Je regarde toutes les femmes, leurs fesses, leurs seins, leur jambes, leur visage, leur ventre. Je regarde si elles ont l’air bien avec. Si elles ont l’air de l’aimer, ou juste de le supporter. Mon corps, j’évite de le regarder. Non pas qu’il soit horrible, je m’en sort même plutôt bien d’un point de vue objectif et extérieur. Mais voilà, le problème de mon corps, c’est que je suis coincée à l’intérieur.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours eu cette sensation, être coincée dans un corps qui n’est pas le mien. Il déborde, il dépasse, il m’empêche.
Parfois j’ai l’impression que si on regarde tout au fond de mes yeux, on pourrais me voir moi, coincée, qui essaye de sortir.
Je ne sais pas pourquoi. Je n’ai jamais vécu d’horreur, pas de traumatisme particulier. Je fais un 38, parfois quand je rentre le ventre j’enfile même un 36. J’arrive même à me trouver jolie quelques fois, c’est dire! Oui mais.
Je n’aime particulièrement pas mon ventre, mou, et ce depuis toujours. Ma grossesse a été un supplice. Alors que toutes les femmes s’extasiait sur mon ventre qui s’arrondissait, alors que cette grossesse était un vrai désir, une envie de couple, j’ai caché mon ventre, le plus possible. Je n’avais pas l’impression d’être enceinte, mais d’être gonflée. Quelqu’un d’autre se cachait dans mon corps avec moi, et il n’y avait plus beaucoup de place.
Quelle horreur quand on voulait toucher mon ventre…
Bien sûr à la place de mon bébé, il y a maintenant un ventre encore plus mou, encore plus détestable. Tous les jours je me dis « demain, je commence à faire des abdos. Demain j’arrête le chocolat. » Ça fait un bout de temps que j’aurais dû commencer!
Rien de tout ça n’est grave, rien de tout ça ne m’empêche de rire, d’aimer mon mari et ma fille, de mettre des jupes parfois, d’aller à la piscine.
J’use de subterfuges, je cache, je détourne l’attention, j’ai appris comment faire à force.
C’est juste que ce corps, il n’est pas à moi. Il est comme un déguisement que je ne peux pas enlever.
Enceinte, j’ai eu beaucoup de mal avec tout ces changements corporels, tandis que je voyais d’autres femmes enceintes épanouies, je les enviait secrètement… Comme je te comprends ! Mais moi, ma fille ma réconciliée avec mon corps, je n’étais ni une fille ni une femme, maintenant je sais qui je suis. Je sais que ce n’est pas évident, mais on doit apprendre à apprécier son corps, apprécier de le voir évoluer avec nous.courage
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