Il était là, derrière moi, j’entendais sa respiration aletante, je sentais sa chaleur et son sex se frottait en durcissant contre ma fesse gauche.
Il y avait du monde autour, j’étais dans une foule pressée autour d’un bassin où il y avait un spectacle d’otaries.
Je n’ai pas compris tout de suite, ce qu’il était en train de se passer.
Ce dont je suis sûr c’est que je ne souhaitais pas cela, je n’avez pas envie de le sentir contre moi!
Je me suis décalée, plusieurs fois, pour me dégager, mais il revenait contre moi!
Alors j’ai cherché en vain le regard de ma mère qui était un peu plus loin, derrière, elle aussi et ne la voyant pas j’ai eu très peur!
J’étais au bord de l’évanouissement, comme tétanisée. Les pensées tourbillonnaient dans ma tête, j’étais coincée par ce porc!!!
Je me disais qu’il fallait que je me retourne, que je vois quelle bête immonde était en train d’abuser de moi, en train de désirer mon corps de petite fille de 11 ans!
Il faut que je me retourne, il faut que je me retourne… et pourtant j’avais tellement peur de ce que j’allais découvrir…
J’aurais voulu hurler, mais en vain, je suis restée muette, et je me suis retournée dans un élan surhumain, pour en finir, pour que ça s’arrête, parce que je ne voulais pas, parce que je n’avais pas envie!!!!!
Et alors j’ai vu son visage et son regard m’a transpercée de part en part. Un regard de prédateur, un gros mou de porc rougeaud, la cinquantaine, une merde de lâche et un gros malade pédophile. je n’ai pas dit un mot, j’ai l’impression de l’avoir fusillé du regard et je me suis faufilée dans la foule, pour chercher ma mère qui n’était finalement pas loin.
Je me souviens du soulagement lorsque je l’ai vu. Je ne lui ai rien dit, je crois qu’elle n’a rien vu, sinon elle aurait réagi et la vie a continué comme si de rien était jusqu’à il y à deux jours.
Je l’avais bien oublié, remisé dans un coin de mon esprit où le souvenir de cet immense traumatisme d’enfant avait affleuré il y a 5 ans et totalement explosé récemment.
Je pensais cet instant anecdotique et anodin alors qu’il ne m’a pas quitté pendant 27 ans, alors qu’il a conditionné mon devenir de femme car je ne suis pas devenue celle que j’aurai du être puisque qu’il a été au coeur de tous mes actes, envahissant, débordant, dégoutant!
Et je me suis oubliée, moi, pour devenir une autre, en réaction, en protection!
J’ai gommé inconsciemment toutes traces de féminité, j’ai fait de mon corps un repoussoire dégoutant pour ne plus jamais être objet de désir.
Mais malgré tout, on m’a aimé et plus on m’aimait, plus j’étouffais, plus je me sentais coincée comme lors de ce jour de foire , dans la foule, contre le bassin, contre mon bassin…
Je n’ai pas envie, je n’ai pas envie, je n’ai pas envie…..parfois en totale contradiction avec mon corps qui montrait les signaux du désir, malgrè tout….une sexualité mentalisée, une incapacité à se donner, à partager, un corps qui jouit en force, aucun lâcher prise!!!!
L’idée de l’abandon me tétanise, je suis dans la maîtrise!!!!!
Je suis un papillon blessé, mais je suis en chemin vers moi même, je suis désormais à l’écoute de l’enfant qui pleurt et criant de douleur,
je laisse advenir la peur et la douleur, je l’entends, je pleurs….je pleurs….des pleurs libérateurs…
A tire d’Elle
Très beau texte, « anecdote » (comme tu dis) très touchante. Si on ne se contente que de la première partie du texte, on a l’impression qu’on peut peut-être oublier un traumatisme pareil, et passer à autre chose. Mais quand on lit la manière dont cela t’a affectée et dont cela a conditionné ta vie de femme, putain on comprend. Merci de ton témoignage. Et bon courage.
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Un tel traumatisme ne peut s’oublier et il a conditionné votre vie de femme.
Et je suis si heureuse de lire, que vous arrivez enfin à lâcher le contrôle et que ce papillon blessé est en chemin vers vous même.
Être à l’écoute de cette enfant traumatisée, si profondément est primordial, alors, criez, pleurez, sortez cette douleur, cette peur, entendez les et pleurez toutes ces larmes libératrices.
Merci pour cet émouvant témoignage et courage, vous êtes sur la bonne voie.
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J’ai été dans la même situation quand j’avais 12ans. Mais je me souviens avoir immédiatement réagi en lui écrasant les pieds en lui donnant un coup avec mes talons à ce gros porc, sans même me retourner. Je crois lui avoir fait mal (tant mieux !) car il est parti et je n’ai plus senti sa présence dans la foule.
Il n’empêche que, 25 ans plus tard, je me souviens toujours de cet épisode et que je suis fière d’avoir su réagir de cette manière. Ce n’était pas évident. Mais j’avais un fort caractère à cette époque-là, ça m’a certainement sauvé.
L’année de mes 13 ans, je me suis fait « peloté » par un adulte. D’abord incrédule devant ce geste que je croyais initialement commis « par erreur », je me suis ressaisie rapidement et je lui ai filé une claque ! Un sacré caractère je vous dit, mais qui m’a certainement sauvé la mise et qui a sans aucun doute contribué à ce que ma vie sexuelle d’adolescente se soit déroulé d’une manière tout à fait normale.
Ma fille a 7 ans et j’espère vivement qu’elle saura se défendre si par malheur elle tombe un jour sur un porc pareil. Idem si cela devait arriver à mon fils de 5ans.
Je suis triste de savoir que cette agression t’as laissé de si grandes traces. J’espère que la libération arrivera bientôt. Courage.
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