrière est en nous. D’ailleurs elle est bien plus forte que tous ces pauvres types dénués d’amour et de sentiments. Cette guerrière est forte et belle, elle peut recouvrir cet amas d’immondices qu’ils ont tenté de nous rentrer dans l’âme.
Continues de te battre ainsi ! Tu es une parole pansement pour toutes celles qui sont encore dans la peur. Merci pour ton témoignage.
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Merci
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