Cette photo c’est ma cicatrice. Celle que je me suis faite quand j’avais 16 ans.
A 16 ans j’ai voulu mourir, j’y suis presque arrivée.
A 16 ans j’étais mal dans ma peau, malheureuse. J’étais la grosse de service, celle qui ne valait rien. J’étais celle dont tout le monde se moquait
A 16 ans j’étais seule face à la cruauté et la violence de certains
A 16 ans je n’attendais plus rien de la vie.
A 16 ans j’ai pris un rasoir et j’ai minutieusement oté les lames. Puis j’ai coupé. Ca fait mal. Très mal. Puis en quelques minutes la douleur s’estompe.
A 16 ans, le 17 Février 2001, je m’ouvre le poignet. J’en ai fini avec la vie. Du moins je le croyais car elle n’en a pas fini avec moi.
Ma mère me trouve. Inconsciente. Elle appelle les secours. Ils arrivent à me « récupérer ». J’entrouve les yeux. Mes parents sont en larmes. Je m’évanouie à nouveau.
Je me réveille à l’hôpital. Vivante. Mince alors ! Pourquoi j’ai échoué ? Puis vint la valse des parents et famille inquiéts pour moi. Et les médecins. Et le psy.
« Mais pourquoi as tu fais ça ???? »
Et je déballe tout ce que j’ai sur le coeur. Je leur parle de cette camarade de classe qui me donne des coups dans le pubis « pour voir si cela fait aussi mal que chez les mecs » (oui ça fait!)
Je leur parle de cet écartement permanent d’avec les autres. De ces humiliations. De mon besoin de me goinfrer pour oublier tout ça. Des kilos que je prends et qui amènent d’autres moqueries.
Je leur parle. Je parle. Cela faisait des années, depuis mon entrée au collège, que je gardais ça pour moi.
Les larmes coulent. Celles de mes parents aussi. Ils s’en veulent de n’avoir rien vu. Je m’en veux de leur faire subir ça.
Je change de lycée. Je m’inscrit au club de théâtre pour « m’ouvrir » aux autres. Je rencontre Frédéric.
Fred c’est l’homme de ma vie. J’ai alors 17 ans et je suis amoureuse. Fred c’est celui qui me fait rire. C’est celui qui ne voit pas mes « rondeurs ».
Fred c’est aussi mon prof. Il a 35 ans. Alors on se cache. Mais peu m’importe IL M’AIME, ON s’aime ! Il est beau, il me fait rire.
Pour mon 18ème anniversaire le 17 Février il me demande en mariage.
Cette cicatrice me rappelle à quel point j’ai souffert des autres. Mais elle me rappelle aussi à quel point j’ai pû faire souffrir mes proches avec cet acte stupide.
Cette cicatrice fait partie de moi. Parfois elle « gonfle » ou bien « rougis ». J’essaye de la cacher, avec une montre, un bracelet ou du maquillage.
Je suis heureuse de m’être loupée. Sans ça je ne serais pas la femme que je suis aujourd’hui.
Cette cicatrice je l’appelle « la plaie de la honte » car au final j’ai bien honte d’avoir voulu rompre avec la vie.
Car la vie m’avait réservée un avenir radieux. Auprès de mon mari et de nos deux enfants.
Aujourd’hui je suis heureuse de pouvoir dire merci à la vie de m’avoir donnée une seconde chance
MERCI LA VIE
Quel magnifique témoignage, oui la vie t’a laissé une seconde chance et tu as rencontré l’amour et plein d’autres belles choses t’attendent ! Cette cicatrice est la marque d’un passé douloureux, elle te rappelle sans doute à quel point tu te sens vivante aujourd’hui :)
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tres beau témoignage. et ça fait du bien de lire que maintenant c’est du passé.
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Merci de confier votre honte, merci de ne pas avoir recommencer.
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Jolie dénouement !
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Ton témoignage m’a remuée.
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Contente d’avoir pu lire ton témoignage!
Sois heureuse, ou plutôt, continue de l’être… ;)
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j’ai pleuré
bonne chance pour la vie, qui est un cadeau.
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