Je ne m’aime pas

 

 

 

Je ne m’aime pas. Je ne me suis jamais aimée je pense.

J’ai toujours été la plus jeune de ma classe (de deux ans). Ce qui, aujourd’hui, m’apparait comme une fierté, a été un clavaire pendant mon adolescence. Que dis-je? Un enfer.

Trop grande, trop plate trop maigre, les bras trop longs, trop jeune. Quand les « copines » avaient des poils pubiens et les exhibaient fièrement dans le vestiaire pour la piscine, je me cachais, ou alors j’avais le droit à « ha ha ha non mais regarde là cette espèce de petite fille à sa mamaaaaan qui n’est même pas une femme » (alors que bon… Hein…Les poils…).

 

Les filles rondes prenaient un malin plaisir à me ridiculiser. Les filles normales à m’ignorer royalement. Les jolies filles à me tendre des pièges odieux. Et enfin, les filles « bizarres » me fuyaient.
D’ailleurs, aujourd’hui, je me complais à regarder ce qu’elles sont devenues (vive les réseaux sociaux) C’est mesquin, petit, malsain… Mais mon Dieu, ce que ça peut faire du bien.

 

Enfin bref. Je ne vais pas vous faire le couplet du vilain petit canard qui se transforme en cygne, évidemment.

Quoi qu’il en soit, un jour j’ai rencontré quelqu’un. Normalement, dans ces cas là on dit « et là, tout a changé, il m’a redonné confiance en moi, je me suis enfin acceptée »…
Hé bien, vous l’avez dans le mille. Non. Au contraire.

Ca a été la descente aux enfers. Au moment même où je commençais à envisager l’idée que j’étais éventuellement, potentiellement, peut être un tant soit peu potable, ça a été le coup de massue.

J’avais tous les jours le droit à mon lot de piques quotidien (que ce soit au niveau de mon physique, des mes goûts, mes projets). Le pire étant que j’ai fini par me convaincre (grâce à lui), que c’était pour mon bien, pour que je me dépasse, que je me transcende.

Tu parles.

 

Le jour où mon père est tombé malade, j’ai perdu tous mes repères. J’ai perdu à peu près 5kg. Ce n’est pas « énorme », mais, avec mon ex, j’étais déjà en insuffisance au niveau poids.
Vous savez ce qu’il a osé me dire? « Ah bah c’est bien, au moins tu as perdu ton petit bidou, je suis sûr que toute nue, tu ne voyais même plus ta foune »

Joli hein?

Et puis niveau soutien moral, on n’a pas vu mieux depuis des décennies.

Le jour où mon père est mort, j’ai tout perdu. J’ai perdu la seule personne qui me trouvait inconditionnellement belle. Qui me le disait tous les jours, comme ça, pour le plaisir, sans rien attendre en retour. Qui m’aimait, malgré tout.

 

Mon ex a osé me dire d’arrêter de pleurer. Que c’était bon, je pouvais m’en remettre quand même et qu’il fallait avancer. Il m’a dit qu’il allait mal lui aussi, mais que j’étais trop égoïste pour le voir de toutes façons.

Et j’ai plongé. J’ai regardé mes poignets, un soir, dans ma cuisine, un couteau en main. Et j’ai commencé à « gratouiller ». De toutes façons, personne ne pleurerait quelqu’un d’aussi laid intérieurement qu’extérieurement.

Un de mes amis m’a appelé à ce moment là, pour me changer les idées, pour qu’on sorte. Et il m’a avoué qu’il avait le béguin pour moi, et que beaucoup d’autres dans mon école d’ailleurs.

Ca a été le déclic.

J’ai enchaîné conneries sur conneries. En demandant à mes amants comment ils me trouvaient. Jolie? Oui. Intelligente? Oui. Sexy? Attirante? Bien habillée? Oui.

J’ai commencé à m' »apprécier ». Si on peut dire ça comme ça…Pour plaire à mes amants, je leur disais ce qu’ils voulaient entendre, quitte à changer de personnalité du tout au tout, m’habillais comme ils le désiraient, juste pour entendre ces quelques mots : « tu es exceptionnelle ».

Pourtant, ce n’était qu’à un de mes innombrables personnages que je m’étais créée, que l’on disait ça, et pas réellement à « moi ». Donc comment m’aimer? Est ce moi? Mon personnage?

 

 

J’ai fini par quitter mon ex. J’ai sorti la tête de l’eau, malgré mes nombreuses séquelles encore présentes aujourd’hui. Mes cicatrices, internes et externes.

 

 

Puis, j’ai rencontré mon amoureux. L’homme de ma vie. Le père de ma fille.
A lui, j’ai dit toute la vérité. Brute. Aucun personnage, rien, moi toute nue.
Il est resté, avec le sourire, et m’a offert une magnifique fille.

Et il me l’a dit. « Tu es exceptionnelle. »

Pour ma grossesse, j’ai eu la chance de ne pas avoir de vergétures au niveau de mon ventre.

Par contre.
Ce corps que j’ai fini par aimer, que mon conjoint aime à qui il dit de si beaux mots d’amour.
Ce corps m’a dit « hin hin hin, c’est moi qui décide ma poulette » : Mes seins tombent aujourd’hui.
Mes si petits seins, où je me disais « pas grave, les petits seins vieillissent mieux que les vieux »… Hé ben, ils tombent.

L’un est beaucoup plus lourd que l’autre.
Mes vergétures sont sur eux.

J’ai un mini ventre que je trouve énorme.
Mes fesses sont molles.

Enfin bref. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’être revenue à la case départ.
Mais on est deux. Mieux…. On est trois.

8 réflexions au sujet de “Je ne m’aime pas”

  1. Tes seins sont magnifiques ! Je le pense sérieusement. Avant de te lire, en regardant tes photos, je me suis dit « quelle jolie poitrine… ». Et j’ai pas vu de bidou…

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  2. Texte magnifique, poignant, saisissant.
    Sauf la fin, décevante, incompréhensible. J’attendais de l’espoir, mon happy end… pour ME donner de l’espoir, un happy end.
    Le fait d’affronter ca à plusieurs ne me satisfait pas. C’est vrai, quel est le problème d’avoir des vergetures, un bidou, des seins qui tombent … ect ect ect ? Who cares ?
    La vie est belle pour ca, avec ca, sans ca… la vie, vivre, le bonheur, ce n’est pas donner de l’importance à ces choses. si vous aviez trouver la satisfaction, la libération physique et mentale c’est justement parce que vous en aviez dénié l’importance mais vous retombez… a plusieurs certes mais je ne pense pas que cela change quoi que ce soit au fond.

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  3. Sans lire l’article, en ne voyant que les photos tu sais ce que je me suis dis ? « Qu’est ce qu’elle est bien faite cette femme, j’aimerais lui ressembler plus tard! ». J’ai 17 ans et je te trouve sublime. Ton corps, tes seins, ton ventre sont beaux et puis tu l’as dis toi même : « J’ai un mini ventre que JE TROUVE énorme. » Il est tout sauf énorme.
    Regarde toi avec ses yeux à lui (ceux de ton amoureux), regarde toi à travers d’autres yeux que les tiens qui te déforment. C’est étrange je te dis de te regarder autrement alors que je n’en suis même pas capable moi même mais …accepte toi tu es une femme sublime.

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