Quand j’essaye de comprendre quand ça a commencé, je pense qu’en fait c’est ainsi depuis toujours mais que ça c’est simplement accentué. J’ai toujours été une fille très émotive, très sensible. Et j’ai toujours été en mal d’amour. Elevée par mes grands-parents parce qu’enfant de parents trop absents. A l’affut du moindre geste de tendresse, de la moindre preuve d’amour … Ne voyant rien arriver, j’ai été en fait à l’affut du moindre sentiment d’intérêt que l’on me portait. J’avais envie que l’on me regarde, que l’on me trouve mignonne, gentille, bonne élève, … Je m’y suis atelée.
Au départ, c’est une question de génétique, de chance surtout. J’ai de beaux traits, pas fins, plutôt marqués mais j’ai un visage harmonieux. J’ai toujours été mince. Je pouvais manger autant que je voulais, tout ce que je voulais, je restais de taille tout à fait raisonnable. Le physique que l’on a étant la seule chose matérielle qui nous appartienne réellement, j’ai toujours aimé en prendre soin. Je me suis aimée. 1m66 pour 52kg, c’était moi.
Mais. Le hic.
Ma vie a été ponctuée d’abandons. Abandon parental, abandon amical, abandon amoureux. Et ça, je gère pas.
Quand je suis triste, je n’ai plus faim. Donc je ne mange plus. Donc je maigris. Les kg fondent comme glace au soleil. J’en suis consciente mais je n’ai vraiment pas la force de me reprendre en mains. Non vraiment je n’ai plus d’appétit. Je me lève avec la nausée. Et elle m’accompagne tout au long de ma journée. Puis arrive une grosse fringale. Je croque 4 fois dans un sandwish et je me sens rassasiée. Et je tiens ainsi jusqu’au lendemain. Rien ne me donne envie. J’irai même jusqu’à dire que la nourriture me dégoute. Et je finis par me dégouter.
Et un jour, je vais manger un peu plus, le lendemain à nouveau, les quantités deviennent petit à petit raisonnables.
A 21 ans je suis tombée enceinte. Heureuse plus que jamais. La vie a fait que j’ai retrouvé un cocon familial pour mes 6 derniers mois de nidation. J’ai pris 20 kilogs. Je me trouvais belle, magnifique. Mon corps s’est transformé, j’étais devenue une femme, avec de vraies formes. 1m66 pour 72kg. Les 20kg se sont perdus en 2 mois de temps. Eux-mêmes.
J’ai appris à vivre avec ce nouveau corps. Corps auquel les 52 kg ne convenaient plus. J’allais bien. J’étais heureuse. Je suis montée à 58kg. Voilà j’avais retrouvé mon poids de croisière.
Mais là j’en ai marre. Ras le bol que mon corps soit autant dicté par mes états d’esprit.
Ces dernières semaines, je suis inquiète, j’ai été blessée, très triste aussi. Donc? Je vous le donne en mille: appétit coupé.
54 kilogs. Mes os deviennent saillants. Mes petits seins comment à s’faire la malle, mes fesses ne remplissent plus mes jeans.
J’aimais mes formes de vraie femme. Je me sens mieux en étant ronde. Je me sens en sécurité en étant ronde. Parce que j’me dis qu’il peut m’arriver un coup dur… « j’ai de la réserve » …
Je me trouve belle. Me plaire, c’est très important pour moi. Je dois me trouver jolie. Toujours. Et y’a trop de périodes où je sens mon corps loin de moi.
Là j’arrive à une limite où je me dis que je dois retrouver l’envie de manger. Alors pour la 4ème fois, je vais refaire une cure d’anti-dépresseurs légers. Ils m’aident à dormir, font disparaitre mes nausées. Ils m’apaisent.
Je suis une dépendante affective. Mon appétit est géré par mes émotions. Je me sens prisonnière.
