« Le tout est de tout dire et je manque de mots
Et je manque de temps et je manque d’audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J’ai mal vécu et mal appris à parler clair. »
(Paul Eluard, Tout dire)
I. Razorblade Rhapsody
Sur le fil elle danse, saute et glisse, sourde au mal ;
Elle tangue en cadence, pantin frêle et bancal.
Elle est celle qui naît, et qui libre, âme ardente,
Envoie sans bruit valser les démons qui la hantent.
Et ils fuient, flot carmin ! A mesure qu’en douceur
Se noient les lendemains : Elle est celle qui meurt.
II. Poika
Quand le monde s’éteint, et que la vie commence,
Que toutes les certitudes s’éloignent, s’enfuient,
Que la peur insidieuse s’éveille, sourde et rance,
L’instant se révèle, le jour succède à la nuit.
Zizanie viscérale, je comprends à présent,
Chemin sans retour, oui, sombre voie du silence,
Il est l’heure, il fait beau, viens à moi, il est temps,
Et enfin, dans un cri, enfin la délivrance.
Alors tes grands yeux bruns interrogent les miens,
Nous, rien que nous, et l’espoir de ce sacrifice,
Toi, sans défense, si calme, si serein et confiant,
Tous les matins du monde, et tous ces petits riens
Inondent d’allégresse le sommeil d’un fils.
[Poika : « Fils » en finnois.]
III. Zébrures
Il fut un temps de matins gris,
De jours pluvieux, de nuits glacées,
Il fut un temps, mon tout petit,
Où, étroitement enlacées,
Folie et moi ne faisions qu’un.
Pauvres amantes illusoires,
Nous exorcisions mon chagrin
Au fil du temps et du rasoir.
Je n’étais qu’ombre, sang et poussière,
Putride pantin dépravé,
Demain se mêlait à hier,
Le kaamos en moi régnait.
Il fut une éternelle nuit,
Il fut un soir puis un matin,
Et soudain, le tout premier cri,
La vie furieuse dans mes mains.
Je contemple encore aujourd’hui
Les sourdes marques du passé ;
Si tu savais, mon tout petit,
Tu m’as sauvé, si tu savais…
[Kaamos : mot finnois pour désigner la période hivernale durant
laquelle le jour ne se lève jamais dans les contrées nordiques]
Voilà.
Surtout ne voyez pas ici une quelconque volonté de se placer au dessus des autres par le fait d’écrire en vers.
Ce n’est pas ma faute.
Je ne sais pas dire autrement qu’en vers.
Et contre tout.
Mt 6.21 : Evangile selon Matthieu, chapitre 6, verset 21.
« Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur »
Talvi.
.
Sublime!!! Je n’écris ni des mots, ni de vers: je lis, j’écoute et me retrouve dans certains…Touchée en plein coeur…Merci.
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C’est moi qui te remercie.
D’avoir lu.
D’avoir compris.
Et de me prouver, par ta réponse, que je ne suis pas la seule.
Il n’est pas nécessaire de faire beaucoup de bruit, d’écrire beaucoup de mots, pour dire l’essentiel.
Merci.
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Ma soeur.
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…
Je t’aime.
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J’en tremble.
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scotchée… j’ai encore l’âme curieuse au bord des orifices qui s’est approchée quand je lisais.. Envie de dire merci pour se partage, talent d’écriture sur..CE sujet..
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