Mon poignet tranché, mon poignet à balafre, mon poignet à la cicatrice, mon poignet qui pourrait laisser croire à tout le monde : « regardez comme je souffre ».
Mais je ne souffre plus, je savoure la vie, je suis une amoureuse de la vie, depuis que justement j’ai frôlé le vrai malheur, celui de ne trouver goût à rien. Aujourd’hui je me nourris de ce passé, je suis un roc que rien de peut abattre, je fonce comme un petit bélier là ou je dois et veux aller. Une merdouille de la vie ? Pas grave, y’a pire !
Pourtant à la sortie de mon adolescence, j’ai connu des petites tentatives de suicides, des plus graves et des plus dangereuses, des hospitalisations, du gris partout autour de moi. C’était il y a longtemps ! J’étais toute jeunette ! Tellement longtemps que ce n’est à la fois plus moi mais que cette partie de ma vie m’est essentielle.
Essentielle pour relativiser, essentielle pour compatir (la vraie compassion, celle de l’écoute active et du ressenti partagé), et essentielle pour ne jamais oublier.
Comme un memento, cette cicatrice me le rappelle :
N’oublie pas que tu as été mal,
N’oublie pas que c’est pas loin, là juste à ta main gauche.
N’oublie pas que d’autres peuvent aller mal.
Je me suis, ce jour là, tellement tranchée fort le poignet que j’en ai profité pour sectionner une bonne partie du nerf en dessous. La boule qu’on devine au milieu du poignet, c’est mon nerf qui a été recousu. Idiote que j’étais je n’avais pas prévu que si on tranchait fort à gauche, qu’on sectionnait ce nerf, on ne pourrait plus tellement trancher à droite. J’ai tenté l’affaire à droite, ma main droite s’en est sortie avec 3 ou 4 points de sutures. Assez lamentable et presque du registre du comique noir quand j’y repense.
J’ai perdu ma sensibilité à mes trois premiers doigts : le pouce, l’index, le majeur.
Je porte souvent des bracelets sur ce poignet, parce que le regard que posent les gens sur cette cicatrice me gène. C’est du registre de l’intime, mais c’est à la vue de tous. Un peu comme si je disais à quelqu’un que je viens à peine de rencontrer :
« Hey tu sais, un jour j’ai été assez mal pour me mutiler violemment comme ça ».
Obscène.
-S-
Tiens… j’ai la même (voir deux articles plus bas), j’ai même encore la marques des points de suture autour… D’après le chirurgien ma main est une miraculée car un millimètre plus profond et je sectionnais le tendon. L’aboutissement de 4 ans de dépression à l’adolescence.
Un an après la tentative de suicide qui a faillit me handicaper, je tombais enceinte et j’étais amoureuse…
Comme quoi la vie…
J’aimeJ’aime
Je n’ai pas tout à fait la même, mais du même style, une balafre sur le dos de la main (trop peur de la douleur, sur le poignet), je me faisais des « petites » mutilations avec des morceaux de verre… Une seule est restée, la plus forte de toutes, et comme toi elle me rappelle parfois mon histoire, d’où je viens, par quoi je suis passée.
Notre corps raconte notre histoire !
Ton témoignage est touchant et je me reconnais bien dedans.
J’aimeJ’aime
je suis « mutilée » de la sorte aussi…. et je n’ai pas qu’une seule cicatrice, mains pleins je ne les ai jamais comptées (je viens de le faire, j’en ai a plus de 25…) … ells se s’en iront jamais… mais j’avoue que je suis génée quand des gens peuvent les voir. mais je vis avec et je n’y fais plus attention, je ne pense plus à ce qui m’a ammené à le faire.
resultat d’une adolescence affreuse aussi…
Si on me pose la question, j’explique que je suis tombée et que ma main est tombée dans les ronces ;)
J’aimeJ’aime