Ce n’est pas un gros souci, je ne devrais pas m’en plaindre. Mais dans ma vie, ça prend une place immense. Et en relisant tout ça, je prends conscience des choses et j’en arrive à me faire peur.
Bonsoir, est-ce que tu as essayé une petite thérapie pour « soigner » ça? Plutôt que de devoir prendre des anti-dépresseurs… Tu vas en devenir dépendante et ce serait dommage. Comme ce n’est pas de l’anorexie durable et volontaire, finalement, que tu fais, mais ponctuelle, peut-être que ce serait possible de l’éliminer en parlant au lieu de prendre des médicaments qui risquent de t’abîmer davantage. Ou une thérapie comportementale, peut-être?
Bon courage en tous cas, j’espère que tu vas redevenir ronde pour te sentir bien.
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Je viens de lire ton témoignage et bizarrement j’ai l’impression de lire des mots que moi même j’aurais pu écrire… je comprends tout à fait ce que tu ressens et ce que tu vis…
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J’ai l’impression de me lire… Je vis la même chose, mais je ne le vis pas mal, je le prends comme ça vient. Je ne sais pas si c’est la meilleure des choses mais bon.
Mais je compatis très fortement…
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Je crois avoir reconnu la personne qui a écrit ce témoignage… Tout simplement car je l’ai suivie il y a quelques années et pendant plusieurs années sur ses différents blogs et parce que je lui ai parlé sur un forum.
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Ne plus avoir faim. Ne plus avoir envie ne besoin de manger. Maigrir. Inconsciemment c’est aller sur le chemin de la transparence non? Je souffre, ne me regardez plus, oubliez moi
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Votre témoignage est douloureux mais très lucide. Vous avez compris le fond de votre problème, la dépendance affective. L’anorexie et la boulimie sont les deux côtés de la même « mal-a-dit », soit vous mangez pour remplir un vide, soit vous ne vous nourrissez plus parce que vous avez envie de disparaître.
La blessure d’abandon ce n’est pas une petite chose car elle vous empoisonne la vie. Certes, vous savez relativiser et dites qu’il y a pire.
Mais votre souffrance est si profonde.
Cicatriser cette blessure, petit à petit, en prenant conscience, ensuite à vous de voir : une thérapie ou quelque chose qui pourrait vous réconcilier avec vous-même, vous donnerait le droit d’exister et de vous accepter, sans chercher à plaire à l’extérieur.
Il y a un potentiel d’amour en vous, difficile de le trouver toute seule, alors, tendre la main ou prendre celle que quelqu’un pourrait vous donner pour vous accompagner sur la voie de la guérison que je vous souhaite de tout cœur.
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Ton témoignage me touche beaucoup, d’autant que j’en ai publié un qui ressemble au tien sur ce blog (« l’anorexie »). Moi aussi, ce sont mes états d’âme qui font varier mon appétit. De 45 à 55kg en quelques semaines puis retour à 45kg j’ai rien vu venir…
Ma blessure d’âme est l’abandon, je me suis aussi toujours sentie abandonnée dans mes relations, mon père, ma mère, mes soi disant amies…
Du coup, je me sens pas digne d’être aimée, du coup, je me punis et je veux disparaître pour ne plus souffrir…
Bon courage à toi dans ce combat…
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Val … cela te dirait-il qu’on prenne contact ? …
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Ho oui, si ça peut nous aider, tu peux me contacter via mon blog: http://extravalante.wordpress.com ou mon adresse mail: ninou1569@hotmail.com.
Si tu as besoin de raconter, n’hésites pas.
Prend soin de toi
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Comme d’autres je me suis complètement retrouvée dans votre discours. La dépendance affective aussi me joue des tours alimentaires… Dès que je vais mal, parce qu’affectivement ça capote… je n’ai plus faim, je ne mange plus, je fond comme neige au soleil, il ne reste de moi que le strict minimum… et le pire c’est que j’aime ça en me détestant. Merci maman merci papa… merci à mon trop grand besoin d’amour qui m’empêche de vivre.
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