/Le fichier photo de ce témoignage était impossible à ouvrir/
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Mon corps et moi, on ne s’est jamais vraiment trouvé. Petite fille, il m’encombrait déjà, je ne savais pas le mener. Quand les autres réussissaient toutes les prouesses sportives, je peinais à seulement passer une porte sans me cogner à son chambranle. Mon corps ne me servait pas, c’était l’esprit qui dominait chez moi.
Parce qu’il fallait faire une activité physique, j’ai été inscrite à la danse classique. C’était chouette, c’était bien. On sautait, on dansait, on tournait. On avait des beaux costumes, et la musique était belle. J’étais une fée, une étoile.
Et puis il y a eu l’adolescence.
J’étais petite. J’avais cet air éternellement enfantin que me donnait de presque lointaines origines asiatiques. Je me suis développée tard par rapport aux autres. Qu’ont-ils vu qui m’a échappé? Je ne le sais toujours pas.
Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé.
A quel moment j’ai cessé de me voir dans le miroir de la salle de danse?
A quel moment mon image s’est dérobée à moi?
Quand est-ce que je me suis perdue?
A 14 ans, j’ai arrêté de manger.
Et puis j’ai vomis.
Je me suis arrêtée. Et j’ai recommencé.
Pendant 10 ans…11 ans…12 ans…
Ce n’est que récemment, depuis à peine un an que je sais que cette image de soi qui disparait à un nom. Dismorphophobie. Je l’ai doublée avec de l’anorexie.
Et aujourd’hui encore, à 27 ans, je cherche les contours de ce corps que je ne connais pas.
Ce que je vois dans le miroir n’est pas vrai. C’est une image, modelée par mon inconscient, par 4 années de brimades, par 17 ans de discipline de fer, par un esprit trop absent, par un modèle imposé, répété, irréel et omniprésent…Je pourrais trouver mille raisons, mais ça ne changerait rien.
Ne pas se voir telle que l’on est. Ne pas se connaitre. Ne pas se reconnaitre.
Je n’ai que des chiffres pour m’aider à faire exister ce corps que je ne vois pas: ceux du mètre ruban, ceux de la balance, ceux de l’IMC, ceux des tailles de vêtements, ceux des calories des aliments…
Je n’existe qu’à travers cela.
Pourtant mon corps existe et quand je l’imagine, je l’aime. Parce que je m’imagine belle.
Eux, il me trouvent belle aussi, mes amoureux. Ils me trouvent même « parfaite ».
Parfois, sous leur caresses je le trouve beau ce corps et je l’habite. Pendant un instant, celui d’une étreinte, ce corps est le mien, il m’appartient et peu m’importe la forme qu’il a. les formes qu’il a. Il est juste moi, et je suis là.
Longtemps, j’ai cru que je n’aimais pas mon corps. Mais c’était ce que je voyais que je n’aimais pas. Aujourd’hui je sais.
Je sais que mon corps, je ne le connais pas.
Mais promis, je l’aime déjà. »
merci pour ce témoignage, tellement bien ecris, qu’il sonne à mes oreilles comme un poeme, un poeme d’amour, un poeme d’espoir..
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Tu écris si bien… Merci! Crois c’est gens qui te disent que tu es belles, eux savent. Ton cerveau te joue des tours et te raconte des mensonges… Comme le mien! Maintenant que je sais que je ne peux lui faire confiance au sujet de mon physique, je ne l’écoute plus et me rappel la voix des autres qui me disent que je suis mince et jolie. Même si je me trouve grosse, je sais que ce sont eux qui on raison. Alors je me fais belle et tourne les talons au miroir pour ne pas m’attarder à mes courbes en détails. Mais dis-moi, la personne qui habite ce « corps qui n’existe pas », l’aimes-tu?
Écris encore, tu écris si bien…
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Merci beaucoup :) J’écris encore oui, je continue, et j’essaie d’aimer et de faire comme toi. Faire taire la voix intérieure et n’écouter que celles de ceux que j’aime.
Pas toujours facile, mais j’essaie. :)
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